1-The Adventures of Han 3.49*
2-Meet Han 2.20
3-Corellia Chase 3.34
4-Spaceport 4.07
5-Flying With Chewie 3.30
6-Train Heist 4.48
7-Marauders Arrive 5.14
8-Chicken In The Pot 2.09
9-Is This Seat Taken? 2.36
10-L3 & Millenium Falcon 3.16
11-Lando's Closet 2.13
12-Mine Mission 4.10
13-Breakout 6.15
14-The Good Guy 5.23
15-Reminiscence Therapy 6.13
16-Into The Maw 4.49
17-Savareen Stand-Off 4.26
18-Good Thing You
Were Listening 2.08
19-Testing Allegiance 4.21
20-Dice & Roll 1.54

*Composé par John Williams.

Musique  composée par:

John Powell/John Williams

Editeur:

Walt Disney Records 050087385996

Album produit par:
John Powell
Musique additionnelle:
Batu Sener, Paul Mounsey,
Anthony Willis

Orchestrations:
John Ashton Thomas, Rick Giovinazzo,
Randy Kerber, Andrew Kinney,
Tommy Laurence, Geoff Lawson

Montage musique:
Ramiro Belgardt, Sally Boldt,
Jack Dolman

Conduit par:
Gavin Greenaway
Préparation musique:
Bethany Brinton, Daniel A. Brown,
Mark Graham, Gregory Jamrok,
Victor Pesavento, Joe Zimmerman,
Ryan Rubin

Assistant production musique:
Simeon Edward
Direction des soundtracks:
Mitchell Leib
Assistant production score:
Soya Soo

Artwork and pictures © 2019 Walt Disney Pictures/Lucasfilm. All rights reserved.

Note: ****1/2
SOLO : A STAR WARS STORY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell/John Williams
Le projet de réaliser un film autour d’Han Solo remonte à de nombreuses années, lorsque George Lucas et Lawrence Kasdan commencèrent à développer une première idée. Les choses changent par la suite avec le rachat de Lucasfilms par Walt Disney Compagny en 2012. Parmi les films dérivés de l’univers « Star Wars », il y eut d’abord le film d’animation « Star Wars : The Clone Wars » en 2008 et le « Rogue One » de Gareth Edwards en 2016. « Solo : A Star Wars Story » est donc le troisième spin-off de la franchise, prévu à l’origine pour Phil Lord et Chris Miller avec les frères Lawrence et Jon Kasdan au scénario. Le film revient sur la jeunesse d’Han Solo (Alden Ehrenreich) sur la planète Corellia au début de l’histoire. Solo cherche à s’emparer du coaxium, un précieux carburant pour vaisseau spatial qui lui permettra de fuir l’organisation criminelle des « Vers Blancs » dirigée par Lady Proxima et Qi’Ra (Emilia Clarke), la fiancée d’Han. Alors qu’il s’apprêtent à franchir la douane de l’Empire, Han et Qi’Ra sont brusquement repérés et obligés de se séparer. Han jure alors qu’il fera tout pour revenir et sauver sa fiancée et s’enrôle dans l’armée de l’air de l’Empire. Trois ans après, Han Solo combat aux côtés des soldats de l’Empire sur la planète Mimban, où il se fait capturer et jeter dans une fosse avec le Wookie Chewbecca (Joonas Suotamo). Han parvient à s’en tirer in extremis car il connaît le langage des Wookies et réussissent à s’enfuir tous les deux.

Solo retrouve ensuite Tobias Beckett (Woody Harrelson), qui dirige un groupe de contrebandiers et accepte d’engager Han et Chewbecca pour son prochain coup : dérober une précieuse cargaison de Coaxium sur la planète Vandor, mais les contrebandiers sont attaqués par les pirates Cloud-Riders d’Enfys Nest (Erin Kellyman). Peu de temps après, Han découvre que Tobias travaille en réalité pour l’Aube Écarlate, organisation dirigée par Dryden Vos (Paul Bettany). Il découvre également que sa fiancée Qi’Ra, qu’il n’a pas revue depuis des années, est devenue la compagne de Vos. Han doit désormais se racheter après l’échec sur Vandor et propose à Vos de dérober le Coaxium brut sur la planète Kessel pour le faire raffiner sur la planète Savareen et le ramener ensuite à Vos. Pour se faire, Han et son équipe vont devoir trouver un moyen de récupérer le Faucon Millenium du trafiquant Lando Calrissian (Danny Glover), en le défiant au Sabacc, un jeu de carte. Calrissian gagne la partie mais accepte quand même de rejoindre Han et ses amis pour le coup sur Kessel.

