1-SHAZAM! 3.59
2-The Counsul of Wizards 3.01
3-Seeking Spell 2.33
4-Compass 3.26
5-Seven Symbols 4.17
6-The Rock of Eternity 4.17
7-Subway Chase 0.45
8-It's You Or No One 4.59
9-Dude, You're Stacked 1.18
10-This is Power 2.32
11-Bus Rescue 2.29
12-You're Like A
Bad Guy, Right? 1.16
13-Them's Street Rules 0.48
14-Superman It 0.55
15-Super Villain 1.39
16-You Might Need It
More Than Me 5.38
17-Come Home Billy 3.02
18-Give Me Your Power 1.41
19-His Name Is 2.46
20-Sentimental Nonsense 1.54
21-Run! 2.13
22-Play Time's Over 1.48
23-All Hands On Deck 2.05
24-I Can Fly! 2.14
25-Fight Flight 3.31
26-Finale 4.11
27-We've Got a Lair 1.31
28-I'm Home 0.53
29-I Name The Gods 1.32

Musique  composée par:

Benjamin Wallfisch

Editeur:

WaterTower Music WTM40208

Musique conduite par:
Chris Egan
Orchestrations:
David J. Krystal, Peter Bateman,
Chris Ryan

Mixage et enregistrement:
Scott Michael Smith
Montage musique:
Darrell Hall
Album produit par:
Benjamin Wallfisch

Artwork and pictures © 2019 Warner Bros/DC Entertainment/DC Comics. All rights reserved.

Note: ***1/2
SHAZAM!
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Benjamin Wallfisch
DC Comics poursuit son exploration cinématographique de l’univers de ses super-héros issus de ses comic books avec « Shazam ! » réalisé par David F. Sandberg et sorti en salles en 2019. Cette fois, DC range le sérieux de la « Justice League » eu placard et nous propose un spectacle plus humoristique, un mélange entre comédie et film d’aventure régressif des années 80. L’histoire débute en 1974, alors que le jeune Thaddeus Sivana joue avec sa Magic 8-Ball à l’arrière de la voiture de son père (John Glover). Dévalorisé et méprisé par son père et son frère, Thaddeus se retrouve soudainement transporté dans un mystérieux univers magique où il fait la connaissance du vieux sorcier Shazam (Djimon Hounsou), qui cherche un successeur au coeur pur à qui transmettre ses pouvoirs. Mais pour cela, le successeur doit maîtriser les sept pêchés capitaux emprisonnés dans une caverne alors que le vieux sorcier est vieillissant. Thaddeus échoue au test et cause par inadvertance un accident de voiture qui blesse très gravement son père. De nos jours à Philadelphie, Billy Batson (Asher Angel), un jeune ado de 14 ans qui vit en famille d’accueil aux côtés de cinq autres enfants, se met en tête de retrouver sa mère qui l’a abandonné lors d’une fête foraine il y a une dizaine d’années. Pendant ce temps, Sivana (Mark Strong) recueille les témoignages de personnes ayant été enlevés par le sorcier Shazam sous couvert d’une étude scientifique sur les délires collectifs. Sivana finit par trouver le moyen de rouvrir la porte menant à la grotte magique où il met la main sur l’Oeil qui lui permet de contrôler les démons : les sept pêchés capitaux.

Durant son trajet en métro à Philadelphie, Billy Batson se retrouve à son tour transporté dans la grotte magique de Shazam : ce dernier se voit contraint de lui transmettre ses pouvoirs. A chaque fois que le jeune garçon prononcera le mot SHAZAM !, il se transformera en super-héros dans un corps d’adulte musclé. Découvrant ses incroyables nouveaux pouvoirs qui le dépassent totalement, Billy demande de l’aide à Freddy Freeman (Jack Dylan Grazer), le jeune garçon handicapé qui vit dans la même famille d’accueil que lui et qui est un spécialiste des bandes dessinées de super héros. Freddy va alors aider Billy/Shazam à devenir un super-héros et à maîtriser ses pouvoirs : la super-force, la vitesse, l’invulnérabilité, les sauts et les jets d’électricité qu’il fait sortir de ses mains. Fier de ses nouveaux pouvoirs, Billy se montre alors en public devant les médias mais provoque par inadvertance la chute du bus d’un pont, qu’il rattrape de justesse grâce à ses super pouvoirs. Seuls Freddy et Darla (Faithe Herman), sa petite sœur d’adoption, sont au courant de sa véritable identité. Pendant ce temps, Thaddeus Sivana, qui s’est vengé de son père et son frère en les tuant tous les deux grâce à ses nouveaux pouvoirs maléfiques et la complicité des démons, croise la route de Billy/Shazam et affronte le super-héros un peu partout en ville afin de récupérer les pouvoirs qu’il n’avait pas réussi à obtenir lorsqu’il était enfant en 1974. Billy s’enfuit, incapable d’affronter Sivana et finit par retrouver sa mère Marilyn, mais ce qu’elle va lui dire va lui briser le coeur. Et pendant ce temps, Sivana gagne du terrain et menace le monde entier avec ses pouvoirs maléfiques.

