1-Main Title and Escape 7.26
2-Ahch-To Island 4.23
3-Revisiting Snoke 3.29
4-The Supremacy 4.01
5-Fun With Finn and Rose 2.34
6-Old Friends 4.29
7-The Rebellion Is Reborn 4.00
8-Lesson One 2.10
9-Canto Bight 2.38*
10-Who Are You? 3.04
11-The Fathiers 2.42
12-The Cave 3.00
13-The Sacred Jedi Texts 3.33
14-A New Alliance 3.13
15-"Chrome Dome" 2.03
16-The Battle Of Crait 6.48
17-The Spark 3.36
18-The Last Jedi 3.04
19-Peace And Purpose 3.08
20-Finale 8.28

*Inclus des extraits de
"Aquarela Do Brasil"
Ecrit par Ary Barroso.

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Walt Disney Records D002714602

Album produit par:
John Williams
Monteur musique:
Ramiro Belgardt
Enregistrement et mixage:
Shawn Murphy
Los Angeles Master Chorale
dirigée par:
Grant Gershon
Monteur scoring:
Robert Wolff
Préparation musique:
Joann Kane Music Service
Direction musicale pour
Walt Disney Studios Motion
Pictures Production:
Mitchell Leib
Music business affairs
Walt Disney Studios Motion
Picture Production:
Scott Holtzman, Marc Shaw

(c) 2017 Lucasfilm/Walt Disney Pictures/Ram Bergman Productions. All rights reserved.

Note: ****
STAR WARS EPISODE VIII :
THE LAST JEDI
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Dire qu’un nouvel épisode de la saga « Star Wars » est très attendu relève de l’euphémise pur. Après « The Force Awakens » de J.J. Abrams en 2015, c’est au tour du réalisateur Rian Johnson de signer la suite intitulée « Star Wars : The Last Jedi », le huitième épisode officiel de la saga. C’est le troisième film de la franchise produit par Disney depuis son rachat de Lucasfilm après « The Force Awakens » en 2015 et le spin-off « Rogue One » en 2016. L’histoire se déroule peu de temps après les événements du précédent film. Le Premier Ordre dirigé par le leader suprême Snoke (Andy Serkis) continue de traquer les derniers résistants de la générale Leia Organa (Carrie Fisher), qui se voit contrainte d’évacuer la base principale des rebelles. Et alors que le général Hux (Domhnall Gleeson) envoie ses cuirassés pour détruire la flotte des résistants, Poe Dameron (Oscar Isaacs) et BB-8 s’approchent d’un vaisseau ennemi à bord de leur X-Wing, dans l’espoir de détruire les canons du cuirassé pour permettre aux bombardiers rebelles d’éliminer leur cible. Mais l’attaque dégénère et seul un bombardier réussit à détruire le cuirassé ennemi, tandis que la résistance réussit à s’enfuir par un bond dans l’hyper-espace. C’est au cours de la fuite des résistants que Finn se réveille de son caisson et cherche son amie Rey (Daisy Ridley). Cette dernière se trouve sur la planète-océan Ahch-To (vue à la fin du précédent film), où elle vient d’atterrir avec la complicité de Chewbecca et du Faucon Millenium. L’île, peuplée de Porgs, des petites créatures volatiles aux yeux noirs, abrite Luke Skywalker (Mark Hamill), qui s’y cache dans l’espoir d’y finir sa vie. Rey tente alors de convaincre Luke de rejoindre la Résistance et de la former en tant qu’apprentie, mais Skywalker refuse catégoriquement, rejetant à l’eau son sabre laser qu’elle lui offre. Rey découvre alors les tourments de Luke Skywalker : ce dernier est hanté par son cuisant échec avec son jeune apprenti et neveu Ben Solo (Adam Driver), avec lequel il a échoué et qui a détruit son école Jedi avant de s’enfuir et de devenir Kylo Ren, le redoutable serviteur de Snoke et du Premier Ordre.

