1-This Title Makes Me Jurassic 2.54
2-The Theropod Preservation Society 3.47
3-Maisie and the Island 2.07
4-March of the Wheatley
Cavalcade 2.14
5-Nostalgia-Saurus 1.05
6-Double Cross to Bear 2.32
7-Lava Land 3.17
8-Keep Calm and Baryonyx 2.46
9-Go With the Pyroclastic Flow 3.43
10-Gyro Can You Go? 2.17
11-Raiders of the Lost
Isla Nublar 3.20
12-Volcano To Death 1.38
13-Operation Blue Blood 3.43
14-Jurassic Pillow Talk 2.47
15-How to Pick a Lockwood 3.10
16-Witling Iris 1.11
17-Shock and Auction 2.28
18-Thus Begins the
Indo-Rapture 3.41
19-You Can Be So
Hard-Headed 2.28
20-Between the Devil and
The Deep Blue Free 3.29
21-There's Something
About Maisie 1.20
22-World's Worst Bedtime Storyteller 2.27
23-Declaration of
Indo-Pendence 4.02
24-To Free or Not to Free 3.00
25-The Neo-Jurassic Age 3.33
26-At Jurassic World's End Credits/Suite 10.55

Musique  composée par:

Michael Giacchino

Editeur:

Backlot Music BLM0725

Musique conduite par:
Ludwig Wicki
Orchestrations:
Jeff Kryka
Enregistrement et mixage:
Peter Cobbin, Kirsty Whalley
Monteurs musique:
Paul Apelgren, Joe E. Rand
Album produit par:
Michael Giacchino

Artwork and pictures © 2018 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ****
JURASSIC WORLD :
FALLEN KINGDOM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Giacchino
La franchise « Jurassic Park » se voit offrir un cinquième film avec « Jurassic World : Fallen Kingdom » qui sort en salles en 2018. Ce nouvel épisode est confié cette fois-ci à l’espagnol Juan Antonio Bayona, qui s’est surtout fait connaître dans les années 2000 avec « El Orfanato », « Lo Impossible » et « A Monster Calls ». Ce nouveau « Jurassic World » - qui est le quatrième long-métrage de Bayona - fait suite au film de Colin Trevorrow et se situe trois ans après les événements du précédent opus. Sur Isla Nublar, les dinosaures se sont finalement rendus maître de l’île à la suite de la fermeture du parc d’attraction Jurassic World. Une équipe de militaires se rend alors sur l’île en sous-marin pour y retrouver le squelette de l’Indominus Rex et y extraire son ADN. Mais alors que tout le monde croyait le parc abandonné, les membres de l’expédition sont attaqués par le mosasaure qui est toujours en vie. L’hélicoptère dirigé par une autre équipe récupère finalement les ossements de l’Indominus Rex mais se retrouve attaqué à leur tour par le Tyrannosaure qui a également survécu sur l’île. Au cours de l’attaque, le Tyrannosaure enclenche accidentellement l’ouverture des portes du canal reliant le bassin du mosasaure à l’Océan Pacifique, libérant par la même occasion le mosasaure qui rejoint finalement l’océan. Quelques années plus tard, Claire Dearing (Bryce Dallas Howard) travaille désormais pour une association de protection des dinosaures. Ces derniers sont menacés par l’éveil du Mont Sibo, le volcan d’Isla Nublar qui menace de détruire toute l’île et ses dinosaures.

