1-Prologue/Drej Attack 6.31
2-Wow 0.44
3-You've Been A Little Uppity 0.52
4-The Human Race Still Matters 0.41
5-We've Got Company 0.37
6-The Ring Is The Key 0.56
7-Start Running, Keep Running 2.48
8-Exhale 0.54
9-Do You Know What This Means? 0.27
10-Fight The Good Fight Precious 3.12
11-I See Your Father 1.21
12-The Broken Moon 3.09
13-The Guaol 0.40
14-The Dreaded Drej 2.55
15-Hydrogen Forest Chase 2.31
16-Earth Is Never Lost/Mother Drej 3.56
17-Stith Kicks Ass/Captive/
What Kept You? 3.41
18-The Map Evolves 1.01
19-I Miss Him/Nightmare of the Drej 1.08
20-Korso's Double Cross/
You Got A Problem With That? 2.46
21-Recovery 2.47
22-Launch/Hall of Mirrors 2.55
23-Don't Lose 'Em 3.47
24-I Remember 1.10
25-Mistrust 1.21
26-It's Up To You 1.21
27-Face It Cale, You've Lost 1.04
28-Sleep Tight, Little Friend 2.33
29-Power Struggle 6.39
30-Creation/Bob 4.05

Bonus Tracks:

31-Creation (orchestra only) 2.01
32-Prologue (with alternate opening) 6.19

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1320

Producteurs exécutifs pour
La La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Album produit par:
Nick Redman, Mike Matessino
Direction musique:
Mike Knobloch
Supervision musique:
Glen Ballard
Mixage score:
John Rodd
Mixage score électronique:
Wolfgang Amadeus
Programmation musique:
Paul Haslinger
Orchestrations:
Tim Simonec
Monteur musique:
Joshua Winget
Préparation musique:
Gregg Nestor
Direction soundtrack
pour 20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Assistance technique:
Ron Fuglsby
Mastering:
Daniel Hersch, D2 Mastering

Artwork and pictures (c) 1999 and 2014 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
TITAN A.E.
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Travaillant régulièrement avec son collègue Gary Goldman, Don Bluth est sorti auréolé du succès de « Anastasia » en 1997, qui permit à la 20th Century Fox de s’imposer comme un véritable concurrent de Disney dans le domaine du cinéma d’animation. C’est pourquoi le duo Bluth/Goldman décida de frapper très fort pour leur prochain film qui devait normalement cimenter leur position de spécialistes de l’animation pour le compte de la Fox : ce projet, c’était « Titan A.E. », réalisé en 2000 et produit pour un budget conséquent de 75 millions de dollars. Le film se déroule en l’an 3028. L’humanité a mis au point un grand projet de terraformation baptisé « Titan », capable d’offrir de nouvelles terres et de nouveaux mondes aux humains. Mais les Drej, une race extra-terrestre composée d’énergie pure, ne l’entendent pas de cette façon et considèrent la race humaine comme une menace à leur existence. Ils décident alors de lancer une vaste offensive générale sur la Terre et détruisent notre monde, tandis qu’une petite poignée d’humains ayant survécu à l’explosion de la Terre se retrouvent coincés dans des vaisseaux qui errent dans l’espace sans fin. Cale Tucker était un jeune garçon qui vivait auprès de son père, l’inventeur du projet Titan.

Après l’exode des survivants humains, Cale perdit la trace de son père et fut recueilli sur Tau-14, une colonie de ferrailleurs de l’espace. Quinze ans plus tard, Cale est devenu un jeune adulte en révolte contre l’autorité et en manque de repères. Un jour alors qu’il s’attire des ennuis avec des brutes qui vivent dans la station, Cale est sauvé in extremis par Joseph Korso, un ancien militaire qui travailla autrefois pour le compte de son père, et qui recherchait Cale depuis des années. Korso recherche activement le vaisseau Titan qui constitue l’ultime espoir de survie d’une humanité aux bords de l’extinction, et il sait que Cale possède la carte qui le conduira tout droit au Titan. Le jeune homme accepte alors de participer à l’aventure en compagnie de l’équipage de Korso : Preed l’Akrénnien sournois, Stith la Mantrine spécialiste des armements, Gune l’astrogateur fantasque et Akima, une jeune et jolie pilote chevronnée. Mais alors qu’ils recherchent activement le Titan, les Drej ont retrouvé leurs traces et comptent bien tout faire pour les empêcher de retrouver le Titan et les détruire pour de bon.

