1-Battlefield Earth Theme 0.52
2-The Dome 3.32
3-Jonnie Leaves 1.34
4-Meeting Carlos, The Hunter 1.19
5-Terl 1.39
6-Jonnie's Enlightenment 1.56
7-The Plan/Fort Hood 2.42
8-Chrissy 1.04
9-Denver Library 1.19
10-Chrissy Collected 1.40
11-Man Animal Revolt 2.53
12-Mountain Tribe 1.43
13-Psychlo Wrangler 2.28
14-Psychlo's Top 40 2.07
15-Commence Revolt 3.10
16-Do You Want Lunch? 1.34
17-Revolt Continues 2.16
18-Options For Renewal 2.00
19-Hope At Last 0.55
20-The Cavalry 0.34
21-Air Battle 1.50
22-Trench Attack 0.53
23-Web Cracking Stops 1.47
24-Dome Explodes 1.55
25-Gas Drone and Fight 1.43
26-Mickey The Hero 0.40
27-We've Won 1.12
28-End Titles 1.33

Musique  composée par:

Elia Cmiral

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 144 2

Produit par:
Elia Cmiral
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Mike Flicker
Assistant montage et
préparation de la musique:
Thomas Bartke
Assistant du Compositeur:
Billy West

Artwork and pictures (c) 2000 Warner Bros, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
BATTLEFIELD EARTH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elia Cmiral
Issu d'un livre de science-fiction écrit par L.Ron Hubbard, plus connu pour être le fondateur de la très controversée église de la scientologie, 'Battlefield Earth' de Roger Christian est un énième film de science-fiction à rajouter dans les armoires cinématographiques d'Hollywood. Malgré ses invraisemblances, ses longueurs, son final à l'idéologie douteuse (raser le monde des méchants en utilisant l'arme nucléaire - ne serait-ce pas une métaphore dangereuse du manichéisme vue par l'Amérique?) et les maquillages ridicules de John Travolta, le film se laisse regarder comme un simple divertissement, même si l'entreprise paraît bien laborieuse (il faut aussi rajouter que le film ne s'inspire que de la moitié seulement du roman de L.Ron Hubbard!). Pour le scénario, cela reste très basique. Nous sommes en l'an 3000. La terre n'est plus qu'un désert, dans lequel les hommes vivent comme des bêtes, cachés dans les grottes et les cavernes comme au temps de l'âge de pierre. Il y a 1000 ans, les Psychlos, un peuple d'extra-terrestres belliqueux, ont envahit la terre et anéantit une bonne partie de la société humaine. Les Pyschlos sont dirigés par le cruel Terl (John Travolta), qui utilise les humains en esclavage comme des bêtes, tout en puisant les ressources nécessaires à leur monde sur notre terre. Pourtant, au milieu des Rocheuses vit un jeune chasseur nommé Jonnie Goodboy Tyler (Barry Pepper), qui est bien décidé à ne pas laisser faire les Psychlos. A force de courage et de détermination, il va finir par motiver les siens et amener les humains à se révolter et à renverser le pouvoir des Psychlos. Saturé d'effets spéciaux et de scènes invraisemblables, 'Battlefield Earth' est une grosse production spectaculaire et massive qui ne tire son salut que par une ambiance chaotique et étouffante assez réussie plus quelques scènes d'action spectaculaires. Pour le reste, on a du mal à croire à cette histoire simpliste de gentils humains se révoltant contre des méchants aliens barbares tant tout y est grossièrement fait ici, les effets spéciaux numériques étant aussi tellement nombreux et 'limite' qu'ils finissent par écraser le film, sans oublier le personnage ridicule de John Travolta, que beaucoup considèrent comme le principal échec du film au box-office 2000, suivi d'une controverse au sujet du lien entre le film, John Travolta et l'église de la scientologie, qui a probablement contribué à faire basculer 'Battlefield Earth' dans le rang des productions foireuses et sans grand intérêt.

