1-Discovery 3.13
2-I Don't Even Know
My Own Name 5.44
3-What's Your Dream? 3.16
4-Double Identity 1.54
5-The Warrior Within 3.31
6-A Dark Past 1.29
7-In Time You'll Remember 0.58
8-Nova's Orders 2.48
9-Jackers Mission 2.36
10-Unlocking The Past 3.52
11-Whose Body Is This? 2.06
12-Grewishka's Revenge 4.23
13-Broken Doll 2.34
14-With Me 5.41
15-I'd Give You My Heart 3.07
16-You Just Lost A Puppet 2.30
17-What Did You Do? 3.41
18-In The Clouds 3.56
19-Raising The Sword 1.43
20-Motorball 5.14
21-Swan Song 3.04*
22-Centurion 3.21**
23-I See Church 5.48**

*Interprété par Dua Lipa
Ecrit par Robin Fredriksson,
Junkie XL, Dua Lipa,
Mattias Larsson, Justin Tranter,
Kennedi Lykken
**Japanese Bonus Tracks.

Musique  composée par:

Tom Holkenborg

Editeur:

Milan Records 398 145-2

Produit par :
Tom Holkenborg (Junkie XL)
Musique additionnelle:
Antonio Di Iorio
Orchestre dirigé par:
Conrad Pope
Mixage score:
Alan Meyerson
Coordination musique:
Shannon Murphy, Trygge Toven
Montage musique:
Peter Myles

Artwork and pictures (c) 2019 Twentieth Century Fox. All rights reserved.

Note: ***1/2
ALITA : BATTLE ANGEL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tom Holkenborg
Cela fait maintenant depuis plusieurs années qu’Hollywood s’intéresse régulièrement aux classiques des mangas japonais et du cinéma d’animation nippon. Récemment, « Ghost in the Shell » a été adapté dans un remake américain honnête réalisé par Rupert Sanders en 2017. Il y eut également l’adaptation du light novel japonais « All You Need Is Kill » d’Hiroshi Sakurazaka publié en 2004 puis adapté au cinéma par Doug Liman dans le film « Edge of Tomorrow » avec Tom Cruise en 2014. Le projet d’adapter au cinéma « Gunnm », manga cultissime de Yukito Kishiro remonte déjà à plusieurs années. A l’origine, c’est le français Jean-Pierre Dionnet (cofondateur des magazines « Métal Hurlant » et « les Humanoïdes Associés ») qui avait racheté les droits du manga vers 1999 pour en faire une adaptation cinématographique avec le cinéaste chinois Kirk Wong en tant que réalisateur, mais le projet a été rapidement abandonné lorsque James Cameron a proposé une meilleure offre à Yukito Kishiro. Passionné de manga et du cinéma d’animation japonais, Cameron annonça la préproduction de l’adaptation de « Gunnm » vers 2003 qui va durer de nombreuses années, sans jamais vraiment aboutir, faute de moyens techniques conséquents. Il faudra attendre la sortie d’Avatar en 2009 pour que James Cameron se décide enfin à se remettre à l’ouvrage. Hélas, le temps passe et Cameron se retrouve embarqué sur les suites d’Avatar qui lui prennent tout son temps. C’est pourquoi il lâche l’affaire et décide finalement de confier le film à Robert Rodriguez, tandis que Cameron devient uniquement producteur. C’est ainsi que « Gunnm » devient alors « Alita : Battle Angel » et sort enfin au cinéma en 2018. L’histoire se déroule en 2563, soit 300 ans après l’effondrement, un événement cataclysmique qui a ravagé la Terre suite à une guerre contre Mars. Désormais, les survivants sont divisés en deux camps : il y a ceux qui vivent dans la ville d’Iron City en bas, puis les élus qui vivent dans la cité céleste surplombant Iron City, nommée Zalem, qui est au coeur de toutes les convoitises. Un jour, alors qu’il recherche des matériaux dans la décharge à ciel ouvert venant de Zalem, le Dr. Dyson Ido (Christoph Waltz) découvre les restes du corps d’une cyborg mal en point.

