1-Godzilla 3.10*
2-Godzilla Main Title 2.34**
3-Memories of San Francisco 2.11
4-The Larva 4.23
5-Welcome to Monarch 2.54
6-Outpost 32 7.03
7-Ice Breaker 2.33
8-Rise of Ghidorah 2.59
9-Old Rivals 3.49
10-The First Gods 5.18
11-Rodan 5.23
12-A Mass Awakening 5.32
13-The One Who is Many 5.37
14-For Andrew 1.18
15-Stealing the Orca 3.04
16-The Hollow Earth 5.25
17-The Key to Coexistence 2.18
18-Goodbye Old Friend 2.54
19-Rebirth 2.03
20-Fog Over Fenway 2.53
21-Battle in Boston 7.51
22-Redemption 4.11
23-King of the Monsters 3.34
24-Ghidorah's Theme 2.41
25-Mothra's Song 2.10***

*Ecrit par Donald Roeser
Interprété par Serj Tankian
Produit et arrangé par Bear McCreary
Mixé par Jason La Rocca
**Ecrit par Akira Ifukube
***Ecrit par Yuji Koseki.

Musique  composée par:

Bear McCreary

Editeur:

WaterTower Music WTM32002

Orchestrations:
Edward Trybek, Jonathan Beard,
Henri Wilkinson

Orchestrations additionnelles:
Jamie Thierman, Benjamin Hoff,
Jordan Cox, Jeff Tinsley,
David Volpe

Mixage:
Simon Rhodes, Casey Stone,
Johnny Solway, Greg Hayes

Montage:
Michael Baber, Daniel Waldman
Album produit par:
Bear McCreary, Joe Augustine

Artwork and pictures © 2019 Warner Bros/Legendary Entertainment. All rights reserved.

Note: ****
GODZILLA :
KING OF THE MONSTERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bear McCreary
Après un reboot plutôt réussi en 2014 (et qui effaçait d’un coup l’échec total du nanar de Roland Emmerich de 98), « Godzilla » version U.S. est de retour dans une suite encore plus explosive et spectaculaire confiée cette fois-ci à Michael Dougherty, réalisateur de comédies horrifiques telles que « Trick ‘r Treat » (2008) ou « Krampus » (2015). Le film prolonge l’univers du MonsterVerse initié par Warner Bros et Legendary Entertainment, aux côtés de la Toho, depuis « Godzilla » (2014) et « Kong : Skull Island » (2017). A l’instar du premier film de Gareth Edwards, « Godzilla : King of the Monsters » se veut comme une sorte de recréation occidentalisée de l’univers imaginé par la Toho et réalisé en 1955 par Ishiro Honda. Par ailleurs, il faut se souvenir que le film en question avait déjà été récupéré par les américains dans une version intitulée justement « Godzilla, King of the Monsters », sortie en 1956 mais incluant de nouvelles scènes tournées à Hollywood et entièrement doublé avec notamment la participation de l’acteur Raymond Burr. Cette nouvelle mouture version 2019 n’est d’ailleurs pas en lien avec le film de 56. L’histoire se déroule 5 ans après les événements de 2014 lors du combat entre Godzilla et les Muto. L’agence Monarch met tout en œuvre pour combattre des créatures gigantesques nommées les Titans, surgissant des profondeurs de la Terre et qui dominaient autrefois la Planète.

En 2019, la paléobiologiste Emma Russell (Vera Farmiga) travaille pour le compte de Monarch sur l’étude des Titans mais ne parvient pas à se remettre de la mort de son fils Andrew lors de l’attaque de 2014. Elle a conçu l’Orca, un appareil imaginé par son ex-mari Mark (Kyle Chandler) et qui possède la particularité d’émettre des signaux sonores émis par les créatures. Emma travaille en Chine et vit avec sa fille Madison (Millie Bobby Brown) sur le site d’un spécimen sur le point de naître. La créature, ressemblant à un papillon gigantesque, est rapidement nommée Mothra. Peu de temps après, un commando dirigé par l’écoterroriste Alan Jonah (Charles Dances), ancien colonel de l’armée britannique, attaque le site et kidnappe Emma et Madison. A Washington, le dirigeant de Monarch, le docteur Ishiro Serizawa (Ken Watanabe), apprend le kidnapping d’Emma et Madison ainsi que l’éveil de Mothra. Face à l’urgence de la situation, il décide de contacter Mark Russell, l’ex-mari d’Emma et père de Madison, ancien membre de Monarch qui travaille désormais comme photographe menant des études sur les loups.

