1-Is There A Mother? 2.28
2-Diana Moves In 1.14
3-Main Titles 2.39
4-The Lab 4.16
5-Thunder and Lightning 2.33
6-My Body, My Choice 2.08
7-Natural Born Mother 1.34
8-Labor 4.06
9-First Pregnant Man 3.11
10-It's A Girl 2.41
11-Junior 2.57
12-I've Got You
Under My Skin 3.06*
13-Are You In The Mood? 3.28**

*Interprété par Cassandra Wilson
Ecrit par Cole Porter
Produit par Cassandra Wilson
et Craig Street
**Interprété par
Stéphane Grappelli
Ecrit par Stéphane Grappelli
et Django Reinhardt

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5558

Album produit par:
James Newton Howard
Co-Produtceur:
Michael Mason
Chargé de la musique pour Universal Pictures:
Harry Garfield
Producteur exécutif:
Ivan Reitman
Préparation de l'édition
pour Varèse Sarabande par:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Jim Weidman
Assistant montage:
David Olson

Artwork and pictures (c) 1994 Varèse Sarabande Records. All rights reserved.

Note: ***
JUNIOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
En voyant 'Junior', comédie débile et ratée d'Ivan Reitman, on se demande parfois comment les artisans d'Hollywood vont chercher des idées aussi tordues. 'Junior' évoque une expérience scientifique unique en son genre, celle d'un scientifique qui se trouve être le premier homme enceint de toute l'histoire de l'humanité. Avec son collègue le docteur Alex Hesse (Arnold Schwarzenegger), le docteur Larry Arbogast (Danny DeVito) met au point une drogue capable de réduire les chances du rejet d'un embryon par le corps d'une femme. Lorsque les personnes qui financent le projet mettent un terme à leurs recherches, Hesse décide de repartir en Europe et de quitter les Etats-Unis, devenus sans avenir pour lui. Il est alors rattrapé à l'aéroport par son collègue-associé Larry Arbogast, qui lui propose de continuer l'expérience sur lui-même. D'abord hésitant, Hesse finit par accepter de s'injecter la drogue et de porter un embryon pendant 3 mois. Mais alors que le projet finit par s'ébruiter dangereusement et que le comportement 'hormonal' de Hesse commence à changer du jour au lendemain, Larry décide de mettre un terme à l'expérience. Mais Hesse refuse de détruire l'embryon et prend finalement la décision d'avoir le bébé. Il deviendra ainsi le premier homme enceint au monde.

Qui aurait pu croire que Schwarzenegger, le héros de 'Commando', 'Terminator 2' ou 'Predator' accepterait un jour de jouer le rôle d'un homme enceint dans une comédie aussi débile que dénuée d'éthique? C'est pourtant le pari insensé qu'a osé relever l'acteur autrichien, qui, visiblement, n'a pas eu peur de se ridiculiser en risquant de jouer dans un navet qui pourrait fortement nuire à sa carrière d'acteur. Le plus inconcevable, c'est que Schwarzenegger avait pourtant affirmé à un journaliste dans les années 80 qu'il ne tournerait jamais dans des films où ses rôles ne seraient pas crédibles aux yeux du public (un comble!), comme quoi, avec le temps, on revient souvent sur nos propres déclarations (et un gros chèque à la clé, ça aide toujours). De l'humour, Schwarzenegger n'en manque pas, et c'est ce qui l'a souvent permit de se démarquer de son rival, Sylvester Stallone. D'un point de vue de la comédie, Schwarzy n'en est pas à son premier coup d'essai puisqu'en 1988, Ivan Reitman l'avait déjà réuni en compagnie de Danny DeVito sur 'Twins'. Après 'Total Recall', l'acteur enchaîna sur 'Kindergarten Cop' et se pasticha lui-même dans l'injustement sous-estimé 'Last Action Hero' (1993) de John McTiernan. De là à penser qu'il accepterait de se ridiculiser dans cet ignoble 'Junior' à l'histoire très fortement douteuse, il n'y a qu'un pas que l'acteur autrichien s'est bien empressé de franchir. Etrangement, depuis 'Junior', tous ses films ont été des succès très mitigés comme 'Jingle All The Way', 'End of Days', 'The 6th Day', etc. En clair, c'est tellement incroyable qu'il faut le voir pour le croire!

