1-Dawn Raid/Main Title 3.51
2-Gunny Meets Eli 1.09
3-Rebel Stronghold 1.34
4-Action Montage 1.23
5-Gunny Chases Terrorists 3.00
6-Ramirez Death 1.40
7-Gunny And The Mossad 1.11
8-Kidnapping The Colonel/
Brutal Beating 2.12
9-Funeral For A Marine 1.31
10-Aamid Strikes 0.54
11-The Market Place 1.16
12-Marines Go In 2.07
13-Breakout 1.45
14-Heroic Deeds 1.52
15-The Road To Bagdad 1.52

Musique  composée par:

Brian May

Editeur:

Prometheus PCD 118

Musique produite et conduite par:
Brian May
Orchestre:
Melbourne Film Symphony Orchestra

(c) 1987 Balcor Film Investors/Birma/MPI. All rights reserved.

Note: ***1/2
DEATH BEFORE DISHONOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian May
« Death Before Dishonor » (Riposte immédiate) fait indéniablement partie de cette catégorie de films réactionnaires américains typiques de l’ère reaganienne des années 80 : une sorte de pamphlet militariste et musclé totalement régressif à la gloire des Etats-Unis. Et c’est bien ce film que nous offre le réalisateur Terry J. Leonard, plus connu comme coordinateur des cascades sur des films comme « Conan the Barbarian », « Raiders of the Lost Ark », « Backdraft », « Fast & Furious » ou « Inception ». En bon vétéran du genre, Leonard a appris toutes les ficelles de la réalisation en côtoyant un nombre incalculable de cinéastes en tout genre, parfois même les plus grands (Spielberg, Milius, Coppola), en plus d’avoir régulièrement doublé John Wayne dans ses films des années 60/70. Hélas, le film qu’il nous offre en 1987 n’est qu’une obscure série-B patriotique réalisée platement et sans grande conviction. « Death Before Dishonor » raconte l’histoire du sergent Gunnery Burns (Fred Dyer), officier des Marines qui est chargé de la sécurité de l’ambassade des Etats-Unis dans l’état de Jemal au Moyen-Orient (un pays imaginaire, fortement inspiré du Liban). Tout semblait aller pour le mieux jusqu’à ce qu’un convoi d’armement militaire soit soudainement attaqué par des terroristes, tandis que son supérieur, le colonel Halloran (Brian Keith), et un jeune Marine qui l’accompagnait, le sergent Ramirez (Joseph Gian), soient capturés par les terroristes pour faire pression sur le gouvernement américain. Malgré l’interdiction de l’ambassadeur américain (Paul Winfield) qui proscrit formellement au sergent Burns d’agir, ce dernier décide de foncer tête baissée pour libérer les deux militaires et défaire les terroristes. Il décide alors de rentrer en contact avec Elli (Joanna Pacula), une journaliste photographe qui travaille avec les rebelles de Jemal et qui semble en savoir long sur les hommes qu’il traque. Peu de temps après, une ambulance piégée explose devant l’ambassade américaine, causant de nombreux dégâts et faisant plusieurs victimes.


CREVEZ, MAUDITS TERRORISTES !


Telle aurait pu être la tagline de ce nanar d’action joyeusement régressif, typique des années 80. Le film sort en pleine période de productions militaristes qui surfent sur la fameuse doctrine de Reagan : « la paix dans la guerre ! ». Comme « Rambo II », « Delta Force » ou « Missing in Action », « Death Before Dishonor » est l’un de ces nombreux films qui véhiculent un message réactionnaire sur l’importance de faire la guerre aux « forces du mal » définies par les Etats-Unis à cette époque. Après les soviétiques, les communistes et le Vietnam, c’est au tour des arabes d’en prendre pour leur grade dans le long-métrage de Terry J. Leonard. Le film surfe sur les plus fameuses déconvenues américaines au Moyen-Orient (la prise d’otage à l’ambassade de Téhéran en 1979, l’attentat à l’ambulance piégée au Liban en 1983) pour exacerber le sentiment de patriotisme d’un public alors avide de héros bodybuildés qui prennent les armes pour régler des conflits que les Etats-Unis eux-mêmes sont incapables de régler. Mais comme les producteurs de « Death Before Dishonor » n’ont pas le même budget qu’un « Rambo », on se dirige vers un film d’action cheap façon « Invasion U.S.A. », sauf que c’est l’acteur Fred Dyer qui remplace ici Chuck Norris. Rappelons que Dyer est surtout connu pour avoir incarné pendant de nombreuses années le héros de la série TV « Rick Hunter ». De fait, il était tout désigné pour camper cet énième redresseur de tort envoyé au Moyen-Orient pour liquider les méchants terroristes arabes et sauver l’honneur des américains.