Le gouvernement américain doit prendre une décision concernant le sort des dinosaures encore en vie sur l’île. Mais le Professeur Ian Malcolm (Jeff Goldblum) influence le Sénat en expliquant qu’il est grand temps de laisser la nature réparer les erreurs de l’homme : les dinosaures sont une espèce éteinte depuis très longtemps et il est grand temps qu’ils le redeviennent. Le gouvernement décide alors de ne financer aucune opération de sauvetage. Mais le milliardaire Benjamin Lockwood (James Cromwell) voit les choses autrement et contacte Claire pour lui demander de l’aide : la jeune femme se rend alors au manoir de Lockwood où elle fait la connaissance d’Eli Mills son associé (Rafe Spall) et Iris Carroll sa majordome (Geraldine Chaplin), ainsi que Maisie (Isabella Sermon), la petite-fille de Lockwood dont la mère est décédée dans un accident de voiture. Mills révèle alors le plan de Lockwood : il projette de poursuivre le travail de son vieil ami John Hammond en sauvant 11 espèces d’Isla Nublar pour les amener vers le « sanctuaire », une nouvelle île sans volcan et sur laquelle les dinosaures seront protégés. Claire se rend ensuite sur Isla Nublar où une équipe de mercenaires tente de retrouver Blue, le vélociraptor qui est encore en vie. Un peu plus tard, Owen Grady (Chris Pratt), ancien dresseur de raptors du parc, rejoint l’équipe de paramilitaire pour retrouver Blue avant que le volcan ne rentre en éruption et provoque la fin de l’île et de ses dinosaures.

FERMETURE DU PARC ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la franchise « Jurassic Park » aura été quelque peu malmenée depuis ces dernières années. Entre un « The Lost World » qui contenait un scénario rachitique, un « Jurassic Park 3 » sans inspiration – qui recyclait toutes les formules des deux premiers films – et un quatrième film qui ressemblait à un reboot sans imagination du classique de Steven Spielberg avec plus de moyens, la saga inspirée à l’origine du roman de Michael Crichton s’est essoufflée très vite, au point de ne plus avoir à raconter grand-chose, en tout cas rien que l’on n’ait pas déjà vu des centaines de fois auparavant. Hélas, « Jurassic World : Fallen Kingdom » n’apportera rien de plus à cet édifice déjà bien branlant. Néanmoins, le film tente quand même d’explorer de nouveaux horizons, en montrant pour une fois le sort tragique des dinosaures au détour d’une séquence mémorable – la seule du film – où l’équipe de Claire et des mercenaires quitte l’île en abandonnant derrière eux des dinosaures et un Brachiosaure sur le bord d’une plage alors que les coulées de lave détruisent l’île et tuent tous ses derniers occupants, séquence déchirante et tragique étonnante dans un film « Jurassic Park ». La deuxième partie du film, plus intéressante, s’apparente à une sorte de film de maison hantée, sauf que les fantômes sont remplacés ici par des dinosaures.

Lorsque les bêtes s’échappent dans le manoir de Lockwood, le film prend une toute autre tournure et se transforme en chasse à l’homme à travers les immenses couloirs de la luxueuse demeure, un changement de décor judicieux mais qui arrive hélas un peu trop tard dans le film. Entre temps, on nous aura de nouveau rabâché les mêmes séquences déjà vu des dizaines de fois sur les anciens films, avec Isla Nublar, le raptor Blue, le Tyrannosaure, le retour de Ian Malcolm joué par le vétéran Jeff Goldblum, etc. Les personnages, complètement interchangeables – l’héroïne, le héros, la petite fille, le vieux milliardaire – n’apportent rien de nouveau au scénario et on a l’impression que les concepteurs de ce métrage ne savent plus quoi inventer et tournent en rond depuis un moment, répétant les mêmes codes depuis maintenant plus de 20 ans. Effectivement, la tentative de transposer le récit dans un manoir est une bonne idée mais cela ne suffit pas à sauver le film d’un certain ennui et d’un sentiment désagréable de déjà-vu. On se serait attendu à autre chose de la part de Juan Antonio Bayona qu’on a connu bien plus inspiré.