Mark accepte d’aider Monarch à sauver sa famille et récupérer l’Orca, son vieux projet qu’il croyait détruit depuis des années. Le commando dirigé par Jonah arrive alors sur le site 32 en Antarctique où le corps congelé du Monstre Zéro est sur le point d’être libéré : il s’agit du monstrueux King Ghidorah, une gigantesque hydre à trois têtes et plus grand ennemi de Godzilla. Monarch tente d’empêcher la libération de Ghidorah mais il est trop tard. Une fois le Monstre Zéro lâché, les attaques de Titans se multiplient un peu partout sur Terre. Mark, Serizawa et toute l’équipe de Monarch découvrent alors les véritables intentions des écoterroristes. Godzilla ressort enfin des profondeurs pour combattre les deux nouveaux Titans qui menacent le monde entier : Ghidorah et Rodan, le ptérosaure surpuissant. Mais le roi des monstres peut désormais compter sur l’aide de Mothra, pendant que les humains vont tenter d’empêcher l’extinction de l’humanité toute entière.

UN FILM « KAIJU EIGA » A L’AMÉRICAINE

A l’instar du « Godzilla » de 2014 ou du « Pacific Rim » de Guillermo Del Toro, « Godzilla : King of the Monsters » est un hommage plus qu’évident au cinéma de monstres japonais des années 50/60, rien de plus. Ceux qui ont bien voulu y voir autre chose que cela se sont fourvoyés sur toute la ligne. Hélas, le film est mal reçu par la critique à sa sortie en 2019 et a bien du mal à convaincre le public (le film rapportera 385 millions de dollars mais est considéré comme un échec au box-office). Le principal problème du film vient surtout de son scénario sans consistance et du caractère ultra lisse de la mise en scène de Michael Dougherty, un yes-man sans personnalité qui n’avait de toute évidence pas les épaules suffisamment solides pour assumer la création d’un blockbuster aussi surdimensionné. Disons le franchement : Dougherty n’est pas Gareth Edwards !

Là où le film de 2014 proposait des idées de mise en scène mémorables (la séquence anthologique du saut en parachute) et une galerie de personnages réussis, le deuxième épisode de 2019 peine à convaincre, tant l’ensemble demeure formaté à l’extrême de bout en bout. Et pourtant, on se plaît à suivre les péripéties d’une bande de héros qui tentent de sauver la planète entière face à une multitude de menaces, humaine comme animale, ou « titanesque » devrions-nous dire. Ici, tout a été multiplié par deux : Godzilla est accompagné cette fois de trois des plus grands monstres de la Toho : Mothra, Ghidorah et Rodan ! C’est l’occasion pour ce blockbuster de mélanger les influences, asiatiques (l’actrice chinoise Zhang Ziyi, vue récemment dans « The Cloverfield Paradox » en 2018 et qui change ici de look pour l’occasion ; le vétéran japonais Ken Watanabe) comme occidentales, avec son lot de mythes fantaisistes au sujet des monstrueux Titans qui vivaient sur Terre bien avant la venue de la race humaine.

Niveau casting, le film accumule les têtes connues et les seconds rôles à la pelle : on retrouve notamment quelques vétérans comme David Strathairn, Bradley Whitford, CCH Pounder ou Charles Dance, trois rôles principaux solides campés par Kyle Chandler, Vera Farmiga et la jeune Millie Bobby Brown. Techniquement parlant, le film est tout bonnement hallucinant et nous promet des batailles de monstres géants absolument saisissantes. « King of the Monsters » fait clairement dans la surenchère et l’action demeure plus présente que dans le film de 2014, mais l’ensemble manque cruellement d’idées, d’originalité et de fantaisie. Malgré l’opulence visuelle des effets spéciaux et les moyens pharaoniques mis en œuvre dans le film, les événements sont ici trop prévisibles, le scénario se contente du minimum syndical malgré quelques twists maigrichons avec notamment les traditionnelles séquences tragiques de héros qui se sacrifient, le principal souci venant du fait que le film se prend un peu trop au sérieux et n’arrive pas à prendre de la distance par rapport à son sujet (d’autant que les dialogues sont creux et peu inspirés). Cela fonctionnait dans le « Godzilla » de 2014 car Gareth Edwards avait su apporter quelque chose de particulier à son film, dans sa construction comme dans sa forme, mais ici, le caractère lisse et aseptisé de l’entreprise peine à convaincre et montre déjà les limites du MonsterVerse. On retiendra néanmoins des Titans superbement réalisés, quelques plans apocalyptiques très soignés (Ghidorah au sommet du volcan avec la croix à l’avant-plan) et une bande son de qualité. On retrouvera par la suite nos chers monstres dans « Godzilla vs. Kong » prévu courant 2020.

