1-Main Theme from "Nate and Hayes" 1.28
2-Escape from Mumi Village/
Hayes Fights Mumi Women
On Bridge 3.06
3-Hayes' And Sophie's Pact/
Sophie Disembarks/
The Veranda At Night 2.25
4-The Rona Turns About
(Partially Used)/Pease Attacks Village 2.14
5-Ruined Village 1.37
6-Nate Sails Off/Nate Is Shipwrecked/
The Rona Turns About
(Not Used in Film) 1.21
7-Sophie Ransoms Omar/
Arrival at Samoa 1.32
8-German March 0.21
9-The Parting/Nate Stranded 2.12
10-Pease Hastily Departs the Leonara/
Nate Goes to the Auction House/
Sophie's Escape Foiled by Omar 2.29
11-Hayes and the Men Overpower
Pease Crew/Chase to the Gunboat/
The Stolen Leonara Sets
Sail for Ponape 3.29
12-Gunboat Pursues the Leonara/
Gunboat Is Boarded 6.04
13-Gunboat Is Paralyzed 2.05
14-Sword Fight/Escape From Prison 4.08
15-End Credits 4.31

Musique  composée par:

Trevor Jones

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1116

Producteurs exécutifs de l'album
pour La La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Album produit pour
La La Land Records par:
Dan Goldwasser
Direction musicale pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Orchestre:
The London Symphony Orchestra
Orchestre conduit par:
Marcus Dods
Orchestrations:
Trevor Jones, Peter Knight,
John Coleman

Artwork and pictures (c) 1983 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
NATE AND HAYES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Jones
« Nate and Hayes » (Les pirates de l’île sauvage), connu aussi sous le titre « Savage Islands », est un film d’aventure réalisé par Ferdinand Fairfax et sorti en salles en 1983. Le film est sorti peu de temps après le succès colossal du « Raiders of the Lost Ark » de Spielberg et le « Star Wars » de George Lucas, alors qu’Hollywood décida de capitaliser au maximum sur les grosses productions d’aventure au début des années 80. « Nate and Hayes » est un hommage évident aux films de swashbuckler des années 30, et notamment à des classiques tels que « Captain Blood » (1935), « The Sea Hawk » (1940) et tous les grands films d’aventure avec Douglas Fairbanks et Errol Flynn dans les années 30/40. Le film raconte l’histoire romancée de William « Bully » Hayes (Tommy Lee Jones), un célèbre pirate qui vécut au XIXe siècle et écuma les mers du sud tout au long de sa vie. Nathaniel « Nate » Williamson (Michael O’Keefe) est un missionnaire qui se rend sur une île dans le Pacifique du sud afin d’épouser sa jeune promise Sophie (Jenny Seagrove). C’est Bully Hayes qui est chargé de conduire Nate et Sophie sur l’île à bord de son bateau le Rona. Mais la cérémonie est brutalement interrompue par l’arrivée inopinée de Ben Pease (Max Phipps), l’ennemi juré de Nate Hayes, qui débarque sur l’île et commet un massacre après avoir kidnappé Sophie en espérant la revendre à des marchands d’esclave. Ayant survécu au massacre, Nate décide de faire équipe avec Bully Hayes pour retrouver Pease et sauver Sophie.

« Nate and Hayes » est donc réalisé à la manière des films de pirate des années 30 façon Michael Curtiz, avec un soupçon d’aventure hérité du cinéma de Spielberg. On a d’ailleurs souvent comparé « Nate and Hayes » à « Raiders of the Lost Ark » tandis qu’une scène vers le début du film – celle où Hayes se retrouve suspendu à un pont dans le vide tout en se faisant tirer dessus par un groupe d’amazones – semble avoir quelque peu inspiré Spielberg pour une scène similaire dans « Indiana Jones & the Temple of Doom » sorti l’année d’après (1984). Le film est plutôt réalisé efficacement avec des moyens conséquents, servi par le script de John Hughes (le monsieur comédie des années 80) et l’interprétation sans faille d’un jeune Tommy Lee Jones dans l’un de ses tous premiers films d’aventure hollywoodien (l’acteur s’était fait connaître dans les années 70 sur des thrillers et des comédies dramatiques en tout genre). « Nate and Hayes » est aussi un des tous premiers buddy movie du début des années 80 puisque, si le genre est généralement associé aux films policiers, le duo conçu pour Tommy Lee Jones et Michael O’Keefe fonctionne parfaitement tout au long du récit, le missionnaire et le pirate s’unissant pour vaincre un ennemi commun – Ferdinand Fairfax a comparé son film à une variante du « Butch Cassidy and the Sundance Kid » de 1969 -