UN WESTERN FUTURISTE PEU ORIGINAL

Annoncé comme une sorte de western futuriste, le projet prend un mauvais virage avec l’annonce du renvoi des deux réalisateurs pour cause de différend artistique avec la productrice Kathleen Kennedy courant 2017 (Lord et Miller seront finalement crédités au générique en tant que producteurs délégués du film). Finalement, c’est Ron Howard qui hérite du film et doit boucler un tournage assez compliqué : de nombreuses scènes supplémentaires sont finalement tournées au dernier moment, le jeu d’acteur du jeune Alden Ehrenreich ne convainc par le studio qui est obligé de faire appel à un coach artistique afin d’améliorer ses performances devant la caméra, et les scènes tournées précédemment avec Michael K. Williams, indisponible au moment où de nouvelles séquences doivent être filmées, sont purement et simplement supprimées au montage, tout cela ayant entraîné un surcoût de la production, le budget passant ainsi de 100 à 200 millions de dollars. L’histoire de « Solo » se déroule après la fin de la République Galactique et après la création de l’Empire, soit 10 ans avant les événements de « Star Wars : A New Hope ».

A sa sortie en salles en 2018, le film ne convainc ni le public ni les critiques françaises, même si le film est bien mieux reçu aux Etats-Unis. Les résultats modestes de « Solo » au box-office (le budget final est estimé aux alentours de 300 millions de dollars et le film n’en rapporte que 392, ce qui n’est pas jugé suffisant pour le studio Disney) déçoivent et font se poser de sérieuses questions quand à l’avenir des futurs films dérivés de la franchise « Star Wars ». En voulant évoquer la jeunesse de l’un des personnages emblématiques de la saga, le film de Ron Howard a bien du mal à convaincre sur la longueur, à commencer par un scénario qui ne raconte finalement pas grand-chose, hormis de fournir aux fans quelques réponses sur le passé de Solo. Conçu comme une sorte de western doublé d’un heist movie ou film de cambriolage, « Solo : A Star Wars Story » est un film d’aventure plaisant à regarder, réalisé à l’ancienne à la façon des films d’aventure des années 80, mais étrangement vide de toute substance. Pas de réflexion particulière sur la mise en scène, une direction d’acteur inégale et des longueurs importantes (le film fait 135 minutes alors qu’il ne raconte rien de particulier : c’est interminable pour ce type de film!). « Solo » est donc un divertissement efficace mais qu’on oublie rapidement, et qui est à des années lumières du brio de « Rogue One » sorti en 2016.

UNE PARTITION D’AVENTURE ÉPIQUE

Quelle ne fut pas la surprise des fans en apprenant que John Powell avait été choisi par la production pour composer la musique de « Solo : A Star Wars Story ». Il se trouve par ailleurs que Powell est lui-même un fan de Star Wars, on peut donc s’imaginer qu’il prit le projet avec passion et enthousiasme. Écrite pour une grande formation symphonique incluant des choeurs, des percussions et des éléments électroniques discrets, la musique de « Solo » contient par ailleurs un thème principal mémorable composé par John Williams et réutilisé par Powell tout au long de sa partition, thème nommé « The Adventures of Han ». Il s’agit d’une nouvelle mélodie d’aventure héroïque dont seul Williams possède le secret, même si le « Adventures of Han » n’est sûrement pas le nouveau grand thème classique et inoubliable attendu par les fans du maestro américain.

Néanmoins, il faut saluer l’initiative du studio d’avoir fait appel au légendaire compositeur des « Star Wars » pour écrire ce nouveau thème principal tout de même très sympathique, que John Powell va ensuite décliner à toutes les sauces dans sa propre musique. A la première écoute, aucun doute possible : Powell est déchaîné et s’est embarqué sur « Solo » avec une véritable passion qui fait énormément plaisir à entendre, apportant un punch et une énergie particulière au film de Ron Howard. La musique de « Solo » est écrite dans une veine classique qui allie la puissance des leitmotive au style d’écriture riche et généreux du musicien anglais, dans la continuité des « How To Train Your Dragon » ou « Pan ».

