1-Main Titles 2.21
2-Laura 2.24
3-The Grim Reavers 1.32
4-Old Man Logan 2.45
5-Alternate Route to Mexico 1.23
6-That's Not a Choo-Choo 2.13
7-X-24 2.46
8-El Limo-nator 1.38
9-Gabriella's Video 2.36
10-To The Cemetery 0.55
11-Goodnight Moon 1.55
12-Farm Aid 3.11
13-Feral Tween 3.34
14-Driving to Mexico 1.42
15-You Can't Break the Mould 1.07
16-Up to Eden 1.51
17-Beyond the Hills 2.09
18-Into the Woods 3.09
19-Forest Fight 2.30
20-Logan vs. X-24 4.13
21-Don't Be What They Made You 2.04
22-Eternum-Laura's Theme 3.35
23-Logan's Limo 2.32
24-Loco Logan 1.20
25-Logan Drives 2.08

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Lakeshore Records LKS 349442

Score produit par:
Buck Sanders
Musique additionnelle:
Brandon Roberts, Marcus Trumpp
Orchestrations:
Pete Anthony, Dana Niu,
Rossano Galante, Mark Graham

Montage musique:
Ted Caplan
Supervision musique:
Ted Caplan
Direction de la musique pour
20th Century Fox:
Danielle Diego
Supervision musique pour
la 20th Century Fox:
Anton Monsted
Production musicale supervisée pour
la 20th Century Fox:
Rebecca Morellato
Manager musique pour la
20th Century Fox:
Johnny Choi
Business affairs pour la
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Music clearance pour la
20th Century Fox:
Ellen Ginsburg
Coordination soundtrack pour la
20th Century Fox:
Joann Orgel
Producteurs exécutifs album
pour Lakeshore Records:
Skip Williamson, Brian McNelis
Directeur A&R:
Eric Craig

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2017 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ****
LOGAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
« Logan » est le dixième et dernier épisode de la franchise X-Men mettant en scène Wolverine, à nouveau campé par Hugh Jackman – c’est la dernière fois que l’acteur interprète ce rôle au cinéma – Le film, à nouveau réalisé par James Mangold après le sombre « Wolverine » en 2013, se déroule dans le futur en 2029, dans un monde où les mutants sont en voie d’extinction. James Howlett alias Logan (Hugh Jackman) vit en toute discrétion dans une vieille usine désaffectée proche de la frontière américano-mexicaine. Il travaille la journée en tant que chauffeur de limousine dans l’état du Texas. Cela fait maintenant depuis près de 25 ans qu’il n’y a plus aucun mutant qui soit né dans le monde. Logan a conscience qu’il est le dernier représentant de son espèce. Il vit dans son repère avec le mutant traqueur Caliban (Stephen Merchant) et le Professeur Charles Xavier (Patrick Stewart), qui souffre d’Alzheimer et dont il doit s’occuper régulièrement en lui administrant des médicaments qui lui permettent de contrôler ses immenses pouvoirs télépathiques qui s’avèrent dangereux pour l’humanité. Un jour, Logan est contacté par une certaine Gabriela Lopez (Elizabeth Rodriguez), une infirmière qui travaille pour la société de recherche biotechnologique Alkali/TransiGen. Cette dernière lui demande de s’occuper d’une jeune fille de 11 ans nommée Laura (Dafnee Keen), qui recherche un endroit mystérieux baptisé « Eden » qui se trouverait dans la Dakota du Nord. Logan refuse le travail proposé mais lorsqu’il découvre plus tard que Gabriela a été assassinée, il comprend que les tueurs sont sur sa trace et recherchent à leur tour la petite Laura. Traqués par les hommes du chef de la sécurité Donald Pierce (Boyd Holbrook), Logan, Caliban et Xavier doivent fuir de leur repère avec la jeune Laura. Ils découvrent alors que la petite fille est une mutante et qu’elle possède les mêmes pouvoirs que ceux de Logan : son squelette est aussi fait d’adamantium. Au cours de leur fuite, Caliban est capturé par les hommes de Pierce qui comptent l’utiliser pour retrouver la trace de Laura. Logan découvre ensuite la vérité sur la jeune fille qu’il doit protéger : Laura est en réalité X-23, un projet ultra secret développé par le Dr. Zander Rice (Richard E. Grant) pour le compte de TransiGen, qui consiste à fabriquer des parfaits soldats à partir d’ADN de mutants.

