1-The Pet Sematary*+ 3.01
2-Dead Recollection* 1.19
3-Hope and Ordeal* 1.23
4-Adieu Gage* 1.22
5-Rachel Against Time* 0.50
6-The Return Game*
(Jud and Gage) 3.43
7-Moving Day Waltz* 0.31
8-The Warning Tour 1.41
9-Death Do Us Part
(Rachel Hugs Louis) 0.54
10-Nine Lives Minus Seven 0.14
11-Up In Flame (Flashback)+ 1.38
12-Bitter Loss (Flashback)+ 1.51
13-Rachel's Dirty Secret 0.23
14-Return Game Attack* 1.54
15-Rachel's Blow Out* 0.21
16-I Bought You
Something Mommie* 0.34
17-The Return Game 2
(Louis and Gage)* 2.53
18-Gentle Exhuming* 1.03
19-To The Micmac Grounds* 2.45
20-Chorale* 0.30
21-Kite and Truck* 1.22
22-Immolation*+ 1.37

*voix interprétées par
The Zarathustra Boys Chorus
+Interprété par l'orchestre de St.Luke's

Musique  composée par:

Elliot Goldenthal

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5227

Album produit par:
Elliot Goldenthal
Assistant du compositeur:
Robert Elhai
Producteurs exécutifs de l'album:
Tom Null, Richard Kraft

Artwork and pictures (c) 1989 Paramount Pictures Coporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
PET SEMATARY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elliot Goldenthal
Adaptation du fameux roman de Stephen King, 'Pet Sematary' (Simetière) de Mary Lambert retrace l'histoire terrifiante imaginée par le célèbre romancier sur une idée macabre à souhait: un cimetière micmac (une ancienne tribu d'indiens) abandonné et maudit qui permet de faire réveiller les morts en les plaçant dans un état second, un état jugé 'pire que la mort'. Le docteur Louis Creed (Dale Midkiff) et sa femme Rachel (Denise Crosby) vont ainsi vivre une véritable descente aux enfers lorsque leur jeune fils Gage (Miko Hughes) va se faire écraser par un camion, Louis décidant, malgré les avertissements de son voisin Jud (Fred Gwynne) et d'un fantôme amical (l'esprit d'un homme mort dans un accident et que Louis a tenté de sauver), d'aller enterrer le cadavre de son fils dans le cimetière micmac pour le ramener à la vie. Transformé en mort vivant, le gamin devient un être vil et sadique, assoiffé de sang. L'horreur commence alors pour le couple et se terminera dans un véritable bain de sang.

Sur cette sinistre histoire, Elliot Goldenthal a composé probablement l'un de ses scores les plus dérangeants. On connaît Goldenthal pour ses expérimentations et ses recherches musicales. 'Alien3' reste un pur chef-d'oeuvre dans cette catégorie de travaux expérimentaux sur les sonorités, les textures et les mélanges de néo-classicisme baroque et de musique moderne. 'Pet Sematary', composé bien avant 'Alien3', résume parfaitement l'ambiance macabre et malsaine du film de Mary Lambert, en se basant autour d'un petit orchestre principalement composé de cordes et d'un piano (très utilisé tout au long du film!) auquel vient s'ajouter une chorale d'enfants et quelques petites touches de synthétiseur pour approfondir les textures macabres du score de Goldenthal. Si l'on devait définir le style de 'Pet Sematary', on pourrait dire qu'il s'agit d'un terrifiant score avant-gardiste à l'ambiance malsaine, quelque part entre du Bernard Herrmann pour l'écriture glaciale des cordes (dans le style de 'Psycho') et des compositeurs avant-gardistes des années 60 (Xenakis, Ligeti, Penderecki, etc.). 'Pet Sematary' est l'exemple même du score de film d'horreur par excellence! Pourtant, malgré les lourdes conventions du genre, Goldenthal arrive à laisser parler sa propre fantaisie d'écriture, et ce dès l'inquiétant générique de début du film.

Le compositeur impose dès le générique de début une pièce à l'ambiance plutôt ambiguë, avec l'orchestre, un piano et une mystérieuse chorale d'enfants qui chantent ici une petite mélodie de caractère enfantine et pourtant souillée par l'accompagnement sombre de l'orchestre (Goldenthal s'est en fait inspiré d'un thème choral très similaire dans 'The Amityville Horror' de Lalo Schifrin, datant de 1979). Cette ouverture suggère habilement de ce qui va suivre dans le film, la 'résurrection' de Gage qui se transforme en zombie sanguinaire dans un état second, ni vivant ni mort. Cette idée choquante d'un enfant qui se transforme en monstre sanguinaire est superbement évoqué dans ce 'Main Title' aux accents Elfmanien (le choeur d'enfants rappelle la propre fantaisie d'écriture de Danny Elfman dans sa période "Burtonienne"). La suite plonge le spectateur/auditeur dans une ambiance morbide où se mélangent peur et terreur avec une efficacité redoutable.

