1-Everything I Need
(Film Version) 3.16*
2-Arthur 4.40
3-Kingdom of Atlantis 3.26
4-It Wasn't Meant To Be 3.22
5-Atlantean Soldiers 3.35
6-What Does That
Even Mean? 3.23
7-The Legend of Atlan 1.57
8-Swimming Lessons 3.03
9-The Black Manta 2.49
10-What Could Be Greater
Than A King? 5.23
11-Permission To Come
Aboard 2.16
12-Suited and Booted 4.25
13-Between Land and Sea 2.55
14-He Commands The Sea 3.34
15-Map In A Bottle 2.15
16-The Ring Of Fire 4.58
17-Reunited 1.31
18-Everything I Need 3.20*
19-Ocean To Ocean 2.25**
20-Trench Engaged (From
Kingdom of the Trench) 2.29***

*Interprété par Skylar Grey
Ecrit par Skylar Grey et Elliott Taylor
Produit par Rupert Gregson-Williams et Jason Evigan
Mixé par Mick Guzauski
**Interprété par Pitbull Feat. Rhea
***Ecrit par Joseph Bishara.

Musique  composée par:

Rupert Gregson-Williams

Editeur:

WaterTower Music WTM40111

Musique additionnelle:
Sven Faulconer, Evan Jolly,
Tony Clarke

Orchestrations:
Rupert Gregson-Williams,
Alastair King

Assistant technique et
musique additionnelle:
Forest Christenson
Monteur musique:
J.J. George
Monteur musique:
Paul Rabjohns
Préparation musique:
Suzie Katayama
Mixage:
Alan Meyerson, Seth Waldmann
Album produit par:
Rupert Gregson-Williams
Producteurs exécutifs album:
James Wan, Peter Safran,
Rob Cowan, Kirk Morri

Direction musicale pour
Warner Bros. Pictures:
Niki Sherrod, Paul Broucek,
Brian Lambert

Direction musique pour
WaterTower Music:
Jason Linn
Supervision musique:
Michelle Silverman
Coordination soundtrack:
Linda Christie

Artwork and pictures © 2018
DC Comics/DC Entertainment/Panoramic Pictures/Rodeo FX/The Safran Company/Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
AQUAMAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Rupert Gregson-Williams
La bataille entre les productions rivales Marvel et DC Comics fait rage plus que jamais à Hollywood de nos jours. Quand ce ne sont pas les Avengers d’un côté, ce sont les héros de la Justice League de l’autre ! Pourtant, entre l’humour et les envolées héroïques chez Marvel et de l’autre des super-héros sombres et torturés qui se prennent très au sérieux chez DC, le choix était vite fait pour beaucoup de monde. Néanmoins, force est de constater que depuis que Zack Snyder a commencé à lâcher l’affaire, les productions DC Comics en sont ressorties grandement améliorées, surtout depuis « Wonder Woman » de Patty Jenkins en 2017 qui a enfin apporté un peu d’humour et de fun à des blockbusters de super-héros qui en avaient grandement besoin ! Du coup, le « Aquaman » réalisé par James Wan et sorties au cinéma en 2018 suivait la même logique : proposer un grand spectacle d’aventures avec des effets spéciaux énormes et une bonne dose de fun et de dérision façon années 80. L’histoire débute en 1985 dans le Maine, alors que Thomas Curry (Temuera Morrison), un modeste gardien de phare, découvre Atlanna une reine Atlante blessée et décide de la recueillir et de la soigner chez lui. Les deux tombent amoureux l’un de l’autre et donnent naissance à un enfant : Arthur. Mais les hommes du roi de l’Atlantide ont retrouvé Atlanna (Nicole Kidman) et cette dernière réalise qu’elle n’a plus d’autre choix que de retourner dans son royaume et laisser Tom et leur fils Arthur, en espérant qu’ils se reverront un jour. 33 ans plus tard, Arthur (Jason Momoa) est devenu Aquaman grâce à l’entraînement de son mentor Nudis Vulko (Willem Dafoe) et sauve un jour les matelots d’un sous-marin russe attaqué par le pirate David Kane (Yahya Abdul-Mateen II) et son père Jesse (Michael Beach) alors que le submersible coule dans les abysses. Mais durant l’affrontement, Jesse est blessé et Aquaman le laisse mourir en prenant la fuite. David jure alors qu’il fera tout pour détruire Aquaman et venger la mort de son père.

