1-Vision 5.57
2-Reflection Of Elijah 4.09
3-Weightlifting 3.43
4-Hieroglyphics 2.02
5-Falling Down 2.27
6-Unbreakable 3.23
7-Goodnight 2.26
8-The Wreck 3.46
9-Second Date 1.31
10-School Nurse 1.23
11-Blinsided 1.56
12-The Orange Man 2.29
13-Carrying Audrey 2.37
14-Mr.Glass/End Title 7.40

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Hollywood Records
Edel 0122852HWR

Score produit par:
James Newton Howard
Score éléctronique produit par:
James T.Hill
Monteur de la musique:
Thomas S.Drecher
Chargé de la musique pour
The Buena Vista Motion
Pictures Group:
Kathy Nelson,
Bill Green

Chargé de la musique pour Hollywood Records:
Mitchell Leib
Coordinateur du Soundtrack
pour Hollywood Records:
Desirée Craig-Ramos

Artwork and pictures (c) 2000 Touchstone Pictures. All rights reserved.

Note: ****
UNBREAKABLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Après le succès mérité de 'The Sixth Sense', le talentueux Night M.Shyamalan revient avec 'Unbreakable' (Incassable), thriller dramatique dans lequel un homme, David Dunn (Bruce Willis), unique survivant d'un terrible accident de train, découvre qu'il n'est pas un homme ordinaire mais une sorte de héros indestructible. Le mettant sur la voie, un certain mystérieux Elijah Price (Samuel L. Jackson), d'une fragilité maladive, va lui apprendre quelque chose qu'il était loin de s'imaginer, quelque chose qui le dépasse complètement et qu'il refusera de croire jusqu'à ce qu'il en ait la preuve concrète. Marque de fabrique de Shyamalan: un suspense et une tension psychologique habilement entretenue, une atmosphère mélancolique sous-jacente et une fin qui laisse pantois! Bruce Willis est une fois de plus très convainc dans la peau de cet homme ordinaire et fragile en quête d'identité, qui se découvre une facette surhumaine, extraordinaire, où comment faire rentrer un univers fantastique dans la vie quotidienne d'un monsieur tout le monde, sans avoir recours au moindre artifice hollywoodien, un véritable tour de force que le réalisateur nous offre avec brio, à travers un jeu de piste magnifiquement soutenu, le tout construit sous la forme d'un astucieux hommage à l'univers des comics books américains, Shyamalan jouant astucieusement sur les codes de ces histoires fantastiques (cf. phrase en exergue au début du film sur la définition d'un comics). Face à Bruce Willis, Samuel L. Jackson, parfait comme d'habitude! Ceci étant dit, ne vous attendez pas à quelque chose d'aussi génial et inspiré que 'The Sixth Sense'. 'Unbreakable' reste de toute manière honnêtement fait, reprenant quelques concepts de 'The Sixth Sense' (le secret qui hante le héros, le coup de théâtre final, etc.), sans pour autant en posséder la force.

James Newton Howard retrouve donc Shyamalan, avec qui il a fait la musique de 'The Sixth Sense'. Cette seconde collaboration prend une tournure nettement supérieur à celle, pourtant déjà fort belle, de 'The Sixth Sense'. La force de la partition de 'Unbreakable' réside essentiellement dans sa thématique. Alors que 'The Sixth Sense' possédait un seul véritable thème, 'Unbreakable' en possède plusieurs, bien répartis tout au long de la partition. James Newton Howard utilise l'orchestre symphonique traditionnel, quelques éléments de synthétiseurs assez discrets, une rythmique tendance rap/groove que l'on retrouve dans certaines pièces de l'album, et surtout, un intéressant travail de solistes, faisant intervenir la trompette, le violoncelle et le piano. L'utilisation des solistes permet d'apporter une couleur particulière à la musique de JNH, favorisant ainsi une sorte de 'dialogue' de solistes intéressant en contrepoint avec les images. N'oublions pas aussi bien entendu la touche JNH, un compositeur qui depuis quelques années, se trouve pris dans une incroyable phase d'inspiration grandissante indiscutable ('Dinosaur', 'Devil's Advocate', 'The Sixth Sense' etc.).