UN FILM DE SUPER-HÉROS EN FORME DE COMÉDIE

« Shazam ! » confirme l’orientation aventure/comédie plus familiale souhaitée par DC Comics depuis quelques années, suite à l’échec de « Justice League ». Fini le ton trop sérieux et grandiloquent des premiers films de Zack Snyder, place au fun avant tout, un changement de stratégie salutaire de la part du studio opéré depuis « Wonder Woman » en 2017. Le réalisateur suédois David F. Sandberg s’est fait remarquer en 2016 pour son film « Lights Out », d’après son propre court-métrage qu’il publia à l’origine sur Youtube en 2013. Vient ensuite « Annabelle : Creation » en 2017 et un changement total de registre avec « Shazam ! ». Exit ici l’horreur et le suspense, place au spectacle et à la comédie avant toute chose, car « Shazam ! » n’est rien de plus qu’un hommage tonitruant au cinéma d’aventure des années 80, mettant en scène l’un des plus puissants super-héros de DC Comics. Prenant la forme d’une énième « origin story » très à la mode de nos jours à Hollywood, le film de Sandberg raconte la création du personnage de Shazam et son premier véritable combat contre son ennemi juré, Thaddeus Sivana. Évidemment, le film ne se prend pas au sérieux et joue sur la situation rocambolesque et farfelue d’un ado qui se retrouve dans un corps d’adulte, exactement comme dans le film « Big » avec Tom Hanks en 1988, ou, dans une moindre mesure, comme le « Jack » de Francis Ford Coppola (1996).

Dès lors, le film assume pleinement son quota de vannes lourdes et de situations ridicules en orientant le métrage vers un teen movie régressif, jouant sur l’immaturité de ses personnages. Zachary Levi s’en donne d’ailleurs à coeur joie en campant un Shazam improbable dans ses collants rouges kitsch, qui apprend à découvrir ses super pouvoirs mais a l’esprit et au comportement d’un collégien de 14 ans. En ce sens, le film s’adresse essentiellement à un public de geek collégien – le film est d’ailleurs bourré d’humour, de gags et de clins d’oeils à d’anciens films de super-héros comme les « Superman » ou les « Batman » - mais passé la surprise de la forme, le fond est globalement similaire à tous les autres films du même genre : le super-héros apprend à maîtriser ses super pouvoirs pour combattre un énième super méchant dans une bataille finale (super) apocalyptique, où ses amis vont rejoindre sa cause et se transformer à leur tour en super héros. Mark Strong campe encore une fois un bad guy maléfique, rôle qui semble lui coller à la peau à Hollywood depuis maintenant quelques années. On regrette cependant que ce méchant soit sans consistance, caricatural au possible et un peu surjoué par moment. « Shazam ! » fonctionne surtout grâce à l’énergie de ses acteurs – Zachary Levi en tête – et un scénario malin qui s’oriente essentiellement vers la comédie pure et dure sans se prendre véritablement au sérieux. Un peu de dérision pour oublier la banalité d’une mécanique hollywoodienne bien huilée, pourquoi pas ?

UN SCORE D’AVENTURE TRÈS ANNÉES 80/90

C’est le compositeur anglais Benjamin Wallfisch qui a été choisi pour écrire la musique de « Shazam ! », dans un registre très proche des musiques orchestrales d’action/aventures des années 80/90. Le score de Wallfisch est d’ailleurs l’un des éléments les plus positifs du film de David F. Sandberg. Si vous aimez les partitions héroïques et aventureuses de l’ère de David Newman, Craig Safan, Joel McNeely, Bruce Broughton, Alan Silvestri, Bill Conti, Robert Folk, Lee Holdridge, Jerry Goldsmith, James Horner, Cliff Eidelman, Danny Elfman, John Debney ou John Williams, avec « Shazam ! », vous allez être servis ! C’est un véritable retour aux sources ahurissant que Benjamin Wallfisch nous propose là, inattendu dans un film de super-héros de 2019, et pourtant c’est bel et bien le cas et l’on ne peut que féliciter le studio DC Comics d’avoir incité le compositeur anglais à suivre la voie du classicisme hollywoodien en étudiant le style des compositeurs cités précédemment.

