1-Alarm 1.14
2-The Equation 2.17
3-Toilet Nightmare 1.54
4-Suck It Up 2.03
5-Prison Riot 4.32
6-Ball Inspection 1.53
7-Phone Call 2.02
8-Porn Den 3.04
9-Prakoso 2.01
10-Undercover 5.13
11-Club Battle 2.09
12-Reog 7.06
13-Punch It 1.37
14-SIM Card 0.54
15-Betrayal 1.00
16-The Assassin 0.56
17-Pursuit 1.57
18-Motor Chase 3.24
19-Wasteland 2.35
20-Warehouse Stomping 2.03
21-Uco Dining 1.55
22-Hammerballs 2.45
23-Showdown 6.52
24-Hush 5.06*

*Ecrit par Arti Dewi.

Musique  composée par:

Joseph Trapanese/Aria Prayogi/Fajar Yuskemal

Editeur:

Spacelab9 SL9-2004-2-4

Assistant des compositeurs:
Brian Parkhurst
Mixage score:
Satoshi Mark Noguchi
Arrangements musique additionnelle:
Jason Lazarus

(c) 2014 Pt. Merantau Films/XYZ Films. All rights reserved.

Note: **1/2
THE RAID 2 : BERANDAL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joseph Trapanese/Aria Prayogi/Fajar Yuskemal
Après le succès surprise de « The Raid » en 2012, Gareth Evans se lança très vite dans la réalisation d’une suite, « The Raid 2 : Berandal », production américano-indonésienne qui sortira finalement en salles en 2014. Le film se déroule peu de temps après les événements de « The Raid ». Le policier des forces spéciales Rama (Iko Uwais) est contacté par un autre groupe de policiers qui luttent contre la mafia de Jakarta en Indonésie. Le lieutenant Bunawar (Cok Simbara), qui dirige une unité d’enquête interne, enquête depuis des mois sur certains officiers de police corrompus incluant Reza (Roy Marten), qui aurait des liens avec les Gotos, un groupe de mafieux japonais dirigés par Hideaki Goto (Kenichi Endo) qui dirige une partie de Jakarta aux côtés de Bangun (Tio Pakusadewo), un autre gangster notoire aux commandes de la ville. Afin de prouver qu’il existe des liens entre Reza et la mafia de Jakarta, Rama est chargé d’infiltrer les gangs de la ville pour rapporter suffisamment de preuves afin de faire tomber les policiers corrompus et les gangsters. Lorsque Rama apprend que son frère Andi (Donny Alamsyah) a été exécuté par Bejo (Alex Abbad), un autre mafieux ambitieux de Jakarta, il décide d’accomplir sa nouvelle mission afin de mettre sa famille en lieu sûr.

Rama, qui devient alors « Yuco », est envoyé en prison où il va devoir se lier d’amitié avec Uco, le fils de Bangun, afin d’infiltrer le réseau du mafieux. Mais la mission, qui ne devait durer que quelques mois au départ, va finalement durer près de trois ans. Un an avant sa sortie de prison, Rama/Yuco sauve la vie d’Uco lors d’un affrontement avec les hommes de Benny, son ancien associé qui décide finalement de le trahir et de le faire assassiner en prison. Pour lui prouver sa gratitude, Uco décide de présenter Yuco à son père où il deviendra un nouveau membre du gang. Dès lors, Rama/Yuco doit opérer dans la discrétion la plus totale, suivant Uco et Bangun dans leurs crimes et leurs méfaits les plus sanglants. Yuco réalise alors qu’Uco est frustré de n’avoir qu’un rôle mineur dans l’organisation et souhaite ainsi que son père soit davantage reconnaissant. C’est pourquoi il décide de former une alliance secrète avec son rival Bejo, qui lui dévoile son plan visant à retourner Reza et d’autres mafieux de la ville contre son père. Bejo souhaite ainsi déclencher une guerre des gangs dans la ville afin de profiter de la situation pour pouvoir récupérer de nouveaux territoires lorsqu’ils se seront tous entretués. Quand à Uco, ce sera pour lui l’occasion de prendre enfin les rennes du pouvoir et de profiter de la place qu’il convoite depuis longtemps.