Il la ramène chez lui dans sa clinique privée où il officie en tant que spécialiste des augmentations biomécaniques et décide de lui offrir un nouveau corps et de la remettre en état. A son réveil, la cyborg n’a plus aucun souvenir et ne sait plus qui elle est. Ido décide alors de la baptiser Alita (Rosa Salazar), en hommage à sa fille décédée il y a plusieurs années. Alita découvre alors le monde d’Iron City ainsi que l’histoire de Zalem. En se baladant dans les rues de la ville, la jeune femme fait la connaissance d’Hugo (Keean Johnson) qui traîne dans les rues avec sa bande de copains et travaille en tant que revendeur de pièces détachées, et dont le rêve est d’obtenir suffisamment d’argent pour pouvoir un jour se rendre à Zalem. Alita se lie d’amitié avec le jeune homme et passe de plus en plus de temps avec lui. Elle commence également à participer à des compétitions de Motorball dans la rue, pour lequel elle se révèle être étonnamment douée. Alita découvre par ailleurs qu’elle possède une agilité incroyable et qu’elle est capable de se battre en utilisant instinctivement des techniques de combat uniques en son genre nommées « Panzer Kunst », un ancien art martial dédié il y a très longtemps aux cyborgs. Une nuit, Alita est prise en embuscade par le cyborg tueur en série Grewishka (Jackie Earle Haley) et deux de ses complices, mais la jeune fille tue les deux cyborgs et blesse gravement Grewishka. Elle apprend ensuite que Dyson Ido travaille en réalité en tant que chasseur-guerrier, qui consiste à ramener des cibles en échange d’une grosse somme d’argent.

De son côté, Grewishka retrouve Vector (Mahershala Ali), un entrepreneur corrompu qui travaille secrètement pour le compte de Nova (Edward Norton), un puissant scientifique leader absolu de Zalem et possède la capacité de transférer son esprit dans n’importe quel corps humain. Toujours soucieuse d’en savoir plus sur ses origines, Alita décide à son tour de devenir chasseuse-guerrière malgré les mises en garde d’Ido, puis elle découvre par la suite l’épave d’un vaisseau à l’extérieur de la ville et y découvrir le corps d’un Berserker, les soldats cyborgs de l’United Republics of Mars (URM), les ennemis de Zalem. Alita commence alors à retrouver petit à petit la mémoire. Elle se rend ensuite au Kansas Bar où elle provoque les autres chasseurs et défie à nouveau Grewishka qui la sectionne en plusieurs morceaux au cours d’un violent affrontement. Ido n’a plus d’autre choix que de greffer le corps du Berserker sur Alita pour la remettre sur pieds. Se sentant désormais beaucoup plus puissante, Alita, qui est tombée amoureuse d’Hugo, décide de participer au tournoi de Motorball afin de gagner le premier prix et de permettre à Hugo d’obtenir suffisamment d’argent pour concrétiser son rêve de se rendre sur Zalem. Mais ce que la jeune fille ignore encore, c’est que Nova et Vector ont demandé aux autres participants de tout faire pour tuer Alita durant la course.


