1-The Mummy 4.30
2-The Secret Of The Mummy 4.42
3-Nick's Theme 2.05
4-Prodigium 2.52
5-Egypt's Next Great Queen 3.24
6-Sandstorm 1.13
7-The Call Of The Ancients 3.35
8-A Sense Of Adventure 2.41
9-Haram 4.26
10-A Warning Of Monsters 5.18
11-Providence 2.00
12-The Sands Of Wrath 2.36
13-The Lost Tomb Of Ahmanet 5.32
14-Concourse Of The Undead 5.01
15-Iniquity 3.51
16-Chaos, Mayhem And Destruction 3.47
17-Power And Temptation 2.51
18-Unstoppable 2.50
19-Destiny 6.57
20-Sentience 3.20
21-Between Life And Death 2.24

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Back Lot Music BLM-694

Album produit par:
Brian Tyler, Joe Lisanti
Monteur musique:
Kyle Clausen, Matthew Llewellyn,
Erich Stratmann, Mark Jan Wlodarkiewicz

Arrangements musicaux:
Evan Duffy, Chris Forsgren,
John Carey

Mixage score:
Greg Hayes, Simon Rhodes
Supervision montage:
Joe Lisanti
Orchestre:
The Philharmonia Orchestra

Artwork and pictures (c) 2017 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ****
THE MUMMY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Reboot très attendu du « The Mummy » de Stephen Sommers (1999), « The Mummy » version 2017 est confié à Alex Kurtzman, plus connu à Hollywood en tant que producteur et scénariste, et qui signe là son deuxième long-métrage pour le cinéma. L’histoire débute en 1127 lorsque des croisés anglais cachent un précieux rubis dans la tombe d’un de leurs chevaliers, rubis ayant appartenu à une princesse de l’Egypte antique, et qui contiendrait un pouvoir maléfique. La princesse Ahmanet (Sofia Boutella), fille du pharaon Menehptre et promise au trône d’Egypte, voit ses rêves de conquête s’envoler lorsque la deuxième épouse de son père donne naissance à un fils. Bien décidée à prendre le pouvoir qui lui est dû, Ahmanet vend son âme à Seth, le plus ancien dieu égyptien, et assassine son père, son épouse et son fils. Pour accomplir sa destinée, Ahmanet doit poignarder son amant dans le torse afin de permettre à Seth de se réincarner dans le corps d’un mortel. Mais les prêtres de Menehptre réussissent à l’arrêter et condamnent Ahmanet à la momification vivante pour l’éternité. Son sarcophage est ensuite enterré en Mésopotamie et submergé par une mare de mercure qui empêche tout esprit maléfique de s’échapper de la prison. De nos jours en Irak, le mercenaire américain Nick Morton (Tom Cruise) et son partenaire Chris Vail (Jake Johnson) découvrent accidentellement la tombe d’Ahmanet avec l’aide de l’archéologue Jenny Halsey (Annabelle Wallis), avec laquelle Nick a eu une aventure le temps d’une nuit. Le colonel Greenaway (Courtney B. Vance) décide alors de rapatrier le sarcophage d’Ahmanet par avion en direction de l’Angleterre. Mais le vol ne se passe pas comme prévu et Ahmanet réussit à contrôler l’esprit de Chris, qui a été mordu par une araignée à l’intérieur de la tombe. L’avion finit par s’écraser tandis que Nick sauve de justesse Jenny. Mais le mercenaire n’est pas mort et se réveille bien vivant dans une morgue d’Oxford, incapable de comprendre ce qui lui est arrivé. Il apprend alors par le biais du fantôme de Chris qu’il a été maudit par Ahmanet qui cherche à l’utiliser pour ramener à la vie Seth dans notre monde. Pendant ce temps, la princesse momifiée réussit à s’échapper de son sarcophage et sème la désolation partout où elle passe, libérant une armée de morts vivants pour accomplir sa sombre quête. Mais un groupe de soldats appartenant à la société secrète du Prodigium s’empare d’Ahmanet et cherche à percer les mystères de la créature maléfique. Le groupe est dirigé par le Dr. Henry Jekyll (Russell Crowe), qui recherche un remède contre le mal absolu.