Réalisant que Rey possède un grand potentiel en elle, Luke accepte finalement de lui donner trois leçons. Pendant ce temps, la jeune femme découvre qu’elle possède une connexion mentale secrète avec Kylo Ren et qu’elle peut communiquer avec son esprit à travers l’espace. Les deux individus échangent alors des conversations franches où chacun se livre à l’autre avec sincérité. Lorsque Rey découvre la vérité au sujet de Luke et Kylo, elle décide d’affronter Skywalker qui lui révèle avoir décelé la noirceur qui hantait le jeune homme et avoir hésité à le supprimer lorsqu’il comprit qu’il deviendrait un être maléfique et puissant ayant basculé dans le côté obscur de la Force. Luke lui révèle alors qu’il n’est plus le héros que tout le monde attendait et qu’il a décidé de venir sur cette île pour y mourir en paix. Persuadée qu’elle peut faire revenir Kylo Ren dans la lumière, Rey quitte finalement l’île à bord du Faucon Millenium. Peu de temps après, Luke, furieux, tente de détruire les textes fondateurs de l’Ordre Jedi qu’il protège dans un temple sur l’île, mais l’esprit de Yoda apparaît pour l’empêcher de mettre le feu et lui rappelle que l’échec fait partie du processus d’apprentissage de la Force. De son côté, Snoke réprimande sévèrement le général Hux pour avoir laissé s’échapper les résistants et humilie Kylo Ren, réalisant que ce dernier n’a toujours pas fait le deuil de son père Han Solo (Harrison Ford) qu’il tua dans le film précédent. Snoke décide alors de prendre les choses en main à bord de son gigantesque vaisseau mère en traquant la flotte des Résistants qu’il réussit à rattraper dans l’espace. Quand à Poe Dameron, il est rétrogradé pour avoir orchestré l’attaque sur le cuirassé sans la permission de la générale Leia Organa. Enfin, Finn tente de s’enfuir à bord d’une capsule d’évacuation mais il fait la connaissance de la jeune Rose Tico (Kelly Marie Tran), la soeur de la pilote décédée dans le bombardier qui détruisit le cuirassé ennemi.


UN HUITIÈME ÉPISODE SOMBRE ET GRANDIOSE


Malmené par les critiques à sa sortie en salles en 2017, « Star Wars : The Last Jedi » n’aura décidément laissé personne indifférent. J.J. Abrams cède ici la place à Rian Johnson, réalisateur remarqué en 2012 avec son film de science-fiction « Looper » mettant en scène Bruce Willis dans une étrange histoire de voyage dans le temps. Dès les premières minutes du film, on sait que Johnson était le candidat idéal pour ce nouveau « Star Wars » : le film s’avère être bien plus ambitieuse et bien plus intéressant que l’épisode sept. Le film fourmille d’idées en tout genre et s’avère être beaucoup plus sombre et dramatique. Là où le métrage d’Abrams se contentait de singer « Star Wars : A New Hope » (l’épisode IV), « The Last Jedi » nous propose un film plus audacieux et aussi plus risqué dans le sens où il propose des idées inédites dans la franchise « Star Wars », un parti pris très osé pour l’une des sagas les plus lucratives de l’histoire du cinéma américain. « The Last Jedi » est enfin régulièrement comparé à « The Empire Strikes Back » : on y retrouve une certaine noirceur et un ton psychologique assez similaire. La vraie bonne idée du film, c’est bien évidemment le retour tant attendu de Luke Skywalker. Hélas, beaucoup de fans ont été déçu par la description du maître Jedi déchu dans le film : Skywalker est un homme vieillissant et brisé qui n’est plus que l’ombre de lui-même et a perdu la foi en l’ordre Jedi, auquel il reproche l’orgueil, hanté par son échec avec son apprenti Ben Solo devenu Kylo Ren.

En explorant l’idée de la transmission du savoir entre l’ancienne et la nouvelle génération telle qu’on la devinait dans « The Force Awakens », Rian Johnson bouscule d’emblée toutes nos attentes en prenant des chemins de travers dans son film : exit ici le plan symbolique fort où Rey offrait le sabre-laser à Luke à la fin du film. De suite, le ton est donné lorsque Luke jette le sabre à la mer, indifférent, et tourne le dos à Rey sans ajouter un mot. Cette courte scène semble en dire long sur l’état d’esprit de « The Last Jedi » : le grand héros a perdu la foi dans un monde qui lui est complètement étranger, la Résistance semble quasiment vaincue au début du film, Leia Organa fait tout ce qu’elle peut pour sauver les résistants, Poe Dameron est obligé d’outrepasser ses fonctions dans le dos de sa supérieur hiérarchique, pestant contre le manque d’action de ses dirigeants, Kylo Ren s’avère avoir une connexion inattendue avec Rey (pas familiale, fort heureusement, les scénaristes ont évité le cliché tant attendu : ouf !). On y découvre aussi un Snoke beaucoup plus présent et réellement terrifiant : le leader suprême du Premier Ordre s’avère être un individu bien plus puissant qu’on ne l’aurait imaginé, maîtrisant la Force comme le fit autrefois Palpatine. Mais là où un réalisateur lambda aurait opté pour des révélations classiques sur les origines du grand méchant, l’épisode VIII choisit de ne rien révéler au sujet des origines de Snoke, et ce au grand dam des fans de la saga qui auraient aimé en savoir un peu plus sur le mystérieux leader suprême.

