1-Amazons Of Themyscira 6.47
2-History Lesson 5.16
3-Angel On The Wing 3.45
4-Ludendorff, Enough! 7.37
5-Pain, Loss & Love 5.27
6-No Man's Land 8.52
7-Fausta 3.20
8-Wonder Woman's Wrath 4.06
9-The God of War 8.02
10-We Are All To Blame 3.11
11-Hell Hath No Fury 3.58
12-Lightning Strikes 3.35
13-Trafalgar Celebration 4.50
14-Action Reaction 5.54
15-To Be Human 4.00*

*Interprété par Sia
featuring Labrinth
Ecrit par Florence Welch
et Rick Nowels.

Musique  composée par:

Rupert Gregson-Williams

Editeur:

Sony Classical 88985447072

Musique orchestrée par:
Rupert Gregson-Williams,
Alastair King

Musique additionnelle et programmation:
Andrew Kawczynski, Tom Howe,
Evan Jolly, Paul Mounsey

Album produit par:
Rupert Gregson-Williams
Monteurs musique:
Simon Changer, Chris Benstead,
J.J. George, Gerard McCann,
Dominik Certo, Melissa Muik

Supervision musique:
Karen Elliot
Services de production musicale:
Steven Kofsky
Enregistrement score:
Nick Wollage
Mixage score et album:
Alan Meyerson
Mix score additionnel:
Forest Christenson
Assistant mixage:
Eva Reistad
Mix musiques:
Remote Control Productions
Manager du studio
Remote Control Productions:
Shalini Singh
Producteurs exécutifs album:
Patty Jenkins, Charles Roven,
Deborah Snyder, Zack Snyder

Direction de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Paul Broucek, Brian Lambert
Direction de la musique pour
WaterTower Music:
Jason Linn
Music business affairs:
Ray Gonzalez

(c) 2017 Atlas Entertainment/Cruel & Unusual Films/DC Entertainment/Dune Entertainment/Tencent Pictures/Wanda Pictures/Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
WONDER WOMAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Rupert Gregson-Williams
Après le succès colossal de « Batman vs. Superman », le film de « Wonder Woman » consacré entièrement à la célèbre amazone – que l’on retrouvera prochainement dans le « Justice League » de Zack Snyder – était attendu au tournant. Le film est confié à Patty Jenkins, réalisatrice de « Monster » avec Charlize Theron en 2003, qui n’avait plus rien réalisé pour le cinéma pendant plus de 10 ans. On découvre ici les origines de Wonder Woman alias Diana Prince (Gal Gadot) : cette dernière vivait autrefois parmi les Amazones de Themiscyra, dirigées par la reine Hippolyte (Connie Nielsen) et sa soeur la générale Antiope (Robin Wright), qui était chargé d’entraîner les guerrières au combat. L’île de Themiscyra était protégée par un gigantesque bouclier qui rendait l’endroit invisible aux yeux des humains. La reine sculpta une statue de petite fille et demanda à Zeus de lui insuffler la vie, donnant naissance à Diana. Cette dernière s’intéressa dès son plus jeune âge au combat mais sa mère refusa qu’elle soit entraînée par la générale Antiope. Cette dernière décida alors d’entraîner secrètement Diana à l’insu de la reine. Diana découvrit par la suite l’histoire d’Arès, le dieu de la guerre et l’un des fils de Zeus. Arès considérait que la création des hommes était une erreur et qu’ils finiraient par anéantir le monde par orgueil et cupidité. Arès déclencha une série de guerres pour tenter d’éliminer les hommes, mais Zeus s’opposa à sa folie destructrice et stoppa son fils, qui disparut par la suite. Hippolyte révèle ensuite une épée sacrée gardée précieusement au sommet d’une tour, et qui serait la seule arme capable de détruire un dieu. Un jour, Diana aperçoit un avion en difficulté s’échouer dans l’océan et décide de porter secours à son pilote, Steve Trevor (Chris Pine). Mais un navire allemand les poursuit et perce le bouclier de Themiscyra, obligeant les amazones à combattre les envahisseurs. Diana prend ensuite la défense de Steve et ce dernier finit par révéler qu’il est un espion envoyé par les alliés pour découvrir les secrets d’Isabel Maru alias « Dr. Poison » (Elena Anaya), une scientifique qui travaille pour le compte de l’Allemagne et du général Erich Ludendorff (Danny Huston), et qui aurait mis au point une arme toxique révolutionnaire. Persuadée que la Première Guerre Mondiale – qui a déjà fait plus de 25 millions de morts - est l’oeuvre d’Arès, Diana se met en tête de suivre Steve Trevor jusqu’en Angleterre pour stopper le dieu de la guerre et mettre fin à ce conflit destructeur. Diana va se retrouver sur le front et devra prendre position dans la guerre des humains.