Il faut se souvenir que la Momie de 1999 était déjà le remake du classique de Karl Freund de 1932 avec Boris Karloff, l’un des films phares de l’univers des Universal Monsters des années 1923 à 1960. Par la suite, la Momie fut largement réexploitée au cinéma à travers de nombreuses suites, incluant la série des films Hammer des années 1959 à 1971. Aujourd’hui, c’est au tour d’Universal de se réapproprier son personnage emblématique de la Momie à travers un reboot de la franchise : le Dark Universe. « The Mummy » 2017 est donc le premier film de cet nouvel univers. Le film repose encore une fois sur les épaules de Tom Cruise : l’acteur infatigable de 55 ans est dans une forme olympique sidérante pour son âge. A l’instar de la momie elle-même, le comédien semble traverser le temps et se jouer des années qui passent, et comme dans ses précédents films d’action (et notamment la série des « Mission : Impossible »), Tom Cruise continue de bondir, d’exécuter des cascades ahurissantes et de courir comme personne à Hollywood. A noter par ailleurs que le scénario est co-écrit par Christopher McQuarrie, qui l’a déjà dirigé sur « Jack Reacher » et « Mission Impossible Rogue Nation ». Néanmoins, Tom Cruise parvient à se faire subtiliser la vedette à plusieurs reprises par l’actrice et danseuse algérienne Sofia Boutella, vue récemment à Hollywood dans « Star Trek Beyond » et « Kingsman ». Boutella s’avère très convaincante dans le rôle d’Ahmanet et apporte une présence sidérante à l’écran, un charme oriental hynpotique et viscéral qui permet même d’oublier l’Imhotep plus lisse de la version 99. Pas plus bête ou pire que d’autres blockbusters U.S. sortis cet été au cinéma, « The Mummy » n’a rien du désastre annoncé et décrié par certaines critiques – des journalistes français ont même incité les spectateurs à boycotter un film jugé excessivement commercial – Au contraire, le film est beaucoup plus sérieux que le nanar de Stephen Sommers tout en ponctuant son récit de quelques touches d’humour salvatrices. Oui, on se prend un peu plus au sérieux cette fois-ci, mais pas trop non plus. Certes, le film n’est guère exempt de défaut : le scénario manque de profondeur, les effets spéciaux 3D sont assez indigestes et les scènes d’action sont parfois abrutissantes, mais le fait que le film fasse partie du Dark Universe ajoute une dimension particulière à un récit constitué comme une simple introduction à un nouvel univers cinématographique. Alors ce n’est certes pas LE film de l’année ni même un hit dans la filmographie de Tom Cruise (qui nous a quand même habitué à des films de bien meilleure qualité), mais cela reste malgré tout un solide divertissement estival efficace et bien ficelé.

La musique de « The Mummy » a été confiée à Brian Tyler, qui aura eu un planning assez chargé cette année 2017 puisqu’il a aussi écrit les musiques de « xXx : The Return of Xander Cage », « Power Rangers » et « Fast 8 ». Enregistrée avec le prestigieux London Symphony Orchestra et la chorale des Pinewood Singers, le score de « The Mummy » est une formidable plongée dans le monde des grandes musiques d’action/aventure hollywoodiennes des années 80/90, une sorte de retour aux sources pour Brian Tyler qui composa des scores similaires à ses débuts sur des films comme « Timeline » ou « Children of Dune ». Epaulé par une véritable armée d’orchestrateurs (bien trop nombreux pour tous les citer), Brian Tyler élabore une grande partition symphonique ‘old school’ à l’ancienne, très thématique et d’une richesse rare de la part du compositeur. Le score repose avant tout sur une poignée de thèmes mémorables, à commencer par le thème d’Ahmanet, très présent dans le film et décliné sous de multiples formes. Le thème, constitué d’une dizaines de notes sombres et mystérieuses, est dévoilé dès « The Mummy » lors de l’ouverture du film. Il évoque la noirceur de la princesse égyptienne et son pacte maléfique avec le dieu Seth, un thème que Tyler développera tout au long du récit, gagnant en puissance à chaque séquence. A noter que le thème est régulièrement accompagné d’un motif secondaire, une série de 4 notes descendantes et mystérieuses aux accents vaguement orientaux. A ce sujet, Tyler a reproduit l’ambiance sonore égyptienne à l’aide du traditionnel duduk arménien, mais aussi d’une flûte ney, d’un mizmar (sorte de hautbois arabe), d’un sistre (instrument à percussion sacré très utilisé dans l’Egypte antique) et d’un qanûn (sorte de cithare très répandu dans le Moyen-Orient).

