1-A Hard Rain's Gonna Fall 4.58
(written by Bob Dylan,
performed by Edie Brickell,
New Bohemians)
2-Born on the Bayou 4.54
(written by John Fogerty,
performed by
The Broken Homes)
3-Brown Eyed Girl 3.07
(written and performed by
Van Morrison )
4-American Pie 8.32
(written and performed
by Don McLean)
5-My Girl 2.43
(written by W. Robinson, R. White,
performed by The Temptations)
6-Soldier Boy 2.39
(written by L. Dixon, F. Green,
performed by The Shirelles)
7-Venus 2.21
(written by E. Marshall,
performed by Frankie Avalon)
8-Moon River
(written by Henry Mancini,
Johnny Mercer,
performed by Henry Mancini
and his Orchestra)
9-Prologue 1.22*
10-The Early Days,
Massapequa, 1957 4.57*
11-The Shooting of Wilson 5.07*
12-Cua Viet River,
Vietnam, 1968 5.02*
13-Homecoming 2.38*
14-Born on the
4th of July 5.44*

*Composé par John Williams

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

MCA Records
MCAD-6340

Monteur musique:
Ken Wannberg
Album produit par:
John Williams
Producteur exécutif de l'album:
Budd Carr
Supervision musicale pour
MCA Records:
Kathy Nelson
Coordination de production de l'album:
Shelley Wiseman
Assistant de production:
M. Skott Reader

Artwork and pictures (c) 1989 Universal Pictures/MCA Records. All rights reserved.

Note: ****
BORN ON THE 4TH OF JULY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Adapté du livre autobiographique de Ron Kovic, « Born on the 4th of July » (Né un 4 Juillet) permet à Oliver Stone de signer le deuxième opus de sa trilogie sur le Viêt-Nam, débutée avec « Platoon » en 1986 et qui se conclura en 1993 avec « Heaven and Earth ». Le film d’Oliver Stone raconte l'histoire vraie de Ron Kovic (interprétation vibrante de Tom Cruise), activiste anti-guerre américain né dans une famille où l’on défend les valeurs patriotiques, et qui finira par s’engager dans les marines pour partir au Viêt-Nam, dans les années 60/70 aux Etats-Unis. Gravement blessé lors d’une opération au Viêt-Nam en 1968, Ron Kovic se retrouve paralysé des deux jambes et revient finalement aux Etats-Unis où il découvre que des mouvements pacifistes se sont multipliés un peu partout dans le pays. Kovic mène alors une existence misérable où il n’est plus que l’ombre de lui-même, jusqu’au jour où il comprendra qu’il doit se ressaisir et prendre à son tour position dans le militantisme anti-guerre. « Born on the 4th of July » raconte ainsi la réalité crue et terrifiante d'une époque et d’un conflit que certains américains ont baptisé « la sale guerre ». Le film évoque aussi l’histoire des Etats-Unis sur une vingtaine d’années, le retour difficile et la reconversion de ces vétérans de la guerre, sujet dramatique vu à travers les yeux d’un homme paralysé qui cherche à redonner un nouveau sens à sa vie en rappelant à son pays qu’il ne faut pas oublier d’honorer la mémoire de ceux qui se sont battus pour lui, au nom de la lutte contre le communisme - et qui fut un prétexte à bon nombre d’horreurs et d’excès en tout genre. Le film d’Oliver Stone s’avère être émotionnellement très fort, servi par l’interprétation remarquable d’un Tom Cruise saisissant de vérité, offrant un regard subversif et désabusé sur l’Amérique. Impossible de ressortir indifférent de ce film !

