1-Prayers 1.44
2-Gear Up 3.58
3-The Arrival 1.55
4-We Have Company 4.51
5-We're Alone Here 1.45
6-Quaking Old Fuck 0.47
7-Hole Drop 4.22
8-Moving Up, Part 1 6.19
9-Moving Up, Part 2 3.09
10-Trapped 2.27
11-Close Shave 2.32
12-One Way Out 1.49
13-Machete Standoff 4.37
14-Rama's Family Dream 1.15
15-Chair Slam 1.17
16-Dirty Cop 1.02
17-Jaka Caught 0.32
18-Dog Fight 2.56
19-Uncle Andi 2.28
20-Dead Already 1.01
21-Drug Lab 3.45
22-Andi Strung Up 2.34
23-Putting A Mad Dog Down 7.05
24-Misfire 2.20
25-Razors Out 4.34*
26-Suicide Music 3.44**

*Interprété par Chino Moreno
Ecrit par Mike Shinoda
et Chino Moreno
**Interprété par Get Busy Commitee
Ecrit par Chad Bromley, Ryan Maginn,
Scoop Deville, Mike Shinoda.

Musique  composée par:

Mike Shinoda/Joseph Trapanese

Editeur:

Madison Gate Records 34840

Produit par:
Mike Shinoda, Joseph Trapanese
Monteur superviseur musique:
Brian Richards
Monteur musique:
Bruno Roussel
Supervision musique:
Kier Lehman

(c) 2011 Pt. Merantau Films/Celluloid Dreams/XYZ Films. All rights reserved.

Note: **1/2
THE RAID
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mike Shinoda/Joseph Trapanese
« The Raid » est un film d’action et d’arts martiaux indonésien signé par le gallois Gareth Evans, remarqué en 2009 pour son film d’action « Merantau » mettant en scène l’acteur et artiste martial Iko Uwais originaire de Jakarta, spécialiste du Pencak-Silat, un art martial d’origine indonésienne combinant plusieurs courants d’arts martiaux – le pencak de Java et le silat de Sumatra – Suite au succès de « Merantau », qui obtint plusieurs récompenses en 2010, Gareth Evans obtint de plus grands moyens pour pouvoir mettre en scène son prochain film, « The Raid », que l’on connaît aussi sous le titre « The Raid : Redemption ». Cela fait maintenant quelques années déjà que le cinéma asiatique exploite avec succès le genre du film d’action et d’arts martiaux, car, en dehors des géants du genre, le Japon ou la Chine, des pays comme l’Indonésie ou la Thaïlande sont maintenant à même de produire des classiques du genre tels que le fameux « Ong-Bak » avec la star thaïlandaise du genre Tony Jaa et tous les dérivés du même genre (on pense aussi à « L’honneur du dragon »). Curieusement, les films indonésiens sont rarement diffusés chez nous alors que le pays produit des films depuis 1926 (« Loetoeng Kasaroeng » de L. Heuveldorp) et redémarrera de plus belle après l’occupation japonaise à la fin des années 40. Il faut par ailleurs rappeler que les films mettant en scène l’art martial du silat sont légions en Indonésie, avec entre autre la saga d’aventure « Saur Sepuh » d’Imam Tantowi ou les films de combat du genre ‘wayang’. On pourra aussi citer le spectaculaire « Jaka Sembung » de Sisworo Gautama Putra (« Le Guerrier ») sorti en 1981, mettant en scène la star de l’époque Barry Prima. Depuis la fin des années 90, le cinéma d’action indonésien a pourtant commencé à péricliter, remplacé progressivement par l’industrie de la télévision, moins coûteuse et plus rentable pour les producteurs. Mais c’était sans compter sur l’arrivée de Gareth Evans, qui débuta sa carrière en filmant un documentaire sur le pencak silat pour lequel il se passionna très vite. Dès lors, Evans n’avait plus qu’une idée en tête : proposer des films spectaculaires et virtuoses valorisant cet art martial exceptionnel, ce qui l’amena à tourner « Merantau », hit incontournable du genre. Avec « The Raid » (2011), Gareth Evans collabore à nouveau avec Iko Uwais et nous offre un véritable chef-d’oeuvre du film d’action absolument monumental, porté par des combats d’une force et d’une violence ahurissante, et des chorégraphies martiales totalement démentielles (dans la continuité de « Merantau »).

