1-The River Crossing
To Stalingrad 15.14
2-The Hunter Becomes
The Hunted 5.53
3-Vassili's Fame Spreads 3.40
4-Koulikov 5.13
5-The Dream 2.35
6-Bitter News 2.38
7-The Tractor Factory 6.43
8-A Sniper's War 3.25
9-Sacha's Risk 5.37
10-Betrayal 11.28
11-Danilov's Confession 7.13
12-Tania 6.53

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Sony Classical
SK 89522

Album produit par:
Simon Rhodes, James Horner
Producteur exécutif de la musique
pour Mandalay Pictures:
Budd Carr
Superviseur du montage
de la musique:
Jim Henrikson
Monteur de la musique:
Joe E.Rand
Assistants onteurs:
Barbara McDermott,
Nancy Fogarty

Coordinateur du soundtrack:
Delly Ramin
Coordinateur du scoring:
Julyce Monbleaux
Monteurs de l'album:
Simon Kiln, Sam Okell

Artwork and pictures (c) 2001 Mandalay Pictures/Paramount Pictures. All right reserved.

Note: **1/2
ENEMY AT THE GATES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Avec 'Enemy at The Gates' (Stalingrad), Jean-Jacques Annaud revient sur la description de l'un des passages les plus sanguinaires de la seconde guerre mondiale, l'affrontement entre russes et allemands à la porte de Stalingrad en septembre 1942, fameuse bataille décisive dans laquelle les allemands ont signés à l'avance leur future défaite. Jude Law et Ed Harris sont absolument excellents dans l'une des plus belles batailles d'adversaires que l'on ait pu voir depuis fort longtemps, un duel de snipers enragés dans lequel l'un des deux devra inexorablement trouver la mort. Annaud a eu l'idée brillante, d'après le cadre historique (et la véritable histoire de Vassili Zaitsev), de représenter l'affrontement de deux nations transposé dans la confrontation entre deux snipers, l'un allemand, l'autre russe. Pari réussi, Jean-Jacques Annaud ne fait pas souvent de film, mais lorsqu'il en sort un, c'est toujours sous le signe de la qualité, vous pouvez en être sûr. Un bon film de guerre brutal et tragique, servi par un casting remarquable et une excellente mise en scène!

Après John Williams sur 'Seven Years in Tibet', Annaud a fait cette fois appel à James Horner sur 'Enemy at The Gates'. Evidemment, les réfractaires au style du compositeur tremblaient déjà à l'avance en s'imaginait ce qu'allait donner la musique du compositeur sur les images du film de Jean-Jacques Annaud, songeant que l'on allait encore avoir droit aux repiquages habituels d'Horner. Concrètement, ceux qui pensaient cela avaient vu juste, hélas! Si la nouvelle partition symphonique de James Horner pour 'Enemy at The Gates' est tout de même d'une grande qualité associée aux images du film, elle n'en demeure pas moins intrinsèquement décevante de par la manie habituelle qu'a Horner à repiquer ses anciens thèmes et son matériau musical pour ses films précédents. Toujours est-il que le résultat néanmoins être particulièrement brillant à l'écran. Horner a donc centré sa partition autour de deux thèmes que nous connaissons déjà très bien, puisque le premier, le fameux motif de 4 notes obsédant et menaçant représente le major Koenig, le sniper allemand (Ed Harris), un motif qui semble vraiment obséder Horner puisque cela fait maintenant plus d'une quinzaine d'années qu'il ne cesse de nous le rabâcher depuis 'Brainstorm', 'Star Trek II', 'Willow', puis récemment dans 'The Mask of Zorro', etc. On trouve ensuite un motif plus russe d'esprit pour Vassili Zaitsev (Jude Law) qui est carrément repris lui aussi d'un petit passage de quelques secondes dans 'Re-Entry and Splashdown' de 'Apollo 13', ce motif ayant d'ailleurs été très critiqué puisqu'il rappelle étrangement les premières notes du thème de 'Schindler's List' de John Williams (autre grande musique pour un film sur la seconde guerre mondiale). Quoiqu'il en soit, on est habitué à ce qu'Horner se copie lui-même, mais avec 'Enemy at The Gates', c'est hélas la première fois que ces repiquages prennent une place aussi importante et démesurée, c'est-à-dire celle des thèmes principaux, ce qui donne finalement un goût désagréable de déjà entendu, de réchauffé, de facilité honteuse, et ce malgré les qualités musicales de ce score. On passera volontiers sur les techniques d'écriture que Horner nous ressert à chaque fois aussi, c'est-à-dire les rythmes de sept notes des caisses claires entendu dans tellement de musique d'Horner ('Titanic', 'Apollo 13', etc.) ou les sons stridents de synthé servant à créer de la tension, comme on en entend si bien dans les moments qui annoncent la catastrophe dans 'Titanic'. A ce propos, les passages les plus mouvementés de 'Enemy at The Gates' ont tendance à nous rappeler 'The Sinking' et 'Death of Titanic' du score pour le film massif de James Cameron, une autre grosse source d'inspiration d'Horner dans cette partition orchestrale. On passera aussi sur le fait que le début du film (scène du loup dans la neige) avec ces cordes froides et mélancoliques font beaucoup penser au tout début de 'Braveheart'.

