1-Seven Years In Tibet 7.08
2-Young Dalai Lama
and Ceremonial Chant 2.14
3-Leaving Ingrid 2.43
4-Peter's Rescue 3.45
5-Harrer's Journey 4.05
6-The Invasion 5.08
7-Reflections 4.41
8-Premonitions 2.56
9-Approaching The Summit 5.44
10-Palace Invitation 4.46
11-Heinrich's Odyssey 8.03
12-Quiet Moments 4.21
13-Regaining A Son 1.48
14-Seven Years In Tibet
(Reprise) 7.13

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Mandalay/
Sony Classical
SK 60271

Producteur de l'album:
John Williams
Monteur superviseur de la musique:
Ken Wannberg
Directeur en charge de la
musique pour le film:
Budd Carr

Artwork and pictures (c) 1997 Tri Star Pictures Inc. All rights reserved.

Note: ****
SEVEN YEARS IN TIBET
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Somptueux film de Jean Jacques Annaud d'après une histoire vraie, 'Seven Years in Tibet' (Sept ans au Tibet) décrit le voyage initiatique de Heinrich Harrer (Brad Pitt), sympathisant du régime Nazi qui quitte sa femme en 1939 pour mener une expédition symbolique dans les montagnes de l'Himalaya. Accompagné de son camarade Peter Aufschnaiter (David Thewlis), son périple mouvementé va le mener à la citée Tibétaine de Lhasa, là où il rencontrera le Dalaï Lama et commencera progressivement sa quête de la rédemption. Cet évènement changera complètement sa vie. Annaud montre de manière très réussie la complicité respectueuse qui va s'installer progressivement entre le Dalaï Lama et Harrer, alors que ce dernier cherche alors à donner un sens à sa vie auprès du Dalaï Lama. La mise en scène est très réussie, montrant aussi bien l'aspect religieux des Tibétains que le conflit des Tibétains avec l'invasion Chinoise sanguinaire.

Jean-Jacques Annaud n'a jamais caché son admiration pour John Williams. Après avoir travaillé avec Philippe Sarde ou Gabriel Yared, c'est au tour du grand John Williams de mettre en musique un film de Annaud. 'Seven Years in Tibet' n'est certainement pas une oeuvre majeure dans la carrière de Williams. Elle n'en demeure pas moins un formidable exemple d'écriture symphonique mûre et maîtrisée et d'une description fort réussie de chaque idée du film. Le principal intérêt de 'Seven Years in Tibet' réside dans l'utilisation d'un violoncelle soliste, interprété ici par le grand Yo-Yo Ma. Ainsi, la première piste du CD entendue dans le générique de fin du film développe les deux thèmes principaux de la BO. Le premier, un grand mouvement orchestral dramatique et chantant décrit le personnage de Heinrich Harrer et son choix de changer de vie, de chercher à se purifier de ses actes. Après l'avoir annoncé dans toute son ampleur à l'orchestre, Williams reprend le thème au violoncelle qui en propose sa propre version, l'orchestre étant en retrait et servant de support, de soutien au violoncelle. On est évidemment en plein dans une écriture concertante digne des meilleurs concertos pour violoncelle du 19ème siècle comme ceux de Schumann ou de Dvorak. Son long travail d'écriture concertante magnifiquement écrit et que l'on ne manquera pas de rapprocher avec 'Schindler's List' (où le violon était l'instrument concertant). Cette formidable pièce s'enchaîne avec le deuxième thème principal qui est fait celui du Dalaï Lama, évoquant un côté sage, posé mais aussi méditatif et évidemment oriental, Williams ne manquant pas de suggérer le personnage par quelques petites touches orientales dans sa musique. Le violoncelle propose ici aussi sa version du thème après une introduction orchestrale.