Malgré un casting inégal (le vétéran Brian Keith bien employé, des jeunes acteurs peu inspirés et une Joanna Pacula en figuration, qui apporte l’indispensable touche de charme féminin), le film tient la route d’un point de vue technique : on sent que Terry Leonard connaît son métier. En revanche, niveau scénario : c’est le zéro absolu ! Pas d’histoire, pas de finesse, même l’idée d’un conflit géopolitique entre l’Amérique et le Moyen-Orient est ici expédiée à la va-vite (hormis les allusions au mossad vers la fin du film – d’ailleurs, le métrage a été tourné en Israël !). Pour le reste, on retrouve le bon goût assumé des actionners eighties : torture psychologique d’otage, torture gore d’un prisonnier américain à coup de perceuse, répliques racistes typiques de cette époque (« pour un pays qui marche encore au chameau, les nouvelles vont vite ! ») et bien évidemment fusillades à gogo avec le lot habituel de scènes d’action invraisemblables, comme lorsque le sergent Burns fait exploser le camion d’un terroriste à coup de lance-roquette – avec une seule main - tout en conduisant sa jeep à plus de 150km/h. Quel homme ! Et que dire de cette scène finale où Burns fait un bond ahurissant du haut d’une falaise avec sa jeep pour écraser le toit du camion des méchants, qu’il tue d’un coup, vite fait bien fait. A noter par ailleurs que le film est souvent cité pour son image raciste des arabes aux côtés d’autres perles du genre telles que « Delta Force », « Navy Seals », « True Lies », « Executive Decision » ou « The Siege ». Les amateurs de nanar réac’ des années 80 ne doivent donc pas louper cette pépite quelque peu tombée (à juste titre) dans l’oubli !



UN COMPOSITEUR HABITUE DU GENRE


C’est l’australien Brian May qui a été choisi pour mettre en musique « Death Before Dishonor ». Rappelons que May est connu pour avoir mis en classique de grands classiques du cinéma australien et américain tels que « Patrick » (1978), « Mad Max » (1979), « Gallipoli » (1981), « Cloak & Dagger » (1984) ou « Missing in Action 2 : The Beginning » (1985). C’est d’ailleurs sans aucun doute grâce à ce dernier film que le compositeur s’est retrouvé sur « Death Before Dishonor ». Ecrite pour un orchestre de taille moyenne, mais avec un large pupitre de cuivres et de percussions, le score de « Death Before Dishonor » fait la part belle aux rythmes militaires pour parvenir à ses fins, comme ce fut déjà le cas dans « Missing in Action 2 ». On y retrouve le style symphonique habituel de Brian May avec des orchestrations très classiques et sophistiquées typiques du musicien de « Mad Max ». Après une ouverture résolument martiale, le thème principal de « Death Before Dishonor » est dévoilé à 1:04 aux cors sur fond de percussions militaires dans « Dawn Raid / Main Title », un thème mémorable et patriotique aisément reconnaissable dans le film, associé au sergent Gunnery Burns. A noter que le thème est suivi d’une très belle phrase B à 1:46 aux cordes. L’ouverture se conclut sur une fanfare américaine qui cite une célèbre marche de Sousa.


ANALYSE DE LA MUSIQUE


«  Gunny Meets Eli » développe la partie orientale/arabisante de la musique à l’aide d’instruments ethniques en tout genre : darboukas, flûte et qarqabas (grandes castagnettes métalliques très utilisées au Moyen-Orient, et notamment au Maroc et en Algérie). Brian May accentue ces sonorités arabisantes tout au long de sa musique tout en les incorporant à ses parties orchestrales plus traditionnelles, comme il le fait notamment dans « Rebel Stronghold », qui accompagne la première scène dans le camp des rebelles de Jemal. A noter que le morceau introduit le thème associé dans le film aux terroristes (à la clarinette à 0:07, accompagné d’un triangle et d’une darbouka), un motif menaçant que May va développer tout au long du récit aux côtés du thème patriotique et héroïque de Gunny Burns. « Action Montage » développe à son tour le thème des terroristes, dévoilé ici aux cuivres dans un premier morceau d’action tonitruant, suivi du superbe « Gunny Chases Terrorists », pour la scène où les terroristes attaquent le convoi d’armement et s’emparent des camions de l’armée avant d’être poursuivis par Gunny. Brian May s’en donne ici à coeur joie et accentue le travail autour des cuivres et des percussions, dans un style ‘action’ qui rappelle parfois les travaux de Jerry Goldsmith à cette époque (on pense évidemment à « Rambo II ») ou de Jay Chattaway sur le premier « Missing in Action » (1984) ou « Invasion U.S.A. » (1985). Premier passage mémorable ici à 1:47 où l’on retrouve une superbe envolée héroïque du thème principal aux cors pour accompagner la scène de la bataille et de la poursuite en jeep.

