1-Main Title 1.57
2-Leaving 3.21
3-Freight Train 2.45
4-First Love 3.21
5-Into Town 2.32
6-Goodbye 2.22
7-Rustling 3.07
8-The Forest 2.01
9-Early Morning 1.45
10-Getting There 1.14
11-Farewell 3.23
12-Reunion/End Title 5.10

Bonus Tracks

13-Locked Up 3.12
14-Hotel Escape 1.54
15-Riding The Rails 1.29
16-To Seattle 3.18

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 103

Album produit par:
Simon Rhodes, James Horner

Artwork (c) 2009 Disney Enterprises, Inc. All rights reserved.

Note: ****
THE JOURNEY OF NATTY GANN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Très beau film produit par Walt Disney et réalisé par Jeremy Kagan en 1985, « The Journey of Natty Gann » raconte l’histoire d’une jeune fille ans qui, en pleine ère de la Grande Dépression en 1935, parcourt une bonne partie des Etats-Unis pour retrouver son père, un bûcheron parti travailler à plus de 3000 kilomètres de chez eux. Natty Gann (Meredith Salenger) est une jeune fille de 12 ans à l’allure de garçon qui vit à Chicago avec son père Sol (Ray Wise) qui l’élève seul. Un jour, Sol se voit proposer du travail dans l’état de Washington, l’obligeant ainsi à laisser Natty seule à Chicago. Il décide alors de confier sa fille à une femme qui s’occupe d’un hôtel à côté de chez eux. Mais Natty ne supporte plus la solitude et la sévérité de cette femme. Elle décide alors de s’enfuir dans la nuit et part seule, à la recherche de son père. C’est au cours de son voyage qu’elle rencontrera un loup et se liera d’amitié avec lui. Son voyage lui donnera l’occasion de parcourir une bonne partie des Etats-Unis, de multiplier les rencontres, de vivre plusieurs aventures avec des hauts et des bas et même de connaître un amour de jeunesse avec un autre jeune voyageur, Harry (John Cusack). « The Journey of Natty Gann » est donc un très beau film qui s’inspire de l’univers des romans de Jack London ou de John Steinbeck en nous replongeant dans l’Amérique rurale des années 30, dans le milieu des travailleurs américains modestes. Le réalisateur Jeremy Kagan nous raconte une très belle histoire de courage, d’amitié et de persévérance, des thèmes chers à Disney et brillamment mis en scène ici. Le film permit de révéler à l’écran la jeune Meredith Salenger, qui, avec son look de garçon manqué et sa jolie frimousse remporta le Young Artist Award en 1986 (depuis, la carrière de l’actrice n’a malheureusement guère décollée). A noter qu’il s’agit aussi de l’un des premiers grands rôles de John Cusack, encore peu connu à l’époque où il tourne dans « Natty Gann ». Enfin, pour finir, on signalera la performance remarquable du Jed, le loup ami de Natty pendant tout le film, qui joua aussi dans « The Thing » et « White Fang ». A ce sujet, le film de Jeremy Kagan se rapproche beaucoup de l’histoire de « White Fang », surtout lorsque le réalisateur évoque l’amitié entre la jeune héroïne et le loup. Avec ses décors sauvages magnifiques, ses grandes scènes d’aventure et ses moments plus intimes et touchants, « The Journey of Natty Gann » est une bien belle réussite dans son genre, un film qui n’en fait jamais de trop et réussit à trouver le ton juste dès qu’il faut !

A l’origine, c’est Elmer Bernstein qui devait écrire la musique de « Natty Gann », mais sa partition fut finalement rejetée par la production qui souhaitait un son bien différent (à noter cependant qu’un morceau de Bernstein est resté dans le film, entendu durant la scène où Natty s’enfuit du pick-up conduit par un vieux pervers). Ce sera finalement le jeune James Horner qui héritera du projet, un Horner peu connu à l’époque et à peine âge de 25 ans au moment où il compose la musique de « Natty Gann », mais qui s’était déjà fait révéler par « Star Trek II » en 1982 - un score qui lança définitivement sa carrière au cinéma. Avec « The Journey of Natty Gann », le compositeur nous offre une partition symphonique belle et rafraîchissante, essentiellement centrée autour d’un magnifique thème principal tout bonnement inoubliable, un des premiers grands thèmes de qualité d’Horner dans les années 80, une mélodie majestueuse et entraînante totalement indissociable de l’univers du film. Le thème évoque parfaitement le voyage de Natty Gann à travers les Etats-Unis des années 30, et sa quête pour retrouver son père. Il représente aussi parfaitement l’héroïne elle-même, son courage, sa détermination mais aussi sa fragilité dans des lieux souvent hostiles et sauvages. Horner utilise donc l’orchestre symphonique habituel auquel s’ajoutent les solistes habituels du compositeur : la shakuhachi de Kazu Matsui (qui deviendra l’un des interprètes fétiches d’Horner sur la plupart de ses futures partitions), une flûte à bec, un harmonica, une guitare et une cithare. Horner a reproduit à travers sa partition le son « americana » indispensable au film (et qui était déjà très présent dans la partition rejetée d’Elmer Bernstein), un son qui apporte un charme tout particulier à cette musique dans le film.

