1-At The Ravenite Social Club 2.12
2-Harbor Neuroscience 1.19
3-Do You Like Puzzles? 5.42
4-The Accountant 3.43
5-Rice Farm 3.26
6-Specialized Training 3.56
7-Famous Mathematicians 2.58
8-The Panama Pump 4.33
9-ZZZ Accounting/You Don't
See That Everyday 2.29
10-The Trial of Solomon Grundy 4.30
11-Where You A Good Dad? 5.56
12-The Break You Should've
Been Looking For 3.26
13-Justine 1.36
14-The End of Solomon Grundy 11.53
15-Brothers 1.51
16-A Unique & Remarkable Young Man 3.14
17-To Leave Something Behind 4.51*

*Ecrit et interprété par Sean Rowe.

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

WaterTower Music no label number

Score produit par:
Mark Isham
Orchestrations:
Brad Dechter
Opérateur Pro Tools:
Vincent Cirilli
Coordination score:
Allison Geatches
Mixage et enregistrement score:
Jason La Rocca
Programmation séquence:
Tyler Parkinson
Monteur musique:
Peter Oso Snell
Préparation musique:
Booker White

(c) 2016 Warner Bros/Electric City Entertainment/RatPac-Dune Entertainment/Zero Gravity Management. All rights reserved.

Note: **1/2
THE ACCOUNTANT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
« The Accountant » (Mr. Wolff) est le nouveau long-métrage de Gavin O’ Connor sorti en 2016, cinéaste remarqué pour des films tels que « Pride and Glory » (2008), l’excellent « Warrior » (2011) ou le western « Jane Got a Gun » (2015). A l’origine de « The Accountant », il y a le scénario de Bill Dubuque qui figurait depuis 2011 sur la black list recensant les scénarios les plus appréciés mais qui n’ont jamais été produits par un studio. Le film raconte l’histoire de Christian Wolff (Ben Affleck), un spécialiste en juricomptabilité dont le travail consiste à repérer les fraudes et les crimes commerciaux dans les bilans comptables et les documents fiscaux des entreprises. Durant son enfance, Wolff avait été diagnostiqué autiste et se vit offrir l’opportunité d’aller vivre dans l’institut des neurosciences du New Hampshire, mais son père déclina l’offre et préféra s’occuper lui-même de son fils et de son jeune frère en les entraînant durement au combat et aux arts martiaux. De nos jours, Wolff travaille en tant que juricomptable pour une compagnie nommée Living Robotics Corporation dirigée par Lamar Blackburn (John Lithgow) et sa soeur Rita (Jean Smart). Il est chargé d’auditer tous les bilans financiers de l’entreprise alors que la comptable Dana Cummings (Anna Kendrick) a repéré des irrégularités dans certains comptes. En parallèle de son travail de comptable juriste, Chris mène une double vie puisqu’il reçoit régulièrement des contrats au téléphone par le biais de « la Voix », lui demandant de s’occuper des comptes d’organisations criminelles ou terroristes. Il cache un important stock d’armement dans sa caravane Airstream rempli de peintures très rares, de comics, de lingots d’or et d’argent. Pendant ce temps, Ray King (J.K. Simmons), le dirigeant de la FinCEN – bureau du département du Trésor des Etats-Unis chargé de lutter contre le blanchiment d’argent et les crimes financiers au niveau national et international – traque Chris Wolff par le biais de l’analyste Marybeth Medina (Cynthia Addai-Robinson). Après avoir découvert que 61 millions de dollars ont disparu des comptes de Living Robotics Corporation, Chris et Dana se retrouvent traqués par des tueurs envoyés par Lamar Blackburn pour cacher ses crimes et faire disparaître tous les témoins gênants.

Avec un scénario plutôt malin et assez original, « The Accountant » s’avère être un thriller assez haletant abordant le thème de l’autisme avec une certaine habileté. Inégal dans la plupart de ses films, Ben Affleck réussit pourtant son pari dans le métrage de Gavin O’ Connor et campe un comptable/juriste autiste et tueur à gage très inspiré, un solitaire asocial qui s’avère être un génie des mathématiques et un expert en armes et en combat. Il collectionne les tableaux de grande valeur, fait des dons à une institution pour autistes, range ses affaires avec une précision de maniaque, arbore un regard inexpressif et n’hésite pas à se flageller violemment le corps lorsqu’il pense avoir commis une faute. Affleck livre ici le portrait d’un anti-héros torturé, complexe et ambigu, hanté par un passé troublant – lié à un père militaire autoritaire qui considérait que la survie ne pouvait passer que par le combat et la violence - évoluant dans un univers brutal, entre traques aux fraudes comptables et contrats de tueur à gage. Gavin O’Connor filme son récit sans grande passion mais avec efficacité, s’en remettant entièrement à son casting impeccable et un scénario reposant sur une énigme construite sous la forme d’un puzzle, où chaque pièce s’assemble jusqu’au twist final assez bien vu. « The Accountant » est un thriller assez particulier qui mélange les genres et les sous-intrigues avec une certaine densité reflétant la qualité d’un scénario quelque peu exécuté platement à l’écran – un script pareil aurait certainement nécessité un cinéaste avec une vision plus singulière, plus personnelle – On notera par ailleurs quelques très bonnes scènes d’action, notamment lors de l’ahurissante fusillade finale dans les 20 dernières minutes du film.