UN BLOCKBUSTER SOMPTUEUX

« Alita : Battle Angel » est une réussite incontestable sur toute la ligne. Il aura fallut de nombreuses années pour que le projet se concrétise et lorsqu’on observe le résultat final, on se dit que ça valait bien le coup d’attendre ! Le film de Robert Rodriguez reproduit assez fidèlement l’univers de « Gunnm » avec quelques prises de risque plus ou moins inévitables. D’un point de vue technique, le film est assez hallucinant : le personnage d’Alita et ses grands yeux reconnaissables est entièrement animé en CGI à l’aide de plusieurs procédés développés sur « Avatar », dont la Fusion Camera System, la Simulcam ou la facial performance capture, une technologie qui aura tout de même nécessité environ 10 mois de préparation et de développement bien en amont du film. Les décors d’Iron City et de Zalem sont grandioses évidemment, les scènes de nuit rappelant inévitablement l’univers urbain futuriste du « Blade Runner » de Ridley Scott (1982). Niveau scénario, le film tourne autour d’Alita, une jeune cyborg qui s’interroge sur son identité et cherche à savoir qui elle est et quel est le but de sa vie, autant de questionnement métaphysique et typiquement humain au coeur même de l’intrigue du film (et du manga d’origine). Sa quête d’identité se double également d’une quête initiatique alors que la jeune cyborg cherche à s’émanciper de son père ultra protecteur qui lui interdit presque tout – un rôle inhabituel pour Christoph Waltz, qui campe enfin un personnage aimant et aimable, bien loin des salauds qu’il joue habituellement au cinéma - Le film est également une métaphore de la lutte des classes à la manière du « Metropolis » de Fritz Lang et évoque ceux d’en bas (Iron City) et les privilégiés qui vivent en haut (Zalem). Niveau réalisation, Robert Rodriguez peine à retrouver son style trash habituel, lui qui est un amateur des séries-B explosives, sanguinolentes et hystériques.

Cette fois, le cinéaste est obligé de ronger son frein et de mettre ses excès au placard en adaptant la vision de James Cameron à l’écran, un exercice de style auquel Rodriguez se prête finalement volontiers, apparemment passionné par le sujet du film. Et parce qu’Alita n’est rien de plus qu’une adolescente cyborg au look factice mais aux idées très claires et très crédibles, le questionnement sur l’âme humaine est ici particulièrement vibrant. A ses côtés, le personnage d’Hugo représente l’amour d’ado idéalisé et permet à James Cameron de développer une nouvelle romance entre deux êtres que tout oppose comme il le fait souvent dans ses propres films. Quand au personnage de Christoph Waltz, à l’instar d’Hugo, il cache une autre facette de lui-même au sujet de ses activités et apporte une certaine profondeur appréciable à son personnage. Dommage que les bad guys soient en revanche un brin trop manichéens, qu’il s’agisse de Vector, l’ignoble et puissant Nova ou le cyborg tueur Grewishka. Le film reprend par ailleurs les scènes de Motorball que l’on voyait déjà dans le manga, ce sport futuriste dangereux et brutal qui est un clin d’oeil évident au « Rollerball » de Norman Jewison (1975). S’en suivent alors une série de scènes d’action souvent violentes mais jamais trop excessives et sans grosse effusion de sang. L’action est lisible et brutale au possible (ça, c’est la touche Robert Rodriguez). Grâce à son univers cyberpunk, ses thèmes passionnants – proches de ceux de « Ghost in the Shell » - sa réalisation impeccable, ses effets spéciaux dantesques et sa direction d’acteur sans faille, « Alita : Battle Angel » a tout pour être l’un des meilleurs films de la carrière de Robert Rodriguez, même si l’on aurait été curieux de savoir comment James Cameron aurait tourné ce film s’il l’avait lui-même réalisé comme il l’espérait le faire à l’origine. Vivement la suite !