ANALYSE DE LA MUSIQUE

Au premier abord, le score de « Shazam ! » est purement symphonique et très classique d’esprit. Le score a été enregistré avec une grande formation orchestrale d’une centaine de musiciens et une imposante section chorale dans la plus pure tradition du genre. La musique repose essentiellement sur une poignée de thèmes : le thème héroïque et triomphant de Shazam, le motif sombre et menaçant pour Thaddeus Sivana, un motif choral en latin, lugubre et gothique, pour les démons liés aux sept pêchés capitaux et un thème plus intime et mélancolique lié à Billy Batson et sa quête pour retrouver sa mère - à noter par ailleurs que le thème de Billy est en réalité la phrase B du thème héroïque principal – L’album débute sur une reprise concert du thème principal dévoilé dans son intégralité dans « SHAZAM ! ».

Il s’agit d’une fanfare triomphante aux sonorités ultra héroïques et patriotiques, qui n’est pas sans rappeler le thème écrit par John Debney pour « Zathura » (2005). Le thème se bâtit autour d’une mélodie ascendante pleine d’espoir et triomphante, avec des orchestrations solides, très riches et classiques. Si l’ouverture n’est pas sans rappeler l’époque des grandes partitions d’aventure pour les films Disney dans les années 80/90 (celles de Joel McNeely ou Bruce Broughton par exemple), l’envolée du thème de Shazam à 1:48 va vous filer une pêche incroyable, dans le même esprit que les thèmes musicaux héroïques de Craig Safan pour « The Last Starfighter » (1984), de David Newman pour « The Phantom » (1996), de Bill Conti pour « Masters of the Universe » (1987) ou de Cliff Eidelman pour « Meteor Man » (1993) pour ne citer que quelques exemples évidents.

On appréciera aussi l’écriture contrapuntique exceptionnel dans la somptueuse coda de « SHAZAM ! » qui n’est pas sans rappeler le « Jupiter » des « Planètes » de Gustav Holst. Quel bonheur, quel plaisir de retrouver enfin le fougue des musiques de film classiques de notre passé, à une époque où quasiment plus aucun compositeur n’est capable d’écrire de cette façon – venant de la part d’un compositeur formaté par les productions du studio Remote Control d’Hans Zimmer, c’était inespéré - Cela dit, Benjamin Wallfisch a su prouver dès les débuts de sa carrière qu’il est un compositeur très talentueux, capable du meilleur comme du pire. Cette fois-ci, il semblerait que ce soit la première option qui ait été retenue !

Dès « The Consul of Wizards », Wallfisch illustre la scène où le jeune Sivana découvre la grotte du magicien au tout début du film. Le morceau se partage principalement ici entre les cordes, des cuivres, des bois, des choeurs et les sonorités plus cristallines de la harpe et du célesta. L’ambiance se veut plus mystérieuse et énigmatique, avec des orchestrations très riches, sophistiquées et très classiques d’esprit – on y devine même l’influence de John Williams dans l’écriture des bois – les choeurs aux consonances gothiques évoquent ici les démons enfermés par le magicien de manière plus sombre (par exemple vers 1:57). A 0:37, Wallfisch dévoile un thème secondaire du score, le motif du sorcier Shazam qui reviendra à quelques reprises dans le film.

« Seeking Spell » développe l’ambiance mystérieuse imposée par « The Consul of Wizards », à grand renfort de cordes, Wallfisch ajoutant ici des sonorités électroniques plus menaçantes et planantes. La thématique de Sivana est dévoilée à 1:37 aux cordes graves après avoir été exposée initialement dans « The Consul of Wizards ». Il est par ailleurs intéressant de voir comment ce motif va se développer progressivement dans le film, au fur et à mesure de l’évolution du personnage de Sivana, d’un enfant rejeté et humilié à un super méchant adulte surpuissant et narcissique. Le thème du magicien Shazam est dévoilé quand à lui pour la première fois dans le film à 1:10 puis 1:42 dans le même morceau, il s’agit d’une mélodie de 7 notes de cordes plutôt majestueuse et mystérieuse. On notera par ailleurs qu’il existe une connexion (voulue) entre le thème du magicien et celui de Sivana, on reconnaît quelques ressemblances entre les deux mélodies.