Ici, le cinéaste espagnol se livre à l’exercice du film de commande hollywoodien avec un cahier des charges bien rempli et un aspect aseptisé agaçant – il ne faut surtout pas montrer du sang pour éviter un classement au-delà de PG-13 – c’est notamment le cas lorsque Mills se fait couper un bras puis dévorer, tout ça sans la moindre goutte de sang (logique…). Malgré les thèmes abordés savamment – le corporatisme, la quête du profit, la préservation d’espèces et d’écosystèmes menacés, la cohabitation entre l’homme et l’animal – ce « Fallen Kingdom » mérite plus que jamais son nom. On assiste ici à l’effondrement du royaume « cinématographique » des dinosaures, et malgré une fin qui semble tourner à l’avantage de ces géants de l’ère Jurassique – avec le discours final de Malcolm qui annonce que l’humanité devra désormais apprendre à cohabiter avec les dinosaures sur Terre – on reste déçu par ce cinquième épisode peu inspiré bien qu’un peu plus réussi que son prédécesseur. Étant donné le succès colossal du film au box-office 2018, on devine aisément qu’un sixième film débarquera tôt ou tard, en espérant que pour le prochain épisode le studio se décidera enfin à nous offrir un film avec un vrai scénario consistant qui montre autre chose que de simples poursuites basiques entre les dinosaures et les humains. Cela fait 20 ans qu’Hollywood nous offre la même sauce, cette fois, elle semble avariée. Pourquoi ne pas imaginer un futur film « Jurassic World » avec de vrais personnages développés, une intrigue plus travaillée, du vrai suspense voire de l’horreur, du gore, ou tout simplement des prises de risque ?

UN SCORE MASTODONTESQUE ET ÉPIQUE

« Jurassic World : Fallen Kingdom » marque le retour de Michael Giacchino à la musique de ce nouvel épisode après avoir composé le score de « Jurassic World » en 2015. Pour les besoins de ce cinquième film, Giacchino compose une nouvelle et puissante partition orchestrale et chorale, ample et spectaculaire, prolongeant son approche du film de 2015 mais orientée davantage vers l’action et les rythmes survoltés. La musique de « Fallen Kingdom » se compose essentiellement de trois nouveaux thèmes qui viennent s’ajouter aux motifs et mélodies déjà écrites pour « Jurassic World ». Le compositeur met aussi particulièrement l’accent sur les choeurs qui apportent une dimension opératique saisissante au film de Bayona. Le score évoque principalement les sentiments de drame, de terreur et de panique, surtout dans toute la deuxième partie du film et la longue poursuite entre les humains et les dinosaures dans le manoir de Lockwood.

ANALYSE DE LA MUSIQUE

Le premier thème est celui du royaume déchu des dinosaures, le « Fallen Kingdom’s Theme », une mélodie grandiose et puissante introduite à la fin de l’ouverture, « This Title Makes Me Jurassic » (à noter comme toujours chez Giacchino les titres foireux et les touches d’humour dans les noms de ses morceaux !). Le thème du royaume déchu apparaît pour la première fois ici à 2:27 dans une puissante envolée orchestrale/chorale. A noter d’ailleurs ici l’emploi épique des choeurs avec paroles qui apportent une dimension opératique saisissante à la musique de Giacchino dans le film. Le deuxième thème est celui de Claire : il évoque clairement son combat pour préserver les dinosaures, en sauver le plus possible et protéger ses proches par la même occasion. Plus intime, ce thème est souvent confié aux cordes avec harpe et piano, comme à 0:36, où Giacchino le dévoile en toute subtilité avec un certain minimalisme.