Malgré ses mauvais points, 'Battlefield Earth' se rattrape néanmoins sur le plan musical, avec une partition assurée par l'inégal Elia Cmiral, qui nous revient ici après quelques partitions pour 'Ronin', 'Stigmata' et 'Six-Pack'. Pour sa première participation à une grosse production de science-fiction, Elia Cmiral a eu l'occasion de développer à loisir son style fait d'orchestre massif et de sonorités électroniques cafardeuses, une sorte de 'Ronin' amplifié ici à l'extrême. Grandiose pourrait être le premier mot qui nous vient à l'esprit à l'écoute de la nouvelle composition d'Elia Cmiral. Le compositeur utilise ici l'orchestre symphonique traditionnel avec une chorale massive, des percussions et des synthétiseurs. Rien de bien nouveau en somme, même si le résultat est finalement très correct sans 'plus'. 'Battlefield Earth' repose sur un thème principal, énoncé dès l'ouverture du film ('Battlefield Earth Theme') par des percussions et une trompette solennelle qui annonce l'héroïsme de Jonnie, tandis que les choeurs sont ici utilisés brièvement afin de caractériser l'humanité enchaînée aux terribles Psychlos. La première chose qui surprend l'auditeur/spectateur à la première écoute de la musique du film de Roger Christian, c'est la noirceur extrême de cette partition, qui n'est guère éloigné des précédentes partitions thriller d'Elia Cmiral. A vrai dire, on aurait presque du mal à croire que le score de 'Battlefield Earth' a été écrit pour un film de science-fiction tant la musique développe les ambiances ténébreuses et suffocantes que le compositeur affectionne tant lorsqu'il compose pour des thrillers et des films d'horreur. Optant pour une approche résolument sombre et atmosphérique, Elia Cmiral évoque tout au long du film l'oppression des humains à travers une ambiance musicale suscitant le malaise, la tension, le suspense et le danger, accompagnant à l'écran la découverte des quelques humains survivants de la décrépitude de la terre et du cauchemar instauré par les ténébreux Psychlos.

La musique pourrait ainsi se diviser en trois grosses parties, comme dans le film: les humains sur la terre à la recherche de nourriture, dont la voix féminine et la discrète utilisation d'instruments ethniques dans 'Jonnie Leaves' viennent souligner la détermination de Jonnie, héros intrépide du film. De la même façon, 'Chrissy' et 'Mountain Tribe' évoquent la condition des hommes en les associant ici à des tribus primitives, à l'aide de touches ethniques (la shakuhachi japonaise ou les tambours taïkos), de synthétiseurs et de la voix féminine lointaine, ultime vestige d'une humanité sur le déclin. La musique évoque l'idée de la découverte et de l'exploration au début du film. Puis, petit à petit, le score se veut plus sombre, plus lourd, comme des nuages noirs approchant à l'horizon pour annoncer l'imminence d'un orage. On découvre ainsi très rapidement la seconde partie du film, qui reste probablement la plus longue: la capture des humains et la tyrannie des Psychlos. Elia Cmrial nous plonge dans un univers musical étouffant, une musique clairement atmosphérique, sombre et sans issue, utilisant plus particulièrement de nombreux effets électroniques (à la limite de l'overdose par moment), effets qui ne cessent d'être de plus en plus glauques. C'est le cas par exemple dans la rencontre avec le chasseur Carlo (Kim Coates) dans le sombre 'Meeting Carlos, The Hunter', où les synthétiseurs suggèrent toute la tension de la scène. Il est juste dommage que dans cette très longue partie, Cmiral ait tendance à s'embourber un peu dans de l'atmosphérique lourd et parfois superflu à l'image. Ainsi, on trouve au moins une bonne vingtaine de minutes de musique qui paraissent lourdes et inutiles sur les images, n'apportant rien de plus au film en dehors d'ajouter du bruit et de la fureur à une grosse production déjà suffisamment massive et lourdingue en soi. D'un côté, cela renforce l'atmosphère oppressante du film, mais d'un l'autre côté, cela discrédite le travail écrasant qu'a du fournir Elia Cmiral sur cette musique, particulièrement présente dans le film (pour ne pas dire trop présente!).

L'arrivée du personnage de Terl (Travolta) est illustrée dans la cinquième piste de l'album avec un nouveau mélange synthétiseurs/orchestre dans lequel Cmiral développe ses sonorités électroniques habituels associés ici au caractère oppressant et dangereux des Psychlos, tout en évoquant la puissance de leur technologie massive. On notera aussi l'utilisation de choeurs qui suggèrent dans 'Terl' la puissance de ce personnage maléfique sur les humains. C'est ce climat d'oppression que le compositeur tout au long de la seconde partie du film, passant de morceaux plus sombres tels que 'Chrissy Collected' ou 'Psychlo Wrangler', qui s'imposent ici par la brutalité de ses sonorités électroniques qui constituent ici un véritable magma sonore difforme mais néanmoins très efficace à l'écran (même si l'on frôle à plusieurs reprises la cacophonie), idéal pour renforcer le côté barbare et inhumain des Psychlos. A noter que Cmiral fait même un tour du côté de la musique électro expérimentale dans l'étrange 'Psychlo's Top 40', qui sent malheureusement le bidouillage électronique indigeste. Le milieu du film s'autorise quelques vagues touches d'espoir comme le suggère le brillant 'The Plan/Fort Hood' lorsque les humains préparent leur plan de contre-attaque à l'aide d'un bref passage héroïque dominé par des cuivres, des choeurs et des percussions martiales imposantes (mélangeant caisses claires, tambours taïkos, timbales, etc.). On notera d'ailleurs une vague reprise mélancolique et solennelle du thème principal dans 'Denver Library', lorsque Jonnie découvre les quelques rares vestiges de la civilisation humaine sur terre, le thème nous faisant ressentir ici l'idée que l'espoir de l'humanité n'est toujours pas enterré. Mais c'est avec le puissant 'Man Animal Revolt' que l'idée de la révolte des humains commence, suggérée ici à grand renfort de tambours et d'une brève reprise héroïque du thème principal, qui reste finalement sans surprise - certains l'ont très vite comparé au thème principal de 'Independence Day' de David Arnold, pour un autre film de science-fiction évoquant les ravages d'extra-terrestres sur la terre.