La musique de « The Accountant » est de nouveau confié à Mark Isham, qui retrouve Gavin O’ Connor après « Miracle » (2004), « Pirde and Glory » (2008) et « Warrior » (2011). Pour sa quatrième collaboration à un film de O’Connor, Mark Isham signe un score relativement sombre et atmosphérique pour « The Accountant », dans la continuité de ses précédentes partitions thriller des années 90/2000. Il faut quand même remarquer que cela fait maintenant depuis plusieurs années que le compositeur se laisse enfermer dans le registre des films d’action et des thrillers, un genre dans lequel Isham n’a visiblement plus rien à dire d’intéressant, comme le confirment certains titres comme « Mechanic Resurrection », « Next », « Homefront » ou « The Crazies ». Dès les premiers instants de la partition (« At the Ravenite Social Club »), on sait d’emblée qu’on va retrouver le Mark Isham habituel des musiques électro/orchestrales modernes et atmosphériques, ce que confirme l’ouverture du film, avec son lot de sound design, de pulsations électroniques ordinaires et de cordes sombres. « Harbor Neuroscience » tente de planter le décor en évoquant l’institut pour enfants autistes au début du film, avec ses nappes synthétiques, ses arpèges ascendants de synthés années 80, ses accords bateaux de piano et ses cordes mélancoliques, mais « Do You Like Puzzles ? » se contente de recycler les formules habituelles du genre de manière fonctionnelle et alimentaire, à l’aide des sempiternelles pulsations synthétiques et des cordes. « The Accountant » débute quand à lui sur un piano intime et minimaliste associé au mode de vie solitaire de Christian Wolff dans le film.

Le morceau est plutôt intéressant car il permet à Isham de développer un style répétitif au piano et aux cordes, qui doit autant à Philip Glass qu’au « A Beautiful Mind » de James Horner. La musique évoque clairement ici l’idée que Christian Wolff est un génie des mathématiques. Les traits rapides et répétitifs du piano évoquent ici l’esprit complexe de Wolff qui tente de résoudre le problème des comptes de Living Robotics Corporation. « Rice Farm » s’avère beaucoup plus sombre avec ses percussions agressives, ses cuivres et ses cordes sombres, durant la scène de la fusillade à la ferme où se cache Wolff. Idem pour « Specialized Training » qui se contente d’aligner platement des percussions brutales et des pulsations synthétiques peu enthousiasmantes. « Famous Mathematicians » n’arrive pas vraiment à nous passionner, en raison de son extrême platitude et du manque d’idée flagrant d’Isham, qui se contente d’apporter un semblant de tension aux images en oubliant toute forme d’émotion. On devine une certaine mélancolie dans « The Panama Pump » et ses notes de piano éthéré sur fond de cordes sombres, tandis que les pulsations synthétiques deviennent plus énergiques dans « ZZZ Accounting/You Don’t See That Everyday ». « The Trial of Solomon Grundy » est l’un des rares passages intéressants de la partition de « The Accountant ». Isham fait référence ici au titre de la comptine pour enfants « Solomon Grundy », que répète Wolff à plusieurs reprises dans le film – c’est une technique héritée de son enfance qui lui permet de contrôler ses émotions en cas de stress avéré –

Le morceau est entièrement bâti sur des arpèges envoûtants de violoncelle sur fond de choeur et d’accords tragiques des cordes : Isham semble enfin se réveiller au cours de cette scène où Wolff retrouve son frère à la fin du film, « The Trial of Solomon Grundy » étant de loin le meilleur morceau de toute la partition de « The Accountant ». En revanche, c’est l’ennui le plus absolu dans « Where You A Good Dad ? », pour la scène où Wolff pose son arme sur la tempe de Ray King avant de lui demander s’il a été un bon père pour son enfant. Le score continue d’évoluer ainsi inlassablement, sans grande conviction, alignant les passages atmosphériques les uns à la suite des autres, impeccablement plaqués sur les images mais très décevants en écoute isolée, notamment à cause du manque d’inspiration flagrant d’Isham sur ce film. Isham reprend quand même la thématique de « The Trial of Solomon Grundy » à la fin de « The End of Solomon Grundy », avec le retour de son violoncelle et de ses choeurs élégiaques, pour la fin de l’affrontement final. Le thème élégiaque de « The Trial of Solomon Grundy » est repris aux cordes dans « Brothers » à la fin du film. Enfin, « A Unique & Remarkable Young Man » s’avère plus optimiste avec ses instruments métalliques et ses cordes plus apaisées.

La partition de « The Accountant » est donc écrite de manière pauvre et monolithique. Mark Isham se limite aux cordes de l’orchestre tandis que la partie électro/rythmiques assure le reste avec un semblant de sound design et un peu de piano. C’est trop peu pour convaincre réellement, mais il faut croire qu’Isham, connu autrefois pour ses musiques expérimentales/jazz, n’a plus grand chose à dire aujourd’hui ou ne se passionne plus vraiment pour ce qu’il fait. Outre l’émotion évidente de « The Trial of Solomon Grundy » et les quelques minutes finales de « Brothers », le score de « The Accountant », impeccablement placé sur les images, n’a rien de bien passionnant à raconter et confirme l’errance de Mark Isham qui semble perdre son temps sur des films qui ne l’inspirent plus, sur lesquels il n’a plus rien à dire. On espère que le compositeur saura enfin se réveiller et nous offrir le nouveau grand score que nous sommes toujours en droit d’attendre de lui !



---Quentin Billard