« The Raid » nous plonge dans un immeuble abritant la mafia de Jakarta en Indonésie. L’organisation criminelle tient ses quartiers généraux au sommet de l’immeuble dirigé par le baron de la drogue Tama Riyadi (Ray Sahetapy), qui dirige les criminels censés assurer sa sécurité dans tout le bâtiment et aux alentours de la ville. Une équipe du SWAT constituée d’une vingtaine d’hommes dirigés par l’officier Bowo (Tegar Satrya), le sergent Jaka (Joe Taslim) et le lieutenant Wahyu (Pierre Gruno) est envoyée sur place pour nettoyer l’immeuble et capturer Riyadi. Parmi les policiers se trouve un jeune officier nommé Rama (Iko Uwais), spécialiste du silat et dont la femme attend un enfant. Arrivés sur place, les policiers du SWAT réussissent à s’infiltrer dans l’immeuble jusqu’au sixième étage mais un jeune garçon les aperçoit et donne aussitôt l’alarme. Dès lors, Tama envoie des renforts et les policiers se retrouvent rapidement encerclés, pris au piège entre les deux étages, tandis que le baron de la drogue annonce sur les haut-parleurs que quiconque habite dans l’immeuble est prié de prendre une arme et d’aller massacrer les policiers piégés. Suite au carnage, seuls quelques officiers parviennent à survivre, incluant Jaka, Wahyu, Bowo et Rama. Ils comprennent alors qu’ils ont été envoyés au casse-pipe sans que leur hiérarchie n’ait été mise au courant de la mission. Dès lors, ils comprennent qu’ils ne pourront pas compter sur des renforts et doivent survivre par leurs propres moyens pour terminer la mission à tout prix et affronter les criminels, les dealers et les tueurs à gage du redoutable Tama Riyadi.

Ainsi donc, « The Raid » se pare d’un scénario certes fort minimaliste mais qui reste un prétexte à une série de combats d’une rare violence (le film contient quelques scènes assez gore) mais dans lesquelles le pancak-silat est largement valorisé et exploité sous toutes ses formes. On notera par ailleurs la performance remarquable d’Iko Uwais, qui semble encore avoir gagné en confiance après « Merantau », et qui signe ici une partie des chorégraphies de combat du film aux côtés de Yayan Ruhian (l’acteur qui joue le rôle du redoutable et brutal Mad Dog dans le film). Avec quelques rebondissements bien amenés, le film s’avère être un redoutable tour de force technique d’une rare virtuosité, avec des scènes d’action énormes dont la force écrase largement n’importe quelle production hollywoodienne du même genre, et tant pis si le scénario reste un peu décevant, « The Raid » se rattrape en assénant une série de séquences de combat d’une violence et d’une complexité ahurissante, avec comme clou du spectacle un combat hallucinant et enragé entre Rama, son frère Andi (Donny Alamsyah) et Mad Dog, séquence de folie furieuse pure comme on en voit rarement sur grand écran ! Ainsi, « The Raid » mérite amplement sa réputation de nouveau chef-d’oeuvre du cinéma d’action contemporain et offre ce que le cinéma de genre peut nous offrir de mieux, avec ce long-métrage testostéroné au maximum mais toujours techniquement implacable et de très haut niveau, une perle du film de baston devenu un hit incontournable, dont le succès international et les nombreuses récompenses semblent avoir inspiré bon nombre de productions actuelles (cf. le récent « Dredd » de Pete Travis, dont le scénario est calqué sur celui de « The Raid »), tandis que le film de Gareth Evans est devenu en quelques années seulement une référence incontournable du genre, imité et même déjà convoité par Hollywood - une suite sortira en 2014, renouvelant l’exploit technique du premier opus avec une complexité encore plus incroyable dans l’action et les combats, tandis qu’un troisième épisode est prévu pour 2018/2019 ainsi qu’un remake américain.

Très tôt durant la production, Sony Pictures Worldwide Acquisitions récupéra les droits du film pour une distribution aux Etats-Unis, imposant alors la composition d’une nouvelle partition musicale pour la version U.S. du film, tandis que la version indonésienne d’origine était accompagnée d’une bande son électro/orchestrale dynamique des compositeurs Aria Prayogi et Fajar Yuskemal, avec qui Gareth Evans avait précédemment collaboré sur « Merantau » (2009). Pour la sortie du film au festival de Sundance en 2012, les compositeurs Joseph Trapanese et Mike Shinoda créèrent une toute nouvelle partition plus proche de l’esthétique musicale des scores d’action actuels influencés des travaux synthétiques et du sound design d’Hans Zimmer et des productions Remote Control. Trapanese est un habitué des collaborations et des musiques électro, puisqu’il avait précédemment travaillé avec Daft Punk sur « Tron : Legacy » (2010) ou avec M83 sur « Oblivion » (2013) sans oublier de nombreux arrangements pour des artistes divers. Mike Shinoda est quand à lui plus connu comme étant le co-fondateur de Linkin Park en 1996 dans lequel il officie en tant que guitariste, auteur, claviériste et chanteur secondaire. Désireux d’obtenir un son plus moderne et plus accessible pour le public américain, les producteurs de chez Sony incitèrent alors Trapanese et Shinoda à composer un score d’action explosif et percussif essentiellement porté sur les rythmes à grand renfort de percussions guerrières, de ponctuations rythmiques meurtrières et d’envolées orchestrales/électroniques musclées.