Kane avait en réalité été envoyé par Orm (Patrick Wilson), le roi d’Atlantis et demi-frère d’Arthur, pour rallier le Roi Nereus (Dolph Lundgren) du royaume de Xebel à sa cause et unir leurs forces afin de combattre ensemble les hommes de la Terre surnommés les « Surfaciens ». Excédé par les actions commisses par les terriens qui jettent leurs déchets dans les océans, Orm décide de déclarer la guerre aux Surfaciens et l’alliance avec le roi Nereus est capitale pour exécuter son plan de bataille. Peu de temps après, une vague géante s’abat sur les côtés, ramenant des tonnes de déchets sur les plages qui deviennent inutilisables. Durant l’attaque de la vague, Arthur et son père Tom échappent de près à la noyade grâce à l’intervention héroïque de Mera (Amber Heard), la fille du roi Nereus et fiancée d’Orm. La jeune femme décide ensuite de ramener Arthur à Atlantis où il devra contester le trône d’Orm en tant que fils aîné de la reine Atlanna. Orm décide ensuite d’affronter Arthur en duel, mais le trident de ce dernier est brisé, et Mera réussit à l’évacuer in extremis, pourchassés par des gardes atlantes. Nuidis Vulko aide ensuite Arthur et Mera en leur remettant un plan censé les conduire au trident légendaire qui se trouverait caché quelque part dans le Sahara. Découvrant là bas une antique cité atlante et un message du roi Atlan, Arthur et Mera obtiennent un nouvel indice et doivent ensuite se rendre en Sicile, mais ils sont alors attaqués par Kane devenu le maléfique Black Manta. Leur dernière étape les conduira dans une mer secrète dissimulée derrière une chute d’eau au fond du royaume de la Fosse, où ils feront une découverte cruciale.

UN FILM D’AVENTURE A L’ANCIENNE

« Aquaman » se veut comme une sorte de retour aux sources, à une époque où le cinéma d’aventure mettait en scène des héros courageux et vaillants qui ne se prenaient jamais trop au sérieux, avaient toujours une petite réplique qui faisait mouche, défonçaient des méchants par centaine et finissaient toujours par séduire une jeune femme. Par ailleurs, on se souvient que le personnage tiré des comic books de chez DC et campé par le colosse Jason Momoa était déjà apparu dans « Batman V Superman » en 2016 puis « Justice League » en 2017. Énorme succès à sa sortie en salles en 2018 (le film a coûté environ 200 millions de dollars et en a rapporté 1 milliard dans le monde entier!) « Aquaman » fonctionne d’abord parce qu’il est fidèle à l’esprit de la bande dessinée d’origine et ensuite parce que les producteurs ont enfin compris que le public en avait marre de voir des super-héros torturés et désabusés dans des environnements sombres et cyniques déshumanisés. Ici, comme dans « Wonder Woman », on retrouve l’ambiance de ces films d’aventure d’antan, où seul les motivations morales du héros comptaient : sauver le monde d’un terrible danger, sauver leur promise, etc.

Malgré ses effets spéciaux énormes – incluant la participation des vétérans d’ILM – et un bon scénario, « Aquaman » n’est pourtant pas exempt de défaut. Le film est un peu long (cela devient une habitude chez DC Comics), les dialogues sont passables et certains éléments de l’histoire – les différentes alliances et les intrigues politiques – un brin alambiquées pour pas grand-chose. Néanmoins, il faut apprécier la qualité technique dont les effets visuels complexes auront nécessité la participation de pas moins de 6 studios d’effets spéciaux et des milliers d’heures de travail acharné, ne serait-ce que pour reconstituer le monde aquatique d’Atlantis et ses différentes créatures, sans oublier des scènes sous-marines très complexes à réaliser. Le casting, solide, incluant quelques vétérans du cinéma américain (Nicole Kidman, Willem Dafoe, Dolph Lundgren) et des valeurs sûres comme Patrick Wilson, Jason Momoa ou Amber Heard, le tout avec une direction d’acteur impeccable. Le film ne se prend pas trop au sérieux, l’ambiance alterne entre les scènes d’action dantesques et les touches d’humour sans oublier une bataille finale aquatique absolument gigantesque, véritable clou du spectacle, d’autant qu’on s’attache rapidement au duo Aquaman/Mera et on apprécie les différentes péripéties qu’ils vivent dans leur quête pour le trident légendaire qui va les amener du Sahara jusqu’à la Sicile. Après « Wonder Woman », il s’agit à coup sûr de l’un des meilleurs films DC du moment, qui devrait rapidement séduire tous les fans des comic books et du personnage d’Aquaman !

