tr> |
1-"There You'll Be" 3.43*
2-Tennessee 3.39 3-Brothers 4.04 4-...And Then I Kissed Him 5.36 5-I Will Come Back 2.56 6-Attack 8.54 7-December 7th 5.08 8-War 5.14 9-Heart of A Volunteer 7.05 *Interprété par Faith Hill Ecrit par Diane Warren Produit par: Trevor Horn, Byron Gallimore Arrangements de: Fiachra Trench, James S.Levine Musique composée par: Hans Zimmer Editeur: Warner Bros Records 9362-48113-2 Producteurs exécutifs: Jerry Bruckheimer, Kathy Nelson Superviseurs de la musique: Kathy Nelson, Bob Badami Directeurs en charge de la musique pour The Buena Vista Motion Pictures Group: Bill Green Musique additionnelle de: Steve Jablonsky, Geoff Zanelli, Klaus Badelt, James S. Levine Artwork and pictures (c) 2001Touchstone Pictures. All rights reserved. Note: *** |
PEARL HARBOR
|
|
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
|
|
Music composed by Hans Zimmer
|
|
7 Décembre 1941, une date que les américains ne seront pas prêts d'oublier. Elle reste à jamais marquée par l'attaque surprise japonaise dans le port de Pearl Harbor, attaque meurtrière qui coûta la vie de nombreux soldats et civils américains. Sur ce sujet typiquement U.S., Michael Bay renoue avec Jerry Bruckheimer pour nous offrir leur dernière grosse production bien 'tendance'. 'Pearl Harbor', c'est un film typiquement américain sur des jeunes soldats, le courage, le patriotisme, l'amour en temps de guerre, etc. Très bien réalisé, même dans les plans utilisant des images de synthèse, 'Pearl Harbor' reste malgré tout très long et traîne souvent en longueur (il fait tout de même près de trois heures, ce qui paraît démesuré pour une production Bruckheimer aussi calibrée!). Ben Affleck (Capitaine Rafe McCawley) la ravissante Kate Beckinsale et le jeunot Josh Hartnett (Capitaine Danny Walker) forment un triangle amoureux assez touchant autour de la jeune infirmière Evelyn Stewart dont les deux amis d'enfance tomberont successivement amoureux, créant bien évidemment des problèmes entre eux plus tard. Michael Bay a particulièrement mit l'accent ici sur la romance dans la première partie du film, beaucoup en ayant vite conclus que le réalisateur avait essayé de faire une sorte de 'Titanic' bis avec 'Pearl Harbor'. Si c'est le cas, on peut dire que Bay a raté une marche car 'Pearl Harbor' est loin de posséder la qualité poétique du film de James Cameron sur ce sujet. En revanche, la partie concernant la guerre (la deuxième et surtout la troisième et dernière partie) est très réussie même si l'on pourra trouver une fois encore laborieux la façon dont le producteur et le réalisateur s'arrangent toujours pour nous glisser d'incessants messages gonflants sur le patriotisme, le combat pour la liberté, le goût pour l'initiative, l'héroïsme, la famille, la fraternité, les sentiments revanchards, etc. Autant d'éléments qui font de 'Pearl Harbor' un film de guerre impressionnant sur le plan visuel mais plutôt douteux au niveau historique - les soldats américains ont-ils vraiment eu le temps de décoller et de combattre les japonais à Pearl Harbor comme tente de nous le montrer le film? Sont-ils aussi allé bombarder plus tard Tokyo en guise de revanche? Le film s'arrange bien évidemment pour tourner l'Histoire en la faveur des américains, le tout sur fond de romance et de drame humain. Malgré les efforts louables apporté par la production à l'ampleur visuelle et l'intensité dramatique du film (on appréciera par exemple la façon dont le réalisateur montre le côté japonais avant l'attaque sans pour autant rabaisser les nippons au rang de brutes sauvages), 'Pearl Harbor' frôle à plusieurs reprises le révisionnisme dangereux, le rabaissant à un simple divertissement épique hollywoodien à ne surtout pas trop prendre au sérieux. Sur le même sujet, on préfèrera sans aucun doute le superbe 'Tora! Tora! Tora!', bien plus fidèle aux évènements de 1941.