Le troisième thème est celui des mercenaires dirigés par Ken Wheatley (Ted Levine), un thème de marche militaire inspiré manifestement de John Williams – et notamment des « Star Wars » - et qui rappelle étrangement les marches nazies de Giacchino pour la série des jeux « Medal of Honor ». Ce thème apparaît pour la première fois dans «  March of the Wheatley Cavalcade » à 0:16. On y devine le côté badass, ultra martial mais un brin ironique voire caricatural de l’écriture de Giacchino, même si les mercenaires de Wheatley n’ont rien d’enfants de choeur dans le film. Pour le reste, on retrouve essentiellement les anciens thèmes de Giacchino pour « Jurassic World » : le thème du parc refait par exemple son apparition dans « The Theropod Preservation Society » à 1:16, lorsque l’équipe se rend de nouveau sur l’île et retrouve les ruines du parc abandonné. C’est d’ailleurs avec un certain plaisir que l’on retrouve ce thème avec un soupçon de nostalgie. A 1:59, Giacchino cite même brièvement un motif de 4 notes issu du célèbre thème de « Jurassic Park » de John Williams, faisant le lien avec les origines de la franchise imaginée par Steven Spielberg dans les années 90. Le morceau se conclut d’ailleurs de manière douce et apaisée sur quelques notes mélancoliques et solitaires de piano de toute beauté.

« Maisie and the Island » dévoile l’écriture plus lyrique de Giacchino avec un mélange de violoncelle, piano et cordes avant de déboucher sur une puissante reprise du « Fallen Kingdom Theme » à 0:59, lorsque l’équipe dirigée par Claire arrive sur l’île. Avec « March of the Wheatley Cavalcade », les choses deviennent plus sérieuses. Après le thème des mercenaires, on retrouve le thème du Jurassic World avec des choeurs dramatiques vers 1:19. Cette fois, le thème n’est plus que l’ombre de lui-même, et semble prendre une tournure plus tragique et sombre, avec des choeurs quasi élégiaques reflétant le désastre de l’ancien parc d’attraction aujourd’hui abandonné. « Nostalgia-Saurus » reprend plus calmement le thème du royaume déchu par des choeurs quasi religieux à 0:13, suivi d’une brève citation au thème de « Jurassic Park » de Williams à 0:43. Enfin, « Double Cross to Bear » met les bouchées doubles et propose le premier morceau d’action explosif de « Jurassic World : Fallen Kingdom ». Un sursaut terrifiant à 0:47 fait soudainement basculer la musique sur le terrain de l’horreur, avec des orchestrations solides privilégiant aussi bien les cuivres, les cordes, les bois que les percussions. Comme toujours chez Giacchino, on note ici la fougue de son écriture orchestrale et le classicisme de ses idées héritées des grands maîtres du genre. Le morceau illustre l’une des scènes d’attaque sur Isla Nublar dans la première moitié du film.

De la même façon, « Lava Land » suggère l’éveil du volcan et la coulée de lave qui menace l’île toute entière et ses habitants. Il s’agit là aussi d’un premier morceau d’action majeur du score avec ses cordes agitées, ses cuivres robustes et un travail autour des percussions – incluant le marimba utilisé pour représenter les décors exotiques de l’île – sans oublier quelques variations autour du thème du royaume déchu. On retrouve clairement ici le style action habituel de Giacchino hérité notamment de ses musiques pour « Star Trek », « John Carter », « Jupiter Ascending » ou « Rogue One ». De la même façon, « Keep Calm and Baryonyx » évoque la scène où Claire et Franklin sont poursuivis par un dinosaure affamé et tentent de fuir la pièce d’un bunker rempli de lave. Giacchino fait monter ici la tension et largue régulièrement de puissants assauts de cuivres féroces et de rythmes complexes pour suggérer le danger et la panique. « Go with the Pyroclastic Flow » utilise de manière inattendue un orgue pour illustrer la scène de l’éruption volcanique qui menace l’île toute entière. A noter ici l’écriture extrêmement rythmique du morceau, que ce soit dans l’emploi des cordes ou des cuivres. Les choeurs apportent une dimension apocalyptique à la séquence illustrée musicalement avec une férocité impressionnante, incluant quelques passages plus dissonants.

La tension monte d’un cran dans « Gyro Can You Go ? » pour la scène où les dinosaures sautent de la falaise pour échapper aux coulées de lave, tandis que Claire et Franklin tentent de s’échapper d’une gyrosphère en train de couler avant d’être sauvés in extremis par Owen.