Le film est aussi radicalement plus long – 2h32 – et rend un hommage vibrant au space-opera des années 70, avec de formidables batailles spatiales (notamment au début du film) et des effets spéciaux dantesques, comme d’habitude. Mais le vrai « plus » de cet épisode VIII, c’est bien évidemment le retour de Mark Hamill, car, qu’on le veuille ou non, c’est bel et bien lui LE héros de « The Last Jedi ». L’acteur, qui n’avait presque plus eu de rôle mémorable au cinéma depuis des décennies (hormis un second rôle dans « Kingsman » en 2015 ou dans la saison 8 de la série TV « Criminal Minds »), fait un come-back ahurissant dans le film de Rian Johnson, à tel point que l’acteur de 66 ans parvient à éclipser tous les autres de par son charisme, son regard bleu perçant et son présence indéniable. Torturé ou non, Luke Skywalker est toujours là et malgré toutes les polémiques autour de la description radicalement différente de son personnage dans ce huitième épisode (même Mark Hamill aurait avoué dans une interview détester la manière dont Luke est décrit dans ce film), nul ne peut nier que Skywalker est et restera toujours le héros emblématique de la saga « Star Wars ». En revanche, on regrettera le fait que Rey s’avère être moins développée que dans le film précédent, tandis que Finn semble inexistant dans l’histoire, tout comme la nouvelle venue, Rose Tico, qui n’apporte rien de plus au récit.

Évidemment, le film n’est guère exempt de défauts, avec pour commencer un humour parfois maladroit – les échanges verbaux sarcastiques entre Poe Dameron et le général Hux au début du film, l’étrange scène où Leia flotte dans l’espace en utilisant la Force, la longue scène sur Canto Bight un brin poussive – mais ces maladresses ne remettent jamais en question la qualité d’un film qui ose bien plus qu’il n’y paraît. Les producteurs ont enfin compris que la saga « Star Wars » ne pouvait pas rester figée éternellement dans les années 70 et doit aussi évoluer avec son temps : - SPOILER 1 - par exemple, on découvre dans « The Last Jedi » que la Force n’est pas le privilège d’une poignée d’élus mais qu’elle peut se trouver en n’importe qui. Cette idée démocratique de la Force est bel et bien l’un des moteurs scénaristiques majeurs de ce huitième épisode et aussi l’un des éléments qui semble avoir le plus agacé des milliers de fans puristes à travers le monde. C’est ainsi que l’on découvre que Rey n’est pas née dans une famille privilégiée mais fut au contraire l’enfant de ferrailleurs minables qui sont morts dans la pauvreté et enterrés dans une fosse commune sur Jakku. Cette révélation remet tout en question au sujet de la Force chez les individus qui la possèdent : n’importe qui peut donc avoir ce pouvoir en lui, et seul un bon apprentissage peut permettre de faire la différence. - SPOILER 2 - Le film explore aussi davantage la personnalité contrastée et torturée de Kylo Ren, avec une scène désormais anthologique, celle où Snoke torture Rey après avoir humilié à nouveau Kylo, jusqu’à ce que ce dernier décide de retourner son sabre laser contre le leader suprême qu’il coupe violemment en deux, prenant finalement la tête du Premier Ordre. Cette mort inattendue est un vrai twist un peu prévisible, certes, mais sans aucun doute l’une des scènes les plus violentes que l’on ait vu dans un « Star Wars » depuis bien longtemps. Pour une production Disney, c’était encore une fois assez osé !