Le film mélange ainsi des grands moments de bravoure avec des cascades spectaculaires, des décors exotiques magnifiques, de grandes scènes de bataille et bien évidemment un cocktail d’humour (typique de John Hughes) et de violence typiquement 80’s. Hélas, malgré son charme, ses héros attachants, son méchant hideux et ses scènes d’aventure spectaculaires, « Nate and Hayes » ne convaincra pas le public et fera un flop à sa sortie en 1983. Le film marquera le début d’une série de déconvenues des films de pirate au box-office U.S., déconvenues qui atteindront leur apothéose avec le naufrage quasi intégral et historique de « Cutthroat Island » de Renny Harlin en 1995. C’est d’autant plus regrettable que, à l’instar de « Cutthroat Island » et de nombre de ses confrères, « Nate and Hayes » avait pourtant tout pour être un grand succès au cinéma capable de rivaliser avec les superproductions comme « Indiana Jones ». Mais il faut dire que le genre du film de pirate a bien eu du mal à traverser les années 80/90 (on se souvient aussi du flop du « Pirates » de Roman Polanski en 1986 !) et ce jusqu’au succès surprise de « Pirates of the Caribbean » en 2003 qui remettra le genre à flot, de l’eau ayant coulé sous les ponts entre temps (sans jeu de mot).

C’est grâce à ses partitions pour « Excalibur » (1981), « The Sender » (1982) et surtout « The Dark Crystal » (1982) que Trevor Jones fut engagé pour écrire la musique de « Nate and Hayes » en 1983. Composé dans la continuité de son somptueux « Dark Crystal », le score de Trevor Jones pour « Nate and Hayes » est un véritable hommage rendu aux grandes heures des musiques de swashbuckler comme « The Sea Hawk » ou « Captain Blood » d’Erich Wolfgang Korngold, auxquelles Jones semble faire référence tout au long du film de Ferdinand Fairfax. Enregistrée avec les musiciens du prestigieux London Symphony Orchestra dirigé par Marcus Dods, le score de « Nate and Hayes » profite de la magnificence des orchestrations assurées par Trevor Jones lui-même avec Peter Knight (aussi orchestrateur sur « Dark Crystal ») et John Coleman pour parvenir à ses fins. Le film repose essentiellement sur un thème principal somptueux, une grande mélodie d’aventure héroïque évoquant le monde des pirates introduit dès « Main Theme From Nate and Hayes » en ouverture du film. Le thème est divisé en deux segments mélodiques bien distincts : une partie A constituée d’une fanfare de cuivres triomphants (dont les 2 phrases alternent avec des traits rapides des flûtes/piccolos) et une partie B plus lyrique et majestueuse aux cordes. Le thème principal de « Nate and Hayes » apporte clairement ce sentiment d’aventure et d’héroïsme indissociable à ce film de pirate réalisé à l’ancienne, et constitue l’atout majeur du score de Trevor Jones, une mélodie que les spectateurs/auditeurs auront à coup sûr bien du mal à s’ôter de la tête après vision du film.

« Escape from Mumi Village/Hayes Fights Mumi Women On Bridge » propose quand à lui le premier morceau d’action majeur du film, durant la séquence où Bully Hayes échappe aux guerriers du village Mumi au début du film. Le morceau est dominé ici par une écriture rapide des cuivres, des cordes, des bois et des percussions incluant timbales, tambours, claves, congas, cymbales et xylophone. On découvre ici un thème d’action de cordes aux consonances étrangement hispaniques, qui reviendra tout au long du film pour accompagner la plupart des grandes scènes d’action du film, entrecoupé ici de traits rapides de flûtes/piccolo, de harpe et de quelques éléments synthétiques discrets. On reste frappé d’emblée par la grandeur et la richesse ahurissante des orchestrations. Encore peu connu au début des années 80, Trevor Jones rappelle dans « Nate and Hayes » qu’il est un compositeur talentueux maîtrisant l’écriture symphonique classique des grands maîtres à l’instar de ses collègues plus connus à l’époque (et notamment John Williams ou Basil Poledouris !). « Hayes and Sophie’s Pact/Sophie Disembarks/The Veranda at Night » dévoile quand à lui le second thème majeur du score, un grand thème romantique de cordes passionnées accompagnées de vents et de synthétiseurs majestueux, illustrant la romance entre Nathaniel et Sophie ainsi que les sentiments de la jeune femme pour Bully Hayes. Le thème est écrit dans la tradition des grandes mélodies romantiques du Golden Age, dans un registre qui rappelle parfois les musiques romantiques de John Scott composées à la même époque – il y a ici un soupçon de Miklos Rozsa et d’Alfred Newman dans les harmonies suaves, élégantes et raffinées qu’utilise Trevor Jones pour son somptueux Love Theme –

