1-The President's Toast 2.31
2-No Escape 1.31
3-Little Dreamer 1.07
4-Jack Wakes 1.11
5-Market Research 1.54
6-Coup Coup Roux 2.10
7-Jack Be Nimble 1.58
8-Where's Lucy 0.56
9-Pool Cue 1.34
10-Rooftop Refuge 1.17
11-Need A New Roof 2.00
12-Roof Toss 3.20
13-Map Quest 2.36
14-Atavistic Jack 1.05
15-The Bike Thief 1.37
16-Embassy Issues 1.53
17-Annie Surrenders 3.25
18-Fighting For Annie 2.04
19-Brothel Refuge 1.40
20-Under the Stars 1.57
21-007812 3.07
22-Shall We Gather at the River 2.45
23-Gunshy 2.11
24-South of the Border 2.24
25-Border Refuge 2.12
26-The Story of Lucy 1.32
27-Take Care of You 3.37*

*Ecrit et interprété par
Jim James.

Musique  composée par:

Marco Beltrami/Buck Sanders

Editeur:

Lakeshore Records LKS 345372

Score produit par:
Marco Beltrami, Buck Sanders
Mixage score:
Tyson Lozensky
Music legal:
David Helfant
Producteur album:
Richard Glasser
Producteurs exécutifs pour
Lakeshore Records:
Skip Williamson, Brian McNelis
Directeur A&R:
Eric Craig

(c) 2015 Bold Films/Brothers Dowdle Productions/Living Films. All rights reserved.

Note: ***
NO ESCAPE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami/Buck Sanders
« No Escape » est le premier thriller de John Erick Dowdle, davantage connu pour ses films d’épouvante comme « The Poughkeepsie Tapes » (2007), « Quarantine » (2008), « Devil » (2011) et « As Above, So Below » (2014). « No Escape » se déroule dans un pays de l’Asie du sud-est, où le premier ministre vient de passer un important contrat avec la société américaine Cardiff spécialisée dans le contrôle et l’acheminement de l’eau. Jack Dwyer (Owen Wilson), employé de Cardiff, vient tout juste d’arriver dans ce pays avec sa femme Annie (Lake Bell) et leurs deux filles Lucy (Sterling Jerins) et Beeze (Claire Geare). La famille se rend à l’hôtel Imperial Lotus en compagnie d’un britannique dont ils viennent tout juste de faire la connaissance, un certain Hammond (Pierce Brosnan), qui semble bien connaître la région et ses habitants. A l’hôtel, Jack découvre que les lignes de téléphone, d’internet et de télévision ont été coupées. Le lendemain matin, Jack, qui est sorti acheter un journal en anglais, se retrouve malgré-lui au milieu d’émeutes opposant des protestants armés aux forces de l’ordre. Jack réussit à s’échapper in extremis et se réfugie à l’hôtel alors que les policiers sont tués par les rebelles. La violence commence alors à se répandre partout dans le pays et un coup d’état éclate brusquement alors que le premier ministre est assassiné. Les émeutiers se rendent ensuite à l’Imperial Lotus et commencent à assassiner les occupants de l’hôtel et plus particulièrement les étrangers. Jack, Annie, Lucy et Beeze doivent alors trouver le moyen de s’enfuir avant qu’il ne soit trop tard et vont devoir passer par les toits de l’hôtel où les autres expatriés ont trouvés refuge. Jack et ses proches vont finalement retrouver Hammond, qui s’avère être un mercenaire britannique qui va les aider à quitter le pays pour rejoindre la frontière vietnamienne afin d’y réclamer asile.