Après une analyse générale de ces auto-repiquages, voyons les aspects positifs qui ne manquent pas dans cette BO: Horner a magnifiquement illustré le duel des snipers en leur donnant un thème spécifique à chacun, donc le thème russe 'à la Schindler's List' de Vassili et le thème obsédant des 4 notes pour Koenig. Horner les oppose tout le temps, les mélange, et, à l'image du film, il crée une véritable confrontation permanente entre ces deux thèmes. Ce concept musical est habilement maîtrisé et Horner arrive très bien à illustrer dans son oeuvre ce duel de titans entre deux hommes qui se sont jurés de se faire la peau à tout prix. L'impact du thème de Koenig est important à l'écran, parce qu'Horner le répète énormément et, soupçonnant fortement Horner d'être curieusement amouraché de ce motif ou plutôt obsédé par ce thème intriguant, Horner a tenu à le faire véritablement aboutir et exploser dans ce film à tel point que, non content d'avoir l'esprit continuellement occupé par ce thème, Horner a tenu à ce que le spectateur réagisse comme lui: intrigué! Ce thème a tout pour être vraiment obsédant: il revient régulièrement sous sa même forme, il n'est jamais varié, il est toujours confié aux trompettes, avec son chromatisme en forme d'arc de cercle, une figure qui part d'une note mais revient sur la même, etc. Tout ceci représente donc fort bien le major Koenig et sa détermination acharné à vaincre Vassili dans ce duel de snipers.

