Disc 1

1-Overture 3.05
2-Main Title-Prologue Part 1 0.42*
3-Aria 1.02**
4-Main Title-Prologue Part 2 2.21*
5-Belle 5.33***
6-How Does A Moment Last Forever
Music Box 1.03+
7-Belle-Reprise 1.15++
8-Gaston 4.25+++
9-Be Our Guest 4.48°
10-Days In The Sun 2.40°°
11-Something There 2.54°°°
12-How Does A Moment Last Forever
Montmartre 1.55#
13-Beauty and the Beast 3.19##
14-Evermore 3.14###
15-The Mob Song 2.28&
16-Beauty and the Beast-Finale 2.14&&
17-How Does A Moment Last
Forever 3.37&&&
18-Beauty and the Beast 3.47'
19-Evermore 3.09''
20-Aria-Demo 0.36
21-How Does A Moment Last
Forever-Demo 0.59
22-Days in the Sun-Demo 3.30
23-How Does A Moment Last
Forever-Demo 1.21
24-Evermore-Demo 2.55

Disc 2

1-Main Title: Prologue 3.01
2-Belle Meets Gaston 0.54
3-Your Mother 2.13
4-The Laverie 1.22
5-Wolf Chase 3.14
6-Entering the Castle 1.18
7-A White Rose 3.57
8-The Beast 4.03
9-Meet the Staff 1.00
10-Home 2.04
11-Madame de Garderobe 1.28
12-There's A Beast 2.02
13-A Petal Drops 1.02
14-A Bracing Cup Of Tea 2.06
15-The West Wing 2.58
16-Wolves Attack Belle 3.17
17-The Library 3.05
18-Colonnade Chat 2.54
19-The Plague 0.51
20-Maurice Accuses Gaston 2.01
21-Beast Takes a Bath 1.21
22-The Dress 1.01
23-You Must Go to Him 2.50
24-Belle Stops The Wagon 2.42
25-Castle Under Attack 4.20
26-Turret Pursuit 2.12
27-You Came Back 5.13
28-Transformations 4.06

*Narration d'Hattie Morahan
**Ecrit par Alan Menken et Tim Rice
Interprété par Audra McDonald
***Ecrit par Alan Menken et
Howard Ashman
Interprété par Emma Watson,
Luke Evans, and the Ensemble
+Ecrit par Alan Menken et Tim Rice,
Interprété par Kevin Kline
++Ecrit par Alan Menken et
Howard Ashman,
Interprété par Emma Watson
+++Ecrit par Alan Menken et
Howard Ashman
Interprété par Luke Evans,
Josh Gad et the Ensemble
°Ecrit par Alan Menken et Howard Ashman,
Interprété par Ewan McGregor,
Emma Thompson, Gubu Mbatha-Raw
et Ian McKellen
°°Ecrit par Alan Menken et Tim Rice
Interprété par Adam Mitchell avec
Stanley Tucci, Ewan McGregor,
Gubu Mbatha-Raw, Emma Thompson,
Audra McDonald, Emma Watson,
Ian McKellen et Clive Rowe
°°°Ecrit par Alan Menken et
Howard Ashman,
Interprété par Emma Watson,
Dan Stevens, Emma Thompson,
Nathan Mack, Ian McKellen,
Ewan McGregor, Gubu Mbatha-Raw
#Ecrit par Alan Menken et Tim Rice
Inteprété par Emma Watson
##Ecrit par Alan Menken et
Howard Ashman,
Interprété par Emma Thompson
###Ecrit par Alan Menken et Tim Rice
Interprété par Dan Stevens
&Ecrit par Alan Menken et
Howard Ashman
Interprété par Luke Evans, Josh Gad,
Emma Thompson, Ian McKellen,
Stanley Tucci, Nathan Mack,
Gubu Mbatha-Raw, Ewan McGregor,
and the Ensemble
&&Ecrit par Alan Menken et
Howard Ashman,
Interprété par Audra McDonald,
Emma Thompson and the Ensemble
&&&Ecrit par Alan Menken et Tim Rice
Interprété par Céline Dion
'Ecrit par Alan Menken et
Howard Ashman
Interprété par Ariana Grande
et John Legend
''Ecrit par Alan Menken et Tim Rice
Interprété par Josh Groban.

