1-Vocalise* -
Theme From The Ninth Gate 3.55
2-Opening Titles 3.32
3-Corso 3.25
4-Bernie Is Dead 4.31
5-Liana 3.03
6-Plane To Spain (Bolero) 4.48
7-The Motorbike 1.19*
8-Missing Book/
Stalking Corso 4.41
9-Blood On His Face 1.13*
10-Chateau Saint Martin 4.06
11-Liana's Death 2.39
12-"Boo!"/The Chase 4.29
13-Balkan's Death 3.52*
14-The Ninth Gate 1.14*
15-Corso and The Girl 3.21*
16-Vocalise* -
Theme From The Ninth Gate
(Reprise) 3.56

*Featuring Soprano Sumi Jo.

Musique  composée par:

Wojciech Kilar

Editeur:

Silva Screen
FILMCD 321

Album produit par:
Wojciech Kilar
Co-produit par:
John Temperley,
James Fitzpatrick

Producteur exécutif pour Silva Screen Records Ltd:
Reynold Da Silva
Co-ordination de l'édition:
David Stoner
Montage de la musique:
Suzana Peric

Artwork and pictures (c) 1999 Artisan Music, inc. All rights reserved.

Note: ****
THE NINTH GATE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Wojciech Kilar
La figure emblématique du diable a souvent été traitée au cinéma. Parmi les exemples les plus connus, citons 'The Omen' de Richard Donner, 'Devil's Advocate' de Taylor Hackford, 'The Witches of Eastwick' de Georges Miller ou bien encore l'explosif 'End of Days' de Peter Hyams. Roman Polanski propose sa vision d'une histoire diabolique avec 'The Ninth Gate' (La Neuvième Porte) dans lequel Johnny Depp joue le rôle de Dean Corso, un homme qui va se lancer dans une quête incensée: retrouver toutes les pages originales du livre de la neuvième porte parmi les exemplaires qui existent sur ce livre démoniaque. Sa rencontre avec une mystérieuse femme (Emmanuelle Seigner, troublante) qui va l'aider dans sa quête lui sera fort utile. Polanski plonge le spectateur dans une histoire prenante, narré à la manière d'un véritable roman, s'attardant sur des détails, des personnages, un véritable jeu de piste diabolique dans lequel les intéressés semblent être plus nombreux qu'au départ.

Wojciech Kilar revient sur un sujet fantastique après son fameux 'Dracula' qui reste son oeuvre la plus célèbre auprès des béophiles. 'The Ninth Gate' est loin de posséder la puissance et le frisson gothique qui parcourait 'Dracula'. Cependant, il prouve une fois de plus son talent dans une BO intéressante et travaillée. D'emblée, le ton n'est pas le même que dans Dracula. Bien que le sujet de 'The Ninth Gate' reste fantastique (voire terrifiant) c'est-à-dire la quête de la neuvième porte qui ouvre accès au diable en personne, Kilar traite de le film à la simple manière d'un thriller pur et dur. Ainsi, les trois quarts du film sont accompagnés par une musique inquiétante, sombre mais jamais fantastique comme dans Dracula. Les quelques éléments de fantastique dans la musique restent l'utilisation de la voix de la soprano Sumi Jo vers certains moments au milieu du film.

'The Ninth Gate' repose sur une thématique beaucoup plus importante que dans 'Dracula'. Le thème principal qui accompagne le générique de début avec cette séquence où le spectateur traverse les neufs portes évoque clairement le livre maudit: c'est un thème constitué de plusieurs demi tons sombres, un thème confié uniquement aux cordes, partant des violoncelles et contrebasses pour s'étendre de manière ample à l'ensemble des cordes. Il évoque non seulement le livre de la neuvième porte mais aussi l'idée du diable qui se cache derrière ce livre, donc forcément quelque chose de très sombre et inquiétant, ce thème étant évidemment inquiétant (un sentiment que Kilar développe beaucoup dans cette BO!). Le deuxième thème que l'on entend par la suite n'a absolument rien à voir avec celui-çi: c'est le thème de Corso. Constitué d'un accompagnement syncopé obstiné avec un motif de trompettes en sourdine (confié parfois à d'autres instruments), il évoque clairement par son côté répétitif et obsédant le côté têtu et obstiné du personnage, le motif ayant parfois tendance à devenir même un peu agaçant à la longue. L'effet est en tout cas très réussi à l'écran!

Autre thème présent, celui que nous surnommerons "thème de l'inquiétude", un motif de piano sur fond de cordes qui évoque les quelques moments où Corso est soit intrigué par ce qu'il découvre tout au long de son enquête soit inquiet de quelque chose. On peut l'entendre lorsqu'il est dans la bibliothèque vers le premier quart d'heure du film et qu'il croise la fille mystérieuse qu'il a déjà vu dans une conférence de Balkan (Frank Langella). Paré de cette excellente thématique, Kilar peut partir à l'aventure. Les thèmes sont très présents et les quelques passages atmosphériques sans thèmes servent à illustrer des purs moments de peur et de suspense. Ainsi, Wojciech Kilar se montre très à l'aise dans une écriture action thriller efficace, comme c'est le cas notamment dans la scène où Corso affronte un agresseur sur les bords d'une berge. Le compositeur utilise dans ces passages un piano thriller cher à Jerry Goldsmith pour évoquer la tension et l'agressivité de ces scènes dans la plus pure tradition du genre. Rien de bien surprenant donc mais des séquences musicales toujours très sombres, très tendues et diablement efficaces dans le film. L'un des meilleurs passages de terreur reste sans aucun doute l'excitant 'Boo/The Chase' pour le passage où Corso va poursuivre Balkan qui possède les pages originales de la Neuvième porte pour faire appel au diable. Dans 'Liana's Death', la musique se veut violente, tendue, Kilar ajoutant au piano/cordes les cuivres pour leur agressivité inégalée. Kilar évoque évidemment aussi le suspense, et le mystérieux 'Chateau Saint Martin' et son motif de 3 notes descendantes en est un bon exemple, alors que Corso et la mystérieuse fille se rendent dans le château où se réunissent les membres d'une secte satanique.

