1-Hostage, Pt. 1 7.29
2-Will & Sarah 3.56
3-Welcome to Heaven 2.40
4-Botha 3.22
5-The Crane 7.06
6-Chopper Ambush 3.54
7-Duct Tape 2.38
8-Bridge Collapse 3.10
9-Proper Motivation 3.44
10-Out On A Ledge 4.27
11-Georgia & Henry 2.52
12-Reflections 5.25
13-Hostage, Pt.2 1.56
14-Reboot 2.19
15-Lucky Man 5.07
16-Skyscraper 5.00
17-The Pearl 5.38
18-Walls 3.55*

*Interprété par Jamie N Commons
Ecrit par Jamie N. Commons,
Mike Mac et Jordan Baum
Produit par Jamie N. Commons
et Mike Mac.

Musique  composée par:

Steve Jablonsky

Editeur:

Milan Records 398 048-2

Musique additionnelle:
Bryce Jacobs, Luke Richards,
Christian Wibe

Orchestre conduit par:
Alastair King
Orchestrations:
Penka Kouneva, Larry Rench
Supervision musique:
Margaret Yen, Peter Afterman
Montage musique:
David Metzner, Ronald Webb
Album produit par:
Steve Jablonsky

© 2018 Legendary Pictures/Flynn Picture Company/Seven Bucks Productions. All rights reserved.

Note: **1/2
SKYSCRAPER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Jablonsky
« Skyscraper » est un hommage évident aux films catastrophe des années 60/70 et au cinéma d’action des années 80. Si vous vous demandiez s’il était possible de mélanger les deux genres dans un même film, vous avez votre réponse. « Skyscraper » est par ailleurs le premier film d’action sérieux de Rawson Marshall Thurber, sorti en salles en 2018. Thurber est essentiellement connu pour ses comédies U.S. incluant « Dodgeball : A True Underdog Story » (2004), « We’re the Millers » (2013) ou « Central Intelligence » (2016). Avec « Skyscraper », le réalisateur retrouve par ailleurs l’acteur Dwayne « The Rock » Johnson après « Central Intelligence », dans un rôle cette fois-ci beaucoup plus sérieux...et musclé ! Le film raconte l’histoire de Will Sawyer (Dwayne Johnson), un vétéran de l’armée américaine et ancien membre d’une équipe de libération d’otages (Hostage Rescue Team ou « HRT ») travaillant pour le FBI, qui a échoué lors d’une opération suite à l’explosion d’une bombe lui ayant coûté sa jambe gauche. Dix ans plus tard, Sawyer est marié à la chirurgienne militaire Sarah (Neve Campbell) et ont deux enfants : Georgia (McKenna Roberts) et Henry (Noah Cottrell). Il dirige une petite entreprise de sécurité et doit se rendre à Hong Kong, sur les recommandations de son ami et ancien collègue Ben Gillespie (Pablo Schreiber) à l’immense gratte-ciel surnommé « La Perle », le plus grand immeuble du pays tout entier.

Sawyer est recruté comme consultant sur la sécurité du gratte-ciel appartenant au milliardaire chinois Zhao Long Ji (Chin Han). A son arrivée, Will rencontre ainsi Zhao et le chef de la sécurité Ajani Okeke (Adrian Holmes). Sawyer est chargé d’inspecter le centre de sécurité de l’immeuble à l’aide d’une tablette que lui remet Zhao. Peu de temps après, un groupe de terroristes dirigés par le scandinave Kores Botha (Roland Moller) pénètre dans la tour et cherche à s’emparer de la tablette. Sawyer réalise alors que son ami Gillespie l’a trahi et travaille depuis le début pour Botha. Les terroristes déclenchent alors un incendie au 96ème étage, bloquant l’accès aux autres étages et à la sortie. Apprenant le drame et réalisant que sa famille se trouve toujours dans l’immeuble, Sawyer retourne d’urgence au gratte-ciel et tente de sauver sa famille, mais il est rapidement attaqué par les hommes de main de Botha. Xia (Hannah Quinlivan), l’une des terroristes, réussit à dérober la tablette de Sawyer et à couper tous les systèmes d’extinction des feux de l’immeuble. L’inspecteur Wu (Byron Mann), qui dirige l’enquête sur l’incendie, accuse Sawyer d’être responsable de la catastrophe et décide de le faire arrêter, mais Will réussit à s’échapper de justesse et se rend à l’immeuble pour stopper les terroristes et sauver sa famille, prisonnière dans les étages supérieurs du gratte-ciel en feu.