ANALYSE DE LA MUSIQUE

Le film débute sur les chapeaux de roue avec « Meet Han », premier morceau d’action majeur dès l’intro du film où l’on retrouve le style orchestral habituel de Powell, avec tout un flot de percussions déchaînées. Powell réutilise ici le thème principal de Williams constitué en réalité de deux phrases : une phrase A qui s’apparente à une longue mélodie héroïque aux cuivres puis une phrase B qui est un motif rythmique aisément reconnaissable et plus répétitif. Powell va jouer sur ces deux phrases tout au long de « Solo » en y incorporant également ses propres idées. Dès la poursuite avec les hommes de main de Lady Proxima sur Corellia vers le début du film dans « Corellia Chase », le compositeur nous offre un morceau d’action tonitruant, héroïque et survolté. Powell joue ici sur une série de variations autour des phrases A et B du thème d’Han Solo, avec un flot quasi continu de percussions diverses. A noter ici l’écriture des cuivres (et notamment des trompettes) qui s’inscrit clairement dans la continuité des musiques de John Williams pour la franchise Star Wars. Les envolées héroïques se multiplient ici à la manière des grandes musiques d’aventure des années 80/90. On est seulement dans les 5 premières minutes du film et le score de « Solo » est déjà en train de nous en mettre plein les oreilles pour notre plus grand plaisir !

« Spaceport » prolonge l’approche classique et aventureuse voulue par John Powell pour la scène où Han et Qi’Ra doivent s’échapper du spaceport après avoir été repérés. Le thème d’Han est de nouveau très présent, incluant ici pas mal d’allusions au motif B rythmique de Williams. A 2:44, Powell dévoile l’un de ses nouveaux thèmes, un thème romantique pour Han et Qi’Ra dévoilé ici de manière dramatique lorsque la jeune femme se fait arrêter par les gardes de l’Empire tandis qu’Han se trouve de l’autre côté de la barrière. Dans « Flying with Chewie », non seulement on débute sur des allusions aux cors au nouveau thème écrit par Powell pour Chewbecca (c’est la première fois dans la saga Star Wars que ce personnage emblématique de la franchise possède son propre thème!), mais l’on découvre aussi un autre thème du score : celui des contrebandiers de Tobias Beckett à 0:40, motif d’action/aventure de trompettes aux consonances héroïques, façon swashbuckling à l’ancienne. On appréciera également l’envolée héroïque et noble du thème A d’Han Solo à 1:35 lorsque Tobias sauve Solo et Chewbacca d’une zone de guerre.

La dernière partie de « Flying with Chewie » est plus optimiste, aérienne et solennelle alors que toute la bande se dirige vers la planète Vandor : on y retrouve ici un style plus majestueux et touchant qui rappelle certains passages de « How To Train Your Dragon » et « Pan ». Après une intro très calme et intime au début de « Train Heist », mettant l’accent sur les cordes, les bois et la harpe, la musique s’emballe rapidement dès 1:43 pour la première scène de cambriolage où Han, Tobias, Chewbecca et les contrebandiers vont tenter de voler le Coaxium sur le train de Vandor. A noter ici l’emploi des percussions, typiques de John Powell, avec une écriture orchestrale toujours aussi riche, généreuse et bourrée de détails. La dernière partie de « Train Heist » fait même très vaguement référence au « Mars » des « Planètes » de Holst, ce qui permet à Powell de rester dans la continuité des anciennes musiques de John Williams pour la saga « Star Wars ».

Indubitablement, après « Cornellia Chase », « Train Heist » est l’un des morceaux d’action majeur de « Solo ». « Marauders Arrive » illustre quand à lui l’arrivée des Cloud Riders d’Enfys Nest. Powell dévoile ici le thème des pirates du ciel, une puissante mélodie guerrière de cuivres accompagnée d’une grande chorale féminine aux consonances ethniques/exotiques évidentes (on pense parfois à certains passages du « Time Machine » de Klaus Badelt). « Marauders Arrive » est évidemment un autre moment fort de la partition de « Solo » et la preuve que Powell s’est totalement défoncé sur le film de Ron Howard en donnant tout ce qu’il a. A noter ici la façon dont les choeurs illustrent la bataille entre les contrebandiers de Tobias/Han et ceux des Cloud Riders, un passage mémorable du film comme de la musique de Powell.