UNE PARTITION ORCHESTRALE TRÈS RÉUSSIE

C’est Tom Holkenborg alias Junkie XL qui a été choisi pour écrire la musique d’Alita : Battle Angel, et ce au grand dam des fans qui attendaient un compositeur bien plus talentueux et prometteur qu’Holkenborg – c’est d’ailleurs la première fois qu’il compose pour un film de Robert Rodriguez – Le choix d’Holkenborg sur « Alita » n’est guère étonnant, quand on sait à quel point le compositeur est devenu un spécialiste des films d’action/science-fiction de ces dernières années, avec à son actif les BO de films tels que « Mad Max : Fury Road », « The Dark Tower », « Batman V Superman », « Deadpool », « Divergent » ou « Mortal Engines ». Pour les besoins d’Alita, Tom Holkenborg compose une partition d’action/aventure pour un grand orchestre symphonique avec des choeurs et une pléiade d’éléments électroniques modernes évoquant la cité futuriste du film. A la première écoute de la musique dans le film, on est d’ailleurs étonné de la qualité d’écriture de cette partition, visiblement, Holkenborg a progressé dans sa technique et le résultat est plaisant, à des années lumières de ses premières musiques de film encore très influencées des productions Remote Control d’Hans Zimmer. Certains ont noté le fait que le compositeur s’était entouré du vétéran Conrad Pope aux orchestrations et que ce dernier a certainement du influencer le résultat final, ce qui expliquerait la qualité globale de l’écriture et des orchestrations de la partition d’Alita.

ANALYSE DE LA MUSIQUE

Dès « Discovery », le compositeur plante le décor avec une ouverture mystérieuse à base de nappes sonores électroniques, de cuivres sombres et de cordes tendues. A noter l’emploi des bois, chose rare chez Tom Holkenborg, mais qui sont pourtant bien présent ici et bien mis en avant (et notamment ici la flûte ou le hautbois). A 1:54, le compositeur dévoile brièvement le thème principal d’Alita, un motif de 4 notes héroïque, noble et solennel qui deviendra le leitmotiv principal de la partition, accompagné ici brièvement par les choeurs (on le réentend aux cors à 2:57 avec des harmonies plus majestueuses). Dans « I Don’t Even Know My Own Name », la jeune cyborg s’éveille au début du film et découvre le monde dans lequel elle vit. Holkenborg reprend ici le thème principal au son d’un clavier évoquant une boîte à musique, avec ses sonorités éthérées quasi angéliques. La musique évoque ce sentiment d’éveil à la vie à travers des harmonies touchantes (à noter ici l’emploi du hautbois avec les synthés). Le thème est repris de façon plus majestueuse et imposante à 3:54 puis plus apaisé au hautbois à 4:58. La coda de « I Don’t Even Know My Own Name » est par ailleurs très réussie, Holkenborg privilégiant tous les pupitres de l’orchestre – cordes, bois, cuivres – à travers une écriture étonnamment classique, très éloignée de ses anciens scores d’action électro-orchestraux bourrins.

A noter qu’Alita n’a pas un seul thème mais bien trois : hormis le thème principal de 4 notes de la jeune cyborg, il y a aussi un thème lié au passé d’Alita, motif de 5 notes mystérieuses que l’on découvre notamment dans « Unlocking the Past » à 1:12 puis aux cordes à 1:33, ainsi que dans « Whose Body Is This ? » à 1:08. Enfin, le troisième thème d’Alita est un motif plus héroïque et optimiste, que l’on peut entendre aux cors à 0:38 dans « With Me » (suivi du thème du passé au clavier à 1:04 ou à la flûte à 1:44, qui résonne cette fois de manière plus épanouie, suggérant qu’Alita sait enfin qui elle est et ce qu’elle doit faire). Holkenborg a eu l’intelligence de proposer trois thèmes différents pour accompagner l’évolution d’Alita tout au long de l’aventure, suggérant ainsi habilement chaque étape que l’héroïne va traverser et la manière dont elle va évoluer dans sa quête initiatique. L’autre idée thématique majeure du score, c’est le motif sombre et sournois associé à Nova, motif menaçant que l’on découvre en réalité dès l’ouverture du film, dans les premières secondes de « Discovery » (dès 0:15 aux cuivres), puis repris notamment dans « Nova’s Orders », à la fin de « Jackers Mission » ou dans « You Just Lost a Puppet ». « What’s Your Dream ? » évoque le rapprochement entre Alita et Hugo vers le début du film, alors qu’Hugo évoque son rêve de se rendre dans Zalem. La musique est ici planante, rêveuse, avec l’apport des choeurs qui apporte une dimension presque religieuse et éthérée à la musique de cette scène, le tout avec une grande retenue très touchante.