On se souvient que Patty Jenkins devait déjà réaliser à l’origine « Thor : the Dark World » pour Marvel en 2011 avant de quitter la production pour différends artistiques. Ce sera finalement chez le concurrent DC Comics que Patty Jenkins trouvera enfin sa place de réalisatrice en signant « Wonder Woman ». Le film s’avère être une réussite plastique et visuelle incontestable. Après un « Batman vs Superman » trop sombre et qui se prenait trop au sérieux, et un « Suicide Squad » mal fichu et excessif, « Wonder Woman » parvient à trouver le juste équilibre que l’on est en droit d’attendre d’une production DC Comics : entre action, aventures, effets spéciaux 3D, reconstitution réaliste de la Première Guerre Mondiale et humour savamment dosé, le film de Patty Jenkins rehausse le niveau des productions DC et s’impose comme l’un des rares blockbusters hollywoodiens entièrement porté sur les épaules de deux femmes : la réalisatrice tout d’abord, qui saisit l’opportunité de sa vie en signant « Wonder Woman », et aussi l’israélienne Gal Gadot, qui s’impose aux yeux du public comme la nouvelle Diana Prince capable de succéder à Lynda Carter de la fameuse série TV de 1975. Véritable icône féministe à part entière dans le monde des comics books américains, Wonder Woman est un symbole phare de la culture américaine et se voit enfin offrir un film à la hauteur du personnage. Gal Gadot est évidemment sublime dans le rôle de la belle amazone, séduisante et puissante, chacune de ses apparitions irradiant l’écran par son charme particulier qui la rend incroyablement agréable à regarder à l’écran. En plaçant Diana Prince dans le contexte de la Première Guerre Mondiale, Patty Jenkins réussit l’exploit de mêler la réalité et la fiction avec un savant dosage de reconstitutions historiques et d’effets spéciaux dantesques – notamment lors de la très spectaculaire bataille finale entre Wonder Woman et Arès – Au niveau de l’action, le film restera surtout dans les annales pour une séquence en particulier, celle où l’héroïne s’élance seule dans un no man’s land au milieu des tranchées allemandes, la séquence la plus mémorable du film.

Le script est aussi plutôt malin puisqu’il évoque les doutes et les interrogations de Diana face aux enjeux d’une guerre humaine qu’elle ne comprend pas, tout simplement parce que sa participation au conflit est né d’une méprise, d’un malentendu – elle pense qu’il s’agit de l’oeuvre d’Arès, tandis que Steve Trevor joue volontairement sur ce subterfuge, conscient que les immenses pouvoirs de Diana lui permettront peut être de gagner la partie sur le front allemand – En s’interrogeant sur son véritable rôle dans ce conflit, Wonder Woman paraît finalement bien plus humaine qu’elle n’y paraît, de belles idées scénaristiques malheureusement gâchées par un troisième acte plus décevant, avec son lot d’effets spéciaux dantesques lors de l’inévitable combat final contre Arès, très prévisible, visuellement indigeste et sans surprise. Le film est réalisé de manière assez classique, dans la lignée de ce que fit Joe Johnston sur « Captain America » en 2011, qui se déroulait lui aussi dans le contexte d’une Guerre Mondiale, et auquel « Wonder Woman » semble être un pendant cinématographique évident. Niveau casting, on retrouve quelques têtes connues comme Chris Pine, Robin Wright, Connie Nielsen, Danny Huston, David Thewlis, Elena Anaya et Saïd Taghmaoui. Malgré ses inégalités et son dernier acte plus décevant, « Wonder Woman » possède tous les atouts pour réconcilier le public avec les productions DC Comics. On espère par ailleurs que Zack Snyder retiendra la leçon sur « Justice League » et tous les films suivants annoncés dans l’univers DC.

