1-Ronin's Theme 5.04
2-Team Assembles 2.40
3-A New Friendship 1.29
4-The Case 1.26
5-The Exchange 4.38
6-The Getaway 1.07
7-Thank You 1.52
8-Metro 1.23
9-Sam and Spencer 1.26
10-Safehouse In Nice 1.00
11-Carousel For Little Tamao 1.53
12-Taking Photos 2.31
13-Et Toi, Comment Ca Va? 1.28
14-Passion 2.09
15-This Is The Day 5.59
16-Sinister Gregor 2.31
17-Arles 3.22
18-Gunfight at The
Amphiteater 3.27
19-The Girl Sold Us 1.27
20-You Can't Kill Me 1.48
21-The Ronin Myth 2.55
22-Wrong Way 3.55
23-Sam Goes For The Case 3.07
24-I Came For Seamus 1.19
25-You Are a Dead Man 2.02
26-Good Knowing You 4.13

Musique  composée par:

Elia Cmiral

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5977

Musique produite par:
Elia Cmiral
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage de la musique:
Mike Flicker
Assistant montage:
Thomas Bartke

Artwork and pictures (c) 1998 United Artists Corporation Limited, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
RONIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elia Cmiral
Plantage total pour 'Ronin' au box-office français! Sans être un grand chef-d'oeuvre du genre, John Frankenheimer a pourtant réussi là un honnête thriller captivant et assez réaliste, qui n'essaie pas d'en faire de trop malgré quelques scènes de course poursuite parfois très (trop?) longuettes et répétitives. L'histoire se déroule en France, entre Paris, Nice et Arles. Une certaine Deirdre (Natascha McElhone) contacte des professionnels sans emplois, des "Ronins" (nom que l'on donnait au Japon médiéval aux samouraïs qui avaient perdu leurs seigneurs, étant tombé ensuite en disgrâce, condamnés à errer ou à devenir des bandits) pour accomplir une mission spéciale: récupérer une mystérieuse valise des mains d'un groupe d'individus qui veulent la vendre à des Russes. Robert DeNiro est Sam, l'homme qui se détachera du groupe par son habileté et ses grands réflexes. Parmi le groupe se trouve un français nommé Vincent (Jean Reno), qui deviendra rapidement l'ami de Sam. Mais la situation va alors se compliquer lorsque Gregor (Stelan Skarsgard), l'un des membres du groupe, va décider de les trahir en gardant la valise pour lui tout seul. La trahison est belle et bien au centre du sujet du film et bien mis en avant au coeur du scénario. Quelque part, le Ronin est un individu trahi, trahi par son maître qui l'a abandonné par sa mort, abandonné par l'honneur. Le parallèle entre le groupe de Sam et les Ronin est fort astucieux, même si la mise en parallèle tombe un peu comme un cheveu sur la soupe en plein milieu du film (scène avec Jean-Pierre, interprété par Michael Lonsdale). On regrettera aussi le manque de développement du scénario et des différents protagonistes. L'amitié entre Sam et Vincent n'est qu'à peine effleurée, tout comme la relation ambiguë entre Sam et Deirdre. Pire encore, les protagonistes semblent n'avoir aucune personnalité, placés ici comme des pions sur un échiquier, que le réalisateur manipule selon son bon vouloir. A l'instar d'un jeu vidéo de bas étage, les héros tirent et tuent leurs ennemis, rien de plus, sans oublier l'inévitable confrontation finale contre Seamus (excellent Jonathan Pryce), le grand méchant du film. On s'étonne que le grand Frankenheimer soit tombé aussi bas après avoir été l'auteur de quelques grands classiques dans les années 60/70. Hélas un excellent casting ne fait pas tout (Robert De Niro, Jean Reno, Stellan Skarsgard, Sean Bean, Jonathan Pryce, Natascha McElhone, etc.), et ce n'est malheureusement pas la pléiade de stars de 'Ronin' qui sauvera le film. Au final, on obtient un thriller sympathique mais assez léger, qui manque de profondeur, de relief, d'âme. Un produit de consommation aussitôt vu, aussitôt oublié.

Avec 'Ronin', Elia Cmiral signe sa première grande partition pour le cinéma avec quelques petits films derrière lui tels que "Apartment Zero" de Martin Donovan. 'Ronin' affirme le style personnel de Cmiral, encore soumis à certaines influences mais pourtant déjà très fort au niveau de l'écriture orchestrale. A l'origine, Jerry Goldsmith devait composer la musique, mais c'est un différent artistique qui le fera quitter la production pour laisser la place au compositeur d'origine tchèque, qui dévoile avec 'Ronin' un certain talent. Cmiral a recours à un orchestre auquel il mélange une bonne part de synthétiseur, ses mix orchestre/synthé faisant dorénavant partie de son style, qu'il développera à merveille par la suite dans 'Six-Pack' et surtout dans le puissant 'Battlefield Earth'.