C’est la première que le compositeur John Williams collabore à un film d’Oliver Stone sur « Born on the 4th of July ». Par la suite, le maestro retravaillera à nouveau avec le cinéaste américain sur les excellents « JFK » et « Nixon ». John Williams a su une fois de plus trouver le ton juste dans la musique du film d’Oliver Stone, oscillant entre deux aspects importants du film : l'émotion et les sentiments divers de Ron Kovic et des autres personnages à la sortie de la guerre, mais aussi l'horreur tragique de ce conflit, deux aspects qui ressortent complètement dans la très belle musique de John Williams. Le prologue qui ouvre le film se fait en toute simplicité avec une trompette solo développant un thème sombre et tragique, évoquant le drame de la guerre à travers un côté plutôt résigné - et une nouvelle interprétation sans faille du fameux trompettiste Tim Morrison, avec qui John Williams a l'habitude de collaborer sur ses musiques. Un second thème principal, plus important, fait ensuite son apparition et illustre la partie plus émotionnelle du film, l'amour du pays, la défense de la justice et des idéaux. Sans tomber dans les clichés de musique patriotique comme certains le prétendent parfois, ce magnifique thème de « Born of the 4th of July » apporte une certaine ampleur dramatique au film, exposé par un ensemble des cordes au lyrisme savant, classique et raffiné. Le dit thème possède une certaine solennité sans pour autant verser dans le pompeux. Toute la force de la composition de John Williams sur « Born of the 4th of July » est avoir su éviter les clichés patriotiques pour jouer la carte de l’émotion franche et de la justesse de ton dans le récit d’Oliver Stone. Enfin, le maestro nous offre un troisième thème dans son score, un thème plus dramatique utilisé pour les scènes plus tragiques, lorsque Ron Kovic doit faire face à ses anciens démons, thème exposé ici aussi aux cordes, se rapprochant davantage du second thème de par sa nature ample et lyrique.

Paradoxalement, John Williams considère que le thème principal de cordes qu’il a écrit pour « Born on the 4th of July » est beaucoup trop opposé au reste de la musique du film d’Oliver Stone, un thème qu’il juge lui-même comme très américain et patriotique, une affirmation discutable étant donné le lyrisme poignant et sincère qui se dégage du dit thème et qui semble plus suggérer l’émotion du film et que les valeurs patriotiques à proprement parler. La scène du début du film dans un village vietnamien est illustrée quand à elle d’une façon plutôt intense et terrifiante : ralentis, cris, sons stridents des balles, bruits assourdissants, panique générale...Oliver Stone décrit l'horreur et la confusion des hommes en plein coeur de la guerre, chose à laquelle la musique de John Williams répond par une approche assez éprouvante : sa musique devient alors extrêmement sombre, terrifiante, voire quasiment horrifiante. Pendant ces quelques dizaines de minutes, John Williams a certainement écrit l’une des musiques les plus sombres qu’il lui ait été donné de composer pour un film américain : un pur moment de terreur musicale pour une scène bouleversante filmée avec une maestria rare !

C’est dans le concept de l’évocation crue des horreurs de la guerre que la musique de John Williams attire ici toute notre attention, car effectivement, le contraste entre ces parties et celles plus "aériennes" du thème principal est assez saisissant et contribue finalement à offrir une certaine diversité de ton à la musique du film, accentuant par la même occasion le réalisme du récit. John Williams a privilégié l'aspect humain dans sa musique tout comme l'a fait Oliver Stone à travers son film. Dès lors, difficile de ne pas être d'accord avec la démarche respective des deux artistes. Le thème de trompette introductif revient ensuite à quelques reprises pour suggérer le désespoir de Ron d'être paralysé à vie et d’avoir participé à cette guerre. La partition de « Born on the 4th of July » réussit finalement là où on attendait John Williams au tournant, le maestro ayant ainsi évité toute approche militaire ou patriotique qui n’aurait de toute évidence pas collé avec le ton clairement antimilitariste du film d’Oliver Stone. Même le thème que l'on juge pourtant comme patriotique ne l'est pas en réalité : il évoque ici les hommes blessés face à leurs propres souffrances à la sortie d’un conflit dramatique - on est vraiment bien loin ici de toute forme de patriotisme, quelque chose contre lequel Oliver Stone lutte d’ailleurs lui-même dans ses films qui offrent un regard bien souvent subversif et osé des travers sociaux de l’Amérique.

La partition de « Born on the 4th of July » démontre en particulier à travers les pièces de cordes du thème (dans le générique de fin par exemple) toute l’étendue du talent d'écriture de John Williams, armé ici d’un style musical fait d'harmonies classiques, de contrepoint savant et d’un lyrisme poignant et sophistiqué qui rappellent une fois de plus le génie du maestro américain. Evidemment, « Born on the 4th of July » ne prétend pas rivaliser avec certains grands chefs-d'oeuvre précédents du maître. Quoiqu’il en soit, cette très solide partition n'en demeure pas moins très réussie, aussi bien dans le film que sur l’album lui-même, John Williams ayant réussi à transcender son sujet avec une très grande classe, une fois de plus ! Signalons enfin qu’après « Born on the 4th of July », le maestro américain nous livrera deux autres opus assez exceptionnels dans sa carrière : « JFK » et « Nixon » !


---Quentin Billard