Le deuxième thème majeur du score c’est le « Nick’s Theme », associé au personnage de Tom Cruise dans le film. Le thème est le parfait pendant à celui d’Ahmanet : héroïque, noble et majestueux, « Nick’s Theme » est un véritable hymne à l’aventure comme on n’en avait plus entendu à Hollywood depuis des années ! Dominé par des cuivres stoïques et héroïques, le « Nick’s Theme » est l’une des attractions majeures de « The Mummy », ressuscitant par la même occasion tout un pan de la musique d’aventure hollywoodienne des années 80/90 – étonnamment, le thème semble surgir tout droit d’un western – A noter que la mélodie de Nick est parfois juxtaposé au motif secondaire de 4 notes d’Ahmanet, comme pour rappeler son lien avec la princesse égyptienne et sa malédiction. « Prodigium » évoque quand à lui la société secrète dirigée par le Dr. Henry Jekyll qui combat le mal et le surnaturel à l’aide d’un motif mystérieux d’une dizaine de notes de harpe/célesta (dès 0:04 ou à 0:12). Le morceau se bâtit à travers une marche plus espiègle à la Danny Elfman évoquant l’organisation de Jekyll et les moyens considérables dont il jouit dans sa quête contre les créatures les plus malfaisantes de notre univers. Dans « The Secret of the Mummy », Tyler développe le motif de 4 notes et le thème d’Ahmanet en accentuant le travail autour des choeurs grandioses et des percussions. On notera ici le final du morceau, puissant et épique, dont les accords fiers et héroïques des cuivres nous invitent à l’aventure. Fait étonnant de la part de Brian Tyler : les bois sont très présents dans l’orchestre et parfaitement intégrés aux autres pupitres, alors que le compositeur est habituellement peu inventif lorsqu’il s’agit de ce pupitre des vents. On sent ici un effort pour coller aux codes des musiques symphoniques classiques d’antan, même si le style de Brian Tyler transparaît nettement sur certains passages.

« Egypt’s Next Great Queen » est une réussite incontestable dans la partition de « The Mummy ». Brian Tyler développe ici le thème d’Ahmanet lors du flashback évoquant son histoire durant l’Egypte antique. La mélodie semble ici plus passionnée, plus lyrique, notamment à travers ce passage de cordes vers 0:58 qui évoque Bernard Herrmann. Les harmonies sont ici plus élégantes et sophistiquées, avec ces accords orientaux évoquant l’antiquité égyptienne (notamment entre 2:00 et 2:18). Tyler a parfaitement su apporter à Ahmanet ce mélange de mystère, de charme et de puissance qui correspond si bien au personnage de Sofia Boutella dans le film. L’action débute enfin dans « Sandstorm » pour la séquence de la tempête de sable et le crash de l’avion. Le thème d’Ahmanet est ici repris dans sa forme puissante et maléfique, épaulé par des choeurs monumentaux et des cuivres énergiques. « The Call of the Ancients » s’avère plus optimiste avec ses accords apportant un sentiment d’espoir – bien que le morceau rappelle un peu trop les « Transformers » de Steve Jablonsky, notamment dans l’emploi très bateau des ostinatos de cordes – Le final de « The Call of the Ancients » est un pur tour de force orchestral/choral qui ne dure malheureusement que quelques secondes, mais dont la virtuosité orchestrale et classique rappelle parfois David Arnold (on pense notamment à « Stargate »). Impossible aussi de passer à côté du superbe « A Sense of Adventure », qui reprend le thème héroïque de Nick dans toute sa splendeur. Le motif mystérieux de Prodigium est repris dans « Haram » avec le retour de l’entêtant motif de 4 notes aux cuivres. On notera par ailleurs la sympathique reprise du thème de Nick à 3:33 sur fond d’instrumentation orientale.

« A Warning of Monsters » développe largement le thème de Prodigium et le thème d’Ahmanet dans un registre plus mystérieux, atmosphérique et menaçant, mais jamais inintéressant, notamment dans les idées harmoniques et les orchestrations riches que développe Brian Tyler tout au long des 6 minutes du morceau. « The Lost Tomb of Ahmanet » illustre la découverte de la tombe et du sarcophage d’Ahmanet au début du film. Le compositeur accentue ici la sensation de découverte à l’aide de choeurs mystiques, de cordes sombres et menaçantes et d’orchestrations plus étoffées (clarinette basse, célesta, hautbois, flûtes, harpe, célesta, etc.). « The Sand of Wrath » évoque le réveil d’Ahmanet à l’aide d’une série de variations apocalyptiques autour de son thème maléfique, accompagné ici d’instrumentations arabes/orientales, pour la scène où la momie abat une tornade de sable sur l’Angleterre - A noter l’emploi remarquable des bois au début de « Enchantments », qui rappelle vaguement Jerry Goldsmith – « Concourse of the Undead » est l’un des morceaux d’action clé du score, pour la scène où Ahmanet lève une armée de morts vivants pour traquer Nick et accomplir sa mission maléfique. On notera ici la façon dont Tyler fait s’affronter le thème de Nick et celui de la momie, une vraie réussite qui semble en dire long sur la qualité de la musique de « The Mummy ». Tyler parvient même à éviter toute forme de cacophonie dans les morceaux d’action en conservant continuellement cette approche mélodique et classique indissociable du film d’Alex Kurtzman. Idem pour « She Is Risen » où les deux thèmes s’affrontent ou se juxtaposent pour évoquer le lien entre Ahmanet et Nick, et la confrontation entre le bien et le mal.