Musique  composée par:

Alan Menken

Editeur:

Walt Disney Records D0025248-02

Album produit par:
Alan Menken, Matt Sullivan,
Mitchell Leib

Conduit par:
Michael Kosarin
Orchestrations:
James Shearman, Doug Besterman,
Kevin Kliesch, Danny Troob,
Jonathan Tunick

Arrangements de:
Michael Kosarin, Christopher Benstead
Musique additionnelle de:
Christopher Benstead
Montage musique:
Christopher Benstead

Artwork and pictures (c) 2017 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ****
BEAUTY AND THE BEAST
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Menken
Poursuivant sa politique de remake de ses grands classiques d’antan, Disney nous propose cette fois-ci une nouvelle adaptation live de l’un de leurs grands classiques de l’animation, « Beauty & the Beast », réalisé par Gary Trousdale et Kirk Wise en 1991. « Beauty & The Beast » (La Belle et la Bête) s’inspire à nouveau du célèbre conte de fée de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont écrit en 1756, et qui n’est autre qu’une version abrégée du fameux conte conçu par la romancière française Gabrielle-Suzanne de Villeneuve en 1740. L’histoire reste très proche de celle du film d’animation de 1991 : un jeune prince capricieux et égoïste (Dan Stevens) vit dans un luxueux château à la fin du 18e siècle en France, près d’un petit village rural nommé Villeneuve (qui est en fait inspiré du village de Conques dans l’Aveyron). Alors qu’il vient de refuser d’abriter une fée déguisée en vieille mendiante, le prince reçoit un sortilège qui fait de lui une bête sauvage. Il est condamné à vivre ainsi, lui et tout le personnel de son château, jusqu’à ce qu’il aime une femme et que cette dernière l’aime en retour. Pour symboliser le temps qui passe, la fée lui a laissé la rose qu’il jeta au sol lorsqu’il la repoussa. Chaque fois qu’un pétale tombe, une année s’envole, et s’il n’a pas réussi à trouver une femme avant que le dernier pétale ne tombe, le prince sera condamné pour l’éternité. A Villeneuve vit une jeune fille idéaliste et romantique nommée Belle (Emma Watson). La jeune fille attire tous les regards sur elle et s’avère raillée par les siens en raison de sa personnalité particulière et rêveuse. Belle est courtisée lourdement par Gaston (Luke Evans), un chasseur arrogant et égoïste qui n’a qu’une idée en tête : se marier avec elle et fonder une famille, mais Belle repousse toutes ses avances. Elle vit avec son père Maurice (Kevin Kline), un inventeur fantaisiste qui décide un jour de partir dans la forêt pour y ramener une rose à sa fille. Sur le chemin, Maurice est attaqué par des loups et sauvé de justesse par la Bête, qui décide de l’enfermer dans son château. Voyant Philippe, le cheval de son père, revenir seul à Villeneuve, Belle comprend qu’il est arrivé quelque chose à son géniteur et décide d’aller dans la forêt pour le sauver. Elle retrouve alors son père enfermé dans le château de la Bête et décide de conclure un pacte avec le prince maudit en prenant la place de son géniteur. Prisonnière de la Bête, Belle, qui se sent malheureuse, va peu à peu découvrir l’univers magique qui vit dans le château de la Bête et va découvrir son geôlier sous un autre jour. La jeune femme apprend alors l’histoire du prince et découvre un coeur et une bonne âme qui se cache derrière l’apparence repoussante de la Bête. Les domestiques du château, transformés en objets vivants, réalisent alors que Belle pourrait bien être la femme que la Bête a attendu toute sa vie, et qui pourrait mettre fin à la malédiction de l’enchanteresse.