UNE PARTITION D’AVENTURE TRÈS EIGHTIES

C’est le compositeur Rupert Gregson-Williams qui a été engagé pour écrire la musique d’Aquaman, après avoir signé celle de « Wonder Woman » en 2017. A la première écoute, on remarque tout de suite le choix particulier du compositeur de livrer une composition hybride alternant entre l’orchestre traditionnel, les choeurs et des parties électroniques rétro tendance années 80. Le film débutant en 1985, le choix d’écrire une musique aux consonances 80’s/90’s paraissait évident, et Rupert Gregson-Williams développer ce concept en faisant autant référence aux productions Media Ventures d’Hans Zimmer dans les années 90 qu’aux musiques synthétiques de Vangelis à cette époque, et notamment à « Blade Runner » (1982). Ce n’est pas la première fois qu’une telle approche est choisie sur une musique d’action contemporaine, on se souvient d’un travail similaire de Daft Punk sur « Tron Legacy » (2010) ou de M83 et Joseph Trapanese sur « Oblivion » (2013). Dès le début du film, Gregson-Williams dévoile le thème principal du score dans «  Arthur », thème héroïque et noble évoquant fièrement le personnage d’Aquaman et son combat pour sauver le monde des Surfaciens et réclamer le trône d’Atlantis pour y restaurer la paix. Le thème est dévoilé dès le début de « Arthur » avec ses synthés analogiques reconnaissables puis repris par des cuivres amples et triomphants. L’ajout d’une partie rythmique/basse électronique rétro dès 1:27 nous plonge immédiatement dans l’ambiance années 80 de la musique d’Aquaman.

ANALYSE DE LA MUSIQUE

Dès 2:19, la rythmique synthétique de « Arthur » se rapproche ici indubitablement du « Blade Runner » de Vangelis avec ses effets sonores de synthés analogiques. On découvre le monde d’Atlantis dans « Kingdom of Atlantis » lorsqu’Arthur et Mera arrivent à Atlantis pour y affronter Orm. Les synthétiseurs sont utilisés ici pour suggérer l’environnement aquatique avec des sonorités new age 80’s planantes, un peu comme le fit Eric Serra dans sa musique du film « Atlantis » de Luc Besson en 1991. Il y a un sentiment d’émerveillement, de grandeur et de découverte dans « Kingdom of Atlantis », avec ses harmonies nobles et solennelles, ses choeurs grandioses et ses synthés vibrants qui créent une ambiance quasi surréaliste et onirique lors de la découverte du royaume d’Atlantis. Le premier thème est entendu aux synthés dès 0:41. A noter la façon dont le compositeur mélange les harmonies du thème d’Aquaman et celles d’Atlantis dès 1:49, symbolisant le lien qui existe entre le super-héros et son royaume d’origine. « It Wasn’t Meant to Be » dévoile un autre thème du score associé aux parents d’Arthur, un motif de 5 notes mélancoliques, romantiques et nostalgiques, dominées ici par les cordes, le piano et le duduk arménien. Le thème évoque l’amour qui unit Tom et Atlanna et leur impossibilité de concrétiser leur relation, venant de deux mondes que tout oppose. « Atlantean Soldiers » présente ensuite le thème sombre et menaçant pour Orm, le demi-frère d’Arthur et actuel roi d’Atlantis. Le thème d’Orm est dominé par ses sonorités électroniques graves et ses accents guerriers. Dès 1:45, on retrouve un autre thème clé du score, le motif de 3 notes descendantes, agressives et entêtantes de Black Manta, largement développé pendant plus de 2 minutes dans « Black Manta ».