Cmiral a composé un thème principal mémorable, une mélodie de duduk arménien (connu du public grâce à Hans Zimmer dans 'Gladiator', mais déjà présent dans 'The Russia House' de Goldsmith ou même 'Maximum Risk' de Robert Folk et 'Le Pacte des Loups' de LoDuca) dont la couleur chaleureuse et exceptionnelle apporte une touche d'émotion vibrante au sein d'un ensemble tendu et assez sinistre. Le thème évoque clairement l'idée de la trahison. Il possède en lui-même une certaine mélancolie sous-jacente, une certaine tristesse qui pourrait se rapprocher de la figure allégorique du Ronin, un être abandonné par l'honneur et par son seigneur. Il évoque l'isolement, l'errance des personnages. On notera d'ailleurs la façon dont Cmiral annonce le thème dès le générique de début avec la séquence où Sam rentre dans le bar pour prendre contact avec Deirdre, prenant avant le temps de vérifier qu'il pourra bien en sortir rapidement s'il lui arrive quelque chose (on voit déjà là l'habileté d'un personnage qui pense toujours à tout). Le thème peut déjà ainsi s'associer au personnage de Sam, un ex-membre de la CIA qui a perdu son emploi pour une raison inconnue. Ainsi, Sam est lui-même un Ronin, qui sera trahis ensuite avec son ami Vincent (Jean Reno) par Deirdre, son employeur.

Cmiral n'hésite pas à réutiliser ce très beau thème de duduk pour obtenir un certain relief dans le climat frissonnant de sa musique de 'Ronin'. Venons-en justement à la partie thriller du score. C'est ce que l'on retiendra essentiellement de cette sombre partition. 'Ronin' possède des moments d'action/suspense frénétiques et accrocheurs à souhait. Pour ce faire, Cmiral mélange l'orchestre avec ses synthétiseurs atmosphériques (emploi souvent répété d'une sonorité métallique que l'on retrouvera dans 'Six-Pack' et 'Battlefield Earth') avec un ensemble de percussions diverses et percutantes. La percussion est un élément important dans ce score. C'est avec la course poursuite dans Nice que l'on pourra ainsi entendre l'utilisation d'une batterie rock/pop qui vient rythmer avec frénésie la course-poursuite. A ce propos, Nicolas Michel de "Dreams To Dream----s" remarque que cela donne un petit côté "seventies" à la musique, un style entre Lalo Schifrin ou Derek Wadsworth. Effectivement, Frankenheimer semble avoir lui-même souhaité une approche musicale un peu rétro dans ces séquences de course-poursuites, elles-même tournées un peu à l'ancienne (on pense à la fameuse course-poursuite de 'Bullitt' par exemple). Les pièces de course poursuite sont de véritables merveilles dans le genre. Cmiral maintient une écriture atonale/dissonante avec cordes et cuivres hurleurs (dans le style de Marco Beltrami, mais en nettement moins gueulard que chez le compositeur de 'Scream') en continu dans ces pièces d'action, ce qui rend ces passages véritablement prenant et surtout très agressif, avec une certaine noirceur tout à fait caractéristique de l'ambiance de la musique dans le film. Le sommet de l'action est atteint dans la course poursuite de l'arène à Arles, où Cmiral maintient un rythme d'action excitant avec des percussions violentes (genre percussions tribales) et une captivante montée de tension oppressante pour évoquer cette impitoyable chasse à l'homme dans l'arène.

Cmiral entretient aussi à merveille le suspense et les montées de tension, essentiellement dans le premier quart d'heure du film avant que l'action ne commence vraiment (Cmiral maintient une ambiance oppressante assez puissante tout au long du film). Pour se faire, son écriture se repose autour des synthétiseurs atmosphériques et des cordes glauques et toujours très tendues. Dans ce domaine, Cmiral pourrait se vanter d'être un digne successeur de Christopher Young dans le genre. Les excellents passages de tension sont entretenus dans divers passages au début, lorsque Sam prend des photos du lieu où se réunissent les hommes à la valise, lorsque Gregor est à Arles, lors de la séquence dans la patinoire vers la fin du film, etc. Mais la plus grande réussite d'Elia Cmiral est sans aucun doute d'avoir sut si bien faire ressortir toute l'intensité et la violence des courses-poursuites, nombreuses dans le film, avec un climat toujours très agressif, très tendu, largement entretenu par une écriture orchestrale violente et des synthétiseurs qui donnent un caractère encore plus sombre dans ces morceaux glauques et oppressants, tout comme dans 'Six-Pack', où Cmiral n'hésitera pas non plus à soutenir une partie thématique de cordes entièrement à base de demi-tons parallèles - un petit truc musical simple comme bonjour et qui réussi pourtant si bien dans 'Ronin', et plus tard dans 'Six-Pack'. A ce sujet, on remarquera pour la poursuite à Nice la façon dont Cmiral réutilise la tête du thème principal dans une version dissonante, sur fond de percussions frénétiques, un petit tic d'écriture typique du style d'Elia Cmiral.

Heureusement, le score trouve son indispensable relief d'émotion grâce au thème principal de duduk qui apporte une nuance dans un score explosif et tendu. La musique finit d'ailleurs de manière paisible pour le final qui reprend le thème principal largement appuyé par un orchestre dénué alors de toute dissonance et violence, Cmiral nous faisant alors comprendre que tout est bel et bien terminé et que les "Ronins" peuvent rentrer chez eux la paix dans l'âme. En conclusion, 'Ronin' est un excellent score de thriller/action, parfait pour découvrir un compositeur nouveau dans le métier et à l'avenir prometteur s'il continue à composer d'aussi bonnes musiques. Sans être un grand chef-d'oeuvre indispensable, le score de 'Ronin' a au moins le mérite de dévoiler un certain professionnalisme étonnant chez ce jeune compositeur, qui crée une musique en adéquation parfaite pour le film, et qui parviendrait presque à nous faire oublier qu'il était précédé auparavant du grand Jerry Goldsmith. La tension qu'apporte sa musique tout au long du film est assez incroyable, preuve d'un certain talent qui ne demande qu'à éclore au fil des années. Un début bien prometteur pour Elia Cmiral!


---Quentin Billard