Au final, « The Last Jedi » s’avère être un grand film « Star Wars » dans la continuité des anciens films de la saga : on y retrouve les personnages bien connus : Leia, Luke, Chewbacca, le Faucon Millenium, C3-PO, R2-D2, Yoda, sans oublier de nouveaux seconds rôles brillants (Benicio Del Toro dans le rôle de l’énigmatique DJ), des scènes de bataille monumentales et un scénario bien plus audacieux et recherché que dans « The Force Awakens ». Rian Johnson apporte son lot d’idées neuves iconoclastes à la saga et renforce la tonalité sombre et dramatique du récit dans un registre finalement assez proche de ce qui fit Gareth Edwards un an avant sur le spin-off « Rogue One », ou du « The Empire Strikes Back » d’Irvin Kershner. Seul le temps nous dira si cet épisode VIII est voué à devenir un film culte de la franchise ou si, au contraire, il retombera dans l’oubli (des milliers de fans, excédés par les nombreuses prises de risque du film, ont même écrit une pétition pour exiger que Disney retire ce film de la saga officielle « Star Wars » ). Pour les autres, soyez assurés que « The Last Jedi » est bien l’un des meilleurs « Star Wars » que l’ont ai vu au cinéma depuis ces 20 dernières années !


LE RETOUR TRIOMPHANT DE JOHN WILLIAMS


« Star Wars : The Last Jedi » marque aussi le retour du maestro John Williams à la musique du film pour la huitième fois depuis le début de la franchise en 1977. A 85 ans, le légendaire compositeur américain n’a rien perdu de son inspiration et signe une nouvelle partition symphonique monumentale et grandiose pour le long-métrage de Rian Johnson, dans la continuité de celle de « The Force Awakens ». A la première écoute de la musique dans le film, on constate d’emblée que Williams n’a pris aucun risque particulier en élaborant sa nouvelle partition musicale : tous les thèmes bien connus sont ici de retour, sans aucune surprise hormis un nouveau thème associé à Rose Tico dans le film. Utilisant encore une fois l’approche musicale des leitmotive, Williams dévoile la traditionnelle fanfare de « Star Wars » dès l’ouverture (« Main Title and Escape ») puis nous offre une seconde partie très clairement orientée vers l’action pour la scène d’ouverture de l’attaque des cuirassés dans l’espace. Williams cite brièvement ici quelques thèmes, à commencer par le motif menaçant de 5 notes de Kylo Ren tiré du film précédent (à 1:58), le thème des rebelles des anciens « Star Wars » (à 2:41) ou la fanfare de la Résistance qui apparaît brillamment aux trompettes à 3:02, thème lui aussi repris de « The Force Awakens ».

A ce sujet, ne ratez pas la superbe reprise de la marche des résistants à partir de 3:18, lorsque les bombardiers rebelles apparaissent et se dirigent tout droit vers les cuirassés ennemis, sans oublier les brèves allusions au thème de Poe Dameron ou de Finn. On notera ici l’ampleur des orchestrations et la manière dont Williams parvient à instaurer un vrai échange musical entre les cuivres, et notamment dans l’emploi des trompettes, des cors, des trombones et du tuba. Le morceau se conclut de façon plus tragique avec une brillante citation à « Battle of the Heroes » de « Revenge of the Sith » (à 6:16) pour le sacrifice final du bombardier.


ANALYSE DE LA MUSIQUE


Dès « Ahch-To Island », Williams reprend le matériau musical qu’il avait écrit à la toute fin de « The Force Awakens », alors que le film se terminait sur l’île où Rey venait d’arriver et de retrouver Luke Skywalker. Le morceau est le prolongement direct du final de l’épisode VII avec le retour du motif de « The Jedi Steps » rendu ici plus sombre et mystérieux. Alors que l’on se serait attendu à des retrouvailles plus chaleureuses et pleines d’espoir, la musique part finalement sur quelque chose de plus sombre et dramatique, avec une reprise mélancolique du thème de la Force par un cor solitaire dès 1:47. L’idée de Williams est ici très claire : quelque chose s’est brisé, Luke Skywalker n’est plus le héros que le monde attendait, et Rey semble avoir fait tout ce voyage pour rien. Mais, loin de sombrer dans la déprime et la désillusion, la musique semble vouloir avancer avec une brève reprise très réussie du superbe thème de Rey à 2:44 par des cordes et des bois plus optimistes : on se dit alors que tout n’est peut être pas encore perdu ! Comme souvent chez Williams, la musique n’est pas qu’illustrative, elle apporte aussi un vrai commentaire émotionnel aux scènes qu’elle accompagne, évoquant souvent les sentiments des personnages suivant les différentes situations du film.