Plus intéressant, « Raiders of the Lost Isla Nublar » - dont le titre est un hommage plus qu’évident au « Raiders of the Lost Ark » de Williams – reprend le thème martial des mercenaires pour un superbe morceau d’action/aventure très réussi, l’un des meilleurs morceaux de la partition de « Fallen Kingdom » par ailleurs. Toute la séquence sur Isla Nublar se conclut par ailleurs sur le superbe « Volcano to Death », alors que toute l’équipe fuit l’île, abandonnant les dinosaures derrière eux qui sont condamnés à mourir sous les coulées de lave (cf. la fameuse scène déchirante du Brachiosaure au bord de la plage). Giacchino illustre cette scène clé du film en reprenant le thème du royaume déchu de manière tragique avec les choeurs, un grand moment d’émotion de la partition de « Fallen Kingdom ». « Operation Blue Blood » nous amène au deuxième acte du film dans le manoir Lockwood. Giacchino utilise ici des percussions tribales et cite de manière plus mystérieuse le thème du royaume déchu au célesta et aux choeurs à 0:44. On retrouve ensuite le thème de Claire au piano, mélancolique et apaisé à 1:41.

« Jurassic Pillow Talk » propose une nouvelle marche militaire dans l’esprit de celle de Wheatley mais avec une toute nouvelle mélodie. Le morceau – très proche encore une fois de l’esprit des « Star Wars » de Williams ou du « Rogue One » de Giacchino – instaure une dimension martiale saisissante en reprenant un motif secondaire du score déjà entendu dans « Maisie and the Island » (à 0:58) et développé dans « Lava Land » (vers 1:32 et 3:05). Ce motif, associé aux militaires du film, se veut plus sombre et imposant, souvent juxtaposé au thème principal du royaume déchu. Il évoque la conspiration humaine pour récupérer les dinosaures et en faire des armes biologiques pour l’armée. « Jurassic Pillow Talk » est donc essentiellement une puissante variante militaire et ultra belliqueuse de ce motif secondaire pour les mercenaires, avec un côté très « marche impériale » de « The Empire Strikes Back » de John Williams ou des thèmes de marche allemande des « Medal of Honor » de Giacchino. Ne ratez pas d’ailleurs la somptueuse reprise du thème principal de « Fallen Kingdom » à 2:25. « How to Pick a Lockwood » prolonge l’ambiance martiale de « Jurassic Pillow Talk » et fait monter davantage la tension avec la découverte du monstrueux Indoraptor, une nouvelle espèce hybride conçue à partir d’ADN de vélociraptor et de l’Indominus Rex dans les laboratoires du manoir.

Dès lors, Giacchino illustre essentiellement les séquences de traque et de poursuites brutales dans le manoir entre les humains et les dinosaures. « Shock and Auction » illustre la séquence de la vente aux enchères au marché noir dans le manoir où sont réunis des agents corrompus du gouvernement, des trafiquants d’arme et des militaires pour l’achat des dinosaures sauvés sur Isla Nublar. A noter l’emploi très réussi des choeurs à 1:43 qui renforcent la dimension épique et opératique de la musique de Giacchino à l’image, pendant que le compositeur développe un motif entêtant de 5 notes avant de céder la place à un déchaînement orchestral survolté. Ce dernier se concrétise dans le brutal « Thus Begins the Indo-Rapture ». La traque dans le manoir commence alors avec une méga reprise du thème principal à 0:52 à grand renfort de cuivres robustes, de choeurs démesurés et d’orgue aux consonances gothiques pour l’apparition du monstrueux Indoraptor. La musique alterne ensuite entre suspense et terreur pure, comme dans « You Can Be So Hard-Headed ». Le morceau illustre la scène où Claire et Owen relâchent volontairement un dinosaure qui va semer le chaos durant la vente aux enchères et leur permettra de s’échapper du manoir avec la jeune Maisie. Il s’agit ici d’un autre morceau d’action virtuose et déchaîné très réussi.