Don Bluth s’est fait connaître dans les années 80/90 en réalisant des classiques du cinéma d’animation tels que « The Secret of NIMH » (1982), « An American Tail » (1986), « The Land Before Time » (1988) ou « Anastasia » (1997). Bluth est aussi connu pour avoir conçu le célèbre jeu vidéo interactif sur LaserDisc « Dragon’s Lair » (1983). Avec « Titan A.E. », Bluth devait réaliser son film d’animation le plus ambitieux de toute sa carrière. Pour la première fois, ce long-métrage mélangeait 2D traditionnelle avec des images de synthèse 3D modernes (pour l’époque) dans un mélange hybride que l’on avait encore rarement vu au cinéma à cette époque. Autres faits nouveaux : le film visait pour la première fois un public d’ados et de jeunes adultes, là où la plupart des films de Bluth s’adressaient surtout aux enfants. C’est aussi la première fois que le réalisateur s’essayait au domaine de la science-fiction, fait plutôt rare dans le cinéma d’animation américain. « Titan A.E. » avait été alors conçu comme une sorte de relecture modernisée (et américanisée) des animes japonais de science-fiction qui cartonnaient alors à cette époque. Dans le domaine de la science-fiction, l’exemple le plus connu reste « Starchaser », film animé sorti en 1985 qui surfait alors sur la vague des space-operas période « Star Wars ».


UN BILAN MI-FIGUE MI-RAISIN…


Hélas, malgré toutes les innovations de « Titan A.E. », la sauce n’a pas pris ! Les mélanges de 2D et de 3D ne fonctionnent qu’une fois sur deux dans le film, les personnages sont creux, inintéressants, et le scénario est vide et sans aucune profondeur. Certains plans durant la dernière demi heure semblent avoir été bâclés, notamment au niveau des décors, et le film manque tellement de surprise (le coup de théâtre lié à Korso, ultra prévisible !) qu’il en devient ennuyeux. Dommage, car il y a pourtant de très bonnes choses : le héros est en fait un anti-héros rebelle qui rejette toute forme d’autorité (on est bien loin des héros idéalisés façon Luke Skywalker !). Les séquences avec les Drej manquent de relief : la 3D est hésitante, trop brouillonne à l’écran. Le budget a-t-il fait défaut à Don Bluth et Gary Goldman ? Ont-ils voulu faire quelque chose de trop ambitieux pour les moyens de l’époque ? Pourtant, tout semblait bien parti sur le papier (Joss Whedon au scénario, un casting vocal prestigieux réunissant Matt Damon, Drew Barrymore, Bill Pullman ou Nathan Lane) mais le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Le film est une déception visuelle et scénaristique. Le public de l’époque ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisque le film a été un échec en salles en 2000 et n’a remporté que 36 millions de dollars sur un budget de 75 millions. Les pertes financières furent telles que le studio de la Fox Animation Studios, fondé en 1994, dut fermer ses portes peu de temps après la sortie du film. Aujourd’hui, avec le recul, on peut se demander si « Titan A.E. » n’a pas été tourné trop tôt ? Sans doute aurait-il mérité un bien meilleur traitement avec une production plus longue et davantage de moyens. Malgré tout, tout n’est pas à jeter pour autant : la bande son qui mélange musique orchestrale et chanson pop/rock est réussie, les personnages sont bien dessinés, certaines scènes d’action sont impressionnantes (la poursuite avec les Drej au milieu des ballons explosifs) et le film mélange adroitement humour, action et aventure, avec même un zest de violence occasionnelle.


PREMIER FILM D’ANIMATION POUR GRAEME REVELL !