'Seven Years In Tibet' (première et dernière plage du CD) montre une fois de plus le talent de John Williams et reste une de ses plus belle pièce écrite en dehors des films de Spielberg. On sent que le sujet lui a particulièrement tenu à coeur. Williams explique justement que sa collaboration avec Yo-Yo Ma sur 'Seven Years in Tibet' lui a permit d'épanouir sa musique et de retravailler certains passages qui se trouvaient être incomplets dans le film ou partiellement écrits. C'est ce qui explique qu'il y'ait beaucoup plus de musique sur l'album que dans le film avec certains morceaux composés exprès pour le CD. Effectivement, Williams explique que Jean-Jacques Annaud lui a permit de travailler dans les meilleures conditions sa partition et que celui lui a aussi permit de faire de l'album une oeuvre musicale entière et cohérente. Reste que le thème principal possède non seulement un côté ample et dramatique (mineur assez sombre) mais aussi parfois intriguant dans le film. C'est en tout cas la première impression que donne ce thème dans le film: intrigant, distant, etc. En réalité, on ressent à l'écoute de ce thème une certaine ambiguïté entre le côté majestueux et dramatique, une sorte de dichotomie qui renforce la personnalité musicale de ce thème parfaitement indissociable de l'ambiance et l'esprit du film de Jean-Jacques Annaud.

Le reste de la musique est superbement construit. 'Young Dalaï Lama and Ceremonial Chant' décrit les cérémonies lors du couronnement du Dalaï Lama sur lequel Williams a assuré une véritable reconstitution du folklore musical tibétain avec des percussions diverses et légères et le chant ultra grave des moines Tibétains. Avec 'Leaving Ingrid', on réentend le thème de Heinrich au piano puis à l'orchestre, alors qu'il quitte sa femme pour mener son expédition. Le morceau possède un côté résolument dramatique alors que Williams énonce pour cette scène un thème dramatique qui pourrait illustrer l'idée de la séparation des deux époux qui semblent beaucoup peiner Ingrid que Heinrich qui la quitte en lui balançant en pleine face qu'il ne veut pas l'enfant qu'elle porte, thème que l'on retrouve par exemple au sein de la pièce 'Heinrich Odyssey', superbement décrit par des cordes dramatiques.

On passe aussi à des moments très sombres tels que l'excellent 'Peter Rescue' pour illustrer les dangers dans la montagne et la menace des chutes. Ici, Williams crée un véritable climat de suspens haletant et menaçant pour cette scène, une pièce en tout cas très intense. Dans 'The Invasion', on retrouve ce climat de menace alors que les chinois préparent leur invasion sanguinaire du Tibet. A noter toujours comment Williams se débrouille pour réussir à glisser le thème principal à l'intérieur du morceau, ici en utilisant des instruments Tibétains aux sonorités particulières. La percussion semble évoquer ici la menace des Chinois. Parmi ces moments agités, violents et sombres, Williams évoque de véritables moments de réflexion et de méditation comme c'est le cas avec 'Reflection' (thème du Dalaï Lama suivi du thème dramatique) ou 'Quiet Moments' (très douce reprise du thème principal au piano puis au violoncelle).

Alors que dire de plus si ce n'est que 'Seven Years in Tibet' constitue une fois de plus un bel exemple d'une oeuvre écrite de la main d'un maître de la musique de film, voire de la musique tout court. Williams a voulu décrire la difficile et douloureuse quête de rédemption de Heinrich Harrer mais aussi son amitié naissante avec le Dalaï Lama au moment où la Chine se prépare à envahir dans un bain de sang le Tibet. Partagé entre des moments lyriques et dramatiques et des moments sombres et tendus, 'Seven Years in Tibet' reste une belle oeuvre que l'on retiendra essentiellement pour la première et dernière pièce de l'album, 'Seven Years in Tibet' qui propose une magnifique écriture d'une sorte de petit concerto pour violoncelle avec l'interprétation splendide de Yo-Yo Ma. Une réussite de plus dans la carrière du maestro!


---Quentin Billard