« Between the Devil and the Deep Blue Free » illustre la séquence où l’Indoraptor, censé avoir été anesthésié, s’éveille, sème le chaos dans le manoir et dévore Wheatley au fond de la cage, dans l’une des scènes les plus terrifiantes du film : à noter qu’on retrouve ici un thème d’action/aventure associé à Owen et le raptor Blue, composé par Giacchino pour « Jurassic World » - le morceau est par ailleurs teinté de touches « comédie » assez réussies, qui cohabitent parfaitement avec la partie plus brutale et terrifiante du morceau - « There’s Something About Maisie » fait monter la tension d’un cran avec ses cuivres dissonants et violents qui créent une atmosphère de terreur pure, pour un énième déchaînement orchestral totalement déchaîné. Le thème principal est ensuite repris à 0:23 dans « World’s Worst Bedtime Storyteller » avec des choeurs démesurés, gothiques et surpuissants (incluant l’orgue et quelques cloches tubulaires). « Declaration of Indo-Pendence » dévoile dès 0:39 un superbe passage tribal reprenant le thème de « Jurassic World » pour le raptor Blue élevé par Owen dans le précédent film. La pièce de Giacchino illustre férocément la scène où le raptor vient en aide à Claire et Owen en attaquant l’Indoraptor dans le manoir : ne ratez pas la puissante reprise du thème de Blue à 3:36 à grand renfort de choeurs !

UNE CONCLUSION DRAMATIQUE MAIS APAISÉE

« To Free or Not to Free » conclut l’aventure avec le retour du motif de 4 notes issu du thème de « Jurassic Park » de John Williams (à 1:34). On retrouve le thème de Claire repris de manière plus triomphante aux cordes à 1:55, pour suggérer l’idée que la jeune femme a survécu à l’enfer aux côtés d’Owen et Maisie, le morceau se concluant par ailleurs sur une reprise du thème de « Jurassic World ». De la même façon, « The Neo-Jurassic Age » accompagne le discours final de Ian Malcolm expliquant au Sénat que l’humanité va devoir apprendre à cohabiter avec une espèce éteinte il y a des millions d’années et que rien n’a préparé le monde à cet événement impossible à prévoir. Giacchino reprend ici le thème du « Fallen Kingdom » de manière mystérieuse avant de déboucher sur une reprise monumentale du thème à 3:00. Enfin, le générique de fin débute avec une reprise intégrale du célèbre thème de « Jurassic Park » de John Williams au début de « At Jurassic World’s End Credits/Suite », 10 minutes récapitulant les principales idées de la partition de « Jurassic World : Fallen Kingdom ».

Au final, Michael Giacchino signe une partition absolument impressionnante et monumentale pour « Fallen Kingdom ». L’écriture du compositeur semble encore avoir gagné en maturité depuis « Jurassic World », certaines idées sont exécutées plus finement et les thèmes deviennent plus mémorables, même si cela reste toujours le principal point faible du compositeur, qui a décidément bien du mal à écrire des mélodies qui laissent un quelconque souvenir, même après plusieurs écoutes. Toujours est il que Giacchino prouve encore une fois qu’il est un compositeur essentiel dans le paysage musical hollywoodien des années 2010, car même si l’on regrette parfois de le voir s’emparer de la plupart des grosses franchises U.S. à l’heure actuelle, sa partition colossale pour « Jurassic World : Fallen Kingdom » vient nous rappeler pourquoi il est le trait d’union essentiel entre la nouvelle génération de compositeurs hollywoodiens et les anciens musiciens comme Jerry Goldsmith ou John Williams. Si la musique fait son boulot dans le film sans aucune originalité particulière, l’écoute sur l’album révèle une richesse ahurissante, dans les orchestrations, l’écriture et la construction thématique, bien plus que dans « Jurassic World » : ne ratez donc pas le nouvel opus musical mastodontesque de Michael Giacchino !



---Quentin Billard