UNE PARTITION APOCALYPTIQUE

Après un score de grande qualité signé Alexandre Desplat pour « Godzilla », puis une partition non moins solide d’Henry Jackman pour « Kong : Skull Island », c’est au tour du compositeur américain Bear McCreary de signer la musique de « Godzilla : King of the Monsters ». Le compositeur, qui s’est fait connaître à la télévision (« Battlestar Galactica », « Eureka », « Terminator : The Sarah Connor Chronicles »,  Caprica », « Human Target », « The Walking Dead », « Black Sails », « Outlander », « Chance », etc.) et dans les jeux vidéo (« Dark Void Zero », « SOCOM 4 », « Defiance », « Assassin’s Creed Syndicate », « God of War » version 2018, etc.) commence à percer progressivement dans le cinéma depuis quelques années, où il alterne souvent entre séries-B et productions plus conséquentes. Ces dernières années, McCreary s’est surtout fait remarquer sur « 10 Cloverfield Lane » (2016), « Colossal » (2016), « Happy Death Day » (2017) ou « The Cloverfield Paradox » (2018). Il paraissait donc tout indiqué pour « Godzilla : King of the Monsters », sur lequel le musicien saisit la chance d’écrire une partition colossale avec un très grand orchestre et un effectif choral conséquent. McCreary en profite également pour rendre un hommage saisissant au travail du compositeur japonais Akira Ifukube sur le célèbre film de 1955.

ANALYSE DE LA MUSIQUE

« Godzilla Main Title » débute au son d’un puissant arrangement du célèbre thème d’Akira Ifukube pour le film de 1955. Bear McCreary développe ici le fameux thème iconique sous la forme d’une marche implacable pour un très grand orchestre dominé par des cuivres robustes, des cordes frénétiques, des percussions et des choeurs masculins puissants scandant « godzilla ! » selon la tradition japonaise des kakegoes – une tradition vocale issue du théâtre kabuki et des arts martiaux nippons, consistant en des cris ou des encouragements lors des performances artistiques - McCreary verse ici dans la démesure et la puissance sonore de sa musique est incroyablement impressionnante, dans le film comme sur l’album. A noter également l’apport indispensable des traditionnels tambours taikos nippons ainsi que d’un effectif choral supplémentaire, juxtaposé au choeur féminin qui scande les kakegoes. Pour finir, signalons que le puissant motif de cuivres introductif de « Godzilla Main Title » est repris de la partition d’Akira Ifukube pour le film « King Kong vs. Godzilla » de 1962. Dans « Memories of San Francisco », McCreary dévoile le thème mystérieux des anciens, un motif de 3 notes évoquant les récits des Titans qui vivaient dans notre monde il y a des millions d’années, bien avant la venue des humains. A noter l’emploi très particulier du tambour yayl?, une sorte de luth à cordes frottées originaire de la Turquie et dont les sonorités reconnaissables apportent ici une dimension mystique impressionnante à la musique de « Godzilla : King of the Monsters ».

« The Larva » illustre la scène de la naissance de Mothra au début du film avec le premier morceau d’action colossal et démesuré du film. Le compositeur dévoile ici les prémisses de son thème pour Mothra, bien que la mélodie ne soit pas totalement présentée ici. « Welcome to Monarch » dévoile le thème associé à l’organisation Monarch, thème dévoilé aux cuivres (à 0:14 et 0:33) sur fond de rythmes martiaux et puissants. Le thème apporte une dimension solennelle et presque majestueuse à Monarch, suggérant l’idée que l’organisation est la seule capable de contrôler les Titans et d’éviter qu’ils détruisent le monde entier. « Outpost 32 » est un morceau d’action clé du score de Bear McCreary qui introduit le thème de Ghidorah dans le film. Le thème de l’hydre à trois têtes est dévoilé dès 0:42, reconnaissable aux parties vocales évoquant les chants bouddhistes/tibétains. Selon les dires du compositeur lui-même, le « Ghidorah’s Theme » est basé sur le chiffre trois – probablement en référence aux trois têtes du Titan - en plus des chants bouddhistes hypnotisant, le thème de Ghidorah, souvent confié aux cuivres, est constitué de trois cellules de trois notes, accompagné des sonorités envoûtantes du tambour yayl ? turc, le tout sur une mesure à 3 temps évidemment ! Le troisième thème est celui de Mothra, la créature en forme de papillon angélique. La « Mothra’s Song » est issue en réalité du morceau écrit par Yuji Koseki pour le film « Mosura » d’Ishiro Honda sorti en 1961. C’est aussi le seul thème qui ne soit pas dans l’agressivité mais plutôt dans une forme de douceur grâce à sa mélodie et sa flûte ethnique aux consonances vaguement péruviennes, le tout accompagné de rythmes entêtants des tambours taikos, des cordes et des choeurs, probablement l’un des plus beaux thèmes du score de McCreary (même si la mélodie n’est pas de lui à la base…).