Cette nouvelle mouture 2017 est confiée à Bill Condon, connu pour ses films tels que « Gods and Monsters » (1998), « Dreamgirls » (2006) ou « The Twilight Saga : Breaking Dawn » (2011 et 2012). Avec un budget conséquent (160 millions de dollars), cet énième « Beauty & the Beast » est un hommage vibrant au classique de Disney de 1991, si bien que le film est entièrement reconstitué à partir du dessin animé originel, y compris dans la musique à nouveau confiée à Alan Menken – fait plutôt rare, le compositeur aura donc fait la musique des 2 versions du film – Pourtant, « Beauty & the Beast » est loin d’être une simple redite du film de 91 et apporte quelques nouveautés fort bienvenues, et d’autres moins appréciables. Commençons par la photographie, mélange de teintes bleutées claires et de couleurs dorées proches de celle du film de 1991. Bill Condon filme les décors avec une élégance et un classicisme agréable, que ce soit les rues de Villeneuve, les couchers de soleil (cf. scène où Belle observe le crépuscule en haut d’une colline face au village), les immenses couloirs luxueux du château de la Bête ou la forêt enneigée peuplée de loups affamés. Le film utilise la technologie moderne 3D et les effets numériques pour reconstituer une image très colorée et profonde, à la limite de la bande dessinée. Au niveau du casting, Emma Watson campe une Belle assez convaincante à laquelle le cinéaste apporte une personnalité bien moins lisse que celle du film de 91 : ici, Belle pose un regard sur ses contemporains, sait qu’elle n’est pas comme les autres et assume ses choix envers et contre la société française patriarcale de l’époque – elle incarne le féminisme de nos sociétés occidentales modernes – La jeune actrice, connue pour son rôle d’Hermione dans « Harry Potter », parvient même à camper une Belle plus convaincante et moins effrontée que celle de Léa Seydoux dans la version française de Christophe Gans de 2014. Evidemment, pour rester fidèle à l’esprit du film de 1991, « Beauty & the Beast » repose quasi intégralement sur ses nombreux numéros de comédie musicale, avec des chansons omniprésentes tout au long du récit. Alan Menken, Howard Ashman et Tim Rice reprennent par ailleurs quelques unes de leurs plus fameuses chansons de l’époque (et notamment « Belle », « C’est la fête » ou « Histoire éternelle ») tout en ajoutant de nouvelles chansons pour rendre l’ensemble plus complet et plus intense.

L’ensemble est réalisé de manière classique à la façon des Disney d’antan. On y retrouve la poésie des grands classiques du studio mais aussi une vision parfois plus adulte du monde de la Belle et la Bête, et notamment une séquence mélancolique où l’on découvre ce qui est arrivé à la mère de Belle, emportée par la peste noire, sans oublier le personnage de Gaston, plus arrogant et vil que dans la version 1991. A ce sujet, la réputation du film a été entachée par une polémique stupide concernant le personnage de LeFou (Josh Gad), le fidèle complice de Gaston. Certains ont vu de l’homosexualité latente dans la relation entre LeFou et Gaston, ce qui a même conduit certains distributeurs de cinéma catholiques à ne pas diffuser le film aux Etats-Unis, tandis qu’il a été carrément interdit aux moins de 16 ans en Russie et censuré en Malaisie. La polémique a pris une ampleur absolument délirante pour un détail totalement insignifiant dans le film, d’autant que la relation entre LeFou et Gaston semble refléter davantage une forme d’amitié fidèle qu’une quelconque homosexualité – Et quand bien même on montrerait un personnage gay dans un Disney, il n’y avait franchement pas de quoi s’offusquer à ce point, comme quoi les vieilles tendances homophobes ont encore la vie dure dans certains pays du monde. Le film est par ailleurs très lisse au niveau de la sexualité (production Disney oblige !) alors qu’on se souvient pourtant de la célèbre version de Jean Cocteau de 1946 avec Jean Marais et Josette Day, beaucoup plus surréaliste, lente et poétique, où régnait une certaine tension sexuelle sous-jacente entre la Belle et la Bête. Malgré ses longueurs et sa réalisation inégale (notamment à travers l’abondance parfois fastidieuse des chansons, trop longues et trop nombreuses), « Beauty & the Beast » version 2017 est une énième réussite de la part de Disney, à des années lumières des anciennes versions françaises plus classiques mais un brin plus complète que le dessin animé de 1991. Après « Maleficent », « The Jungle Book » et « Cendrillon », force est de constater que les remakes live des classiques de Disney ont encore de beaux jours devant eux.