Toujours dans « The Consul of Wizards », on entend pour la première fois le thème maléfique de Sivana aux contrebasses à 2:03, une succession de 6 notes menaçantes et maléfiques indissociables du personnage de Mark Strong et de sa quête du pouvoir absolu. Le thème principal héroïque est d’ailleurs brièvement suggéré à 2:17 pour l’apparition du titre à l’écran au début du film. Dans « Compass », Wallfisch dévoile le thème de Billy (au piano à 0:10), plus mélancolique et intime, souvent confiée aux bois, aux cordes et au piano. Le thème évoque l’abandon de Billy lors d’une fête foraine lorsqu’il était petit et sa quête pour retrouver sa mère.

« Seven Symbols » développe la thématique des démons avec des choeurs en latin caractéristiques, juxtaposés ici aux variations autour du thème maléfique de Sivana (aux violoncelles à 1:15) et du thème de cordes plus mystérieux du magicien Shazam (vers 1:45). Les deux thèmes sont ici développés conjointement dans une atmosphère mystérieuse, sombre et intrigante évoquant la quête de pouvoir absolu de l’homme corrompu par le mal. De la même façon, « The Rock of Eternity » développe la thématique de Sivana (aux contrebasses et bassons à 0:10) et entame un très long crescendo intense et terrifiant alors que Sivana retourne à la grotte du magicien et réussit à dérober l’oeil du pêché qui lui permet de contrôler les démons et de vaincre le sorcier Shazam.

« Subway Chase » est l’un des premiers morceaux du score pour la poursuite entre Billy et les jeunes voyous dans le métro. Le compositeur a ici la bonne idée d’incorporer quelques touches jazzy très appréciables dans sa musique avec l’ajout d’une batterie pop/rock. « It’s You Or No One » illustre quand à lui la scène où Billy se retrouve transporté à son tour dans la grotte, où le magicien Shazam va lui donner ses pouvoirs pour éviter que Sivana ne s’en empare et détruise le monde avec les démons qu’il contrôle dorénavant. On retrouve le thème du magicien à 1:39 et 3:31 aux cordes ainsi que le motif de Sivana à 2:23. Le thème héroïque est brièvement cité sous la forme d’une fanfare de cuivres triomphante vers 3:57. Wallfisch joue ici sur les 5 premières notes initiales de la mélodie qu’il fait monter à travers un puissant crescendo annonciateur de grandes aventures à venir. Le morceau se termine finalement sur une dernière reprise plus urgente du thème du magicien à 4:27.

Dans « This Is Power », on retrouve le goût habituel de Benjamin Wallfisch pour les musiques horrifiques et dissonantes, durant la scène où Sivana se venge de son père et de son frère et déchaîne les démons dans les bureaux de l’entreprise paternelle. Le thème de Sivana est évidemment présent (vers 0:28) mais ce sont surtout les clusters ultra agressifs et violents que l’on retient ici, comme Wallfisch l’avait déjà fait dans des partitions comme « It », « Annabelle : Creation » ou « A Cure for Wellness ». Dommage que « This Is Power » détone quelque peu avec le reste de la partition par son caractère chaotique et cacophonique un peu facile qui aurait davantage sa place dans « It » ou « Hellboy ». Fort heureusement, l’action et l’aventure reviennent dans « Bus Rescue » où Billy/Shazam provoque l’accident du bus malgré lui et finit par sauver tous les passagers du bus lors d’une coda triomphante et cuivrée du plus bel effet.

Dans « You’re Like a Bad Guy, Right ? », le compositeur illustre le premier affrontement entre Shazam et Sivana dans le film. Le thème du bad guy est évidemment repris à 0:55 aux contrebasses. « Them’s Street Rules » est un autre morceau d’action tonitruant ponctué de cordes virevoltantes, de cuivres robustes et de rythmes martiaux à la manière des scores d’aventure ‘nineties’. Idem pour « Superman It » où le superbe thème héroïque est très brièvement cité à quelques reprises – détail intéressant : on devine ici quelques allusions au thème du magicien, mais souvent incomplètes -