UNE SÉRIE B PEU INSPIRÉE

On se demande parfois comment certains cinéastes et studios peuvent oser sortir de tels films sans trembler du menton. « Skyscraper » est un mélange improbable entre « The Towering Inferno » et « Die Hard ». Le film n’essaie même pas se cacher de ses influences et les revendique pleinement. Pourquoi pas, sauf que Dwayne Johnson n’est pas Bruce Willis ni Steve McQueen, et Rawson Marshall Thurber n’est pas John Guillermin ni John McTiernan. Le film part très vite dans des directions prévisibles avec tous les clichés habituels : le héros accusé à tort d’un crime qu’il n’a pas commis, qui va se battre pour prouver son innocence, le combat pour sauver sa famille, les méchants terroristes qui envahissent un immeuble, les prouesses musclées du héros, etc. Tout cela sent le réchauffé à plein nez, et le scénario de Rawson Marshall Thurber ne propose rien de nouveau que l’on ait pas déjà vu mille fois ces 40 dernières années à Hollywood. Du coup, que reste-t-il de « Skyscraper » ? Niveau dialogues, c’est le néant assuré ! Pas une seule réplique mémorable, pas une seule idée de mise en scène intéressante…l’ensemble sent bon la série-B années 80 assumée mais mollassonne et sans saveur.

Dwayne Johnson fait le minimum syndical, exécutant quelques pirouettes et cascades spectaculaires alors que son personnage, rappelons-le, n’a plus qu’une jambe ! Magie du cinéma où tout devient possible, cela n’empêche pas Will Sawyer de péter la tête à des terroristes, de se balancer sur la paroi verticale de l’immeuble ou de traverser un ascenseur en pleine chute libre. Niveau casting, on retrouve avec plaisir Neve Campbell (l’ex-star des « Scream », un peu trop rare au cinéma ces dernières années) ainsi que quelques seconds rôles solides incluant Noah Taylor, Chin Han, Tzi Ma ou Adrian Holmes. Rien de bien exceptionnel donc, « Skyscraper » est un film d’action pur et dur, un peu trop sérieux, mal écrit et capitalisant sur le succès des « Die Hard » avec une intrigue repompée à « The Towering Inferno ». Quitte à faire une bonne vieille série-B régressive, autant faire n’importe quoi et pomper à tous les étages, pourquoi pas, sauf qu’au final on ne retient pas grand-chose de ce film sans saveur qu’on consomme et oublie rapidement.

UNE PARTITION MUSCLÉE MAIS INSIPIDE

Steve Jablonsky a été choisi pour écrire la musique de « Skyscraper ». Le compositeur issu de l’écurie Remote Control d’Hans Zimmer s’est surtout fait remarquer ces dernières années sur la saga « Transformers » et divers projets incluant « Steamboy », « Battleship », « Pain & Gain », « Gangster Squad », « Ender’s Game », « Lone Survivor », « The Last Witch Hunter », « Teenage Mutant Ninja Turtles : Out of the Shadows » ou bien encore « Deepwater Horizon ». Spécialisé dans les musiques d’action, Steve Jablonsky paraissait le choix idéal pour « Skyscraper », habitué aux musiques synthétiques et percussions électroniques devenues l’une de ses principales marques de fabrique. Dans une interview au sujet du film, le compositeur a déclaré qu’il avait voulu évoquer le personnage de Will Sawyer comme un « monsieur tout le monde » et non comme un super héros, une approche somme toute fort bienvenue mais qu’on a bien du mal à percevoir dans un énième score d’action survolté à la Remote Control, qui recycle toutes les formules du genre entendues depuis ces 20 dernières années à Hollywood.

ANALYSE DE LA MUSIQUE

Dès « Hostage, Pt. 1 », Jablonsky pose le ton de la partition : une introduction minimaliste et mélancolique avec des synthés planants, puis une montée de tension à l’aide de pulsations électroniques nerveuses, une section centrale agressive à l’aide des percussions sortant tout droit des musiques de « Transformers ». Le thème de Sawyer apparaît durant la conclusion de « Hostage, Pt. 1 ». Il s’agit d’un thème plus optimiste et, que le compositeur le veuille ou non, assez héroïque dans sa rythmique de guitare et ses accords des cordes symbolisant l’espoir et le dépassement de soi. « Will & Sarah » annonce quand à lui le deuxième thème de « Skyscraper » : le thème familial. Il s’agit d’un thème intime et touchant souvent confié à une guitare, des cordes et quelques synthés. Il évoque clairement l’amour de Will pour sa femme Sarah et la chaleur familiale. C’est évidemment l’une des plus belles idées de la partition de Steve Jablonsky, qui sera développé à quelques reprises dans le film. Dans « Welcome to Heaven », le compositeur dévoile le troisième thème du score, le thème du gratte-ciel ou de La Perle. Il s’agit d’un thème plus majestueux avec ses accords de cordes impressionnants et ses arpèges répétitifs de synthétiseurs.