Le thème du bad guy évoque clairement l’obsession de vengeance du super méchant et son association avec Orm pour détruire Aquaman. La signature de 3 notes de Black Manta est facile à reconnaître bien que très passe-partout : on aurait souhaité entendre quelque chose d’un peu plus mémorable. « The Legend of Atlan » évoque la quête du trident légendaire d’Atlan à l’aide d’harmonies nobles et mystiques, suivi d’une reprise grandiose du thème d’Atlantis à 0:33. « Swimming Lessons » développe le thème d’Arthur dans une envolée triomphante dès 1:37 – accompagné de percussions massives, de choeurs grandioses et des synthés 80’s - et reprend enfin le thème des parents d’Arthur au piano et violoncelle dès 2:13. La musique de Rupert Gregson-Williams apporte ainsi son lot d’action et d’émotion au film en maintenant une certaine générosité dans ses idées et ses développements thématiques même si la thématique des bad guys – et notamment celle de Black Manta – est plutôt moyenne. « What Could Be Greater Than A King ? » reprend le thème familial au duduk de manière touchante puis dans une très belle envolée orchestrale/chorale à 1:55. Le thème obsédant et répétitif de Black Manta revient dans « Permission to Come Aboard » et « Suited and Booted ». Hélas, ces deux morceaux d’action évoquant la confrontation entre Black Manta et Aquaman/Mera sont bien moins satisfaisants, notamment dans l’emploi ultra lourdingue des percussions et des synthétiseurs, la partie orchestrale étant malheureusement noyée sous la masse.

La bataille dans le village sicilien est illustrée dans « Suited and Booted », débutant sur une superbe envolée héroïque du thème d’Aquaman suivant d’un déchaînement d’action à grand renfort de percussions, de choeurs, de cuivres et de gros synthés massifs. Dommage que le morceau frôle souvent la cacophonie dans ses crescendos surpuissants ultra bourrins et peu réussis. A l’image, la musique fonctionne mais en écoute isolée, difficile de supporter les excès sonores de « Suited and Booted ». « Between Land and Sea » dévoile quand à lui un thème romantique pour Aquaman et Mera, entendu aux cordes dès 1:30, un très beau thème malheureusement peu développé tout au long du film, mais réutilisé pour les besoins de la chanson « Everything I Need » interprétée par Skylar Grey. « Between Land and Sea » se termine par ailleurs sur une reprise grandiose du Love Theme, puissante et prenante mais un peu brève. « He Commands the Sea » accompagne quand à lui la bataille finale, à grand renfort d’allusions au thème héroïque d’Aquaman, au thème d’Atlantis et au motif guerrier d’Orm. A noter ici l’emploi remarquable des cuivres qui renforcent le caractère épique de la bataille, avec les choeurs et les synthés 80’s à la Vangelis.

UNE CONCLUSION GRANDIOSE

L’aventure touche à sa fin avec le retour du thème d’Atlantis dans le grandiose et surpuissant « Reunited ». Plus étonnant, il faut savoir que James Wan a décidé de faire appel à son compositeur habituel Joseph Bishara avec lequel il a déjà travaillé sur ses précédents films horrifiques (« Insidious », « Conjuring », « Insidious 2 », « Conjuring 2 ») pour la scène où Aquaman affronte le Kraten au fond du royaume de la Fosse (« Trench Engaged »). Visiblement, James Wan a voulu faire appel à Bishara pour un style plus expérimental, avant-gardiste et horrifique pour cette scène, le morceau de Bishara, ultra dissonant, répétitif et strident, rompant complètement avec le reste de la partition de Rupert Gregson-Williams (d’ailleurs, on remarque à peine le morceau dans le mixage de cette scène du film!), un choix étrange donc.

Au final, la partition d’Aquaman s’avère être un score assez sympathique mais frustrant sur certains aspects : grandiose lorsqu’il s’agit d’évoquer des thèmes héroïques ou solennel, mais très irritant lorsque l’action se présente et que Gregson-Williams se sent obligé d’en faire des caisses, de mettre des percussions, des synthés et des choeurs partout en oubliant qu’il possède un orchestre à sa disposition. Du coup, on préféra amplement les passages mélodiques très réussies aux parties action ultra brouillonnes du score, faisant d’Aquaman un score inégal, autant dans le film que sur l’album, même si l’on appréciera les qualités d’un thème principal assez mémorable !


---Quentin Billard