Dans « You Might Need It More Than Me », Billy a retrouvé sa mère et réalise qu’elle l’a abandonné car elle ne pouvait pas s’occuper d’un enfant. On retrouve le thème intime de Billy aux bois avec les cordes et le piano de manière mélancolique et résignée. « Come Home Billy » nous ramène quand à lui dans l’univers plus sombre de l’histoire lorsque Sivana débarque dans la maison de la famille d’accueil de Billy et tient ses amis en otage. Le compositeur développe ici les variations autour du thème héroïque (dont Wallfisch ne joue que les premières notes) et du motif menaçant de Sivana. La poursuite entre les héros et le bad guy débute alors dans « His Name Is », nouveau morceau d’action/aventure explosif et déchaîné. Elle se poursuit dans « Sentimental Nonsense » et l’excellent « Run ! » lors de la bataille dans le parc d’attraction vers la fin du film. A 0:54, l’espoir renaît enfin alors que le thème héroïque semble enfin décoller et annonce le combat final contre Sivana, dont le motif reste omniprésent. A 1:47, le thème est enfin exposé dans son intégralité avant d’être finalement « cassé » par Wallfisch qui s’amuse à baisser brutalement le pitch du morceau pour le moment où Shazam fonce de manière héroïque sur l’un des démons avant de se faire attraper par sa cape au ralenti et de perdre ses pouvoirs.

Le thème de Sivana débute férocement dans « Play Time’s Over » alors que le super méchant répand ses démons pour capturer tous les amis de Billy dans le parc d’attraction. On retrouve ici le style plus chaotique et dissonant de « This is Power ».  « All Hands On Deck » reprend à son tour le motif de Sivana (à 0:12) mais c’est surtout le retour du thème du magicien (à 1:26) lors du flashback de Billy qui attire ici notre attention. Dans « I Can Fly ! », Wallfisch se fait plaisir en développant enfin le thème héroïque dans son intégralité, sous la forme de la version concert qui ouvre l’album. Le morceau intervient lorsque Billy et ses amis se transforment à leur tour en super-héros adultes et découvrent qu’ils peuvent voler à leur tour. Évidemment, « I Can Fly ! » est le tour de force orchestral clé du score de « Shazam ! ».

Dommage néanmoins qu’il apparaisse ici bien tard dans le film. La bataille dans les airs se poursuit alors dans l’excitant « Fight Flight » entre Shazam et Sivana. Il s’agit d’ailleurs ici de l’un des meilleurs morceaux d’action du score de Benjamin Wallfisch. Le thème de Sivana et des démons est régulièrement juxtaposé ici au thème héroïque de Shazam avec une redoutable efficacité. Le morceau se conclut d’ailleurs de manière triomphante à 3:14 avec ses cuivres héroïques et savoureux, débouchant sur le conclusif « Finale », illustrant la défaite de Sivana avec quelques passages chaotiques et dissonants pas très réussis. La bataille s’achève sur la puissante coda victorieuse et épique de 3:27.

UNE CONCLUSION TRIOMPHANTE

L’aventure s’achève avec « We’ve Got A Lair » où l’on retrouve la phrase B du thème principal aux cordes alors que tout le groupe d’amis accepte leur nouvelle identité de super héros. « I’m Home » reprend une dernière fois le thème intime de Billy au piano lorsqu’il réalise qu’il possède enfin une nouvelle famille avec ses amis et ses parents adoptifs. Étonnamment, l’histoire se termine sur l’ultime retour du thème de Sivana, alors que ce dernier a été jeté en prison dans « I Name the Gods ». Force est de constater que c’est finalement le thème du bad guy qui occupe la majeure partie de la partition de « Shazam ! » et que le thème héroïque principal est finalement plutôt relégué au second plan et moins présent qu’on aurait pu l’imaginer (étonnant pour un film de super héros). D’une façon générale, Benjamin Wallfisch se montre très à l’aise dans toutes les parties orchestrales héroïques façon années 90 mais plus pataud et lourdingue lorsqu’il s’agit d’évoquer Sivana ou les démons.

Les quelques passages dissonants comme « This is Power » n’apportent rien de particulier au score et s’avèrent trop cacophoniques pour convaincre réellement par rapport à la maestria de certains passages d’action ou des envolées héroïques orchestrales. Le style horrifique/avant-gardiste habituel de Wallfisch touche ici sa limite, la cohabitation des deux axes musicaux étant un peu hasardeuse et pas toujours très subtile. Qu’importe, on prend néanmoins un certain plaisir à l’écoute de la partition de « Shazam ! » dans le film, qui propose un superbe retour aux sources de la part de Benjamin Wallfisch même s’il manque toujours ce petit quelque chose qui permettrait au score de se démarquer du reste. A cause de l’omniprésence de certains passages agressifs et sombres cédant trop souvent à la facilité, le score est juste correct alors qu’il a frôlé l’excellence, si Wallfisch avait travaillé davantage la partie héroïque façon années 80/90. Mais ne boudons pas trop plaisir pour autant, « Shazam ! » pourrait bien être l’un des meilleurs scores de la filmographie très versatile de Benjamin Wallfisch !




---Quentin Billard