1-Main Title 3.00
2-West Fights 1.14
3-Dismissal 2.13
4-East Meets West 1.15
5-Of Rita, Rescue
and Revenge 5.43
6-Trains, Tanks and
Frayed Ropes 4.03*
7-The Cornfield 1.19
8-Loveless's Plan 4.15
9-Goodbye Loveless 4.33*
10-Ride The Spider 2.14

*Composé par Peter Bernstein
Thème de Elmer Bernstein.

Musique  composée par:

Elmer Bernstein

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6042

Album produit par:
Emilie A.Bernstein
Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique additionnelle de:
Peter Bernstein

Artwork and pictures (c) 1999 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
WILD WILD WEST
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elmer Bernstein
« Wild Wild West » (Les Mystères de L'Ouest) est une adaptation très librement inspirée de la célèbre série TV diffusée entre 1965 et 1969, avec Robert Conrad dans le rôle principal. L’histoire se déroule en 1869, dans l’Ouest américain. James West (Will Smith) et Artemus Gordon (Kevin Kline) sont deux super-agents spéciaux chargés d’une mission difficile et périlleuse : stopper les agissements du redoutable milliardaire excentrique Dr. Arliss Loveless (Kenneth Branagh), qui cherche à assassiner le Président des Etats-Unis par tous les moyens. Entouré d’une armée de jeunes femmes talentueuses et équipé d’une arme futuriste surpuissante, Loveless est prêt à tout dévaster sur son passage pour arriver à ses fins. Bien que rivaux à l’origine, James le charmeur et Artemus l’inventeur vont devoir unir leurs forces et conjuguer leurs talents respectifs pour pouvoir stopper Loveless une bonne fois pour toute. Ils seront aidés dans leur quête par la belle Rita Escobar (Salma Hayek), une mystérieuse artiste qui semble posséder plus d’un tour dans son sac. Le réalisateur Barry Sonnenfeld (« Men In Black ») nous offre ainsi sa propre vision de la série d’origine dans une grosse production hollywoodienne particulièrement grotesque et bâclée. Le film n’a d’autre prétention que celui d’être un divertissement gras et abrutissant, saturé d'effets spéciaux, servi par un scénario inexistant - et qui plus est, n’a vraiment rien à voir avec la série TV d’origine. Barry Sonnenfeld tente de nous offrir un nouveau délire cinématographique après l’amusant « Men In Black », mais force est de constater que tout ce que le réalisateur a réussi à faire avec « Wild Wild West », c’est de plonger dans le ridicule le plus absolu pour finalement aboutir à un flop total. Et ce ne sont d’ailleurs pas les gags lourdingues ni les performances hystériques de Will Smith, Kevin Kline, Salma Hayek ou bien encore Kenneth Branagh qui sauveront le film de sa médiocrité. Le film ne fut d’ailleurs pas épargné par les critiques, et reçut quand même cinq Razzie Awards en 1999 dont celui du pire film et du pire réalisateur.

Dans toute cette entreprise bien pathétique, seule la musique d’Elmer Bernstein parvient à s’imposer réellement par son charme, ses qualités d’écriture et sa très grande fraîcheur ! Elmer Bernstein semble s'être plutôt bien amusé sur le film de Barry Sonnenfeld. Le maestro américain a participé au délire du réalisateur avec plaisir (même si le compositeur s’est montré très sarcastique envers le film dans plusieurs interviews), épaulé pour l’occasion par son fils Peter Bernstein qui a assuré l'écriture de quelques morceaux additionnels de la musique, tandis que sa fille Emilie s'est occupée de certaines orchestrations de la musique. On connaît bien Elmer Bernstein sur certaines de ses grandes partitions western, avec notamment le célèbre et incontournable « The Magnificent Seven » (1960). Récemment, le compositeur déclarait que « Wild Wild West » représentait à son âge « un dernier challenge dans sa carrière, qui lui donnerait l'envie de se surpasser ». Elmer Bernstein s’offre donc un bain de jouvence revigorifiant sur ce film délirant : c'est peut être ce qui fait le charme de cette musique énergique et entraînante, écrite dans un style parodique rappelant clairement les partitions délirantes « Airplane ! » (1980) ou « Stripes » (1981), deux scores qui semblent d’ailleurs avoir particulièrement inspiré Elmer Bernstein sur « Wild Wild West ».