Dans « Double Identity », Alita réalise qu’Ido cache une autre facette de sa personnalité, lorsqu’il sort discrètement la nuit avec sa valise et une arme massive. La musique devient ici plus sombre et atmosphérique, avec des cordes tendues, des cors en sourdine et des éléments électroniques menaçants. L’action explose enfin dans « The Warrior Within » lorsqu’Alita réalise qu’elle sait se battre en affrontant une première fois Grewishka et les deux cyborgs tueurs dans une ruelle sombre. Holkenborg développe ici le thème d’Alita de manière plus guerrière, à grand renfort de percussions, cuivres et cordes agitées, incluant des accords mystérieux des choeurs et du sound design électronique finalement assez discret – à noter que le travail des percussions rappellent clairement ici « 300 : Rise of an Empire » mais avec une partie orchestrale bien plus conséquente - « A Dark Past » débute quand à lui sur des choeurs/synthés lointains et énigmatiques, avec une trompette solitaire, alors qu’Alita tente de se souvenir de son passé. « In Time You’ll Remember » apporte davantage d’espoir dans un crescendo plus solennel qui rappelle un passage similaire de « Mad Max : Fury Road ».

Dans « Nova’s Orders », Tom Holkenborg évoque Nova et ses complices à l’aide de cuivres graves plus sombres et agressifs, avec les bois, les cordes et les choeurs. La musique devient ici plus mystérieuse et tendue, évoquant la menace de Nova. Holkenborg développe ici le thème de Nova confié aux contrebasses/bassons dès 0:57 et assez présent dans toute la seconde partie du film.

« Unlocking the Past » illustre la scène où Alita se rend dans l’épave du vaisseau d’URM à la sortie de la cité et va en apprendre davantage sur son passé de cyborg guerrière (avec le retour du motif du passé d’Alita). D’abord sombre et mystérieuse, la musique évolue habilement vers un sentiment de révélation. A noter dès 2:47 ses figures de notes rapides aux cordes et aux flûtes, très classique d’esprit et très réussie, apportant quelque chose de particulier à la coda de cette séquence. « Whose Body Is This ? » prolonge ce climat de révélation alors qu’Alita cherche à savoir à qui appartenait le corps cybernétique retrouvé dans l’épave du vaisseau. Plus incisif et agressif, « Grewishka’s Revenge » marque le retour du cyborg tueur envoyé par Vector et Nova pour éliminer Alita pour de bon. Le compositeur nous offre ici un nouveau morceau d’action massif et tonitruant. Le thème de Nova est repris à 0:46 - on le reconnaît à sa figure mélodique répétée de 2 notes : une courte, une longue, très carré, symbolisant la personnalité scientifique et bornée de Nova – Ce motif menaçant est régulièrement employé dans le film lorsque Nova prend l’apparence de son serviteur Vector ou Grewishka pour s’adresser à Alita. Le morceau accompagne férocement la scène où Alita affronte violemment Grewishka dans les sous-sols du Kansas Bar.

