1-Dracula- The Beginning 6.41
2-Vampire Hunters 3.05
3-Mina's Photo 1.25
4-Lucy's Party 2.56
5-The Brides 4.56
6-The Storm 5.04
7-Love Remembered 4.10
8-The Hunt Builds 3.25
9-The Hunters Prelude 1.29
10-The Green Mist 0.54
11-Mina/Dracula 4.47
12-The Ring of Fire 1.51
13-Love Eternal 2.23
14-Ascension 0.50
15-End Credits 6.42
16-Love Song for
a Vampire 4.21*

*Interprété par Annie Lennox
Produit par Stephen Lipson

Musique  composée par:

Wojciech Kilar

Editeur:

Columbia/Sony Music 472746 2

Album produit par:
Wojciech Kilar
Producteur associé et montage:
Katherine Quittner

Artwork and pictures (c) 1992 Columbia pictures industries, inc. All rights reserved

Note: ****1/2
BRAM STOKER'S DRACULA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Wojciech Kilar
Francis Ford Coppola a réalisé cette version très réussie d'après le 'Dracula' de Bram Stoker, dont la qualité reste encore inégalée à ce jour. Le célèbre réalisateur de 'Apocalypse Now' et de 'The Godfather' s'est entouré pour 'Dracula' de très bons acteurs, comme Anthony Hopkins excellent en chasseur de vampires un peu excentrique, et surtout Gary Oldman dans le rôle d'un Dracula particulièrement impressionnant entre monstre maudit et séducteur tourmenté, face à Winona Ryder dans le rôle de Mina, la femme que convoite tout au long du film le célèbre vampire qui montre ici tout son côté à la fois passionné, terrifiant et torturé que l'on retrouve dans l'ouvrage d'origine de Bram Stoker - le film de Coppola se proposant ainsi comme la version cinématographique la plus proche du roman. Avec son atmosphère gothique grandiose, son casting de qualité (Gary Oldman, Anthony Hopkins, Winona Ryder, Keanu Reeves, Richard E. Grant, Cary Elwes, Bill Campbell, Monica Bellucci, Sadie Frost, Tom Waits, etc.), son mélange entre horreur, érotisme et terreur et son ambiance brumeuse particulièrement tourmentée, le 'Dracula' de Coppola est de loin l'une des plus belles versions jamais réalisées d'après le célèbre ouvrage de Bram Stoker.

Brillament mis en musique par le compositeur polonais Wojciech Kilar, 'Dracula' reste une BO grandiose, terrifiante mais aussi exceptionnellement envoûtante. Les 'Dracula' ont toujours été une aubaine pour les compositeurs qui leur ont dédié à chaque fois des partitions orchestrales gothiques, sombres et sensuelles. La musique de Wojciech Kilar ne déroge pas à la règle et va encore plus loin dans la sensualié, l'horreur et le romantisme, autant de thèmes qui constituent toute l'âme du film de Francis Ford Coppola. L'orchestre, les choeurs et la soliste féminine interprètent avec force la plus célèbre partition écrite par Kilar pour le cinéma américain. Dès l'ouverture du film ('The Beginning'), nous sommes immédiatement plongés dans le vif du sujet: la malédiction d'un homme, le comte Dracula, qui, revenant d'une guerre contre les turcs, apprend que sa promise s'est suicidé, ayant cru qu'il ne rentrerai jamais. Par haine, Dracula renie et maudit Dieu, qui le condamne à errer à jamais dans les ténèbres pour l'éternité. Le piano et les contrebasses ouvrent le film sur une ambiance répétitive pesante et lourde, une célèbre ouverture anthologique évoquant les images de guerre opposant les troupes de Dracula et les turcs et basée sur un motif répété inlassablement tout au long d'une sombre crescendo, la tension arrivant à son apogée avec les cuivres (symbolisant la mort et le chaos) lors de la scène du massacre des turcs. Cette partie est suivie par une ostinato de piano et contrebasses, installant une rythmique dont l'inexorabilité n'a d'égale que l'incroyable tension dramatique de cette superbe ouverture. Dans une seconde partie, on peut entendre le thème romantique de Dracula, un 'Love Theme' douloureux raffiné et tourmenté, qui évoquera par la suite l'attirance mystérieuse qu'il ressentira plus tard pour Mina Murray (Winona Ryder). Le thème est aussi sombre et déchirant, parceque Dracula a perdu sa promise, et que désormais sa haine contre Dieu sera encore plus forte que ses propres souffrances. Le thème est interprété ici par une soprano envoûtante, une mélodie teinté d'effets chromatiques et de jeux sur les demi tons (d'où le côté torturé du thème) et suivie par un accompagnement sombre et répétitif, qui monte en crescendo avec l'arrivée grandiose et apocalyptique des choeurs symbolisant la colère de Dieu qui va s'abattre sur cette homme maudit. Cette ouverture apocalyptique d'une très grande intensité dramatique restitue parfaitement l'atmosphère du film de Coppola et a très largement contribué par son côté sombre et grandiose à la popularité de la partition auprès des béophiles en général, à tel point que le nom de Wojciech Kilar est désormais indissociable de 'Dracula'!