« Ramirez Death » dévoile une écriture plus lyrique et tragique des cordes et des cuivres lorsque Gunny retrouve le corps de Ramiez. A noter ici la façon dont Brian May reprend la phrase B de son thème dans une variante plus solennelle et touchante à la trompette (vers 0:29). Après un « Gunny And The Mossad » bien sombre, on appréciera le superbe « Kidnapping the Colonel/Brutal Beating » pour la scène où Halloran et Ramirez se font kidnapper par les terroristes. May se fait plaisir en développant à loisir le motif des terroristes à grand renfort d’orchestrations sophistiquées, de cuivres, de bois, de cordes et de percussions orientales (darboukas), incluant même quelques passages plus agressifs et dissonants vers la fin du morceau pour la séquence de la torture de Ramirez – à noter que les morceaux ne sont pas présentés dans l’ordre chronologique sur l’album de Prometheus - « Funeral For A Marine » développe une marche funèbre très réussie pour l’enterrement militaire du jeune Ramirez, reprenant la marche finale du « Main Title » à la J.P. Sousa ou Copland. A noter par ailleurs que cette marche est aussi reprise dans « Heroic Deeds ». L’action reprend de plus belle dans « Aamid Strikes » pour la scène où le jeune Aamid part s’exploser dans une ambulance devant l’ambassade américaine. May développe ensuite les sonorités arabes dans « The Market Place » qui fait clairement office de source music locale pour accompagner la scène où Gunny et son homologue de Jemal marchent ensemble dans le marché de la ville. On retrouve une atmosphère orientale tout à fait similaire dans « The Road to Bagdad ».

« Marines Go In » nous amène alors à la seconde partie du film, alors que Gunny réunit un commando pour prendre d’assaut la base des rebelles et venger la mort de Ramirez. May développe ici les motifs des terroristes et de Gunny pour parvenir à ses fins. Idem pour « Breakout » pour la scène de l’infiltration dans la base des rebelles, morceau essentiellement centré autour du motif menaçant des terroristes, avec des orchestrations plus furtives et nerveuses et un mélange de percussions orientales/militaires. Même chose pour « Deployment » qui fait monter efficacement la tension avec ses cuivres sombres et massifs, sans oublier l’embuscade finale et la poursuite entre Gunny et le camion des leaders rebelles dans « Ambush/Weapon Truck Chase » à la fin du film. May parvient à maintenir un sentiment d’excitation en faisant continuellement s’affronter ici le motif des terroristes et celui de Gunny, incluant un final plus héroïque un brin kitsch. La bataille s’achève dans le paisible et optimiste « Aftermath », où domine finalement le thème principal patriotique repris dans son intégralité de manière triomphante à la toute fin du film.


UNE CODA PATRIOTIQUE


Le film s’achève enfin avec le générique de fin dans « Finale/End Titles ». Brian May en profite pour reprendre le célèbre air traditionnel de clairon pour les funérailles militaires, suivi d’une superbe reprise de la marche patriotique principale similaire à l’ouverture, suivie d’une ultime reprise de la marche militaire qui semble pasticher J.P. Sousa. Ainsi s’achève la partition de « Death Before Dishonor », une musique musclée, énergique et très bien écrite, servie par des orchestrations classiques riches et sophistiquées typiques du compositeur australien. Brian May nous a toujours habitué à des musiques de grande qualité et sa partition pour « Death Before Dishonor », tout grand nanar qu’il est, n’échappe pas à la règle. Malgré la médiocrité du film de Terry J. Leonard, May répond par une musique guerrière, martiale et orientale de très bonne facture. On espère par ailleurs qu’un label réussira un jour à rééditer cette musique quelque peu tombée dans l’oubli au fil des années, mais qui possède pourtant bon nombre de qualités sans être d’une originalité particulière. Les fans de Brian May devraient donc découvrir sans plus tarder ce score sous-estimé qui mérite d’être réévalué à sa juste valeur !




---Quentin Billard