« Broken Doll » devient plus sombre, dramatique et tragique, alors qu’Alita a été sectionnée en plusieurs bouts suite à son combat contre Grewishka. L’espoir renaît enfin dans « With Me » avec ses flûtes et ses cordes plus optimistes reprenant le motif héroïque et le motif du passé d’Alita avec un fort sentiment d’espoir. Ido a du greffer à Alita le corps du Berserker pour la sauver, faisant d’elle une cyborg beaucoup plus puissante et sûre d’elle. La musique devient ici plus intime, Alita se rapprochant davantage d’Hugo, à qui elle avoue ses sentiments dans « I’d Give You My Heart », qui se veut ici plus minimaliste et romantique. Le thème d’Alita est repris ici par un clavier plus intimiste et doux, quasi onirique, débarrassé de toute once d’agressivité, avec des nappes synthétiques planantes. Mais dès « You Just Lost a Puppet », le maléfique Nova réapparaît lorsqu’Alita décide d’affronter Vector et parle au scientifique à travers son corps. Holkenborg développe largement ici le thème de Nova, déjà annoncé aux cordes dès 0:21, puis repris intégralement dès 0:50 de manière sournoise et menaçante, sans oublier le retour du thème aux contrebasses vers 2:00. « What Did You Do ? » nous amène quand à lui vers l’acte final du film, faisant monter la tension pendant plus de 3 minutes de manière dramatique.

UNE CODA DRAMATIQUE ET PUISSANTE

« In The Clouds » illustre la séquence finale où Hugo et Alita escaladent Zalem pour se rendre tout là haut, en traversant les nuages. Le thème d’Alita est repris ici de manière puissante et déterminée aux cuivres, mais très vite, la musique prend une tournure dramatique alors qu’Alita implore Hugo de ne pas aller là haut. « In The Clouds » prend très vite une tournure tragique, suivi d’un passage agressif où Nova envoie un piège qui blesse mortellement Hugo – on retrouve par ailleurs ici une brève variation cuivrée autour du motif menaçant de Nova – Le morceau se conclut alors sous la forme d’un adagio déchirant pour orchestre et choeur. A noter la superbe reprise intégrale du thème d’Alita dès 2:56, l’un des grands moments d’émotion du score de Tom Holkenborg, le thème résonnant ici de manière tragique et poignante, alors qu’Hugo se retrouve suspendu dans le vide. L’aventure s’achève alors sur le plan final du somptueux « Raising the Sword », où Alita se présente à la compétition de Motorball et lève son épée en direction de Zalem, prête à se venger. Le morceau évoque toute la détermination de la cyborg, son héroïsme (à noter ici l’emploi des choeurs épiques et dramatiques), incluant une reprise puissante aux cuivres du thème de Nova à 1:07 lorsque ce dernier observe Alita depuis son Q.G. en haut de Zalem, le morceau s’achevant sur une ultime reprise grandiose du motif héroïque de 6 notes d’Alita (précédemment entendu notamment dans « With Me »).

« Motorball » accompagne quand à lui le générique de fin, reprenant le thème d’Alita de manière grandiose et puissante, accompagné d’une rythmique électro moderne typique du compositeur. Tom Holkenborg signe donc une partition de qualité pour « Alita : Battle Angel » qui a déjà été remarqué par de nombreux béophiles en raison de ses qualités d’écriture indéniables. Visiblement, Holkenborg a bien progressé et son écriture en ressort nettement grandie, même s’il lui reste encore du chemin à faire dans le domaine des compositions symphoniques plus classiques d’esprit. Outre des orchestrations de qualité, le score d’Alita étonne par ailleurs pour sa construction thématique très soignée, qui risque malheureusement de passer inaperçue à la première écoute, tant les différents motifs semblent passe-partout et peu mémorables en soi. Avec le thème principal d’Alita, le motif du passé, le motif héroïque de la cyborg et le motif menaçant et obsédant de Nova, la musique d’Holkenborg s’avère pourtant riche et généreuse, superbement placée sur les images et proposant suffisamment de contenu et d’idées pour satisfaire les béophiles les plus grincheux (même si l’on regrette le manque d’originalité et d’audace de la composition), ceux qui ont notamment détesté « 300 : Rise of an Empire », « Mad Max : Fury Road » ou « Divergent ». Cette fois, Tom Holkenborg s’éloigne de sa période « Junkie XL » et c’est tant mieux. Du coup, on espère que le compositeur maintiendra le cap sur ses futurs projets et notamment le très attendu « Sonic the Hedgehog » en 2020 !


---Quentin Billard