Mais où est donc le fantastique dans tout cela? Il est essentiellement présent dans les dernières vingt minutes du film, à partir de la scène du château avec Balkan et Corso. Il est alors plus clairement question d'invocation satanique du diable, et comme c'est souvent le cas, Kilar fait appel à un choeur diabolique et aussi au chant de la soprano Sumi Jo qui nous glace le sang. 'Balkan's Death' est absolument fabuleux: pendant plus de trois minutes, Kilar fait progressivement monter la tension, rappellant au passage le thème principal. Sur un principe similaire dans 'Dracula', Kilar installe un ostinato entêtant qu'il répète progressivement en crescendo dans lequel les choeurs en latin se rajoutent à l'orchestre. Le morceau devient clairement diabolique alors que Balkan se retrouve entouré d'un cercle de feu et qu'il commence à brûler, croyant être invulnérable après avoir fait son invocation satanique. On retrouve le grand Kilar de Dracula dans ce morceau terrifiant dans lequel la voix de la soprano vient donner un aspect fantastique et encore plus terrifiant, sa voix devenant de plus en plus puissante, Kilar poussant la soprano jusqu'à ses limites vocales. Sur le même principe, on a le sombrissime 'Corso and The Girl', commencant de manière thriller avec le piano sur un long accord de cordes dissonant alors que la fille tombe de manière surprenante sur Corso dans sa voiture, avant de faire l'amour avec elle devant le château en flamme. Polanski nous ainsi comprendre que ce mystérieux personnage semble avoir des pouvoirs surnaturels, son visage et ses yeux changeant de forme, de couleur (on en conclut que c'est donc le diable!). Kilar donne ici aussi un climat fantastique et terrifiant pour cette scène, voire même appocalyptique.

La voix de Sumi Jo est soliscitée dans des moments tels que 'Blood on his Face' ou 'The Motorbike' dans les moments qui évoquent clairement la mystérieuse femme et son charme démoniaque. Le personnage de Emmanuelle Seigner est troublant. Evidemment, Kilar ne pouvait pas passer à côté de cet aspect là, et la voix de la soprano vient renforcer ce charme troublant, ambigu, mystérieux. Ce qui reste probalement la plus belle pièce de l'album est sans conteste 'Vocalise', pièce qui accompagne le générique de fin, totalement différent du reste de la musique parceque ne reprenant aucun élément thématique de la BO. On peut donc se demander l'utilisé de ce morceau avec le film. Quoiqu'il en soit, Kilar semble s'être fait un petit plaisir musical en permettant à Sumi Jo de faire ses splendides vocalises sur un air accompagné par l'orchestre (on reconnaît parmi les basses la présence "baroqueuse" d'un clavecin), une pièce d'une grande beauté qui restera forcément marqué dans la carrière du compositeur polonais. Ce qui est étrange, c'est que sur le CD, il est marqué que c'est le thème de The Ninth Gate. Pourtant, à aucun moment Kilar ne développe cette pièce dans le film. Est-ce alors suffisant pour dire que c'est un thème lorsqu'il n'apparaît que dans le générique de fin, seul? Sûrement pas....toujours est il qu'il s'agit bien là d'une pièce d'une très grande qualité, aussi bien sur le plan vocal que orchestral.

'The Ninth Gate' reste très soigné sur le plan thématique. Le thème principal revient souvent, c'est même lui qui conclut le film. A ses côtés se trouve aussi celui de Corso que Kilar n'hésite pas à développer pour lui donner plusieurs formes tout au long de son périple. Toute la partie thriller du film reste imposante dans la musique de Kilar, pour finir de manière fantastique et satanique pour les dernières vingt minutes du film (et les derniers morceaux de l'album!) sans oublier 'Vocalise' qui lui est à part du reste de la musique. Décidemment, le thème du diable semble toujours beaucoup inspirer les compositeurs. Après le génial 'Omen' de Goldsmith, l'excellent 'Devil's Advocate' de James Newton Howard ou bien encore l'ironique 'The Witches of Eastwick' de John Williams ou le cartonnant 'End of Days' de John Debney, on retrouve une nouvelle grande BO sur le thème du diable grâce à Wojciech Kilar et sa BO pour 'The Ninth Gate'. Pour ceux qui ne connaissent Kilar que par 'Dracula', on ne peut que vivement leur conseiller l'écoute de 'The Ninth Gate'. Vous ne serez pas déçu par cette nouvelle oeuvre sombre et envoûtante du compositeur polonais!


---Quentin Billard