Le seul qui semble s'en tirer correctement est une fois encore le compositeur, James Newton Howard qui, en 1994, avait déjà acquis une certaine expérience dans le domaine des musiques de comédie avec à son actif des scores tels que 'Dave', 'Pretty Woman', 'My Girl', 'King Ralph', '3 Men and a Little Lady', etc. Sa partition orchestrale pour 'Junior' reste tout à fait caractéristique de ce que James Newton Howard écrit régulièrement pour ce style de comédie un peu légère, un score composé de thèmes d'une fraîcheur agréable et grandement mémorable, d'orchestrations vivantes et aérées, d'un entrain positif et communicatif, car sans être d'une folle originalité, 'Junior' s'apprécie par sa fraîcheur et son climat de bonne humeur et de légèreté. Cette bonne humeur se ressent dès le début avec 'Is There A Mother'?' pour l'introduction du film avec le cauchemar des bébés. Cordes, vents, harpe, cors, piano, célesta, tout est utilisé pour donner une énergie communicative au film et inciter le spectateur à s'intéresser à cette aventure folle et unique en son genre. Howard en profite à l'occasion pour dévoiler son excellent thème principal, enjoué et frais comme il se doit. 'Diana Moves In' évoque l'énergie débordante de Diana Reddin, interprétée dans le film par la toujours aussi amusante Emma Thompson, qui semble s'en être donnée à coeur joie dans ce film. Le thème est développé aux flûtes et aux cordes dans une superbe version pleine de fraîcheur au début du 'Main Titles', excellente pièce annonçant une jolie aventure pleine d'émotion et d'humour. A noter qu'Howard dévoile ici le second motif plus rythmé basé sur une cellule de 6 notes, et qui évoque à son tour l'entrain avec lequel le réalisateur a mené son histoire.

De l'émotion, 'Thunder and Lightning' nous en offre au cours d'un passage nostalgique particulièrement poignant, lorsque Hesse se retrouve seul chez lui avec son foetus qui grandit en lui, et ce alors qu'il commence à ressentir les tourments physiques et psychologiques des femmes enceintes. Véritable petit passage plein de poésie mais hélas trop bref, la première partie de 'Thunder and Lightning' évoque le James Newton Howard intimiste/romantique de 'The Prince of Tides' ou 'The Man In The Moon', avec son hautbois solitaire, ses cordes émouvantes et son piano chaleureux reflétant l'état d'esprit du personnage d'Arnold Schwarzenegger à ce moment-là. 'My Body, My Choice' est l'exemple même du JNH plus axé aventure/comédie avec son énergie orchestrale pleine de vie et son entrain caractéristique (scène où Hesse échappe à Banes dans le laboratoire) avec cuivres, cordes, percussions, vents, etc. Dans le même ordre d'idée, 'Labor' évoque les tourments d'Alex Hesse alors qu'il est sur le point d'accoucher sous peu. Le morceau alterne entre action et moments plus sautillants où la musique frôle le mickey-mousing, débouchant sur 'It's A Girl' où l'on ressent toute l'urgence et la gravité de la scène de l'accouchement. Finalement, 'Junior' attire notre attention avec la qualité des passages intimistes comme les très beaux 'Natural Born Mother' avec sa jolie écriture pour cordes/flûtes/piano au détour d'une sympathique reprise nostalgique du thème principal évoquant la beauté d'engendrer un enfant, sans passer sous silence le tendre 'Junior', l'une des plus belles pièces intimistes du score de James Newton Howard pour le happy-end du film.

'Junior' est ce style de partition typique du James Newton Howard des comédies, frais, enjoué, agréable, mais certes très conventionnel et sans originalité particulière. Comparé à des chef-d'oeuvres plus récents du compositeur, la partition de 'Junior' s'avère être clairement anodine. Il serait pourtant dommage de laisser tomber ce score dans l'oubli, un petit score comédie sympathique et sans prétention, rappelant tout le savoir-faire d'un compositeur dont l'éclectisme et l'inspiration ne cessent de surprendre même encore aujourd'hui. Il est clair que la partition de 'Junior' doit beaucoup à celle de 'Dave', score comédie incontournable du compositeur, considéré comme LE score comédie de JNH par excellence et celui qui a contribué à le faire connaître auprès du public béophile, la même année que le non moins important 'The Fugitive' (autre partition déterminante dans la filmographie du compositeur). Bien utilisée tout au long du film, la musique de 'Junior' s'avère être sans aucun doute le meilleur élément du film d'Ivan Reitman (c'est peu dire), un réalisateur qui, une fois encore, privilégie la musique pour accentuer l'émotion de son film, une émotion souvent simple, conventionnelle mais honnête. Voilà donc un petit score agréable et sans prétention, à découvrir surtout si vous appréciez le James Newton Howard plus léger et intimiste.


---Quentin Billard