'Vampire Hunters' développe le thème des chasseurs de vampires menés par Van Helsing (Anthony Hopkins), une sorte de marche reposant sur un implaccable et inexorable ostinato de cordes (qui n'est pas sans rappeler l'ostinato du 'Mars' des 'Planètes' de Gustav Holst) avec un thème aussi sombre que déterminé. Le thème s'éloigne de tout cliché héroïque et préfère jouer la carte de la détermination et de la tension reposant en grande partie sur l'inexorable ostinato rythmique. Le thème d'amour tragique de Dracula est alors repris dans 'Mina's Photo', avec le chant envoûtant et magnifiquement torturé de la soprano, lorsque Dracula croit revoir en Mina Elisabeta, son ancienne fiancée perdue. 'Lucy's Party' se caractérise pour sa part par son tempo de valse lente, interprété par le célesta et les cordes, passage plus intimiste et romantique où règne une certaine douceur lors de la scène de la fête où Dracula séduit Lucy, d'où l'omniprésence d'un côté sombre toujours associé au côté à la fois maléfique et sensuel du personnage du génial Gary Oldman. 'The Brides' est une pièce sombre et douloureuse pour cordes, illustrant la scène où Jonathan Harker (Keanu Reeves) se rend au château de Dracula et découvre des femmes étranges qui tentent de le séduire, sous le commandement des pouvoirs maléfiques de Dracula.

'The Storm' reste sans aucun doute le morceau le plus sombre et le plus dérangeant de tout le score, débutant de manière très calme à la harpe et enchaînant sur une partie plus sombre et angoissante, illustrant parfaitement à l'écran les méfaits de Dracula et la tempête qui suit la scène à bord d'un bâteau dans lequel le vampire s'est caché. Il y'a ici superposition de deux parties musicales dont l'une concerne la valse lente de 'Lucy's Party', une superposition chaotique dans deux tempi différents, créant un décalage pesant et horrifiant, dont l'unique sensation ne peut être que l'inquiétude et la terreur, d'où un caractère assez dérangeant. Puis, l'orchestre se soulève avec l'arrivé des choeurs en latin qui chantent toute la colère et la puissance des pouvoirs de Dracula, pouvoirs qui dépassent véritablement les hommes et les chasseurs de vampires, la chorale chantant à la manière d'un Requiem latin infernal. Ici aussi, le morceau est construit avec une basse obstinée qui monte en un crescendo lourd et angoissant pour finir de manière quasi apocalyptique. Autant dire qu'il s'agit ici d'un grand moment de la partition de Wojciech Kilar! Les autres pièces du score tournent tous autour des thèmes abordés dans les quelques premières plages du début de l'album. On notera l'atmosphérique et démoniaque 'Ring of Fire', morceau sombre et effrayant dans lequel Kilar a incorporé avec talent des cris de sorcières et des murmures macabres de monstres en tout genre pour la séquence où Jonathan Harker arrive en calèche au château de Dracula où il aperçoit, sur le chemin, des feu-follets étranges.

Au final, la musique de Wojciech Kilar est incroyablement intense à l'écran et crée une atmosphère gothique sombre et étouffante parfaite pour le film. La malédiction de Dracula n'a jamais été aussi mieux représentée à travers le grandiose et intense 'The Beginning' et lors du début du 'End Credits' qui reprend tous les principaux thèmes de la partition, sans oublier de mentionner un superbe thème d'amour envoûtant et douloureux qui confère à Dracula tout la sensibilité d'un personnage déchiré par la perte d'un amour éternel. C'est ce que le compositeur résume dans le magnifique 'Ascencion', écrit pour un choeur a cappela d'essence religieux lors de la scène où Dracula, blessé, demande à Mina de l'achever, un véritable requiem douloureux accompagnant avec grâce et sensibilité la mort de Dracula, qui, libéré de son envellope charnelle, peut enfin quitter son existence de douleur et de souffrance pour monter au ciel (d'où le titre du morceau). Soyons donc certains qu'il s'agit bien là d'une oeuvre puissante, macabre, grandiose, terrifiante, magnifique et tourmentée, Wojciech Kilar ayant crée une atmosphère musicale absolument unique pour le film de Coppola. Conclusion? Le 'Dracula' de Kilar reste donc un trésor de frisson gothique, Un petit bijou de la musique de film contemporaine, que tout béophile se doit de connaître sans exception, mais qui reste malgré tout assez difficile d'accès pour les oreilles non averties!


---Quentin Billard