« Revisiting Snoke » reprend le thème macabre et oppressant de Snoke déjà dévoilé dans « The Force Awakens » mais qui était malheureusement sous-représenté sur l’album publié par Disney à la sortie du film en 2015. On reconnaît le thème à ses choeurs masculins lugubres qui semblent ramper dans l’obscurité – un motif que les fans ont très vite fait de rapprocher de celui de l’Empereur Palpatine dans « Return of the Jedi » - le morceau respire ici le mal absolu, avec des allusions au thème secondaire dramatique de Kylo (à 0:50), à celui de Dark Vador (1:12) ou au motif menaçant de Ren à 1:38. Ici, le thème secondaire prend une plus grande importance à partir de 2:38 pour une raison évidente : Snoke a bel et bien terminé l’apprentissage de Kylo Ren à qui il a appris à maîtriser le côté obscur de la Force, c’est donc de manière plus qu’évidente que le thème dramatique de Kylo débouche sur une reprise massive et agressive de son thème de 5 notes, que l’on retrouve aussi au début de « The Supremacy ». On notera ici la façon dont Williams fait s’opposer le thème de Kylo Ren avec celui de la Résistance. Le compositeur développe ses leitmotive avec une aisance incroyable, reflétant l’expérience et la maturité d’écriture de ce grand vétéran de la musique de film hollywoodienne, toujours autant à l’aise et en pleine forme à 85 ans passés.

Dans « Fun with Finn and Rose », Williams dévoile le nouveau thème de « The Last Jedi », un thème plus mélodique et rafraîchissant pour Rose, que l’on a parfois comparé au thème de James Newton Howard pour le film « My Girl » (1991). C’est aussi le moment où le film part dans plusieurs directions : on y suit trois duos : Luke et Rey sur Ahch-To, Rose et Finn durant leur périple à Canto Bight, et le clash entre Poe et l’amiral Holdo (Laura Dern). « Fun with Finn and Rose » développe aussi le thème de la Résistance et celui de Leia (à 1:36). Dans « Old Friends », Luke monte à bord du Faucon Millenium et rebranche D2-R2 qui se met alors à diffuser des vieilles images familières qui finiront par convaincre Skywalker de rejoindre la Résistance. On retrouve ici le thème de Leia sous un angle plus intime et romantique un brin nostalgique, mais Williams conclut rarement ses motifs qu’il laisse souvent en suspend, comme si quelque chose empêchait ses mélodies de se conclure pour de bon. Le thème de Rose revient ensuite de manière plus optimiste et enjouée au début de « The Rebellion is Reborn », qu’il juxtapose brillamment ici au thème des résistants.

« Canto Bight » évoque la scène où Rose et Finn arrivent au casino de Canto Bight. Williams reprend ici le style plus latino/jazz/mambo de « Cantina Band » de « Star Wars : A New Hope » avec son lot de vents et cuivres jazzy sur fond de steel drums. L’action reprend de plus belle dans « Who Are You » et surtout « The Fathiers », l’un des meilleurs morceaux d’action de « The Last Jedi » pour la scène où Rose et Finn s’enfuient de Canto Bight sur le dos des étranges créatures nommées les « fathiers », le tout accompagne d’allusions héroïques solides au thème de Rose. Dans « The Cave », Williams obscurcit radicalement le ton pour la scène où Rey pénètre dans la caverne sous l’île et tente d’affronter sa propre conscience. Le compositeur met ici l’accent sur des sonorités graves et dissonantes pour évoquer l’idée que Rey peut basculer à tout moment dans le côté obscur si elle ne maîtrise pas la Force. A ce sujet, on appréciera le retour du thème de la Force dans « The Sacred Jedi Texts » pour la scène où Luke s’apprête à faire brûler les précieux textes fondateurs des Jedi avant d’être interrompu par l’esprit de Yoda dont on retrouve le thème bien connu vers 2:46. « A New Alliance » revient quand à lui du côté de Snoke pour la scène où le leader suprême torture Rey devant Kylo Ren. On retrouve la thématique lugubre de Snoke et le retour du thème de la Force aux trompettes à 1:14 alors que Kylo et Rey s’unissent au cours d’une violente bataille contre les gardes de Snoke. A noter l’emploi très réussi des percussions vers 1:58 et 2:15 qui rythment un morceau d’action complexe et virtuose comme seul Williams en possède le secret.