Le quatrième thème est celui de Rodan, qui apparaît assez tardivement dans le film. Rodan est une créature gigantesque en forme de ptérodactyle géant que rien ne semble pouvoir arrêter. A l’inverse de Mothra, le thème de Rodan est clairement ici dans l’agressivité. Il débute par ailleurs aux sons de « cris » stridents des cors et de cordes survoltées qui rappellent étrangement un passage du « Alien 3 » d’Elliot Goldenthal (1992), le tout sur fond d’ostinato martial des cordes et de cuivres déchaînés. A 2:30, les taikos entament alors un nouveau rythme plus frénétique avec le retour des « hurlements » aigus des cors dans un registre extrême. A 2:59, les choeurs masculins reviennent pour scander en rythme le nom de « Rodan » en kakegoe. En plus du thème de Monarch et du thème des Ancients, le dernier thème est celui de la famille d’Emma et Mark Russell, plus intime et mélancolique, apparaissant occasionnellement dans le film. Dans « Outpost 32 », le thème de Monarch est développé assez longuement, juxtaposé à des éléments associés à Ghidorah, lorsqu’Emma s’apprête à libérer le Titan de sa prison de glace – à noter ici l’emploi de rythmes électroniques modernes un peu impersonnels à la manière des musiques d’action de Remote Control et franchement pas très intéressants – la séquence se prolonge dans le frénétique « Ice Breaker », autre morceau d’action dantesque parsemé de cuivres déchaînés, débouchant sur le surpuissant « Rise of Ghidorah » pour l’éveil du Titan à trois têtes. Le thème de Ghidorah est ici très présent, exposé enfin dans son intégralité avec ses chants bouddhistes/tibétains évoquant le mysticisme primitif lié au gigantesque monstre.

« Old Rivals » est un autre morceau d’action illustrant le tout premier affrontement entre Godzilla et Ghidorah dans le film. Le morceau fait se télescoper la thématique de Godzilla avec ses chants kakegoes et celle de l’hydre à trois têtes avec ses chants bouddhistes de manière intense et puissante. Le thème des Ancients est repris de façon mystérieuse dans « The First Gods ». On y retrouve le luth turc et également le choeur chantant dans un vieux langage babylonien à partir d’un texte anglais écrit à l’origine par Bear McCreary lui-même (vers 1:16). « A Mass Awakening » évoque l’éveil de nombreux Titans un peu partout à travers le monde. On retrouve ici quelques éléments clé du score de « Godzilla : King of the Monsters » : des cuivres robustes, des chants en kakegoe, les chants bouddhistes, des percussions puissantes, des variations autour des thèmes de Ghidorah qui, après avoir vaincu Godzilla, devient le nouveau mâle alpha, roi des monstres. Son thème apparaît à 2:51, reconnaissable à sa série de trois notes menaçantes, soutenues par les choeurs. Le morceau se termine sur une reprise somptueuse du thème de Mothra (vers 4:53) lorsque la créature apparaît dans toute sa splendeur, sans aucun doute l’un des passages les plus mémorables du film et de sa musique ! La thématique de Ghidorah est également présente dans « The One Who is Many » avec des variations autour du thème de Monarch, alors que l’organisation, dépassée, essaie de trouver désespérément une solution pour contenir tous les Titans qui ont envahi le monde entier.