Avec des orchestrations de grande qualité et une écriture orchestrale rafraîchissante, James Horner dévoile sans surprise son superbe thème principal dans son intégralité dès le générique de début (« Main Title ») avec sa mélodie majestueuse et mémorable sur un rythme à trois temps, un thème qui accompagnera le voyage de Natty Gann tout au long du film, et qui permet aussi à Horner d’introduire les sonorités « americana » de sa partition. A noter que le thème se compose en fait de deux parties, avec lesquelles le compositeur jouera tout au long de sa partition. Ainsi, « Leaving » accompagne le départ du père de Natty avec des allusions à la seconde partie du thème, baignant ici dans des orchestrations très chaleureuses et soignées, incluant la flûte à bec, l’harmonica, la cithare et la guitare en plus de l’orchestre. Le piano intervient quand à lui dans « Freight Train », accompagnant l’orchestre et les autres instruments solistes, lorsque Natty voyage clandestinement à bord d’un train. A noter ici la façon dont Horner personnifie le train en train de se mettre en marche avec un tempo qui accélère progressivement. Le compositeur en profite ainsi pour développer à nouveau son thème à travers de multiples variantes instrumentales. L’accélération rythmique de « Freight Train » aboutit finalement à une grande envolée orchestrale aventureuse dans la laquelle les percussions évoquent le son des rails du train. Le caractère ample et majestueux de cette partie finale apporte une force et un certain charme aux films de Jeremy Kagan, personnifiant encore une fois l’idée du départ à l’aventure et de la découverte des grands espaces. La musique se fait même plus tendre au détour d’un très délicat « First Love » représentant les sentiments naissants de la jeune Natty pour son nouvel ami Harry. On notera ici l’apport de la guitare romantique et intime qui apporte une délicatesse très émouvante au morceau dans le film. A noter la façon dont Horner se concentre essentiellement sur une écriture dominée par les bois dans les passages plus intimes, comme le confirme le très intime « Goodbye » qui accompagne la scène des adieux entre Natty et Harry avec une pudeur et une retenue très touchante.

La trompette est l’un des instruments récurrents de la partition de « The Journey of Natty Gann ». On la retrouve ainsi au début de « Into Town » qui débouche sur un morceau aux sonorités « americana » inspiré du « Rodéo » d’Aaron Copland, dans lequel Horner fait une allusion au son americana/western de l’oeuvre d’origine de Copland, une musique qui l’inspirera aussi particulièrement sur « An American Tail : Fievel Goest West » (1991). On retrouve ces sonorités « americana » à la Copland dans « Rustling », dominé par un travail autour du violon soliste assez réussi, un morceau qui accompagne la scène où Natty et un groupe d’enfants volent un taureau dans une ferme. Ici aussi, Horner s’amuse à faire des références au « Rodéo » de Copland qui tombe à point nommé pour cette scène. La seconde partie du morceau bascule dans l’action pure et dure avec les orchestrations action chères au James Horner des années 80, et qui, avec leurs percussions martelées et leurs cordes rythmées rappellent « 48 Hours » et annoncent clairement « Commando » (le côté synthé cheap en moins !). A noter qu’on retrouve un style à peu près similaire dans « Riding the Rails », morceau d’action dominé par des enclumes agressifs évoquant le son des rails lorsque Natty et Harry s’enfuient par le chemin de fer pour échapper à des policiers. Le morceau rompt un peu avec le style plus majestueux et pastoral du reste de la partition en développant un style action plus brutal et dissonant, annonçant très clairement « Aliens », qu’Horner composera l’année d’après. Enfin, on notera un morceau un peu particulier, « The Forest », lorsque Natty se retrouve en pleine forêt, en compagnie du loup. Le morceau se veut ici beaucoup plus impressionniste, avec ses flûtes et ses notes de piano furtives évoquant le chant des oiseaux dans la nature. A noter que « The Forest » s’inspire en réalité du prélude d’un interlude du « Peter Grimes » de Benjamin Britten. A noter ici l’apport de la shakuhachi qui apporte une sonorité particulière à cette très belle évocation de la nature sauvage.

James Horner nous offre avec « The Journey of Natty Gann » une très belle partition symphonique sur le thème de l’aventure et du voyage, avec ses couleurs « americana » et son thème rafraîchissant - sans aucun doute l’un des premiers grands « hits » du compositeur. Réclamée depuis très longtemps par les fans de James Horner, l’édition CD du score de « The Journey of Natty Gann » aura finalement pu voir le jour grâce aux efforts du label Intrada, des efforts qui s’avèrent être payants, alors que le CD retranscrit l’intégralité du travail du compositeur sur le film (hormis les deux segments musicaux d’Elmer Bernstein). On regrettera cependant la seconde partie du CD, qui ne provient pas de la même source et dont la qualité du son s’avère être plus décevante. Au final, « The Journey of Natty Gann » fait incontestablement partie des scores incontournables du James Horner des années 80, à savourer d’urgence sur la splendide galette d’Intrada !


---Quentin Billard