Dans le même ordre d’idée, on appréciera le duel acharné entre Finn et Captaine Phasma (Gwendoline Christie) dans « Chrome Dome », autre morceau d’action solide de « Star Wars : The Last Jedi ». Dès lors, on débouche sur la longue bataille finale dans « The Battle of Crait », véritable climax musical du film que l’on a parfois comparé à la bataille d’Hoth de « The Empire Strikes Back » (1980). Fait intéressant : Williams cite carrément des mesures entières d’un passage de « A New Hope » (1977) à partir de 3:46 pour la scène où le Faucon Millenium est poursuivi par les chasseurs ennemis du Premier Ordre dans les cavernes de sel. Le morceau se conclut de manière tragique dans une superbe coda dramatique pour choeurs et orchestre alors que Finn s’apprête à se sacrifier pour détruire le vaisseau de Kylo Ren. « The Spark » illustre alors le retour de Luke Skywalker sur le champ de bataille et son duel final contre Ren/Ben Solo. A 2:02, on retrouve une brève allusion au thème romantique d’Han Solo et Leia, bataille qui s’achève dans « The Last Jedi », sur fond de développements du thème de la Force et du thème de Kylo Ren avec le renfort de choeurs puissants dans une conclusion apocalyptique grandiose.


UNE CONCLUSION EN FANFARE !


L’aventure touche à sa fin avec la superbe reprise apaisée du thème de la Force dans « Peace and Purpose » à la fin du film, suivi du retour d’une reprise martiale du thème de Kylo Ren, qui nous rappelle que le Premier Ordre existe toujours et que la guerre est loin d’être terminée. Le morceau s’achève sur une série de variantes autour du thème de Rose, de Rey, de la Force et des rebelles, qui semblent apporter davantage d’espoir pour l’avenir des résistants. « Finale » conclut le film avec le retour traditionnel de la fameuse fanfare conclusive de « Star Wars » dans toute sa splendeur, suivie du non moins traditionnel medley thématique : le thème de Rose, le thème de Leia dans une très belle version pour piano et orchestre de toute beauté (à 2:41), le thème final des Jedi entendu à la fin de « Ahch-To Island », la marche de la Résistance, le thème de Rey, le thème de Yoda et même une reprise du morceau « Here They Come » du score de « A New Hope » cité dans « The Battle of Crait ». Et comme à la toute fin du générique de « The Force Awakens », la musique s’achève sur une note plus apaisée avec une brève allusion au motif secondaire de Rey.

John Williams signe donc une nouvelle grande partition symphonique grandiose pour « Star Wars : The Last Jedi », un score malheureusement quelque peu critiqué à la sortie du film par de nombreux fans qui reprochèrent au compositeur de n’avoir rien composé de véritablement nouveau pour le film de Rian Johnson. Effectivement, on reste étonné ici par le manque d’audace et de prise de risque du maestro américain, alors que le réalisateur lui-même prend davantage de risque dans son film. Peut être était-ce une concession que le studio souhaitait faire vis-à-vis de la musique : apporter des nouveautés à l’histoire mais conserver une base musicale bien connue pour permettre aux fans et aux aficionados de s’y retrouver complètement malgré tout. Il faut dire qu’avec une abondance ahurissante de thèmes et de motifs en tout genre (plus d’une vingtaine!), Williams pouvait difficilement composer de nouveaux thèmes mémorables, en dehors de celui de Rose. L’auditeur/spectateur devra donc accepter le fait que le score de « The Last Jedi » soit une sorte de « The Force Awakens » volume 2, sans originalité ni surprise particulière, mais d’une qualité indéniable, écrite avec richesse et générosité. Williams donne tout ce qu’il a, encore une fois, et fait ce qu’il sait faire de mieux, même à 85 ans passés ! Si Luke Skywalker est l’un des derniers grands maîtres Jedi de l’univers « Star Wars », John Williams est assurément le dernier grand maître de la musique de film !




---Quentin Billard