Réalisé dans la même veine que « Wolverine », « Logan » s’apparente à un western crépusculaire. Influencé par l’esthétique de son « 3:10 to Yuma », James Mangold renoue ici avec le style plus cafardeux et torturé de « Cop Land », en montrant des héros brisés qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Exit ici le faste visuel et l’extravagance des anciens « X-Men », « Logan » a des allures de terminus pour le héros toujours aussi impeccablement incarné à l’écran par Hugh Jackman. L’acteur nous livre ici un Logan vieillissant, alcoolique et dépressif, dont le squelette en adamantium est en train de le ronger progressivement de l’intérieur. Seul ses rapports distants avec Caliban et un Professeur X malade lui permettent de survivre malgré tout dans un monde qui ne peut plus rien lui offrir, et où les mutants ont quasiment tous disparus de la surface de la planète. Et c’est l’arrivée inopinée de la petite Laura qui va bousculer sa vie et changer la donne en permettant à Logan de se fixer un nouveau but dans son simulacre de vie. Inspiré du comic book « Old Man Logan » de Mark Millar et Steve McNiven, Logan est un film sombre et violent, probablement l’un des Marvel les plus violents de toute la franchise. On se souvient déjà d’un « Wolverine » assez sanglant en 2013 (notamment dans la version non censurée), mais « Logan » va beaucoup plus loin avec une accumulation ahurissante de séquences sanglantes incluant décapitations, têtes et membres transpercés et même un ennemi qui explose intégralement. A cette violence inédite dans un Marvel (bien qu’elle rappelle le récent « Deadpool ») s’ajoute un ton crépusculaire avec ces héros vieillissants en train d’agoniser lentement, et qui trouveront suffisamment de ressource pour se battre et sauver la petite Laura. A ce sujet, la jeune Dafne Keen est LA révélation du film : mutante mutique et sauvage, la jeune fille évoluera lentement pour finalement parler et se lier à Logan dans une relation père/fille particulièrement touchante.

« Logan » prend des allures de western crépusculaire à travers ses décors désertiques du sud de l’Amérique et cette séquence où Xavier et Laura regardent « Shane » (1953) à la télévision, un classique des westerns américains dans lequel le héros campé par Alan Ladd est comparé à Logan – d’où la morale sur le fait qu’un homme qui a tué ne peut plus revenir en arrière et restera toujours le même – James Mangold a tenu à rester fidèle à lui-même en offrant une introspection à ses personnages torturés en quête de rédemption, qui doivent faire des choix difficiles avant de rendre l’âme, condamnés à mourir lentement à petite feu. On n’avait encore jamais vu un Marvel porter une telle noirceur en son sein, une atmosphère aussi sombre, aussi amère et tragique (voire dépressive) et force est de reconnaître que Mangold a su s’affranchir des conventions du genre pour nous offrir un film de super-héros bien différent des blockbusters hollywoodiens habituels : ici, les effets spéciaux numériques ont été réduits au maximum pour privilégier davantage l’histoire et les personnages, avec des séquences particulièrement dures pour une grosse production U.S. (un enfant est tué chez lui avec sa famille, une fillette commet des actes violents pour tuer des méchants, etc.). Avec « Logan », une page de la franchise Marvel semble se tourner définitivement. La saga des « X-Men » semble ici toucher à sa fin (Hugh Jackman a déjà affirmé à plusieurs reprises ne plus vouloir reprendre le rôle de Wolverine) et le final du film, tragique et poignant, est sans équivoque quand à l’issue de la franchise. En bref, « Logan » s’avère donc être un bonne surprise et probablement l’un des meilleurs films de super-héros Marvel que l’on ait pu voir au cinéma au cours de ces 15 dernières années. Il y a fort à parier que le film ne satisfera pas tout le monde et en rebutera plus d’un en raison de sa très grande violence, de son rythme plus lent et de son atmosphère sombre et pessimiste, mais les fans de Wolverine seront probablement comblés par cette dernière aventure mouvementée de l’un des plus célèbres X-Men.