Le compositeur néo-zélandais de « Dead Calm », « The Saint » et « The Negotiator » a été choisi par la Fox pour mettre en musique « Titan A.E. ». Le musicien s’est fait remarquer tout au long des années 90 en touchant un peu à tous les styles, qu’il s’agisse de films d’action, de thrillers, de drame ou de comédie. Revell reste néanmoins connu pour son goût pour l’expérimentation, la musique électronique et les musiques ethniques. Pour « Titan A.E. », le compositeur avait la lourde tâche d’écrire une partition orchestrale qui puisse intégrer les nombreuses chansons rock placées dans le film par le superviseur Glen Ballard. Fidèle à son habitude, Revell saisit l’occasion d’évoquer certains personnages et idées du film en ayant recours à des instruments traditionnels ou des sonorités ethniques rappelant son penchant habituel pour la world music. Ainsi, Akima est évoquée dans le film par le biais des vocalises d’une chanteuse de pop indienne. Les Drej sont associés à des sonorités électroniques étranges et aussi quelques vocalises de chanteurs mongoles en chant khoomei (chant diphonique avec un bourdon produit par le larynx puis des harmoniques créées par le placement des lèvres et de la langue). Revell utilise aussi un koto japonais, des cymbales miniatures, une harpe et un marimba pour évoquer l’équipage extra-terrestre de Korso à bord de son vaisseau le Valkyrie. L’orchestre est enregistré avec une large section de cordes, de bois, de cuivres (11 cors, 4 trompettes, 3 trombones et 1 tuba), de percussions, de claviers et de harpe avec une grande chorale et quelques guitares. Dès « Prologue/Drej Attack », Graeme Revell pose le ton de la partition avec un motif de piano et de choeurs mystérieux évoquant l’immensité de l’espace mais aussi la beauté du projet Titan, qui devrait sauver l’humanité d’un péril imminent. A 0:26, on découvre le thème principal associé au Titan, un motif de notes ascendantes jouées par un cor solitaire et éthéré, synonyme d’espoir et de paix pour les survivants humains.


ANALYSE DE LA MUSIQUE DU FILM


Cette ouverture à la fois nostalgique et apaisée est l’un des premiers moments mémorables du score de « Titan A.E. ». Le piano qui intervient vers la première minute accompagne la scène où le professeur Tucker explique à son fils qu’il va devoir quitter la Terre mais qu’ils se reverront probablement un jour, alors que les Drej sont sur le point d’attaquer la planète. A 2:00, l’attaque extra-terrestre débute avec un premier morceau d’action trépidant : cordes nerveuses et agitées, percussions martiales, cuivres imposants, tout est mis en oeuvre pour évoquer ici la destruction de la Terre et l’évasion des survivants humains. A 2:58 on découvre les sonorités de chant mongols associés aux Drej dans le film. A 3:52, le thème du Titan est repris dans une brève envolée triomphante assez réussie mais trop concise pour qu’elle capte durablement notre attention. Des choeurs viennent ici évoquer la menace Drej et l’apocalypse final qui met fin à la planète Terre. Dans « Wow », le motif de piano introductif revient (accompagné de vocalises féminines indiennes pour le personnage d’Akima) avec le retour du thème du Titan au cor à 0:25, associé alors à Cale dans le film. « The Human Race Still Matters » reprend le thème solennel du Titan à la trompette pour évoquer le lien entre Cale et le vaisseau de son père. Les sonorités de chant diphoniques mongols reviennent brièvement dans « We’ve Got Company » pour rappeler l’idée que les Drej ne sont pas loin. Le thème du Titan est repris ensuite au début de « The Ring Is The Key », alors que Korso découvre que Cale a la carte menant vers le Titan sur lui.

Revell développe plus intensément l’univers sonore des Drej dans « Start Running, Keep Running ». On retrouve ici le style habituel du compositeur dans l’utilisation d’éléments électroniques plus modernes, de percussions métalliques et ces samples de chants mongols associés aux extra-terrestres maléfiques du film. L’esthétique de « Start Running, Keep Running » rappelle davantage les expérimentations de Revell sur des films comme « Pitch Black » (2000). Le thème principal revient alors dans « Do You Know What This Means ? », joué cette fois-ci par une flûte avec son motif de piano secondaire. « Fight The Good Fight Precious » introduit les instruments ethniques/exotiques pour l’équipage de Korso à bord du Valkyrie, illustrant Stith, Gune et Preed. Le motif de piano du Titan est repris ici avec des synthés plus planants. La trompette solitaire de « I See Your Father » possède une dimension solennelle évidente avec ses harmonies dramatiques de cordes, alors que Korso tente de convaincre Cale de l’aider dans sa quête du Titan tout en lui parlant du sacrifice de son père. L’arrivée sur la planète Sesharrim (« The Broken Moon ») et la rencontre avec le peuple de moins ailés Guaol permet à Revell d’utiliser une shakuhachi japonaise avant de développer des sonorités mystérieuses pour les extra-terrestres. Le thème est repris à la flûte au début de « The Guaol » alors que Cale réalise qu’il a la carte dans sa main et qu’il suffit de l’activer pour repérer l’emplacement du Titan dans la galaxie.