C’est donc une première pour un remake d’une production Disney : pour la première fois dans l’histoire du studio, le compositeur du film original se voit offrir l’opportunité de revisiter une seconde fois son travail sur le film précédent. Alan Menken revient donc sur ce « Beauty & the Beast » 2017 aux côtés du parolier Tim Rice, pour concevoir une nouvelle partition dans la continuité de celle de 1991 (Howard Ashman est crédité pour son travail sur les chansons reprises de 91, mais il faut se souvenir que l’artiste est décédé en 1991 à seulement 40 ans). Menken se retrouve ainsi face à une situation inédite et quasi unique au cinéma : celle de revisiter son propre travail sur un reboot d’un de ses anciens films. Le précédent le plus connu reste celui du thriller argentin « Secret in Their Eyes » mis en musique par Emilio Kauderer en 2009 puis remis en musique par le même compositeur dans le remake américain de 2015. L’objectif d’Alan Menken était donc de succéder à sa propre partition de 1991 tout en évitant la redite et en insufflant de nouveaux éléments suffisamment intéressants pour ne pas sombrer dans la redondance pure. Les chansons originales, éléments clé du film, sont reprises ici et proposées à travers de nouveaux arrangements orchestraux plus étoffés, dans la continuité de la fameuse pièce de Broadway – l’album débute par ailleurs sur une « Ouverture » inédite qui résume les principaux thèmes musicaux dans une suite symphonique brillante, tradition héritée de l’Opéra et de la comédie musicale américaine – Au niveau des interprètes, Emma Watson a été largement décriée pour ses performances vocales souvent jugées décevantes : on a beaucoup reproché à la comédienne de ne pas savoir chanter correctement et d’avoir obligé les concepteurs à utiliser des presets audio pour rattraper les carences de sa voix. Pourtant, à l’écoute de l’album et du film, difficile de trouver réellement quelque chose de condamnable dans l’interprétation d’Emma Watson.

On se souvient par ailleurs que certains interprètes de la version de 1991 avaient déjà une voix très limitée, et notamment Angela Lansbury qui avait complètement massacré la chanson clé « Beauty and the Beast » avec ses nombreuses approximations vocales (pour le coup, Lucie Dolène avait livré une interprétation bien plus convaincante pour la VF de 91 !). Emma Watson reste donc dans la moyenne des productions de Broadway et de Disney, sans plus particulier mais sans réel problème (hormis peut être un manque de vibrato et de réelles nuances dans sa voix). Idem pour les autres interprètes – Luke Evans interprète parfaitement son rôle vocal dans « Belle » et « Gaston », fameuses chansons reprises du film animé de 1991 – Un mot au sujet de « Belle », la chanson qui présente le personnage de la jeune fille à Villeneuve au début du récit : Menken nous propose ici de nouveaux arrangements orchestraux plus étoffés et beaucoup plus riches, même si cette version 2017 reste proche de celle de 1991. La fougue évidente des interprètes et des musiciens de l’orchestre fait plaisir à entendre, aussi bien dans le film que sur l’album, pour ce qui reste l’une des chansons les plus connues et les plus appréciées de « Beauty & the Beast », après la chanson éponyme principale du film. On retrouve aussi avec bonheur la fameuse « Be Our Guest » (C’est la fête), autre chanson bien connue du film de 1991, interprété par les serviteurs de la Bête pour divertir Belle lors d’un repas très festif. Ewan McGregor, Emma Thompson, Gubu Mbatha-Raw et Ian McKellen s’en donnent ici à coeur joie dans une véritable surenchère musicale et orchestrale évoquant la splendeur et le faste des productions Broadway d’antan. Il faut aussi reconnaître qu’Alan Menken s’est amélioré avec le temps et semble avoir davantage peaufiné son écriture, livrant un travail de composition absolument ahurissant, y compris dans les détails mélodiques, contrapuntiques et instrumentaux.