Après une série de pièces toutes aussi sombres, suffocantes et chaotiques (souvent assez indigeste à l'écoute) à l'image d'un morceau sinistre comme le très atonal 'Do You Want Lunch?' (lorsque Terl s'amuse avec Jonnie qu'il a capturé et qu'il traite comme un animal), la partition atteint enfin la troisième partie du film (après une seconde partie qui semble interminable dans le film, bourrée de longueurs et de scènes inutiles), celle de la révolte des humains et la contre-attaque contre les Psychlos. Elia Cmiral accentue ici toute la puissance orchestrale mise à sa disposition, agrémenté des divers effets électroniques omniprésents (associés aux Psychlos) et aux choeurs qui apparaissent principalement dans les scènes d'action massives du film, les choeurs étant là aussi pour souligner la séquence où les humains découvrent par exemple l'immense base des Psychlos sur terre, permettant au compositeur d'affirmer la puissance de sa musique. Les parties d'action/suspense rappellent d'ailleurs beaucoup celles de 'Ronin' ou de 'Six-Pack': même mélanges orchestre/synthé, même percussions, même rythmes, avec quelques choeurs et envolées orchestrales en plus. Les morceaux de la contre-attaque constituent sans aucun doute le point fort de la partition de 'Battlefield Earth', que ce soit les excitants 'Commence Revolt', 'Revolt Continues', 'The Cavalry' ou 'Air Battle', autant de grands morceaux de bravoure dominé par des percussions massives diverses (à noter la présence des tambours taïkos dans 'Commence Revolt') et des rythmes martiaux, un orchestre volumineux, des choeurs épiques et un thème héroïque symbole de la rébellion et de l'union des hommes contre une menace commune, comme le suggère le frénétique 'Revolt Continues'. Plus guerrière, plus martiale et plus déterminée, la musique de la dernière partie du film évoque la progression des humains contre les Psychlos, qui rapproche la rébellion humaine de la victoire finale. On appréciera par exemple l'utilisation épique des choeurs et des percussions soutenant le thème principal dans 'The Cavalry' tandis que débute le combat aérien contre les Psychlos dans l'excitant 'Air Battle', se prolongeant sur le massif et frénétique 'Trench Attack', tandis que 'The Dome' évoque la confrontation finale sous l'immense dôme du Q.G. des Psychlos, à l'instar du massif 'Web Cracking Stops' ou du grandiose 'Dome Explodes', une suite de morceaux d'action particulièrement puissants qui intensifient le spectacle que nous offre Roger Christian et son équipe dans ce film. La victoire finale est enfin évoquée dans 'We've Won' marqué par un nouveau retour du thème principal où l'orchestre paraît plus présent, dégagé de toute sonorités électroniques liées aux Psychlos.

Partition puissante et massive, 'Battlefield Earth' est la preuve qu'Elia Cmiral possède un talent certain qu'il devrait mettre plus souvent au service de film doté d'un réel intérêt, au lieu de choisir des projections toujours plus calamiteuses les unes que les autres. Il faut dire qu'après les bides commerciaux successifs de 'Ronin', 'Six-Pack' et maintenant 'Battlefield Earth', Cmiral n'est pas le plus chanceux des compositeurs, puisque son nom est désormais associé à une production catastrophique qui va probablement causer un certain tort au compositeur pour la suite de sa carrière dans la musique de film. On espérait avec 'Battlefield Earth' que le compositeur nous révèlerait enfin toute l'étendue de son talent et de son inspiration, mais au lieu de la partition ambitieuse que l'on attendait, il faudra se contenter d'un gros score d'action/suspense qui ne s'éloigne finalement guère des précédents travaux du compositeur, même si la dernière partie plus épique du score justifie à elle seul l'intérêt que l'on peut porter à cette partition extrêmement massive et bruyante. Certes, la musique colle à merveille à l'ambiance du film de Roger Christian, mais sans apporter de véritables 'plus' particuliers à ce long-métrage de science-fiction, et ce même si l'on sent ici une certaine personnalité dans la façon dont le compositeur manie ses différentes sonorités électroniques et orchestrales. Reste que, malgré tout, le score d'Elia Cmiral pour 'Battlefield Earth' est de loin le seul véritable point positif du film, ce qui n'est finalement pas si mal!


---Quentin Billard