« No Escape » s’avère être au final un thriller plutôt haletant et rondement mené, fruit d’une collaboration entre l’Amérique et la Thaïlande – c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le pays dans lequel se situe l’histoire ne porte pas de nom, même si l’on devine aisément qu’il s’agit de la Thaïlande, les producteurs thaïlandais ayant souhaités que le film ne montre pas leur pays de manière négative – John Erick Dowdle s’avère à l’aise avec le suspense et les séquences de poursuite, concevant un climat anxiogène saisissant et omniprésent tout au long du film. En prenant comme point d’appui un coup d’état qui survient brusquement dans le pays, Dowdle élabore une atmosphère chaotique et menaçante assez saisissante, alors que le danger se trouve à chaque coin de rue. « No Escape » semble par ailleurs porter un message politique évident sur l’omniprésence des multinationales américaines dans certains pays du tiers-monde, qui profitent des ressources naturelles de ces pays et incitent les peuples à s’endetter dans des projets insensés jusqu’au point de non-retour, et qui finissent par conduire les gens à se soulever et à se révolter contre les gouvernements. « No Escape » justifie donc ces longues séquences de suspense et de traque intense à travers son atmosphère de révolte sociale et politique malheureusement non dénuée de clichés. Nous avons d’un côté le peuple asiatique opprimé constitué d’émeutiers armés jusqu’aux dents qui viennent à bout des forces policières du pays en seulement une journée, et de l’autre la gentille famille américaine de base confrontée à la violence, et qui va tenter de s’en sortir par n’importe quel moyen. Quand à Pierce Brosnan, l’acteur nous ressort sa panoplie habituelle de 007 dans un rôle de mercenaire britannique façon James Bond. Malgré son scénario assez prévisible, « No Escape » s’avère être un solide divertissement mené tambour battant par un John Erick Dowdle en pleine forme, et ce même si le scénario semble calqué sur « The Year of Living Dangerously » de Peter Weir (1982).

La musique de Marco Beltrami contribue largement à son tour à l’ambiance anxiogène et sombre du film. « No Escape » a été écrit par Beltrami en collaboration avec son complice habituel Buck Sanders, qui s’occupe de toute la partie électronique du score. Il faut d’ailleurs noter qu’une bonne partie de la musique s’oriente vers un travail de sound design peu original et typique des musiques d’action/suspense d’aujourd’hui. Le score de « No Escape » a d’ailleurs été décrit par Sanders comme un assemblage de sons manipulés à partir d’instruments traditionnels et de percussions asiatiques, de synthétiseurs Eurorack modulaire et d’un orchestre à cordes. Pour les besoins du film, Beltrami et Sanders ont enregistré certains musiciens solistes pour quelques instruments asiatiques et ont même eu recours à un concept intéressant : enregistrer le cri de la fille de Buck Sanders, Roux, cri qui a ensuite été manipulé, ralenti et modifié sur ordinateur pour le rendre méconnaissable et créer un son particulièrement oppressant pour les besoins du film. A la première écoute, l’ensemble s’avère donc assez intéressant et plutôt conceptuel, frôlant l’expérimentation à plusieurs reprises. Le film s’ouvre sur « The President’s Toast » qui évoque la scène introductive avec le premier ministre asiatique. Beltrami et Sanders utilisent ici un ensemble de Gamelans (ces percussions traditionnelles originaires de Java et Bali en Indonésie) et de sonorités électroniques pour parvenir à leur fin. « No Escape » impose quand à lui le ton de la partition à l’aide de sonorités électroniques nerveuses et d’une utilisation inventive des percussions asiatiques, qui annoncent l’idée de la traque et de la fuite à travers le pays.

Le motif principal associé à la famille Dwyer est entendu à la fin de « No Escape » et repris au piano au début de « Little Dreamer ». Intime et délicat, le thème des Dwyer évoque l’innocence et la chaleur familiale tout en demeurant très minimaliste et épuré, intervenant à plusieurs reprises dans le film. On devine une douce mélancolie dans « Jack Wakes » avec l’utilisation de notes hésitantes des gamelans, tandis que « Market Research » évoque une ambiance musicale traditionnelle plus proche des musiques indonésiennes ou birmanes. « Coup Coup Roux » (référence amusante à la fille de Buck Sanders) évoque quand à lui le début de la révolte populaire qui gronde dans le pays et le soulèvement des rebelles qui attaquent les habitants de l’hôtel et traquent les étrangers. Le morceau est essentiellement dominé par des percussions acoustiques/électroniques entêtantes et le cri modifié de la jeune Roux Sanders, qui apporte ici une ambiance particulière à la scène. Beltrami et Sanders accentuent ici la tension à l’aide de rythmes nerveux et de sonorités oppressantes assez inventives et un brin expérimentales. On retrouve ce son caractéristique de Roux dans « Jack Be Nimble » pour la traque dans l’hôtel avec ses pulsations agressives et entêtantes. Même chose pour « Where’s Lucy » qui est essentiellement dominé par du sound design électronique et des rythmes obsédants, comme dans le sombre « Pool Cue ». La musique instaure alors à l’écran un sentiment de panique et de terreur, notamment grâce aux sonorités distordues de Roux ou aux percussions agressives et implacables.