« The Rona Turns About/Pease Attacks Village » dévoile un autre morceau dont la première partie est partiellement inutilisée dans le film. Après une brève allusion au thème principal, on retrouve le thème d’action et ses rythmes trépidants durant la séquence où Ben Pease et ses hommes attaquent l’île où se marient Nate et Sophie. On notera à 1:52 l’apparition du thème associé à Pease, motif maléfique de piano réverbéré aux notes descendantes suggérant clairement la menace que représente le rival de Bully Hayes. Le thème de Pease est d’ailleurs repris de manière sinistre au début de « Ruined Village » avant de céder la place à une ambiance plus mélancolique et élégiaque à l’aide d’une flûte solitaire et de cordes dramatiques suite à l’attaque du village. Jones introduit ici un autre thème, mélodie tragique pour Nathaniel, lorsque ce dernier se réveille au milieu des ruines du village et constate que sa promise a disparue. « Nate Sails Off/Nate is Shipwrecked/The Rona Turns About » développe quand à lui le thème tragique de Nate aux cordes, alors que ce dernier construit un radeau pour tenter de s’échapper. L’action reprend très vite le dessus dans « Sophie Ransoms Omar/Arrival at Samoa », où l’on retrouve le motif descendant de Pease et le thème principal (aux cordes à 0:22). Le thème est ici repris avec grâce et lyrisme dans un très bel arrangement pour flûte, violon soliste et cordes, un arrangement somptueux, romantique et élégant qui n’est pas sans évoquer ici Miklos Rozsa, durant la scène où Sophie tente d’échapper à Pease suivi de la séquence où le Rona de Bully Hayes arrive au port de l’île de Samoa.

Si l’on excepte la marche militaire humoristique de « German March » pour l’arrivée du conte Rittenberg, le nouvel allié du capitaine Pease, « The Parting/Nate Stranded » est marqué par une superbe reprise du Love Theme dans toute sa splendeur, à travers des harmonies élégantes et riches de toute beauté et des orchestrations luxuriantes – cordes, vents, cuivres, harpe – Le motif de Pease revient au début de « Pease Hastily Departs The Leonara », baignant dans une atmosphère sombre et mystérieuse qui rappelle certains passages du film « Excalibur ». « Hayes and the Men Overpower Pease Crew » accompagne la séquence où Bully Hayes, Nate et leurs complices affrontent les hommes de Pease et obligent ce dernier à se replier. On retrouve ici le thème d’action avec ses percussions exotiques et sa mélodie hispanisante caractéristique rythmant furieusement le combat de manière trépidante, débouchant sur une reprise triomphante du thème principal pour la victoire de Hayes et Nate lorsque les deux compères récupèrent le Leonara de Pease. « Gunboat Pursues the Leonara/Gunboat Is Boarded » est l’un des morceaux d’action les plus longs et les plus intenses du film. Trevor Jones illustre ici la scène où le navire blindé et armé de Rittenberg et Pease poursuit le Leonara d’Hayes et Nate près d’une grande falaise. Le compositeur met l’accent sur des rythmes militaires un brin ironiques évoquant le navire allemand avec quelques allusions au motif de Pease à la harpe et au piccolo. Hayes et ses complices abordent alors le navire discrètement et se préparent à affronter les bad guys lors d’un ultime combat. La seconde partie de la bataille débouche sur une superbe reprise triomphante du thème principal dans « Gunboat Is Boarded », débouchant sur « Gunboat Is Paralyzed » et sa marche ironique et faussement dramatique, alors que Rittenberg et Pease réalisent que le navire blindé a été saboté par Hayes et ses compagnons.

On assiste enfin à la grande confrontation finale dans « Sword Fight/Escape From Prison » sur le pont du Leonara entre Nate/Hayes et Rittenberg, Pease et ses hommes. On retrouve encore une fois le thème d’action et ses percussions exotiques déchaînées, l’orchestre s’en donnant ici à cœur joie avec ses traits rapides de flûtes/piccolos, ses ponctuations rythmiques de cuivres et ses cordes amples. Enfin, le thème principal est repris dans son intégralité pour le générique de fin (« End Credits »), incluant une somptueuse et ultime reprise du Love Theme concluant l’aventure en beauté. Trevor Jones signe donc une partition symphonique classique et riche pour « Nate and Hayes », un score de très bonne facture, majestueux et entraînant, qui rend un hommage vibrant à Korngold et Rozsa à travers ses mélodies héroïques, ses envolées romantiques et ses musiques d’action excitantes. Magistralement interprétée par le London Symphony Orchestra, « Nate and Hayes » est un véritable hymne à l’aventure et à l’héroïsme hollywoodien qui mérite amplement d’être redécouvert dans son intégralité, l’album publié par La La Land ne contenant qu’à peine 40 minutes du score avec une qualité sonore discutable (le master proviendrait en réalité d’un LP préparé à l’époque par le compositeur lui-même). On attend toujours une édition plus complète et restaurée de la musique de « Nate and Hayes », en espérant que Trevor Jones – qui conserve aujourd’hui tous ses propres masters et refuse de les céder aux labels – accepte enfin de déterrer ses anciens trésors pour permettre aux éditeurs d’offrir des versions plus satisfaisantes – avec un meilleur son – des musiques de film de ses débuts, qu’il s’agisse de « Nate and Hayes », mais aussi « Excalibur » (toujours inédit en CD à ce jour !), « The Sender » (dont l’édition CD actuelle est très décevante et incomplète) et « The Dark Crystal » en version complète et restaurée. En attendant, les fans de Trevor Jones apprécieront à coup sûr le charme et l’héroïsme savoureux et classique de « Nate and Hayes », une partition impeccable à l’écran et fort intéressante sur l’album : à découvrir sans hésiter !




---Quentin Billard