« Is This Seat Taken » illustre la rencontre entre Han et Lando Calrissian dans le casino pour laquelle le compositeur utilise de manière plus surprenante un mélange de percussions exotiques, guitares et oud pour les décors étranges du casino et le personnage campé par Danny Glover. La musique s’oriente ici vers un style comédie plus léger et inventif, incluant des allusions au thème d’Han aux bois pour la séquence où notre héros défie Lando aux cartes. Les connaisseurs des musiques de John Williams pour la saga « Star Wars » reconnaîtront à coup sûr le célèbre thème des rebelles à 2:00, que Powell reprend ici de manière plus lente pour évoquer le Faucon Millenium de Lando.

« L3 & Millenium Falcon » dévoile un autre thème du score, une sorte de marche ironique pour L3 à 0:26, le droïde de Lando Calrissian. Le thème est exposé ici au tuba sous la forme d’une marche modérée et amusante scandée par un tambourin. Ensuite, on découvre la scène où Han monte à bord du Faucon Millenium pour la première fois. C’est l’occasion pour Powell d’illustrer cette scène avec une envolée chorale grandiose du célébrissime thème de « Star Wars » et du motif des rebelles de Williams vers 1:38, un autre moment fort de la partition de « Solo » qui va ravir les fans de la saga. Le morceau se conclut sur une reprise du thème choral des Cloud Riders, alors que les pirates d’Enfys Nest ont retrouvé la trace d’Han, Lando et leurs amis.

« Lando’s Closet » reprend quand à lui le thème romantique d’Han et Qi’Ra pour un autre passage-clé de la partition de « Solo ». Il s’agit de la scène où les deux amants se retrouvent enfin après des années de séparation. Le thème romantique est ici écrit dans une veine extrêmement classique, suave et raffinée, très proche des musiques romantiques du Golden Age hollywoodien des années 30/40 – on pense à Alfred Newman, Max Steiner ou Miklos Rozsa dans l’emploi caractéristique des cordes - « Mine Mission » illustre ensuite la scène de la mission des héros sur la planète Kessel pour y dérober le Coaxium brut. La première section du morceau débute sur une marche déterminée qui rappelle beaucoup la fameuse « March of the Resistance » de Williams pour « Star Wars : The Force Awakens » (2015). Powell commence à condenser ici ses allusions thématiques : il y a des variations autour du thème d’Han, du motif des contrebandiers de Tobias, du thème ironique de L3 et du thème héroïque de Chewbacca, le tout avec ce style de marche britannique façon Ron Goodwin, Benjamin Britten ou Malcolm Arnold.

« Break Out » accompagne brillamment la scène où les héros s’évadent ensuite du camp minier de Kessel. A noter ici la superbe envolée triomphante du thème de Chewbacca à 0:44 lorsque le Wookie décide de libérer ses camarades retenus prisonniers dans les mines de Kessel, un passage absolument magistral qui vous collera quelques frissons à coup sûr ! Le thème d’Han décolle à son tour à 1:51 dans une envolée triomphante grandiose, suivi du thème rythmique B de Solo à 2:13 qui se transforme ici en motif d’action trépidant évoquant les exploits héroïques de la bande. Dès la troisième minute, la musique résonne alors de manière tragique alors que le combat prend une mauvaise tournure – L3 est détruit par les soldats de l’Empire, Lando est blessé et Chewbacca doit faire ses adieux à l’un des siens – A noter également l’allusion au motif des rebelles de « Star Wars » à 4:22. L’évasion de Kessel se termine dans le somptueux « Reminiscence Therapy » qui débute au son du motif du Destroyer impérial repris de « Star Wars : A New Hope » de John Williams. Le morceau – qui va devenir un classique à coup sûr parmi les fans des musiques de Star Wars – accompagne la séquence où Han s’enfuit de Kessel à bord du Faucon Millenium en moins de 12 parsecs (le fameux record absolu d’Han Solo auquel on fait référence dans les premiers films de la saga Star Wars).

« Reminiscence Therapy » reprend des segments de « TIE Fighter Attack » de « Star Wars A New Hope » (1977) et « Asteroid Field » de « The Empire Strikes Back » (1980) de John Williams qu’il réadapte à sa sauce (par exemple en ajoutant des percussions pour le segment reprenant « TIE Fighter Attack »). Le morceau est un véritable cadeau aux fans des musiques de la franchise : Powell s’éclate en développant ses variations autour de ces morceaux musicaux cultes de « Star Wars » (par exemple l’envolée du thème principal de Williams à 3:15) et s’en donne ici à coeur joie pour cette scène-clé du film de Ron Howard, incluant des envolées triomphantes du thème A d’Han aux trompettes à 4:12 ou du thème optimiste de Chewbacca à 2:55.