Prévue initialement pour Cliff Martinez, la musique de « Logan » sera finalement confiée à Marco Beltrami qui remplace le compositeur au pied levé à seulement quelques semaines de la sortie du film au cinéma en 2017. C’est le troisième film de James Mangold que Beltrami met en musique après « 3:10 to Yuma » (2007) et « The Wolverine » (2013). Enregistrée avec les musiciens du Hollywood Studio Symphony, la partition de « Logan » permet à Marco Beltrami de suivre les traces de sa musique de « The Wolverine » même si le compositeur opte ici pour une approche musicale différente, avec une toute nouvelle thématique. A la sortie du film, Beltrami déclara que son travail sur « Logan » avait été très inspirant et très exigent, favorisé par les desideratas de James Mangold qui orienta le style musical de son film à travers quelques exemples parlants, et notamment des musiques de films des années 70 comme « Taxi Driver » de Bernard Herrmann, « Paper Moon » d’Harold Arlen ou « The Gauntlet » de Jerry Fiedling. Il s’agissait donc pour Beltrami d’explorer de nouvelles pistes, d’opter pour une esthétique proche de ses travaux sur des films plus indépendants tout en possédant les moyens alloués à une grosse production hollywoodienne, avec une énergie et un ton particulier. « Logan » a donc été abordé sous la forme d’un western crépusculaire, dans la continuité des précédents travaux de Beltrami sur des films comme « The Homesman », « The Three Burials of Melquiades Estrada » ou « 3:10 to Yuma ». C’est ce que confirme l’arrivée d’un premier thème au piano dans « Main Titles » lors de l’ouverture du film. Beltrami élabore ici un thème de piano dramatique accompagné d’un harmonica, de guitares, d’une batterie et d’une basse, d’un orgue hammond B3 et d’un glass harmonica, brillamment interprété par Jack Schlaerth (on doit cet instrument à Benjamin Franklin qui l’aurait inventé vers 1791). Largement encouragé à expérimenter, Beltrami testa sur « Logan » de nouvelles sonorités, de nouvelles approches plus particulières, assez éloignées des musiques habituelles des productions Marvel.

Exit donc ici toute approche grandiloquente ou héroïque, place à une musique plus épurée, plus intimiste et sombre, reflétant une recherche sonore constante plus typique des musiques intimistes de Marco Beltrami sur des films plus indépendants ! Si l’approche rock et road movie du « Main Titles » semble en dire long sur la tonalité western mélancolique du film, « Laura » annonce la couleur avec un motif de 3 notes mystérieux associé à la jeune Laura, motif souvent confié au glass harmonica, baignant ici dans une atmosphère sonore sombre, planante et inquiétante. « Grim Reavers » dévoile quand à lui le deuxième motif du score, une série de 4 notes menaçantes et oppressantes associées dans le film à Donald Pierce et ses Reavers. Le motif des Reavers est assez reconnaissable et interviendra pendant une bonne partie du film, apportant cette noirceur nécessaire aux images. « Old Man Logan » évoque quand à lui la décrépitude d’un Logan vieillissant et agonisant, rongé par le poison de son squelette en adamantium. Beltrami suggère ici une atmosphère de désolation et de mélancolie à l’aide d’un piano solitaire, de cordes sombres qui provoquent un sentiment de malaise, de tourment. Il y a un caractère torturé dans la musique de « Logan » qui est fort intéressante ici, nécessitant une approche plus psychologique et expressive, radicale et atmosphérique sur les images. « Alternate Route to Mexico » reprend les sonorités rock/road-movie 70’s de l’ouverture avec le retour d’une batterie rock, d’un clavier aux résonances amplifiées (façon Ennio Morricone) et de cordes appuyées. On retrouve clairement ici les modèles musicaux qui ont inspiré Beltrami sur ce film (Fielding, Herrmann, Arlen) mais avec le style particulier et reconnaissable du musicien.

Le motif menaçant des Reavers est repris dans « That’s Not a Choo-Choo » avec ses sonorités graves aisément reconnaissables, sur fond de percussions nerveuses qui font monter la tension et suggèrent un climat de violence viscérale. « X-24 » développe quand à lui des sonorités graves des contrebasses pour l’apparition du X-24, le clone maléfique et brutal de Logan qui traque le héros tout au long du film. C’est l’occasion pour Beltrami d’expérimenter ici autour des dissonances et des sonorités électroniques/acoustiques diverses, sur un ton résolument moderne et un brin plus abstrait. Dans « El Limo-Nator », on assiste au premier morceau d’action-clé de « Logan », dominé par une écriture très intéressante d’un piano virtuose martelé en notes rapides et quasiment jazzy. Il s’agit de l’une des premières scènes où Logan utilise ses griffes en adamantium et affronte les Reavers dans le film. Le motif des bad guys est d’ailleurs très présent ici, tandis que Beltrami fait appel à des orchestrations très inventives et une utilisation remarquable et originale du piano. Cela faisait même bien longtemps que l’on n’avait pas entendu le compositeur aussi inspiré et inventif sur la musique d’un blockbuster hollywoodien. Inversement, « Gabriella’s Video » nous plonge dans une douce atmosphère de mélancolie à l’aide de notes vaporeuses de piano et de nappes sonores poignantes, alors que Logan regarde la vidéo-testament de Gabriella et découvre la vérité sur la petite Laura. Idem pour « To the Cemetery » qui reprend le thème de piano introductif du « Main Titles », ce thème de road movie intimiste typique du film de James Mangold. On pourrait aussi mentionner la délicatesse et la tristesse de « Goodnight Moon » et ses notes oniriques et planantes de glass harmonica.