James Newton Howard a cherché à représenter deux éléments principaux dans sa partition pour 'Unbreakable': la partie tragique, intimiste et dramatique du film puis la partie plus sombre de style thriller de 'Unbreakable'. Pari tenu, Howard s'en sort magnifiquement! 'Visions' ouvre l'album avec le thème dramatique de la BO, une mélodie descendante et mélancolique des cordes et du piano, illustrant la tragédie à l'origine de l'histoire: un terrible accident de train. Le thème illustre aussi l'idée d'un homme mélancolique qui cherche à comprendre qui il est en réalité. Cette mélancolie est très présente tout au long de la partition. 'Visions' correspond en fait à la séquence de la gare où David touche les mains des gens, sachant lire en eux comme dans un livre. C'est ainsi qu'il découvre un homme habillé en orange qui se révèle être en réalité l'assassin d'une famille américaine. Le thème ne cesse de grandir tout au long de la séquence, transcendé par un superbe crescendo dramatique, captant ainsi mieux l'attention du spectateur sur l'un des moments clés du film. La rythmique rap se met progressivement en place, une idée intéressante et inattendue qui apporte une dynamique habile à cette séquence majeure du long-métrage. Puis, lorsque David commence a avoir des visions, la musique devient plus sombre, avec des rythmes très marqués rappelant parfois certains passages de 'Outbreak'. Le héros commence à comprendre ce dont il est réellement capable et sa découverte l'effraie au plus haut point. James Newton Howard se montre alors très habile dans cette illustration de l'une des séquences clés du film dont on retrouve l'ambiance dans 'Unbreakable' piste 6. Autre thème qui apparaît vers le début de l'album et dans le film, celui d'Elijah (Samuel L. Jackson), petit motif de piano de 6 notes qui évoque par sa douceur apparente la fragilité physique de ce mystérieux personnage qui semble en savoir plus qu'il n'en dit ('Reflection of Elijah'). Puis, dans 'Goodnight', JNH utilise un thème de violoncelle plus mystérieux et sombre, suggérant le mystère qui entoure le secret de David. Point commun entre tous ces morceaux: une tristesse toujours sous-jacente, qui semble vouloir évoquer l'errance des deux protagonistes principaux dans un monde qu'ils tentent d'appréhender à leur manière. A noter que les différents thèmes se croisent de façon remarquable, preuve de la complexité d'une musique qui, si elle ne paie pas de mine au premier abord, possède une véritable richesse, fourmillant de multiples subtilités (des thèmes cités discrètement en arrière-plan, des harmonies très travaillées, un développement thématique très structuré et astucieux par rapport au film, etc.), avec, comme toujours, cette tristesse sous-jacente, autant associée au personnage de Samuel L. Jackson qu'à celui de Bruce Willis. Et si vous écoutez bien, vous pourrez découvrir quelques détails sonores intéressants comme par exemple l'utilisation d'un chœur en arrière-fond lors du magnifique et grandiose climax central de 'Visions' et son intensité dramatique fulgurante.

