Pour le très beau film de Mel Gibson, deux ans avant 'Braveheart', James Horner a écrit un score intime, à la fois doux et dramatique. La musique d'Horner reste toujours très simple, très intime. Pas de véritables envolées lyriques ici, pas de passages grandioses, toute la musique reste doucement intime.

On retrouve le style orchestral habituel d'Horner pour ce genre de musique, 'The Man Without a Face' (L'Homme sans Visage) étant une sorte de croisement entre 'To Gilian for her 37th Birthday' et 'The Spitfire Grill', voire aussi 'Legends of the Fall' pour le lyrisme de la partition. Le score rappelle beaucoup par moment 'To Gilian', un autre score intime d'Horner plutôt passable. Comme d'habitude chez Horner, et ce depuis le début des années 90, sa musique donne une très lourde impression de déjà entendue. L'écriture se concentre autour d'une formation instrumentale de cordes/vents/piano, la partie de piano étant celle qui renvoie le plus clairement à 'To Gilian'.

Un thème assez dramatique, aux cordes/vents illustre l'histoire de l'amitié naissante entre un ex-professeur défiguré (Mel Gibson) et un jeune étudiant (Nick Stahl) qui veut réussir son examen d'entrée en école militaire, un thème assez dramatique dans l'âme vu ce qui attend les deux personnages à la fin de l'histoire. Pour certains moments poignants du film, la musique d'Horner ne semble pas toujours être aussi dramatique qu'elle devrait l'être. La musique évite bien souvent les écueils mélodramatiques, même si l'on pourra trouver que la musique n'est finalement pas assez dramatique dans le film. On retrouve néanmoins la sensibilité personnelle de Horner dans ce score finalement très moyen. Quelques passages plus enjoués évoque les moments heureux entre le professeur et son élève, tandis qu'une grosse partie de la musique s'attache à suivre de manière intime et retenue la très belle amitié entre McLeod (Mel Gibson, super dans son rôle d'ex-professeur défiguré dans un accident de voiture) et Charlie et sa triste conclusion.

En conclusion, 'The Man Without A Face' est un Horner intéressant mais trop cantonné à ses formules toutes faites qui donnent une impression de déjà entendu, et une musique intime réussie qui apporte une certaine émotion au très beau film de Mel Gibson, même si le score aurait certainement pu aller encore plus loin sur le registre de l'émotion, qui tend parfois à se faire un peu trop discret dans le film à force de jouer sur une retenue timide un peu agaçante à la longue. A réserver en priorité aux inconditionnels du compositeur!


---Quentin Billard