« Queen of the Monsters » reprend le thème de Mothra d’abord dévoilé ici par des choeurs aux sonorités angéliques. Le thème est ensuite repris de manière grandiose et triomphante par un puissant tutti orchestrale/choral qui symbolise l’espoir qu’incarne Mothra, la reine des monstres. Le thème de Monarch est ensuite développé dans la seconde moitié de « Queen of the Monsters » avec ses rythmes martiaux et ses basses synthétiques obstinées. « For Andrew » dévoile quand à lui le thème familial des Russell à l’aide de cordes intimes et de harpe, en souvenir d’Andrew, le fils d’Emma et Mark décédé à San Francisco durant le combat entre Godzilla et le Muto. « Stealing the Orca » illustre la scène où Madison dérobe l’Orca et se rend ensuite vers le stade de Boston afin de diffuser la fréquence sonore pour attirer les Titans et contrecarrer les plans d’Emma et de Jonah. McCreary reprend ici le thème familial sous une forme ‘action’ plus déterminée, avec ses cordes entêtantes, ses pulsations électroniques et ses cuivres sombres sur fond de chants bouddhistes. « The Hollow Earth » illustre ensuite la séquence où des membres de Monarch découvrent que Godzilla n’est pas mort mais se trouve dans une cité perdue au fond de l’océan, où il essaie de se remettre de ses blessures. ATTENTION : SPOILER - Il règne dans « The Hollow Earth » un sentiment de mystère planant tandis que les poignants « The Key to Coexistence » et « Goodbye Old Friend » évoquent le sacrifice de Serizawa qui va faire exploser la bombe nucléaire pour booster Godzilla et lui permettre de se rétablir immédiatement.

UNE CONCLUSION APOCALYPTIQUE

« Goodbye Old Friend » reprend d’ailleurs le thème élégiaque de « The Key to Coexistence » chanté ici par des choeurs tragiques sur des paroles en babylonien, adaptées là aussi d’un texte original du compositeur. Enfin, on retrouve avec grand plaisir le thème d’Akira Ifukube pour Godzilla dans le grandiose « Rebirth » et le motif de cuivres menaçants de « King Kong vs. Godzilla ». L’immense monstre est de retour, prêt à prendre sa revanche sur Ghidorah et à rétablir l’ordre sur Terre. « Fog Over Fenway » illustre l’arrivée de Ghidorah à Baston, attiré par les ondes sonores de l’Orca. « Battle in Boston » est un autre déchaînement orchestral/choral totalement démesuré pour la longue confrontation entre Godzilla et Ghidorah à la fin du film, 7 minutes d’action épique et monumentale, où se juxtaposent les thèmes des deux Titans. A 2:25, on retrouve le thème de Mothra alors que la reine vient participer à son tour à la bataille, ainsi que le puissant Rodan (vers 3:00) et ses cuivres hurleurs à la Goldenthal. Bear McCreary parvient à développer judicieusement ses quatre thèmes en incorporant des allusions au thème familial et au thème héroïque de Monarch pour évoquer les exploits des humains. ATTENTION SPOILER - « Redemption » illustre de manière dramatique le sacrifice final d’Emma pour stopper Ghidorah pour de bon, tandis que « King of the Monsters » conclut l’affrontement de manière épique et apocalyptique alors que Godzilla réussit enfin à vaincre Ghidorah et s’impose ainsi comme le véritable roi absolu des monstres. A noter d’ailleurs que le morceau s’achève sur des variations grandioses autour du thème des Anciens !

Bear McCreary nous offre donc un score colossal et démesuré pour « Godzilla : King of the Monsters ». Visiblement très inspiré par son sujet, le compositeur de « 10 Cloverfield Lane » s’en donne à coeur joie en offrant au film de Michael Dougherty une musique « larger than life », grandiose, surpuissante et bourrée de très bonnes idées. Avec ses nombreux thèmes, ses choeurs et ses idées instrumentales, « Godzilla : King of the Monsters » est sûrement l’un des meilleurs travaux de Bear McCreary à ce jour pour le cinéma, même si l’on devine par moment certaines influences musicales évidentes. Le score est assez inventif tout en surfant sur les recettes des musiques d’action hollywoodiennes habituelles. Il apporte un tonus particulier au film, contribue à renforcer la puissance des images et des monstres que l’on aperçoit à l’écran, la star de la partition (en dehors du thème de Godzilla) étant évidemment la mélodie associée à Ghidorah, omniprésente tout au long du film avec ses chants bouddhistes caractéristiques. Une chose est sûre : Bear McCreary n’a pas eu froid aux yeux et n’y est pas allé de main morte, et sa musique, puissante et complexe, pourrait bien devenir un classique de la filmographie du compositeur dans les années à venir !



---Quentin Billard