« Botha » introduit ensuite le quatrième thème de la partition, le motif menaçant de Kores Botha, le leader des terroristes qui attaquent La Perle. Le thème de Botha se compose ici de deux idées majeures : la première est celle de l’ostinato rythmique entêtant des toms (tambours de la batterie) aux consonances quasi tribales, que Jablonsky a enregistré puis manipulé à travers plusieurs filtres pour obtenir un son très particulier. La deuxième idée est celle d’un motif de cuivres graves en notes longues, qui viennent se greffer par dessus les percussions entêtantes. « The Crane » est l’un des premiers morceaux d’action du score, et pas forcément le plus intéressant. Jablonsky convoque ici un ensemble de synthés, pulsations électroniques, nappes sonores et cordes sombres pour maintenir le suspense et la tension pendant près de 7 minutes dans le film, sans originalité particulière. « Chopper Ambush » illustre la scène où Pierce révèle qu’il travaille depuis le début pour Botha et tire sur tout le monde, tandis que Zhao réussit à s’échapper. Ici aussi, comme dans « The Crane », Jablonsky se contente trop souvent d’enchaîner les pulsations électroniques banales, les nappes sonores et les cordes agressives pour maintenir la tension, mais sans aucune passion particulière : Jablonsky fait juste ce qu’il a à faire, point barre !

« Duct Tape » développe le thème de Botha aux cordes graves sur fond de loops entêtants. On devine ici la détermination du terroriste à achever sa mission par dessus tout. « Bridge Collapse » illustre quand à lui la scène où Sarah et Will tentent de traverser le pont qui s’effondre dans un des étages supérieurs du gratte-ciel. La musique devient ici plus sombre, dramatique et intense alors que la situation semble désespérée. « Proper Motivation » est quand à lui un énième morceau d’action à la « Transformers », sans originalité particulière et qu’on oublie très vite. On retrouve ici le thème familial intime de Will et Sarah (vers 2:04) repris de manière dramatique alors que la situation s’aggrave avec l’incendie qui ravage l’immeuble. « Out on a Ledge » illustre les exploits de Will lorsqu’il passe par l’extérieur du gratte-ciel et traverse l’une des corniches. Ici aussi, Jablonsky maintient la tension en permanence tout en enclenchant le mode « pilotage automatique », à grand renfort de loops électroniques, nappes sonores et crescendos peu inspirés. « Georgia & Henry » développe le thème émouvant de Sawyer lorsque ce dernier retrouve ses deux enfants sains et saufs. A noter une très belle reprise du thème au piano dès 2:07, repris ici de manière plus minimaliste.

UNE HAPPY ENDING EN GUISE DE CODA

« Reflections » est un autre morceau d’action démesuré qui oscille entre suspense et déchaînement électro/orchestral que le compositeur semble avoir écrit les yeux fermés, sans aucune inspiration particulière. « Skyscraper » est quand à lui un dernier morceau d’action reposant sur une basse/rythmique électronique entêtante et une écriture répétitive et simpliste des cordes. Enfin, « Lucky Man » et « The Pearl » concluent le film en libérant le spectateur de toute la tension accumulée auparavant. Le premier morceau développe essentiellement le thème de Will et le thème familial de manière plus poignante, optimiste et apaisée. Jablonsky est toujours très à l’aise lorsqu’il s’agit d’évoquer l’espoir de façon majestueuse dans sa musique, et « Lucky Man » est là pour le rappeler. Quand à « The Pearl », il s’agit d’une ultime reprise de la thématique liée au gratte-ciel, reprise ici de manière grandiose et majestueuse pour la fin du film, avec l’apport de voix féminines en supplément.

Ainsi donc, Steve Jablonsky signe pour « Skyscraper » un énième score d’action comme il en a déjà fait des dizaines de fois auparavant. Celui-ci semble avoir été en pilotage automatique, sans idée ni inspiration particulière, malgré la présence de quatre thèmes bien distincts, mais malheureusement sous-développés et mal représentés dans le reste du film. Cela fait maintenant depuis plusieurs années que la carrière de Jablonsky au cinéma semble tourner en rond, le compositeur, pourtant capable du meilleur, étant constamment obligé de répéter les mêmes formules musicales d’un film à un autre, incapable de se hisser au dessus de la masse à cause de cet embourbement dans une routine ennuyeuse. Il faut dire que le film lui-même ne se prêtait pas particulièrement à un exercice de style audacieux, mais quand même, on aurait pu attendre autre chose de la part du compositeur de « Transformers », « Steamboy » ou « Teenage Mutant Ninja Turtles : Out of the Shadows ». On l’a donc connu bien plus inspiré et il faut croire que « Skyscraper » est un simple faux pas et que le prochain sera le bon, car même si le score fait son boulot à l’écran, en écoute isolée, c’est une solide déception !





---Quentin Billard