Alors que la première partie du film s'articule autour de ce mystérieux cimetière maudit, Elliot Goldenthal installe très vite une atmosphère glauque et macabre. Le thème principal possède un côté dramatique, une sorte de petite valse de piano qui n'a vraiment rien de très dansant et qui évoque quelque part la souffrance de cette famille qui plonge dans un cauchemar sans issue (on ressent presque ici un certain humour noir de la part du compositeur). On retrouve ce piano émouvant et intime à plusieurs reprises dans le film, évoquant dans un premier temps la chaleur de cette famille heureuse et unie. Mais malgré ce bonheur apparent, la musique de Goldenthal semble suggérer que le bonheur n'est que provisoire et qu'il ne va pas tarder à être brutalement rompu par l'horreur à venir. Effectivement, ces quelques passages de piano ont tendance à conserver dans leur harmonie des éléments qui les rendent plutôt ambigus, une ambiguïté que le compositeur explore ainsi pleinement pour les besoins dramatiques du film. Du coup, les passages qui évoquent cette famille encore heureuse ne sont jamais vraiment trop paisibles ni trop agréables comme on pourrait se l'imaginer. Goldenthal tient à garder une unité de ton même dans les moments les plus calmes, et il y a arrive à merveille!

Lorsque Jud et Louis vont emmener le cadavre du chat de la jeune fille de Louis au cimetière, la musique impose un climat macabre plus inquiétant. Elle illustre le cimetière micmac avec quelques petites percussions indiennes sur fond d'orchestre dissonant et de sonorités électroniques étranges et malsaines. On retrouve à plusieurs reprises ce fond orchestral dissonant comme par exemple pour le passage où Louis suit le fantôme qui l'emmène au cimetière des animaux. Mais la musique commence à véritablement changer dans la deuxième partie du film, après que le jeune Gage ait été ressuscité. Goldenthal nous plonge alors dans une ambiance de suspense/terreur absolue. Ainsi, si la première partie du film résonne de manière plutôt malsaine, glauque et étouffante, la dernière partie plonge dans des abîmes cauchemardesques. Goldenthal utilise une écriture de cordes terrifiantes pour la scène où Jud cherche Gage qui joue dans la maison à un jeu malsain de cache-cache meurtrier. Goldenthal maintient le suspense pendant plusieurs instants, à travers des éléments électroniques et divers jeux de cordes (glissendi, harmoniques, clusters, nuages de dissonances répétées, etc.) qui plongent le spectateur/auditeur dans le malaise oppressant de cette scène. La musique devient véritablement 'horrifiante' alors que Gage se jette sauvagement sur Jud et l'assassine à coup de scalpel. Les cordes décrivent les attaques du petit monstre à l'image du scalpel: des attaques de cordes 'tranchantes' imitant astucieusement les attaques du petit Gage, de manière totalement chaotique et frénétique. On retrouve cette ambiance de chaos lorsque Rachel arrive à son tour chez Jud -la scène dans la voiture de Rachel qui se précipite chez elle est accompagnée de cordes tendues et stressantes à la Bernard Herrmann- et se fait elle aussi massacrer par son propre fils. Goldenthal évoque à travers ces deux passages majeurs de la partition de 'Pet Sematary' son talent d'écriture et ses grandes connaissances dans le domaine de l'écriture orchestrale avant-gardiste et atonale (Ces deux superbes passages d'horreur pure sont aussi probablement les deux morceaux les plus dérangeants du score!).

Goldenthal n'oublie pas non plus de réutiliser plusieurs fois sa chorale d'enfants qui apporte une touche fantaisiste au sein de sa partition et qui évoque évidemment l'horrible métamorphose du jeune Gage après sa mort. Le thème revient à plusieurs reprises sans jamais être particulièrement mémorable à tel point qu'il serait même peu surprenant de penser que la partition de Goldenthal pour 'Pet Sematary' est athématique. L'ambiance macabre, malsaine et terrifiante du film de Mary Lambert ressort à merveille dans le score dérangeant qu'a écrit Elliot Goldenthal pour 'Pet Sematary'. Bien que l'on n'y reconnaisse pas encore certaines signatures chères au compositeur depuis 'Alien 3' et 'Interview with The Vampire', 'Pet Sematary' est un très bon Goldenthal comme certains l'apprécient: dérangeant, avant-gardiste, efficace et fantaisiste, sans jamais rejeter les conventions du genre horrifique! En tout cas, on ressort aussi bien du film que de la musique dans un état de choc. Même si 'Pet Sematary' ne possède pas encore les qualités d'écriture et la personnalité de 'Alien 3', il n'en demeure pas moins un bon score horrifique de la part de l'un des plus intéressants compositeur officiant à Hollywood de nos jours!


---Quentin Billard