Pour illustrer le cadre de la guerre, Horner utilise un choeur russe qui fait penser à Chostakovitch et Prokofiev (une autre des sources musicales évidentes dans cette BO), qui apparaît d'abord de manière grandiose dans les moments où les russes font leur propagande autour de la réputation grandissante de Vassili, puis dans les moments dramatiques du conflit (certains choeurs rappellent parfois 'Glory' ou 'Apollo13'). Ces choeurs sont évidemment d'une grande beauté et impose une certaine puissance musicale à l'écran. On en attendait pas moins d'un Horner à l'esthétique dramatico-musicale toujours très soignée. Les passages d'action comme par exemple les premières quinzaines de minutes de combat au début du film sont impressionnantes même si on y retrouve toujours tous les éléments de ses anciennes musiques. Pour tempérer la violence dramatique et tragique de sa musique (excellent passage pour le moment où Tania est touché par un obus, la musique d'Horner devenant alors beaucoup plus tragique voire douloureuse), Horner se "repose" sur quelques moments plus calmes, des passages romantiques où il décrit l'amour entre Vassili et Tania (Rachel Weisz). Dommage que ces quelques passages courts ne soient pas plus marquants, quand on sait en plus à quel point Horner est doué pour illustrer l'amour dans sa musique (des scores comme 'Legends of The Fall', 'To Gillian' ou 'Titanic' nous l'ont grandement prouvé à maint reprises!). Evidemment, les passages d'action/suspense pour l'intrigue 'thriller' entre Vassili et Koenig sont très souvent intense, réutilisant toutes les techniques d'écriture chères au compositeur! Le film se clôt brillamment en boucle, puisque après la conclusion de ce duel sauvage, Horner réutilise le passage dramatique de ces cordes froides qui ouvraient le film et qui concluent l'histoire avant le final avec Tania et le générique de fin. Le générique de fin est quand à lui très intéressant puisqu'il réaffirme le thème de Vassili dans toute sa splendeur, avec les choeurs et une balalaïka (sorte de guitare russe possédant une couleur résolument locale!) qui double le thème, un générique important qui rappelle dans sa conception celui de 'Glory', autre grand standard orchestral/choral de Horner.

En conclusion, passé au delà de tous les repiquages massifs d'Horner sur ses propres musiques (et même sur Prokofiev), 'Enemy at The Gates' apparaît comme une musique impressionnante dans le film. Notre verdict final est qu'il faut passer au delà de tous ces repiquages agaçants pour vraiment apprécier le contenu dramatique très réussi de cette partition. Le seul problème, c'est que cela finit par devenir extrêmement lourd et désagréable d'entendre tout le temps les mêmes motifs et les mêmes morceaux d'un bout à l'autre des partitions de James Horner! 'Enemy at The Gates', fort réussi dans le film, évoque une fois de plus un fameux problème dans la musique d'Horner que ses détracteurs habituels vont se faire un plaisir de descendre en masse: ses auto-repiquages! Le principe peut se défendre comme il peut être condamnable. Ainsi, cela se défend car Horner est un perfectionniste. Lui même affirme que lorsqu'il trouve un thème, il veut toujours essayer de sortir la meilleure matière possible de ce thème, de lui donner son âme véritable, sa forme la plus parfaite possible, d'où le fait qu'il réutilise souvent des motifs déjà composé pour d'anciens films. Mais c'est aussi un procédé condamnable car, en suivant ce principe, James Horner oublie qu'il a des auditeurs qui l'attendent au tournant et qui, faute de rencontrer de l'originalité dans ses musiques, doivent supporter ses incessants repiquages qui finissent par devenir extrêmement lourd et inintéressant au possible. 'Enemy at The Gates' correspond donc à cette catégorie là: un manque d'inspiration évident, des redites d'une lourdeur fatigante, mais pourtant, un canevas dramatique fort bien tissé, une illustration de l'intrigue du duel parfaitement maîtrisée, et de toute évidence une émotion toujours très présente comme toujours chez le compositeur. C'est là tout le problème de la musique d'Horner qui trouve l'émotion mais se perd dans la forme de sa musique faite souvent de redites personnelles assommantes! A cause de cela, il manque toujours quelque chose à la musique d'Horner et son souhait de se perfectionner semble en fait lui faire plus défaut qu'autre chose. Voilà donc une nouvelle partition décevante de la part de Horner qui, s'il a parfaitement sut saisir tout l'esprit et l'intensité dramatique du film de Jean-Jacques Annaud, échoue d'un point de vue musical, accouchant d'une partition qui se borne à recycler tout ce que le compositeur a déjà put faire auparavant dans le domaine. Espérons que le compositeur prendra conscience dans un avenir proche que ses auditeurs attendent de lui un peu plus d'originalité et moins de facilité, sous peine de quoi sa musique finira par lasser et se mettre son public à dos. Croisons les doigts et attendons!


---Quentin Billard