Le thème de piano des Dwyer revient dans « Rooftop Refuge », pour la scène où Jack, Annie, Lucy et Beeze se rendent sur le toit de l’hôtel pour échapper aux rebelles qui saccagent le bâtiment tout entier. « Need a New Roof » nous ramène ensuite dans l’idée de la traque et de la fuite avec le retour des percussions asiatiques et des rythmes électroniques nerveux. Beltrami et Sanders font monter la tension ici alors que les rebelles viennent d’atteindre le toit de l’hôtel après avoir tiré en rafales sur les survivants depuis un hélicoptère. On appréciera aussi la reprise du thème des Dwyer dans « Roof Toss » où Beltrami ajoute des cordes chaleureuses et dramatiques pour amplifier l’émotion sans jamais en faire de trop. Le suspense est de mise dans « Map Quest » lorsque Jack recherche la carte pour quitter la ville et rejoindre la frontière vietnamienne. « The Bike Thief » fait monter la tension à l’aide des percussions et des sonorités plus menaçantes, tandis que l’on retrouve les sonorités horrifiques et difformes de Roux dans « Embassy Issues », alors que Jack et sa famille découvrent avec effroi que l’ambassade américaine a été dévastée par les rebelles. Le suspense est à son comble dans « Annie Surrenders » jusqu’au déchaînement percussif et dissonant de « Fighting for Annie », alors que Jack tente de sauver Annie qui a été capturée par les rebelles.

« Brothel Refuge » reprend le thème de piano des Dwyer, le temps d’une pause, alors que la famille s’est réfugié dans le bordel avec leur ami Hammond et son collègue. De la même façon, « Under the Stars » impose une douce mélancolie à l’aide du piano et des cordes, suggérant l’idée de l’espoir et de la survie, une sorte de calme avant la tempête. La tension revient ensuite dans « 007812 » et ses percussions exotiques nerveuses et agressives, alors que les rebelles ont retrouvé la trace d’Hammond et des Dwyer. « Gunshy » nous amène quand à lui au dernier acte du film avec des cordes plus dramatiques et poignantes. On retrouve ici le thème familial tourné résolument vers l’espoir, alors que les Dwyer se trouvent très proches de la frontière vietnamienne, qui représentent leur unique chance de survie. Le crescendo dramatique de « South of the Border » nous amène alors à la coda plus apaisée de « Border Refuge » où le thème principal de piano domine finalement la fin du film et évoque un sentiment de libération et de paix retrouvée. En guise de bonus, Marco Beltrami et Buck Sanders nous offre le très beau « The Story of Lucy » avec son mélange de cordes/piano pour la très belle scène où Jack raconte l’histoire de Lucy à sa fille pour tenter de l’apaiser.

Au final, « No Escape » s’avère être un score assez particulier, minimaliste et très atmosphérique, essentiellement dominé par le sound design et les percussions. Si l’approche de Beltrami et Sanders s’avère assez inventive, l’ensemble n’a rien de foncièrement mémorable et déçoit quelque peu par son manque d’ambition et son caractère très répétitif. Le score est assez monotone, répétant constamment les mêmes rythmes et les mêmes sonorités tout au long du film, à tel point que l’on a parfois l’impression d’écouter la même chose en boucle. De toute évidence, « No Escape » est un score fonctionnel intéressant dans ses idées mais exécuté sans grande conviction à l’écran. Beltrami et Sanders élaborent donc une musique atmosphérique et nerveuse qui sied parfaitement à l’ambiance du film de John Erick Dowdle mais s’avère plus fastidieuse et guère passionnante en écoute isolée. Il ne fait donc nul doute que « No Escape » est un score mineur et assez dispensable dans la filmographie de Marco Beltrami !




---Quentin Billard