1-Prologue and Tumor 6.14
2-Twin Ghosts 2.42
3-Mind Snatcher 1.54
4-Green To Green 2.02
5-Dano 2.41
6-Mr.Machine 4.02
7-Omnibus Death 10.23
8-Catechize 1.19
9-Berol Black Beauty 2.25
10-Half Divided One 2.01
11-Fool's Stuffing 3.38
12-Sparrows 2.48
13-The Dark Half 4.39

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5340

Album produit par:
Christopher Young
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Monteurs de la musique:
John La Salandra,
E.Gedney Webb

Artwork and pictures (c) 1993 Orion Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE DARK HALF
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
A jamais indissociable de son mythique 'Night of The Living Dead', George A. Romero tenta à plusieurs reprises quelques incursions hors de son univers cinématographique de prédilection, celui des zombies et autres morts vivants en putréfaction. Néanmoins, Romero continue de manifester sa passion pour le cinéma d'horreur alors même qu'il annonce dès aujourd'hui la mise en chantier d'un quatrième épisode mettant en scène ses zombies fétiches. En 1993, le réalisateur tournait 'The Dark Half' (La part des ténèbres), film d'horreur adaptée d'une nouvelle de Stephen King, mettant en scène Thad Beaumont (Timothy Hutton), un écrivain tourmenté qui écrit sous le pseudonyme de George Stark des livres ultra-violents qui connaissent un succès mitigé. Pour arrondir ses fins de mois, Thad enseigne la littérature dans une université. Un jour, un homme découvre le secret de son pseudonyme et tente de faire chanter Thad en le menaçant de révéler au public la véritable identité de l'auteur de ces romans. Afin de se protéger, ce dernier n'a donc plus d'autre choix que de devancer celui qui le fait chanter et de révéler lui-même son secret à la presse, mettant ainsi officiellement fin à son personnage imaginaire de George Stark, que Thad s'était forgé pour trouver l'inspiration dans ses histoires sombres et brutales, issu de la partie obscure de sa personnalité, de sa tête. Il faut dire qu'enfant, Thad avait du subir une intervention chirurgicale à la suite de laquelle on lui avait retiré une partie du cerveau de son frère jumeau mort-né qui se trouvait logé dans son crâne. Cette opération chirurgicale avait affecté quelque part la vie de Thad, sans que le principal intéressé en prenne conscience, car le jour même où son frère jumeau mort-né avait été enlevé, l'hôpital avait été mystérieusement envahi par une nuée de passereaux. Débarrassé aujourd'hui de son personnage de George Stark, Thad peut continuer à vivre en paix avec sa femme Liz (Amy Madigan) et ses deux enfants, retiré dans une maison de campagne loin de la ville, jusqu'au jour où le shérif Alan Pangborn (Michael Rooker) vient le voir pour lui annoncer qu'un meurtre effroyable a été commit et qu'on a retrouvé ses empreintes sur les lieux du crime. Très vite, Thad ne va pas tarder à comprendre que son personnage de George Stark, qu'il a tenté d'enterrer définitivement, a prit forme humaine et commence à commettre ses méfaits. Alors que les meurtres continuent de se multiplier, touchant l'entourage de Thad, ce dernier doit fuir la police et trouver la clé de l'énigme. Il devra finalement se résoudre à affronter sous double machiavélique, son frère jumeau maléfique, sa part des ténèbres. 'The Dark Half' est un film d'horreur tout ce qu'il y a de plus conventionnel, avec son lot de scènes frissonnantes, de suspense, de tueur fou, de mystère, d'énigme angoissante, de scènes gore, etc. Quelconque, le film de Romero se laisse regarder même si l'on regrettera le côté quelconque de la mise en scène. Voilà en tout cas un bon film traitant de la double personnalité à travers l'intrigue d'un artiste qui puise son inspiration dans la partie noire de son âme qui se réincarne dans son monde pour venir lui causer du tort (excellente double interprétation de Timothy Hutton!), une sorte de lutte métaphorique entre la conscience humaine (Thad) et les profondeurs abyssales de l'inconscient humain (George). A réserver en priorité aux fans du roman de Stephen King!

'The Dark Half' ne pouvait qu'être mit en musique par Christopher Young, surtout lorsque l'on connaît le goût du compositeur pour les musiques d'horreur/thriller. Sa partition pour le film de George A. Romero ne déroge pas à la règle et confirme le fait que le compositeur est décidément particulièrement à l'aise dans ce registre. La partition orchestrale de 'The Dark Half' apporte son lot de noirceur et de suspense au film, plongeant le spectateur dans une atmosphère oppressante où règne une tension, un malaise constant, et ce dès le début de l'histoire. Ainsi, 'Prologue and Main Title' dévoie le thème principal du score chanté par un mystérieux choeur féminin évoquant cette idée d'inspiration artistique, le thème étant ici précédé d'une mélodie de piano qui reviendra à plusieurs reprises tout au long du film, associée à Thad Beaumont. Young développe ce thème avec des orchestrations plus fines et cristallines avant la séquence de l'opération chirurgicale, illustrée par des cordes dissonantes qui créent un suspense horrifique et installent une atmosphère macabre dans la scène de la découverte du frère jumeau mort-né et du nuage de passereaux envahissant l'hôpital. A l'écoute de cette terrifiante seconde partie, où Young nous rappelle son amour pour les musiques ténébreuses et angoissantes, on s'imagine sans mal l'atmosphère suffocante et pesante du film de George A. Romero. A noter ici l'utilisation de clusters dissonants de cordes avec quelques éléments électroniques obscurs, qui renforcent à merveille cette atmosphère macabre et lugubre. C'est l'objectif que se lance ainsi le compositeur tout au long de son oeuvre, développer une ambiance sinistre évoquant les méfaits angoissants de la 'partie' maléfique de Thad Beaumont.