Le motif menaçant des Reavers revient à nouveau dans « Farm Aid » où Beltrami accentue les dissonances grimpantes durant la scène violente dans la ferme vers le milieu du film – à noter ici les sforzandos dissonants des cuivres, assez impressionnants, et les variations atonales et brutales du thème des Reavers – « Feral Tween » évoque une autre scène de combat à l’aide de percussions brutales et de dissonances plus intenses. « Driving to Mexico » évoque une autre scène de type road movie/western avec le retour du thème principal de piano baignant ici dans une ambiance rappelant « 3:10 to Yuma » ou « The Three Burials of Melquiades Estrada ». Le motif mystérieux de Laura est repris au début de « You Can’t Break the Mould » puis plus discrètement dans « Up to Eden », pour renforcer le lien entre Laura et Logan dans la seconde partie du film. Le motif revient ensuite dans « Into the Woods » avec les sonorités cristallines et éthérées très particulières du glass harmonica, incluant des allusions au motif des Reavers et un énième déchaînement d’action percussif et nerveux, alors que Donald et ses hommes traquent les enfants dans la forêt. On débouche ainsi sans surprise sur « Forest Fight » et ses percussions brutales sur fond de variations menaçantes autour du motif entêtant des bad guys, durant la violente confrontation finale dans la forêt. La seconde partie de « Forest Fight » développe même quelques rythmes rock plus trépidants incluant une utilisation particulière des cuivres comme l’aurait fait Jerry Fielding à son époque. La confrontation avec X-24 s’intensifie dans le dissonant « Logan vs. X-24 » où le motif des Reavers culmine dans un ultime affrontement d’une rare violence. « Don’t Be What They Made You » est l’apothéose émotionnelle du score, morceau extrêmement poignant de piano et de cordes pour la scène finale entre Logan et Laura juste après la bataille finale dans la forêt.

Le thème de Laura est ensuite repris au piano dans « Eternum/Laura’s Theme ». C’est l’occasion pour Beltrami de développer ici ses sonorités western à l’aide d’un harmonica rêveur sur fond de guitares électriques/acoustiques, de basse et de batterie. Il y a ici un côté très musique de polar des années 70 qui semble inattendu dans une production Marvel, mais qui apporte une vraie personnalité au film de Mangold et à la musique de Beltrami. On pourrait aussi citer « Logan’s Limo » qui s’inspire de l’ambiance rock du « Main Titles », véritable musique de western moderne très réussie, sans oublier le morceau bonus « Loco Logan », qui développe le motif d’action du score avec le retour des rythmes rock et d’un harmonica plus sombre, ainsi que « Logan Drives » et sa trompette soliste jazzy qui rappelle le « Taxi Driver » de Bernard Herrmann. Ainsi donc, Marco Beltrami signe pour « Logan » une oeuvre de premier choix assez particulière dans un paysage hollywoodien monotone et ennuyeux. Inspirée de quelques classiques des années 70, la musique de « Logan » apporte une noirceur et une singularité aux images du film de James Mangold, nous plongeant dans une ambiance crépusculaire à mi-chemin entre le western mélancolique et le road-movie intimiste et désabusé sur fond de montées de tension et de dissonances plus expérimentales. Avec ses choix instrumentaux particuliers et son esthétique musicale si personnelle, la musique de « Logan » semble avoir beaucoup de chose à dire et s’avère très cohérente d’un bout à l’autre du film. Il est certain que le score risque d’en déconcerter plus d’un à la première écoute, surtout ceux qui s’attendent à retrouver quelque chose de similaire à « The Wolverine » ou aux musiques d’action plus récentes du compositeur. On est effectivement plus proche ici de « The Homesman » ou de « The Three Burials of Melquiades Estrada » que d’un « Gods of Egypt » ou d’un « Seventh Son ». Le résultat est aussi impressionnant dans le film que sur l’album, où l’on peut enfin apprécier les détails sonores d’un score inventif, un brin expérimental, au ton assez radical, bien différent de ce que l’on entend habituellement sur les films de super-héros de chez Marvel : sans aucun doute l’un des scores les plus impressionnants et les plus intéressants qu’ait écrit Beltrami au cours de ces 10 dernières années !




---Quentin Billard