« Wild Wild West » repose avant tout sur un thème principal de qualité facilement identifiable et assez mémorable, une sorte de grand thème western dans le style de « The Magnificient Seven ». Le dit thème s’apparente ainsi à une chevauchée héroïque cuivrée typiquement américaine d’esprit, un grand thème dans la plus pure tradition du genre, qui semble ainsi nous renvoyer à l’ère des westerns 60’s à l’ancienne. C'est d’ailleurs le côté « kitsch » voulu par Elmer Bernstein et Barry Sonnenfeld pour rendre hommage aux vieux westerns d'antan qui apporte un certain charme à la partition de « Wild Wild West ». Le caractère traditionnel et classique de ce thème western contraste d’ailleurs fortement avec le modernisme du film (effets spéciaux numériques démesurés, machines futuristes, etc.). Ce contraste entre tradition et modernité reviendra d’ailleurs à plusieurs reprises dans le film, et ce dès le « Main Title » du film, très réussi aussi bien musicalement que visuellement. Le film débute ainsi de manière plutôt mystérieuse et menaçante avec une première apparition du motif associé dans le film au maléfique Dr. Loveless, interprété ici les ondes Martenot - l’instrument fétiche du compositeur - dont les sonorités résolument kitsch rappellent clairement ici certains passages de « Ghosbusters » (1984), tandis qu'un vieil homme portant un engin étrange autour du cou est poursuivi par une scie circulaire volante. La seconde partie du « Main Title » enchaîne avec la chevauchée héroïque principale extrêmement entraînante, associée dans le film au personnage de James West et ses exploits dans le film. Mais le compositeur rompt alors avec le modernisme du film lorsqu’il décide d’introduire un élément plus gospel/funky dans sa musique avec l'ajout d'une batterie « fun » avec guitares, basse et orgue typiquement 60's, le tout incorporé au sein de l'orchestre. Ce décalage apporte un côté éminemment parodique au film et un humour qui fonctionne parfaitement dans le film. Le message est d’ailleurs plus que clair : voici un « Wild Wild West » nouvelle génération !

Elmer Bernstein réutilise assez souvent son thème principal tout au long du film, un thème qui doit autant à « The Magnificent Seven » qu’à « How The West Was Won » (1962) d’Alfred Newman. Le compositeur utilise aussi un motif menaçant pour le personnage du Dr. Loveless, motif que l'on entend plus particulièrement dans les séquences concernant la grosse tarentule mécanique géante du maléfique docteur. Mieux encore, la musique nous permet de plonger véritablement dans la folie mégalomane de Loveless, comme lorsque ce dernier expose son plan à une foule admirative, scène illustrée musicalement par des choeurs grandioses et ironiquement solennels. Ici aussi, Elmer Bernstein joue la carte de l’humour et de la dérision en caricaturant au maximum le personnage grotesque et mégalomaniaque du personnage de Kenneth Branagh dans le film. Toujours dans cette même séquence, l'arrivée de James West déguisé en danseuse du ventre orientale est illustrée ironiquement par l’utilisation hautement caricaturale d’une musique arabisante qui rompt totalement avec le reste de la musique. Ces quelques petites touches d'humour renforcent au final le caractère éminemment parodique et fantaisiste de la musique de Bernstein.

Le reste de la partition de « Wild Wild West » repose essentiellement autour des passages d'action/aventure, et plus particulièrement pour la dernière demie heure du film. Elmer Bernstein va même jusqu’à citer brièvement le célèbre thème de Richard Markowitz pour la série TV d’origine (malheureusement absent du CD de Varèse Sarabande) lors d’une séquence où West et Gordon quittent leur train avec leur chevaux - l’inévitable chevauchée western typiquement 60s d’esprit ! L'attaque de la tarentule géante et l’affrontement final sont deux très bons exemples d'écriture action/aventure particulièrement brillante (cordes et cuivres mis en avant), dans lequel le thème héroïque de James West semble prendre son envol, et plus particulièrement pour la scène où Gordon et West bombardent la tarentule de bombes au nitro à bord de leur « Air Gordon » - à noter d’ailleurs que certains de ces morceaux ont d'ailleurs été écrits par Peter Bernstein. Ainsi, « Trains, Tanks, and Frayed Ropes » et « Goodbye Loveless » apportent une énergie et un rythme appréciable à ces séquences d’action finales particulièrement survoltées.

Au final, « Wild Wild West » s’impose comme une partition d'action/aventure extrêmement sympathique, autrement plus intéressante que le film en lui-même. On retiendra le côté rétro de certains passages de la musique d’Elmer Bernstein - qui cite explicitement plusieurs anciens scores du maestro - et notamment pour le thème principal qui rend un brillant hommage aux musiques des westerns d'antan. On retiendra aussi ce côté plus moderne avec l'utilisation par-ci par là d'une batterie et de quelques guitares, le tout ponctué de quelques touches d'humour tout à fait savoureuses de la part d'un compositeur toujours en pleine forme malgré son âge (77 ans) au moment où il compose la musique du film de Barry Sonnenfeld. « Wild Wild West » n’a pas l’étoffe d’un chef-d'oeuvre de la musique de film, mais s’impose malgré comme un bien bel effort de la part d’un Elmer Bernstein - et sa petite famille - sur un film totalement navrant. Une jolie réussite, donc !



---Quentin Billard