Tyler n’hésite pas non plus à verser dans un style plus horrifique et atonal pour évoquer les pouvoirs malfaisants d’Ahmanet. C’est le cas lors du final dissonant de « She Is Risen » ou dans le lugubre et terrifiant « Unstoppable » (avec ses quelques éléments électroniques saturés), qui rappelle clairement le style plus complexe et brutal du « Alien vs Predator Requiem » de Brian Tyler. Les fans de musique d’action tonitruante en auront pour leur argent avec « The Mummy », puisque le compositeur nous délivre une série de déchaînements orchestraux ahurissants, comme c’est notamment le cas dans l’intense et agressif « Chaos, Mayhem, Destruction » et son écriture orchestrale/chorale puissante et apocalyptique ponctuée de rythmes martiaux de caisse claire, évoquant les pouvoirs de destruction de la momie – le final ultra agressif et dissonant du morceau rappelle curieusement Christopher Young ! – A noter dans « Inquest » l’utilisation étrange et inventive d’effets sonores d’un violon soliste, pour une séquence où Ahmanet crée ses zombies. Tyler peut se montrer très inventif comme il le confirme dans « Set » avec ses effets insolites de trémolos frénétiques de violoncelle (à 0:16). L’action reprend le dessus dans l’excitant « Forward Momentum », dont l’écriture rythmique classique et complexe évoque parfois John Williams. Idem pour « Liberators of Precious Antiquities » et ses reprises musclées et cuivrées du thème de Nick. Dommage cependant que les passages plus dissonants comme « Sepulcher » s’avèrent moins réussi et beaucoup plus cacophonique et indigeste (n’est pas Chris Young qui veut !). « The Calling » et « Possession of the Knight’s Tomb » nous amènent par ailleurs au dernier acte du film dans un style plus sombre, ténébreux et agressif. Ici aussi, on regrette le fait que Tyler retombe trop souvent dans un style atonal/dissonant massif un peu lourdingue et qu’il semble beaucoup moins maîtriser. « Destiny » accompagne le combat final pendant plus de 8 minutes incroyablement intenses.

Les choses s’apaisent enfin dans « Sentience » et « Between Life and Death » et ses accords plein d’espoir rappelant « The Call of the Ancients », avec ses allusions héroïques au thème de Nick et au motif de 4 notes pour la fin du film. Ainsi donc, Brian Tyler nous convie pendant plus de 2 heures à une musique d’aventure complexe, ample et déchaînée pour « The Mummy », un score incroyablement intense sur les images qui prend une envergure encore plus monumentale en écoute isolée – l’édition digitale de Back Lot nous présentant en fait l’intégralité des 2 heures du score, fait plutôt rare pour une première édition officielle d’une musique de film ! – Brian Tyler signe pour le film d’Alex Kurtzman l’un de ses meilleurs travaux à ce jour, un score d’action/aventure à la fois complexe, épique et sombre, qui pourrait bien devenir une nouvelle référence dans la filmographie du compositeur, et qui confirme l’idée que le musicien n’a pas encore montré toute l’étendue de ses talents et est capable de rivaliser avec les plus grands noms d’Hollywood à condition qu’il s’en donne réellement les moyens et qu’il veuille bien cesser de perdre son temps sur des blockbusters pour ados décérébrés qu’il met régulièrement en musique et qui n’apportent plus rien à sa musique. Avec « The Mummy », il y avait matière à faire quelque chose de grandiose et de mémorable, et c’est ce que le compositeur a fait ! Dès lors, ne manquez surtout pas l’excellent travail de Brian Tyler sur ce film, qui reste l’un des meilleurs scores de l’été 2017 !



---Quentin Billard