La musique de « Wonder Woman » a été confiée à Rupert Gregson-Williams, connu pour avoir signé récemment les musiques de « The Legend of Tarzan » (2016) et « Hacksaw Ridge » (2016). A la première écoute, on remarque d’emblée que le score composé par Rupert Gregson-Williams se démarque radicalement de celui de « Batman vs Superman » d’Hans Zimmer dans le sens où le compositeur anglais opte cette fois pour une approche classique et orchestrale plus conventionnelle et éloignée du style électronique plus moderne de Zimmer. Qui dit score orchestral classique dit aussi bien évidemment thèmes, et sur ce plan, « Wonder Woman » ne déçoit nullement. Le score est ainsi bâti autour d’une poignée de thèmes, à commencer par le fameux thème guerrier de Wonder Woman écrit par Zimmer dans « Batman vs Superman » et auquel Rupert Gregson-Williams fait partiellement référence à quelques reprises dans le film. On trouve d’ailleurs une brève allusion à la mélodie au début de « Amazons of Themyscira » (avec le violoncelle électrique reconnaissable à 0:11) et son ostinato cité vers 0:25. A 1:51, le compositeur dévoile le thème de Steve Trevor, mélodie plus lyrique et solennelle des cordes et des cors, évoquant le combat de l’espion pour mettre fin à la guerre et sa complicité avec Wonder Woman. A 2:23, le compositeur dévoile le troisième grand thème de la partition, thème héroïque et noble associé à Diana Prince, évoquant les pouvoirs de la célèbre amazone et son combat pour libérer le monde de l’emprise d’Arès – dommage cependant que ce thème rappelle moult mélodies héroïques entendues mille fois auparavant chez Marvel, bien qu’on pense parfois ici aux « Transformers » de Steve Jablonsky –

Rupert Gregson-Williams évoque ici la séquence introductive sur Themyscira à l’aide des traditionnels ostinatos de cordes, des cordes et des choeurs épiques, sans oublier quelques guitares et flûte ethniques. A l’inverse du motif guerrier conçu par Hans Zimmer sur « Batman vs. Superman », le nouveau thème de Diana Prince/Wonder Woman se veut ici beaucoup plus optimiste : il évoque davantage les valeurs morales que défend l’amazone et son combat pour sauver le monde. « History Lesson » apporte quand à lui un fort sentiment d’espoir à travers les harmonies nobles et solennelles du thème de Diana. « Angel on the Wing » développe le thème de Steve Trevor, lorsque Diana le sauve de la noyade suite au crash de son avion au début du film – à noter ici le rôle des choeurs qui apportent une dimension quasi magique à la séquence – L’arrivée de Steve sur Themyscira permet au compositeur de reprendre la thématique de Diana sous la forme d’un anthem puissant et héroïque assez réussi. « Ludendorff, Enough ! » présente quand à lui le quatrième thème du score, un motif sombre et sournois associé au général allemand Erich Ludendorff et ses expériences scientifiques secrètes menées avec le Dr. Poison. On découvre ici ce motif de 8 notes sinistres aux contrebasses à 0:41, motif qui grandira tout au long du film jusqu’à l’inévitable combat final, suggérant la menace constante que représente l’entreprise maléfique de Ludendorff et sa fidèle complice. Durant les 7 minutes de « Ludendorff, Enough ! », Rupert Gregson-Williams développe largement ce thème protéiforme mais un peu passe-partout, que l’on aura bien du mal à remarquer à la première écoute ou vision du film.

« Pain, Loss & Love » développe les harmonies du thème héroïque de Steve et celui de Diana avec l’apport très stéréotypé de l’inévitable duduk, alors que Wonder Woman comprend qu’elle doit dorénavant quitter son île pour accompagner Steve en Europe sur le front et stopper les agissements d’Arès, et ce contre l’avis de sa mère. Evoquant la destinée de l’héroïne, « Pain, Loss & Love » apporte ce sentiment d’espoir, de noblesse et de détermination à Diana Prince, qui sait désormais ce qu’elle doit faire de sa vie, même si Steve décide de lui mentir au sujet des humains et de la guerre. « No Man’s Land » illustre quand à lui la superbe séquence d’anthologie où Wonder Woman s’élance seule dans le No Man’s Land vers le milieu du film, devant les rafales de balles des allemands. On appréciera ici la façon dont Gregson-Williams suggère l’héroïsme à travers une superbe montée d’espoir très touchante, puissante et déterminée, un peu comme il le fit dans le film « Hacksaw Ridge » (2016). A 3:09, les grands accords de cuivres laissent enfin la place au superbe ostinato de Zimmer sur fond de rythmique électronique, où l’on retrouve le fameux thème du violoncelle électrique de Tina Guo. Les fans de « Batman vs Superman » seront aux anges avec les reprises intenses et appréciables du thème guerrier de « Wonder Woman » issu du précédent film de Zack Snyder, qui permet enfin à la saga DC Comics de s’offrir un semblant de continuité thématique d’un film à un autre – il faut dire que le motif guerrier de Zimmer avait fait forte impression à la sortie du film de Snyder en 2016 – Dans « No Man’s Land », Gregson-Williams joue aussi sur les variations héroïques autour du thème de Steve et celui de Diana pour l’un des grands moments de bravoure du film.