L’action reprend de plus belle dans « The Dreaded Drej », durant la scène de l’attaque des Drej et la poursuite dans la forêt d’arbres remplis d’hydrogène. Graeme Revell mélange ici orchestrations colossales avec choeurs, percussions métalliques et chants mongols pour les Drej ainsi que rythmes électroniques survoltés pour illustrer la poursuite avec les agresseurs extra-terrestres. La poursuite s’intensifie dans « Hydrogen Forest Chase », autre morceau d’action-clé du score de « Titan A.E. », incluant quelques instruments ethniques incorporés à l’orchestre. « Earth Is Never Lost/Mother Drej » évoque alors la scène où Cale et Akima ont été capturés par les Drej et présentés à la reine extra-terrestre. Le morceau débute sur une atmosphère désespérée avec trompette et cordes dramatiques, alors que tout espoir semble définitivement envolé. « Mother Drej » développe le sound design menaçant des Drej et de leur reine avec le retour des chants diphoniques mongols et leurs sonorités électroniques brumeuses. « Stith Kicks Butt/Captive/What Kept You ? » accompagne la séquence où Korso et ses alliés infiltrent la colonie d’esclaves des Drej pour y libérer Cale et Akima. A noter ici une brève envolée rock alors que Stith défait l’un des gardes de la colonie. On retrouve quelques passages dissonants dans « Captive », similaires au final chaotique de « Mother Drej ». Le thème revient ensuite dans « The Map Evolves » alors que l’emplacement du Titan apparaît enfin sur la carte de Cale.

« Korso’s Double Cross/You’ve Got A Problem With That ? » révèle la trahison de Korso dans une atmosphère plus sombre incluant les éléments sonores des Drej. « Recovery » développe à nouveau les sonorités ethniques et évolue rapidement vers un sentiment d’espoir, alors que Cale sait qu’il peut réparer un vaisseau pour rattraper Korso et sauver le Titan. L’envolée du vaisseau que Cale et Akima réparent ensemble – baptisé le Phénix – permet à Revell de nous offrir une envolée orchestrale triomphante. La séquence où le Phénix et le Valkyrie se suivent dans le couloir aux mille reflets de glace permet au compositeur de développer un nouveau morceau d’action dans « Don’t Lose ‘Em ». Le morceau se conclut sur une superbe reprise du thème principal avec les choeurs alors que le Phénix atteint enfin le Titan caché derrière les structures de glace. « I Remember » apporte un sentiment d’espoir rappelant que tout est de nouveau possible pour l’humanité. Idem pour « It’s Up To You ». « Face It Cale, You’ve Lost » suggère l’affrontement final avec Korso et la trahison de Preed, et ce juste avant qu’un vaisseau Drej n’apparaisse et s’apprête à détruire le Titan. « Sleep Tight, Little Friend » accompagne la mort de Gune avec une touche de douce mélancolie (hautbois, cordes, harpe). Le morceau évoque ensuite le duel final pour se débarrasser de Preed puis le combat entre Korso et Cale.


UNE CONCLUSION TITAN « ESQUE »


La bataille se termine par l’affrontement final avec les Drej dans « Power Struggle », ultime morceau d’action déchaîné où culminent les sonorités des Drej. A 2:01, le thème du Titan est repris de manière guerrière aux cuivres, servant ici d’axe mélodique majeur à « Power Struggle », le tout sur fond de rythmiques électroniques. A 2:43, Gune réapparaît lors d’une superbe envolée orchestrale triomphante pour secourir Cale. Le film s’achève avec « Creation/Bob », alors que Cale actionne le Titan et crée un nouveau monde qu’il baptise « Bob ». Le thème principal est repris ici de manière triomphante dans son intégralité lors de la création de la nouvelle planète des humains. A noter ici l’emploi grandiose des choeurs qui apportent un sentiment de libération et de triomphe de l’humanité, idéal pour conclure en beauté cette grande aventure. « Titan A.E. » s’avère donc être une partition de qualité de Graeme Revell, certainement pas un chef-d’oeuvre dans la carrière du compositeur mais une musique assez riche et inspirée dans le film, bien qu’inégale de bout en bout (le sound design des Drej est parfois un peu brouillon et cacophonique, dommage…). Avec quelques belles idées, dont l’utilisation adroite d’instruments ethniques, « Titan A.E. » est un score de choix pour les fans de Graeme Revell et tous ceux qui veulent entendre le compositeur sur son premier film d’animation.




---Quentin Billard