UN FILM D’ACTION HALLUCINANT


Si « The Raid » avait marqué durablement les esprits grâce à ses scènes d’action ahurissantes, son ultra violence et ses scènes de combat mettant en scène le pancak silat – ce fameux art martial originaire de l’est de Java et de l’Indonésie – « The Raid 2 : Berandal » va beaucoup plus loin en proposant un scénario plus riche et un peu plus soutenu qu’une simple attaque d’un bâtiment protégé par des gangsters. Ici, Gareth Evans nous plonge dans le monde souterrain de la mafia de Jakarta dans une mission d’infiltration qui rappelle les classiques américains du genre (on pense par exemple à « Donnie Brasco » ou « In Too Deep »). Exit donc l’uniformité du scénario de « The Raid » : ici, Evans multiplie les sous-intrigues et les rebondissements en élaborant une trame scénaristique plus complexe, mais aussi parfois un brin trop alambiquée, alors que le fond de l’histoire est pourtant très simple : faire tomber des gangsters et des policiers corrompus par tous les moyens. Du coup, les personnages secondaires sont un peu trop nombreux et on finit par s’y perdre afin de passer d’une intrigue à une autre : on ne sait plus qui fait quoi, qui est qui, et le film aurait certainement mérité un brin plus d’écriture pour parfaire ou simplifier tout cela. MAIS, et il y a un mais, « The Raid 2 », c’est surtout et avant tout un putain de film d’action comme on en a rarement vu au cinéma. Malgré quelques temps morts et une longueur fastidieuse (2h30, beaucoup trop long pour un film de ce genre !), « The Raid 2 » est une tuerie absolue en terme de scènes d’action, encore plus que le premier film de 2012 ou que « Merantau » en 2009 !

Evans a gagné en maturité, sa réalisation est beaucoup mieux ficelée, beaucoup plus approfondie. Le film est une véritable déferlante de scènes d’action hallucinantes, à commencer par un combat démentiel dans les toilettes d’une prison, où Rama affronte seul une quarantaine d’individus dans l’espace confié des toilettes. S’en suit quelques minutes plus tard une bataille d’une violence ahurissante dans la cours d’une prison, avec mêlées dans la boue, pluie battante et effusions sanglantes. Les os se brisent constamment, les membres se cassent et les têtes se broient sous les coups multiples assénés par les assaillants. Rares sont les films à avoir su retranscrire avec un tel réalisme et une telle maîtrise l’impact des coups au combat, mais « The Raid 2 » fait bien partie de cette catégorie de film démentiel dont on ne ressort pas indemne. Les séquences de pancak silat sont absolument fabuleuses : on pourrait aussi parler de l’attaque dans le restaurant, la scène de l’homme à la batte de base-ball, la séquence où Alicia (Julie Estelle) massacre ses assaillant à coups de marteaux dans le métro, sans oublier la longue confrontation ultra violente entre Rama et l’assassin armé du karambit dans la cuisine (peut être l’une des scènes les plus sanglantes que l’on ait vu depuis bien longtemps dans un film d’action !). Et si cela ne vous suffit pas, sachez aussi que le film se paie le luxe de contenir une poursuite en voitures/motos digne de figurer dans les annales, qui enfonce allègrement tout ce qui a déjà été fait dans le même genre à Hollywood (exit ici les scènes de poursuite gentillette de « Bullitt » ou « French Connection » !).

Iko Uwais reste fidèle à lui-même, entouré de quelques bons seconds rôles : on appréciera notamment le retour de Yayan Ruhian, qui interprétait Mad Dog dans « The Raid » et qui campe ici un tout nouveau personnage : Prakoso, un choix assez étrange probablement dicté par la popularité de l’acteur/cascadeur en Indonésie. Pour le reste, hormis un scénario un brin trop alambiqué pour rien, « The Raid 2 » est une tuerie à tous les étages : réalisation magistrale, ultra violence (le film est extrêmement sanglant !), personnages charismatiques, scènes d’action démentielles qui repoussent toujours plus les limites du genre, et même quelques yakuzas japonais qui permettent au film de sortir de son carcan 100% indonésien : « The Raid 2 », c’est tout simplement l’un des meilleurs films d’action que l’on ait vu au cours de ces 20 dernières années, un film choc à placer au même niveau que le « Syndicat du Crime » de John Woo : incontournable !



UNE MUSIQUE ELECTRO POUR UN FILM ELECTRIQUE…


La musique de « The Raid 2 » a de nouveau été confiée à Aria Prayogi, Fajar Yuskemal et Joseph Trapanese, qui a déjà œuvré sur la musique de « The Raid » en 2012. Quand à Prayogi et Yuskemal, ils avaient déjà signé les musiques de « Merantau » et de la version indonésienne originale de « The Raid ». Cette fois-ci, Gareth Evans décide de faire appel aux trois compositeurs qui vont signer conjointement la musique de « The Raid 2 » : Berantal », pour le meilleur comme pour le pire. Effectivement, on se souvient que la musique du premier film de 2012 était loin d’être l’élément le plus mémorable du métrage de Gareth Evans. Hélas, il semblerait que ce soit aussi le cas sur « The Raid 2 » ! On retrouve sur ce film la même esthétique électro moderne qui permet d’assurer la continuité avec le précédent film. Le ton est donné d’emblée avec « Alarm » et son sound design étrange à la fois sombre et menaçant, qui rappelle très vite le climat de violence du film. Dans « The Equation », la musique prend une tournure résolument atmosphérique à base de percussions et de nappes sonores diverses. Dans « Toilet Nightmare », Prayogi, Yuskemal et Trapanese jouent sur les effets de filtre, de percussions synthétiques et de loops divers pour faire monter la tension durant la scène de l’affrontement violent dans les toilettes. Les trois compositeurs font régulièrement monter la tension en augmentant la puissance sonore de leur sound design ou de leurs percussions, synonymes d’affrontement, de tension et de danger.