« Fausta » développe la thématique menaçante et sinistre de Ludendorff et du Dr. Poison d’une façon similaire à « Ludendorff, Enough ! ». « Wonder Woman’s Wrath » nous permet de retrouver le motif guerrier de Zimmer durant la séquence où Diana combat Ludendorff vers la fin du film. Rupert Gregson-Williams développe ici ce motif belliqueux de façon puissante avec l’ajout des cuivres sur un flot continu de percussions, du violoncelle électrique et de rythmes électroniques, juxtaposé au thème de Ludendorff : on retrouve clairement ici l’esthétique musicale moderne habituelle des productions Remote Control, rompant avec le style plus classique et orchestral du début, mais qui permet de faire le lien entre « Wonder Woman » et « Batman vs. Superman » - impossible ici de passer à côté de la superbe envolée du thème héroïque de Diana à 2:48 ! – « The God of War » s’avère beaucoup plus sombre, avec ses choeurs masculins gothiques et ses nombreuses variations autour du thème de Ludendorff, lors de la révélation au sujet d’Arès à la fin du film. « The God of War » est de loin l’un des passages les plus sombres du score mais aussi l’un des plus inintéressants malheureusement, notamment à cause de ses 8 minutes assez répétitives et indigestes. Dommage qu’ici aussi, Rupert Gregson-Williams singe le style action d’Hans Zimmer sans grande originalité, délaissant l’approche orchestrale classique du début – c’était déjà un problème récurrent dans le score de « Hacksaw Ridge ! » - Gregson-Williams développe ici un motif sombre et guerrier de cuivres associé à Arès, le dieu de la guerre. On reconnaît notamment le motif vers 5:15, 5:33 ou 7:37, illustrant notamment la confrontation finale entre Wonder Woman et Arès.

Le thème héroïque de Steve Trevor est repris dans « We Are All to Blame », apportant un peu d’espoir au récit, régulièrement juxtaposé ici au thème et aux harmonies de Diana. Il est aussi repris largement dans « Hell Hath No Fury » avec ses montées d’espoir saisissantes. Le morceau est bâti sur un grand crescendo dramatique et puissant très réussi durant la longue bataille finale contre Arès, où Steve et Diana tentent d’empêcher la bombe d’exploser et de tuer tout le monde. « Lightning Strikes » met fin à la bataille avec une reprise poignante du thème de Steve au duduk sur fond de choeurs élégiaques et de cordes, évoquant un sentiment de détermination, de dépassement de soi et de sacrifice. Le morceau s’apparente à un anthem héroïque et solennel puissant – à la manière des productions Media Ventures des années 90 – avant de se conclure sur une grande reprise triomphante du thème de Diana à la fin de la bataille. « Trafalgar Celebration » s’avère plus calme et apaisé. Le thème de Diana paraît ici plus intime, plus posé, avec une écriture de cordes et de vents plus lyrique et classique d’esprit. Le film se termine alors sur une dernière reprise du thème principal de Diana (à partir de 4:00) nous amenant à une ultime reprise du thème guerrier de Zimmer. Le dit thème est d’ailleurs largement développé dans « Action Reaction » avec une partie électronique moderne plus proche de « Batman vs. Superman ».

Rupert Gregson-Williams signe donc un score plutôt convaincant pour « Wonder Woman » bien que sans originalité particulière. Le score mélange orchestrations classiques et passages d’action à la Remote Control plus modernes. Oscillant entre les impératifs des grosses productions hollywoodiennes actuelles et un style plus classique et assez sophistiqué, Gregson-Williams réussit quasiment l’exploit de combiner les exigences des studios U.S. actuels et des musiques symphoniques qui reviennent progressivement à la mode à Hollywood avec des compositeurs comme Michael Giacchino ou Alexandre Desplat. Hélas, comme pour ses précédentes partitions, il manque au compositeur anglais une vraie singularité dans ses idées et son écriture, qui reste encore trop influencée par des modèles musicaux évidents et manque encore cruellement de personnalité. Pourtant, il faut bien admettre que ce « Wonder Woman » est plutôt généreux dans ses thèmes et ses orchestrations même si l’on se serait attendu à quelque chose de plus mémorable et d’un peu plus original. Le choix de Rupert Gregson-Williams pour accomplir une telle tâche n’était peut être pas le plus approprié, mais toujours est il que le compositeur britannique s’en tire avec les honneurs en signant un score héroïque et solennel plutôt intéressant à défaut d’être vraiment mémorable. Après « The Legend of Tarzan » et « Hacksaw Ridge », Rupert Gregson-Williams prouve qu’il progresse dans sa musique au cinéma mais a encore du chemin à faire pour pouvoir prétendre jouer dans la cour des grands.



---Quentin Billard