Le score de Shinoda et Trapanese débute sur « Prayers », avec son thème de piano plutôt minimaliste et contemplatif sur fond de pulsations électroniques qui s’intensifient progressivement, annonciatrices des événements à venir. Les deux compositeurs profitent de leur expérience dans les musiques modernes pour jouer sur les différentes sonorités électroniques, chacun amenant son savoir-faire dans un travail hybride peu original et largement prévisible. Ainsi, difficile de réellement s’enthousiasmer sur les pulsations synthétiques modernes de « Gear Up », qui pourrait sortir de n’importe quel score électronique entendu au cours de ces 15 dernières années. Néanmoins, Shinoda et Trapanese modèlent le son et les samples avec un savoir-faire évident, à défaut de briller d’une inspiration particulière. La tension monte ici progressivement alors que les policiers arrivent au bâtiment des criminels pour capturer Riyadi. « The Arrival » poursuit la tension lors de l’infiltration dans le bâtiment au début du film. Les deux musiciens mettent ici l’accent sur les percussions, les loops et les pulsations saturées pour parvenir à leurs fins. La musique devient ici plus sombre et agressive avec l’apport de pads tonitruants. Les ennuis commencent alors dans « We Have Company », alors que Riyadi ordonne à ses hommes de se déployer pour traquer et tuer les policiers. La première fusillade du film débute alors au bout de plusieurs minutes au son de rythmiques électro-dance et de samples plus expérimentaux.

Les survivants de l’attaque sont livrés à leur sort dans « We’re Alone Here ». Shinoda et Trapanese illustrent la sensation d’isolement avec des nappes synthétiques et des pulsations tendues, sombres et entêtantes. « Hole Drop » évoque la scène où Rama et ses collègues repoussent les assauts des habitants de l’immeuble en se réfugiant dans une chambre, obligés de passer à l’étage du dessous par un trou creusé dans le sol. Ici aussi, les compositeurs expérimentant autour de leur palette sonore en multipliant les effets sonores, les loops électro/techno et les pads saturés avec filtres et presets audio en tout genre. On nage clairement ici en pleine musique indus expérimentale, même si les rythmiques dance/électro sont finalement très conventionnelles, banales et sans surprise. Le diptyque « Moving Up » fait monter la tension, notamment dans l’explosion rythmique et violente de la partie 2. « Trapped » et « Close Shave » évoquent la situation désespérée des survivants obligés de se cacher dans le mur d’une pièce d’un habitant de l’immeuble. Le suspense est ici à son comble, notamment dans la façon dont Shinoda et Trapanese accentuent le choc lorsque Rama se fait transpercer la joue par l’épée d’un des hommes de main de Riyadi à travers un impressionnant glissando sonore. « One Way Out » semble plus désespéré et dramatique, alors que les survivants comprennent qu’il n’y a plus qu’une seule issue possible pour sortir de cet enfer. Les deux compositeurs reprennent ici le thème principal de « Prayers », associé dans le film à Rama.

L’affrontement violent avec les hommes armés de machette permet à Shinoda et Trapanese de nous offrir un morceau d’action débridé et explosif dans le brutal « Machete Standoff », où ils expérimentent cette fois-ci autour des percussions électroniques diverses et des rythmes électro modernes. Le thème de Rama revient ensuite au piano dans « Rama’s Family Dream », alors que Rama tente de survivre et de se donner du courage en pensant à sa famille. « Jaka Caught » évoque la scène où le sergent Jaka se fait attraper par Mad Dog, suivi du violent « Dog Fight ». Le combat dans le laboratoire de drogue est illustré dans les 3 minutes intenses et fun de « Drug Lab », probablement le morceau d’action le plus fun du score, sans oublier le très violent combat final entre Rama, Andi et Mad Dog dans les 7 minutes brutales et fastidieuses de « Putting A Mad Dog Down » et son crescendo dramatique et puissant. « The Raid » s’avère donc être un score d’action 100% électro plutôt bien troussé mais peu original et écrit sans grande conviction particulière. Mike Shinoda et Joseph Trapanese se contentent simplement de coller la musique sur les images en évoluant librement avec leurs loops incessants, leurs pads bétonnés et leurs rythmiques déchaînées. Rien de tout ce qu’ils proposent ne retiendra particulièrement l’attention ici, un comble pour l’un des meilleurs films d’action de sa génération, qui aurait largement mérité un traitement musical de plus haut niveau – la musique d’Aria Prayogi et Fajar Yuskemal est même bien plus intéressante !




---Quentin Billard