UNE CONCLUSION HEROIQUE ET AVENTUREUSE

L’action ne se relâche pas un seul instant avec « Into the Maw » qui conclut la scène d’évasion en Faucon Millenium. On retrouve ici des allusions au thème de la marche de « Mine Mission » mais la musique paraît ici plus sombre et menaçante alors qu’Han et ses amis tentent d’échapper au Maw Cluster, un puissant nuage de gaz et de formes vivantes qui aspire tout ce qui gravite dans son entourage. Powell illustre la monstruosité du Maw en ayant ici recours à quelques passages dissonants et chaotiques (notamment dans l’emploi des cuivres et des choeurs) débouchant sur une nouvelle envolée triomphante du thème cultissime de Star Wars à 3:48. « Savareen Stand-Off » illustre finalement le duel final sur Savareen entre Han, Tobias et Enfys Nest qui vient de les retrouver. A noter ici l’emploi de sonorités électroniques cristallines qui apportent une ambiance particulière à la scène. La musique devient plus sombre vers 2:31 avec l’ajout de choeurs masculins graves et menaçants qui rappellent la thématique des Sith dans la saga Star Wars de Williams, accompagnant ici des allusions au thème des Cloud Riders d’Enfys Nest. Enfin, c’est le duel final entre Han et Tobias dans « Good Thing You Were Listening » qui se conclut de manière tragique et sombre avec une écriture plus tourmentée des cordes, reprenant le thème des contrebandiers de façon dramatique et poignante.

« Testing Allegiance » illustre finalement le dernier acte du film alors qu’Han et Chewie s’associent avec Enfys Nest et les Cloud Riders pour dérober le Coaxium chez Dryden Vos, affrontant par la même occasion les troupes de l’Aube Écarlate. Le thème d’Han est repris ici de manière plus brutale avec les percussions guerrières des pirates du ciel pour suggérer l’alliance entre les deux ennemis, à partir de 1:46. Le thème romantique d’Han et Qi’Ra est repris ensuite durant le dernier segment de « Testing Allegiance », avec notamment l’emploi magnifique d’un piano soliste touchant accompagné par l’orchestre. L’aventure s’achève avec « The Good Guy » (placé de manière erronée sur l’album alors qu’il devrait logiquement se trouver à la fin) alors que Qi’Ra avoue à Han que leur relation ne fonctionnera jamais et qu’il est préférable qu’ils se séparent. Powell développe ici une dernière fois le thème romantique de manière plus mélancolique et poignante avec un classicisme élégant et raffiné absolument remarquable. Le morceau se termine par ailleurs sur une coda plus agressive et agitée, reprenant la thématique chorale et guerrière des Cloud Riders d’Enfys Nest. Enfin, le film se termine avec « Dice & Roll », alors qu’Han a retrouvé Lando dans un autre casino et le défie une nouvelle fois au Sabacc pour acquérir le Faucon Millenium (on connaît d’ailleurs l’issue de la scène). La conclusion se termine avec une puissante reprise du thème des rebelles à 1:12 et du thème d’Han Solo, et ce juste avant le générique de fin qui n’a pas été inclus sur l’album.

Ainsi donc, on ressort absolument conquis et ravis de l’écoute de « Solo : A Star Wars Story ». John Powell démontre encore une fois qu’il est l’un des plus grands compositeurs travaillant à l’heure actuelle à Hollywood et rend un hommage absolument magistral à l’univers musical de « Star Wars » avec cette partition fabuleuse de bout en bout, un vrai cadeau aux fans et aux admirateurs du compositeur. Si le film vous a laissé indifférent, ne boudez pas pour autant votre plaisir et foncez découvrir la musique de « Solo », qui reste l’atout majeur du film de Ron Howard, apportant une énergie et une force implacable aux images tout en constituant une écoute d’une qualité exceptionnelle d’un bout à l’autre du film. Rares sont les musiques de film hollywoodiennes modernes à avoir su renouveler à ce point avec le classicisme d’écriture d’antan, les grandes heures des pages symphoniques de notre passé et le langage mélodique et thématique extrêmement généreux des maîtres du genre. C’est pourtant l’exploit musical qu’a relevé haut la main John Powell sur « Solo : A Star Wars Story », qui se paie tout de même le luxe de nous livrer l’une des meilleures musiques de film américaines de l’année 2018, rien que cela : incontournable, donc !


---Quentin Billard