« Suck It Up » s’avère plus dramatique, reflétant les difficultés de Rama/Yuko pour accomplir sa mission. On notera ici l’effort des compositeurs pour mieux retranscrire la dimension dramatique du récit, là où « The Raid » se contentait uniquement d’enchaîner les morceaux d’action sans temps mort mais sans réelle émotion. Dès « Prison Riot », des sonorités électroniques torturées et des loops agressifs nous conduisent tout droit à l’insurrection des prisonniers et le violent affrontement dans la cour de la prison. A noter ici le rôle des percussions et les glissandi de pads, assez terrifiants et intenses à l’écran, reflétant toute la sauvagerie sanglante de la scène. Dommage cependant que l’ensemble reste constamment figé dans du sound design froid et peu enthousiasmant, vaguement plaqué sur les images mais sans réel impact sur l’aspect narratif du film. « Ball Inspection » est un peu symptomatique de cette approche discutable : la musique reste figée dans du sound design guère passionnant, écrit à six mains mais pourtant peu intéressant et très anonyme, alors qu’on a déjà entendu des partitions électro modernes bien plus audacieuses et réussies que « The Raid 2 » ! Dans « Phone Call », les compositeurs rappellent le dilemme de Rama, obligé d’accomplir cette mission d’infiltration périlleuse pour protéger sa famille. On retrouve ici cette mélancolie héritée de « Suck It Up ». « Porn Den » nous amène quand à lui vers une autre scène d’action, lors de la fusillade dans l’entrepôt où sont tournés des films pornographiques clandestins. On retrouve ici ce style électro-techno agressif hérité de « The Raid », énergique et nerveux, mais placardé sans grand éclat sur les images – l’absence d’un quelconque thème est fort regrettable ! – Même chose pour le bref « Prakoso » !

Les 5 minutes de « Undercover » sont censées nous faire ressentir l’enfer de l’infiltration, mais à la place, on doit se contenter de pads, de drones en tout genre et de quelques loops assez mous. On pourra toujours citer « Club Battle » pour la scène de la fusillade dans le club, probablement l’un des meilleurs morceaux d’action du score de « The Raid 2 ». On pourrait aussi citer « Reog », qui mélange plusieurs couches de percussions ethniques/synthétiques pour l’affrontement dans le restaurant ou les rues de la ville, alors que la guerre des gangs fait rage suite aux combines de Bejo et Uco. Dommage cependant que le morceau n’évolue guère durant ses 7 minutes particulièrement intenses mais ultra répétitives : on a clairement l’impression ici que le morceau a été écrit à la va-vite sans inspiration particulière (n’importe qui pourrait balancer sur une scène d’action des tonnes de percussions pendant 7 minutes : où est le travail du compositeur dans ce cas précis ?). « The Assassin » développe une autre série de percussions et de loops électroniques sur un tempo qui accélère de plus en plus, et qui semblent surgir tout droit des banques de son commerciales régulièrement utilisées au cinéma ou à la télévision. La poursuite en voitures (« Motor Chase ») est un autre morceau d’action clé du score, avec ses cordes synthétiques et ses loops déchaînés : il s’agit d’ailleurs probablement de l’un des meilleurs passages d’action de « The Raid 2 », pour une scène inoubliable !


UN SCORE D’ACTION QUELCONQUE…


« Wasteland » calme le jeu avec le retour des sonorités mélancoliques de « Suck It Up » et « Phone Call », puis « Warehouse Stomping » nous amène enfin au dernier acte du film, lorsque Rama se décide enfin à donner l’assaut sur l’entrepôt des mafieux pour éliminer toutes ses cibles. Les percussions s’enchaînent ici de manière sèche et mécanique sans grande audace particulière. Idem pour « Hammerballs » et la double confrontation entre l’homme à la batte de base-ball et la jeune femme aux marteaux. Les 6 minutes de « Showdown » accompagnent alors la longue confrontation entre Rama et l’assassin dans les cuisines du restaurant, un morceau là aussi dominé par un flot permanent de percussions meurtrières et de cordes synthétiques qui apportent ici un éclairage plus dramatique à cette scène d’action démentielle et ultra sanglante. On ressort donc un peu sonné par l’écoute de « The Raid 2 », un score d’action écrit à la va-vite sans grande conviction particulière, bien en dessous de ce qui firent Joseph Trapanese et Mike Shinoda sur le premier film de 2012. La faute ici à une abondance de percussions alignées de façon ultra ordinaire et lourdingue sur des images qui auraient pourtant méritées quelque chose d’un peu plus ambitieux, à l’instar du film lui-même. L’absence d’un thème fédérateur rend l’écoute particulièrement décevante, et l’ensemble reste figé dans du sound design tellement pauvre qu’il n’y a finalement pas grand chose à en dire : c’est fort regrettable, car cette somptueuse franchise de films d’action aurait vraiment mérité un bien meilleur traitement musical. On croise les doigts pour un hypothétique troisième épisode, en attendant le remake américain !




---Quentin Billard