C'est ce qu'évoque 'Twin Ghosts' de façon plus mystérieuse, suggérant la présence de George Stark avec des cordes sombres se répondant ici dans des effets d'imitation et de contrepoint comme pour suggérer brièvement mais habilement la double personnalité de Thad Beaumont. Plus sombre, 'Mind Snatcher' évoque l'emprise de George Stark sur l'esprit de Thad lorsque ce dernier se lance dans la rédaction de ses écrits, Young ayant recours ici à des cordes aux sonorités plus étouffées et feutrées qui rendent à merveille à l'écran une sensation de malaise et de trouble psychologique, car c'est bien ce côté psychologique que tente d'illustrer à l'écran Christopher Young, une chose à laquelle le compositeur réussit à merveille. Si 'Green To Green' apporte un peu de paix à la partition pour la scène où Thad et Liz s'installent dans leur nouvelle maison, accompagné de cordes paisibles et d'un célesta cristallin plus sautillant (apportant une sérénité quasi idyllique à cette séquence), 'Dano' et 'Mr. Machine' ne tarde pas à nous replonge dans une atmosphère sombre et suffocante, et plus particulièrement 'Mr. Machine', évoquant l'anti-héros violent imaginé par Thad Beaumont dans ses romans. L'horreur pointe le bout de son nez dans le sombre et long 'Omnibus Death' lorsque George tue l'une des personnes de l'entourage de Thad. La bonne idée vient ici de l'utilisation de saxophones 'désaxés' en introduction du morceau (un peu comme le fera plus tard Elliot Goldenthal dans certaines de ses partitions expérimentales) et de samples de sons d'oiseaux qui parcourent la première partie du morceau, évoquant habilement l'intrigue des mystérieux passereaux. On notera ici un tic d'orchestration typique du compositeur, l'inclusion d'un petit groupe de violons solistes devant le groupe des cordes de l'orchestre, une couleur instrumentale particulière et typique de Christopher Young, que l'on retrouvera dans la plupart de ses partitions thriller ('Copycat', 'Unforgettable', etc.). 'Omnibus Death' nous plonge dans plus de 10 minutes suffocantes où règnent suspense et ténèbres liés aux méfaits sanguinaires de l'alter ego de Thad, sans aucun doute l'un des morceaux les plus sombres et les plus envoûtants du score de 'The Dark Half'.

La partition privilégie un côté atmosphérique délaissant pendant de nombreuses minutes le thème principal de la partition, dont les apparitions se limitent au strict minimum: essentiellement au début et à la fin du film. Des morceaux comme 'Dano' ou 'Catechize' sont plus représentatifs du côté lent et mystérieux de la partition. Dans 'Berol Black Beauty', on ressent néanmoins un certain rythme plus pressant suggéré par des notes répétées de piano et des cordes tendues alors que Thad échappe à la police et se met en tête de retrouver George afin de l'arrêter et de le mettre définitivement hors d'état de nuire. La confrontation finale débute sur le sinistre 'Fool's Stuffing' avec ses cordes tendues et son climat oppressant débouchant sur le brutal 'Sparrows', superbe climax horrifique de la partition de Chris Young où le compositeur laisse enfin son orchestre se déchaîner dans un véritable chaos sonore particulièrement violent et dissonant, lorsque les passereaux viennent chercher George à la fin du film. Finalement, le thème des choeurs féminins revient dans 'The Dark Half' pour conclure le film sur une dernière touche de mystère et d'envoûtement.

Malgré quelques bonnes idées (l'utilisation de sons d'oiseaux et de saxophones dans 'Omnibus Death'), la partition de 'The Dark Half' manque singulièrement d'originalité et de fantaisie. On regrettera le côté parfois quelconque de la partition de Christopher Young, même si, une fois encore, on ne pourra qu'apprécier la qualité de cette solide partition horrifique soignée et très efficace dans le film. La musique de Young arrive à véhiculer toute la noirceur et le climat oppressant du film de George A. Romero, dans le style de ce que le compositeur a déjà fait précédemment sur des films d'horreur tels que 'Hellraiser' ou 'The Fly II'. Sans atteindre la qualité de 'Hellraiser', la partition de 'The Dark Half' confirme néanmoins le talent du compositeur à évoquer les ténèbres de l'âme humaine au sein d'une sinistre partition horrifique de qualité, bien que pas franchement inoubliable, un véritable 'cauchemar' musical obscur à réserver en priorité aux inconditionnels de Christopher Young!


---Quentin Billard