'The Wreck' permet de réentendre le thème dramatique alors que David voit un morceau de l'épave du train et qu'il s'interroge, cherchant à comprendre comment il a pu survivre miraculeusement à une telle catastrophe. On ressent évidemment ici toute la mélancolie de son regard face à ce triste spectacle de désolation. Le spectateur suit alors le douloureux parcours initiatique que devra subir David pour découvrir finalement qui il est réellement. Puis, tout au long du film, on entend de temps à autre un petit thème ascendant mystérieux, apparaissant parfois de manière furtive aux cordes, au piano (à la fin de 'Second Date') et même parfois à la trompette. Mais l'auditeur ne connaît pas encore la réelle identité de ce thème, à l'instar du héros en quête d'identité, comme si le thème semblait errer au milieu de la musique de JNH sans but particulier, sans avoir d'identité fixe (à noter la façon dont le compositeur l'annonce très brièvement à la fin de 'Visions' à la trompette). Voilà la preuve que JNH est capable d'apporter une réelle subtilité à sa musique, suivant la trame narrative du film avec une maestria digne des plus grandes collaborations, la solution de l'énigme nous étant donné dans 'The Wreck' et surtout le grandiose 'The Orange Man'. Le thème prend alors sa forme intégrale: c'est un thème héroïque! Le secret est dévoilé, la musique prend à l'image de ce dévoilement une véritable tournure de révélation. Le thème devient alors grandiose, majestueux, ample, puissant et posé, décrivant l'idée de la grandeur sous-jacente du personnage plus que ses propres actions. James Newton Howard aura donc mis depuis le début du film la solution de l'énigme sous les oreilles du spectateur/auditeur puisque une des clés de l'énigme se trouve depuis le début dans ce thème qui, à l'image de David, semble se chercher avant de trouver sa véritable forme dans 'The Wreck', 'The Orange Man' et 'End Credits', comme c'est le cas dans une autre scène clé du film, celle où David soulève des poids de plus en plus importants devant les yeux ébahis de son fils, dans 'Weithlifting'.

C'est dans des moments comme ceux là que l'on comprend véritablement à quel point James Newton Howard est plus que jamais l'un des meilleurs compositeurs officiant à l'heure actuelle à Hollywood, car cette approche très réussie de la musique dans le film démontre une fois de plus le talent du musicien pour illustrer les ambiances et mener une approche extrêmement pertinente des images d'une manière toujours très efficace, sans pour autant véritablement innover. La partition de 'Unbreakable', comme souvent chez JNH, puise sa force dans l'émotion du film et la construction de son récit. On ne pourra pas rester insensible au côté mélancolique de cette magnifique partition atmosphérique, comme c'est le cas dans 'Reflection of Elijah' ou 'Carrying Audrey' avec son mélange cordes/piano d'une grande beauté. 'Blindsided' illustre quand à lui l'épisode avec l'homme en orange dans la maison saccagée d'une famille. James Newton Howard assène un sursaut orchestral terrifiant pour se conclure de façon chaotique lors d'un des passages les plus terrifiants du score, pour la partie thriller de la musique. Le film abouti à une conclusion magnifique dans 'Mr.Glass/End Title' lors de la révélation finale: on retrouve le thème mystérieux, celui d'Elijah, dans une sombre atmosphère de révélation que David aura beaucoup de mal à digérer. Howard enchaîne ensuite sur le générique de fin, réaffirmant son thème dramatique et sa rythmique rap, ainsi que le thème grandiose de la révélation (notons ici l'habile passage furtif du thème d'Elijah au piano au milieu de ce morceau).

Vous l'aurez compris, 'Unbreakable' est la nouvelle grande BO de James Newton Howard pour le nouveau film de Shyamalan. Une approche musicale superbe et subtile dans le film, une écoute passionnante avec un album pour une fois très complet (Howard ayant bien respecté l'ordre chronologique du film et la progression dramatique de la musique. Notons aussi la présence du 'End Title', chose plutôt rare dans les albums de James Newton Howard!), des thèmes magnifiques aux développements multiples et complexes, une écriture orchestrale de qualité utilisant toutes les ressources de l'orchestre et surtout des solistes instaurant un vrai dialogue avec l'orchestre (dans lequel les cordes sont surtout bien mises en valeur), une intensité dramatique magnifique à souhait, bref, que d'éléments qui font de 'Unbreakable' LA nouvelle partition incontournable du compositeur, et une nouvelle réussite musicale de la part du très inspiré duo Shyamalan/James Newton Howard, qui n'annonce que du bon pour l'avenir. En tout cas, 'Unbreakable' confirme bel et bien le fait que JNH possède un réel talent et une inspiration rare à une époque où la musique de film hollywoodienne sombre dans une morosité artistique de plus en plus inquiétante. Voici donc en somme, une nouvelle grande BO de James Newton Howard à ne surtout pas manquer!


---Quentin Billard