1-Friendship 4.29
2-Terrorists in Moscow 4.37
3-Captain Mokin 1.17
4-Acquaintance 1.34
5-Promenade on the Troika 2.09
6-Jane and Andrei 3.22
7-Surprise At The Ball 3.25
8-After The Ball 1.24
9-Cadets and Maidens 3.35
10-Blood on the Wall 3.45
11-Zapoi 1.55
12-Chasing Napoleon 2.22
13-Unexpected Visit 1.36
14-Welcome To Russia 2.22
15-Ceremony in the Kremlin 0.57
16-Tolstoi Overhears 3.40
17-What Did You Do ? 2.15
18-The Prisoner's March 5.17
19-Jane's Letter 2.50
20-Crossing Through Siberia 2.36
21-The McCracken Machine 1.45
22-The Deserted House 2.48
23-The Love 7.05

Musique  composée par:

Edward Nicolay Artemyev

Editeur:

Sony Classical SK 61802

Album produit par:
Edward Nicolay Artemyev

Artwork (c) 1998 Three T. Productions/Barrandov Biografia/France 2 Cinéma/Caméra One/Medusa Produzione.

Note: ***1/2
LE BARBIER DE SIBÉRIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Edward Nicolay Artemyev
Présenté hors compétition en ouverture du 52ème festival de Cannes 1999, « Le Barbier de Sibérie » est une grande fresque épique et romantique du réalisateur russe Nikita Mikhalkov. Avec un budget assez conséquent de 250 millions de francs, 5000 figurants, 3000 costumes et un tournage qui dura près de 180 jours, « Le Barbier de Sibérie » est un film ambitieux et démesuré comme on en voit rarement dans le cinéma contemporain. Considéré d’ailleurs à juste titre comme l’une des productions cinématographiques les plus importantes jamais réalisé en Europe, « Le Barbier de Sibérie » nous ramène 1885, alors qu’une jeune américaine, la très belle Jane Callahan (Julia Ormond), décide de partir en Russie. Au cours de son voyage, Jane fait la connaissance d’Andrey Tolstoi (Oleg Menchikov), jeune cadet avec qui elle sympathise, partageant un goût commun pour la musique et les arts. Arrivée à Moscou, Jane retrouve Douglas McCracken (Richard Harris), excentrique inventeur d’une immense machine à déboiser que le scientifique tente de vendre aux russes. C’est alors que McCracken demande à Jane de se faire passer pour sa fille et de séduire le général Radlov (Alexei Petrenko) afin de l’aider à conclure le marché. Le général tombe alors amoureux de Jane et demande au cadet Tolstoi de l’accompagner chez elle, ignorant alors tout des sentiments du jeune homme pour la belle américaine. Le réalisateur russe Nikita Mikhalkov met donc en scène la très ravissante Julia Ormond dans la peau d’une jeune américaine qui va découvrir les mauvais tours de la vie lors de son voyage en Russie. L’actrice apporte son charme et sa beauté élégante à une fresque épique et romantique qui tente de renouer avec les grands classiques d’antan - on pense notamment ici à « Doctor Zhivago » - cette coproduction européenne ambitieuse mélange de façon étonnante romantisme flamboyant et humour burlesque décalé pendant près de 3 heures, le tout filmé en Cinémascope pour retrouver bien évidemment les sensations du grand cinéma d’antan : au final, Mikhalkov signe son film le plus ambitieux à ce jour, une réussite grandiose à ne surtout pas manquer !

C’est Edward Nicolay Artemyev, compositeur fétiche de Nikita Mikhalkov depuis « Urga » en 1991 qui a été choisi pour écrire la musique du « Barbier de Sibérie ». A noter qu’Artemyev est aussi connu pour avoir écrit en 1972 la musique d’un chef-d’oeuvre absolu du cinéma russe, « Solaris » d’Andrei Tarkovski. Le compositeur a écrit pour le film de Mikhalkov l’une de ses plus belles musiques de film, une partition symphonique ambitieuse mélangeant à la fois les influences classiques et un style orchestral plus moderne, plus « cinématographique » Le thème principal de la partition du « Barbier de Sibérie » s’inscrit clairement dans le courant romantique du 19ème siècle, évoquant par moment le lyrisme d’un Chopin ou l’élégance d’un Rachmaninov. Très élégant et dramatique, le thème décrit l’histoire tragique du périple de Jane Callahan en Russie. Artemyev dévoile ensuite un second thème plus joyeux et qui illustre principalement la première partie du film à l'école des cadets dans laquelle se trouve le futur prétendant au coeur de Mrs.Callahan, Andrey Tolstoï, jeune homme fougueux et maladroit. L’utilisation de la trompette et le caractère solennel du dit thème prennent alors des proportions parfois épiques dans la musique du film, et notamment pour la scène avec le Tsar et le grand feu d'artifice.

Comme signalé précédemment, la majeure partie du score du « Barbier de Sibérie » emprunte ses élans orchestraux fougueux et romantiques à la musique des compositeurs classiques du 19ème siècle, Brahms, Tchaïkovski, Rachmaninov ou Chopin, Edward Artemyev mettant ici tout particulièrement l'accent sur le caractère romantique/tragique du film sans jamais en faire trop. Le thème dramatique apparaît progressivement dans la partition du film et finit par prendre une certaine ampleur dans la dernière partie du film. Le compositeur développe cette mélodie émouvante qu’il sait rendre plus intime et touchante lorsqu'il la confie à une flûte mélancolique, comme c’est par exemple le cas lors du générique de fin du film. Edward Artemyev évoque aussi l’idylle naissante entre Jane et Andrei et l'amitié des cadets à l'école militaire russe. Si une bonne partie de la musique du compositeur russe possède un certain lyrisme brillant teinté de classicisme (au sens du 19èmiste), auquel s’ajoutent quelques airs d’opéra extraits des « Noces de Figaro » de Mozart chanté dans le film par Andrei et ses camarades, la seconde partie du score demeure plus moderne et aussi plus sombre. Le compositeur illustre alors les séquences plus massives du film, comme l'attaque des terroristes au début du film, l'attentat contre le Tsar, la marche des prisonniers ou bien encore la scène avec la machine de McKracken. L'écriture d'Artemyev se veut alors plus moderne, plus énergique, les orchestrations devenant plus massives et cuivrées, avec comme toujours ce classicisme constant teinté ici de sonorités plus rugueuses, percussives et agressives.

La musique du « Barbier de Sibérie » apporte une émotion et une certaine puissance dramatique et lyrique aux images du film de Mikhalkov. On pourra bien évidemment relever les nombreuses références classiques évidentes et voulues par le réalisateur, tout en appréciant aussi les morceaux d’action plus massifs et hollywoodiens sur la dernière partie du film. Malgré toutes ses influences, la musique d’Artemyev demeure très personnelle, reflétant une certaine culture musicale du compositeur - la musique russe savante de Tchaïkovski, Prokofiev, Borodine, Rimski-Korsakov ou bien encore Chostakovitch. Edward Artemyev perpétue d’une certaine manière cette grande tradition musicale russe avec « Le Barbier de Sibérie », car sans être le chef-d’oeuvre de l’année, la partition du film de Mikhalkov n’en demeure pas moins très réussie aussi bien dans le film que musicalement parlant, une vraie réussite dans son genre !



---Quentin Billard