Parmi les nouvelles chansons écrites par Menken et Tim Rice pour cette nouvelle mouture 2017, on ne pourra pas passer à côté de « Evermore », très belle chanson mélancolique interprétée par la Bête qui est basée sur le thème principal associé à la Rose – symbolisant l’enchanteresse et le sortilège du prince - le nostalgique « Days in the Sun » qui évoque les sentiments des objets vivants qui rêvent de redevenir humains (la chanson remplace ici « Human Again » de la version de 91) sans oublier « Aria », valse délirante au clavecin interprétée par une Audra MacDonald extravagante dans le rôle de Madame de Garderobe, qui singe ici les airs d’opéra d’antan avec une voix complètement extravagante et poussive. Enfin, on oubliera pas de mentionner la quatrième nouvelle chanson, « How Does A Moment Last Forever », introduite d’abord par Kevin Kline au début du film (le père de Belle), puis reprise par la jeune fille dans la très belle version de « Montmartre », lorsque Belle se retrouve à Paris et se souvient de l’ancien appartement dans lequel elle vécut avec sa mère durant son enfance. Pour finir sur les chansons du film, impossible de ne pas développer davantage sur « Beauty & the Beast », la chanson-clé du film, reprise ici avec délicatesse par Emma Thompson (qui parvient à faire oublier la version d’Angela Lansbury) sur des arrangements orchestraux beaucoup plus conséquents et riches (peut être un peu trop ?), pour la scène bien connue où la Belle et la Bête se rapprochent et dansent ensemble. On regrettera simplement le côté trop riche et trop fastueux des orchestrations massives, là où la version de 1991 paraissait plus subtile, plus délicate.

Le score orchestral de « Beauty & the Beast » est à son tour dans la continuité de celui de 1991 mais paraît effectivement plus dense, plus étoffé. Le film débute sur le thème principal, celui de la rose, lié à l’air de la chanson « Evermore ». Les orchestrations sont ici extrêmement riches et généreuses. Le thème est présenté ici aux cordes sur fond d’écriture arpégée du piano et des vents dans « Main Title : Prologue ». La séquence où le prince reçoit le sortilège de l’enchanteresse permet à Menken de développer le thème de façon puissante avec l’apport des choeurs, du piano et de l’ensemble orchestral, une introduction fort dramatique qui pose d’emblée les bases de l’histoire. Le thème de Belle est repris dans « Belle Meets Gaston » dans lequel Gaston tente de séduire lourdement Belle – on est à la limite du harcèlement sexuel d’ailleurs ! – développé ici à l’orchestre sur fond de cordes et de bois sautillants tendance mickey-mousing. « Your Mother » illustre les premières scènes avec Belle et son père, morceau intime et délicat basé sur l’air de « How Does A Moment Last Forever ». Comme toujours, Menken parvient à développer parfaitement les thèmes de ses chansons dans sa partition orchestrale comme il le fait habituellement sur la plupart de ses films Disney. « The Laverie » nous propose un arrangement orchestral du thème de Belle, plus apaisé et délicat, partagé entre les cordes, les bois et le piano pour évoquer le quotidien de Belle au village – à noter ici l’utilisation de l’accordéon pour le côté « frenchy » très cliché – Plus intéressant, « Wolf Chase » évoque la scène de l’attaque des loups, avec un premier morceau d’action énorme et démesuré, d’une complexité ahurissante, qui se poursuit dans l’intense « A White Rose ».

« The Beast » évoque parfaitement à lui tout seul la solitude et le maléfice dramatique qui s’est abattu sur la Bête. « Meet the Staff » est plus intéressant car il présente la thématique associé aux objets vivants, les serviteurs de la Bête. Menken cite brièvement ici la mélodie de « Be Our Guest » avec l’apport de l’accordéon intégré à l’orchestre et associé au personnage de Lumière. On appréciera le lyrisme poétique et raffiné de « Home » (adapté d’une chanson présente dans la version Broadway de 1994) avec son écriture de cordes et de vents d’une grande beauté, ou la légèreté des passages comédie comme « Madame De Garderobe ». A contrario, la reprise dramatique et poignante du thème de la Rose dans « A Petal Drops » (symbolisant la chute d’un des pétales de la fleur) est très réussie, tout comme « A Bracing Cup of Tea » et son violon soliste romantique et lyrique. « The West Wing » reprend l’air de « Be Our Guest » à la clarinette, aux cordes, à l’accordéon et au violon, pour la scène où Belle s’aventure dans l’aile ouest du château, ce que la Bête lui a formellement interdit. « Wolves Attack Belle » est un autre morceau d’action tonitruant et complexe, porté par un orchestre déchaîné, des percussions agressives et des choeurs épiques. Niveau action, le dernier acte débute sous les meilleures auspices pour la scène où Belle sauve son père dans « Belle Stops the Wagon », suivi de l’attaque des villageois dans « Castle Under Attack ». On notera ici l’énergie incroyable de ce morceau bourré d’idées, incluant quelques touches d’humour savoureuses – l’allusion à la « Marche Funèbre » de Chopin à 1:00 lors du grand moment de bravoure de Maître Cadenza – des élans orchestraux hérités des musiques de swashbuckler façon Korngold, ou de l’utilisation virtuose du clavecin baroque. La bataille se termine dans le superbe « Turret Pursuit » pour la confrontation finale avec Gaston sur les hauteurs du château, morceau ponctué de rythmes martiaux, de cuivres déchaînés, de cordes survoltées et de choeurs épiques qui feraient passer la version de 1991 pour un simple épisode anecdotique, débouchant sur le splendide et dramatique « You Came Back » et sa coda romantique et passionnée, suivi de l’inévitable happy-end du triomphant « Transformations ».

On ressort donc comblé par l’écoute de « Beauty & the Beast » version 2017. Alan Menken réussit le pari risqué de revisiter sa fameuse partition de 1991 et nous propose ici de nouvelles idées, de nouveaux arrangements et une partition beaucoup plus ample, massive et intense. Les longs développements thématiques imposés par le rythme du film permettent à Menken de signer un « Beauty & the Beast » 2.0 de toute beauté ! Certes, certains esprits chagrins trouveront toujours que le score n’apporte rien de plus à la version de 91, mais ce serait aller vite en besogne, tant on reste conquis par le faste et la qualité d’une musique extrêmement bien écrite, superbement orchestrée et maîtrisée d’un bout à l’autre du film, qu’il s’agisse des chansons ou du score orchestral. Effectivement, les nouveaux interprètes sont inégaux, à commencer par Emma Watson, qui n’est peut être pas la meilleure chanteuse du monde mais dont les performances sont quand même très correctes pour une actrice inexpérimentée dans le chant. Malgré cela, il reste difficile d’évaluer une telle partition en soi sans être tenté de comparer le nouveau travail d’Alan Menken avec celui qu’il fournit plusieurs années auparavant sur le film animé. Si vous êtes un fan du Disney de 91 et de sa musique, vous allez adorer à coup sûr ce « Beauty & the Beast » version 2017, mais ceux qui s’attendaient à être vraiment surpris en resteront quelque peu sur leur faim. C’est à la fois l’avantage et l’inconvénient d’un tel exercice : revisiter sa propre partition au risque de se répéter ou de faire quelque chose de trop ressemblant. Alan Menken s’en tire pourtant avec les honneurs et signe un score magnifique, ample et de qualité, l’une des meilleures partitions Disney de l’année.




---Quentin Billard