Hans Zimmer compose enfin pour un film de Michael Bay alors qu'il n'avait que partiellement participé à 'The Rock' et faillit mettre en musique 'Armageddon'. Cette fois, le compositeur allemand a bel et bien signé la quasi intégralité du score de 'Pearl Harbor', flanqué de sa traditionnelle armée de compositeurs de musique additionnelle (Steve Jablonsky, Klaus Badelt, James S. Levine, Geoff Zanelli, etc.). Les premières impressions des critiques avant la sortie du film et qui se sont pourtant ruées sur la BO de 'Pearl Harbor' ont été de véritables douches froides pour notre cher Hans: beaucoup ont reprochés le manque d'énergie et de rythme de l'album, un thème principal trop banal et pas assez marquant, etc. Avec la sortie du film, les critiques ont put tempérer leur jugement même si certains persistaient encore à dire que la musique manquait totalement d'inspiration, de relief, de profondeur. Le score de 'Pearl Harbor' est donc beaucoup plus intéressant dans le film que sur le CD, ce qui prouve de façon flagrante que l'un des problèmes majeurs de 'Pearl Harbor' vient bien de l'album trop court, excluant la majeure partie des morceaux d'action du score! Autant dire qu'il doit y avoir à peine une dizaine de minutes d'intéressantes sur l'album alors que l'on trouve quand même ici 40 minutes de score sans compter la chanson de Faith Hill. Mais sur trois heures de film, nous vous laissons imaginer le nombre de grands moments musicaux qui ont été honteusement mis à la trappe sur l'album de la musique de 'Pearl Harbor'. Le thème principal de 'Pearl Harbor' est sans aucun doute ce qui a demandé le plus de travail et de réflexion à Hans Zimmer, parce que le compositeur voulait trouver un nouveau grand thème pour le film de Michael Bay. En mûrissant sa réflexion et son processus créatif pendant de longues journées, le compositeur cherchait à composer ce qu'il souhaitait être 'le grand thème de sa carrière'. Hélas, cent mille fois hélas, c'est complètement raté! Hans Zimmer a probablement du réfléchit trop longtemps car le thème principal du score n'a rien de vraiment passionnant, et malgré son côté tendre, nostalgique et poétique, il ne peut que nous décevoir par son côté plat, quelconque, sans personnalité et sans relief. Introduit en partie dès le générique de début dans 'Tennessee', Zimmer confère à ce thème une ampleur lyrique en utilisant les cordes et le piano pour lui donner un côté romantique évident. Au début du film, Rafe et Danny sont encore de jeunes enfants jouant tranquillement dans leur campagne de la Tennessee. L'introduction du thème principal marque donc avant tout l'innocence et la beauté de l'âme de l'enfance, bien avant que l'amour rentre dans la vie des deux jeunes amis. 'Brothers' prolonge la description de cette belle amitié qui lie les deux amis mais c'est dans '...and Then I Kissed Him' que le compositeur développe la romance qui unira dans un premier temps Rafe à Evelyn puis Danny à Evelyn après la disparition supposée de Rafe. On notera que 'Tennessee' finit avec l'ajout discret d'une belle voix féminine qui nous est familière puisqu'il s'agit de la chanteuse Julia Migenes, ayant déjà assurée les très beaux solos du score de 'Toys' de Hans Zimmer. Quant à 'Brothers', ce dernier approfondit un peu plus le thème principal en lui donnant plus de lyrisme au sein d'une écriture de cordes/piano du plus bel effet, utilisant aussi hautbois et flûtes pour colorer la mélodie et lui donner un peu plus de chaleur. La romance se fait alors ressentir dans '...and Then I Kissed Him' pour la romance naissante entre Rafe et Evelyn, alors que Zimmer utilise une guitare un brin nostalgique pour accentuer l'aspect romantique de sa musique, faisant ici aussi la part belle aux cordes/piano, guitare et quelques vents (scène où Evelyn raconte dans le train à ses amies sa rencontre avec Rafe). Rafe s'engage alors pour partir dans l'aviation au moment où l'armée américaine recrute de jeunes soldats. Il doit faire ses adieux à Evelyn. C'est l'idée que développe Zimmer dans 'I Will Come Back', toujours dans un esprit romantique mais traité cette fois-ci avec un sentiment dramatique évident. Le compositeur utilise rapidement ici un choeur pour décrire les adieux poignants entre les deux amants avant que le thème romantique ne refasse son apparition à travers la formation piano/cordes/vents (la pièce est aussi utilisée pour la scène du retour de Rafe). Rafe arrive à Pearl Harbor dans un morceau enjoué non présent sur le CD mais qui met l'accent sur l'aspect agréable et la joie de vivre de ce port. La deuxième partie du score débute alors que le film évoque les japonais préparant leur attaque surprise sur Pearl Harbor. Hans Zimmer utilise un thème pour les japonais dans le début de 'Attack', ayant recours à une shakuhachi (flûte japonaise traditionnelle) et des percussions japonaises. Ce morceau rappelle étrangement la partie guerrière de 'The Might of Rome' de 'Gladiator' (exactement le même emploi de percussions et d'un motif pratiquement identique!). A noter que le motif rythmique des percussions est ici emprunté aux rythmes de la musique japonaise traditionnelle (on retrouve par exemple ce rythme dans la musique des joueurs de tambours taïko). Le compositeur utilise ainsi plusieurs fois ce thème pour caractériser le caractère guerrier et menaçant des japonais. Il utilise un autre thème plus sombre pour évoquer la menace des japonais de plus en plus proche (thème hélas absent du CD!). La scène où les avions nippons traversent toute la région en direction de Pearl Harbor est soutenu par une pièce statique avec un ostinato rythmique créant une tension inexorable, comme si la musique restait volontairement en attente pour souligner le fait que quelque chose de grave va arriver (morceau encore non présent sur le CD!). Si Zimmer se restreint un peu sur l'action lors de l'attaque des japonais à Pearl Harbor, il souligne l'aspect tragique de cette attaque à travers 'Attack' avec le thème des japonais puis, par la suite, avec la voix de Julia Migenes et d'un orchestre typique de Zimmer, dans son caractère tragique et douloureux. Le morceau a juste tendance à traîner en longueur et devient vite assez peu intéressant avec les images, ce qui est bien dommage étant donné qu'il s'agit pourtant de la séquence majeure du film! C'est là que l'on s'aperçoit à quel point les réalisateurs influent sur leurs compositeurs. Dans 'The Thin Red Line', Zimmer savait évoquer avec talent des moments tragiques sans jamais décevoir, avec une profondeur introspective rarement égalée. Ici, ce n'est plus du Terrence Malick mais du Michael Bay (avec tout ce que cela implique d'un point de vue du cinéma commercial stéréotypé à la Bruckheimer), le passage dramatique de la musique de Zimmer étant finalement plus plat, moins inspiré et surtout sans relief. Pour une grosse production Bruckheimer de ce genre, on ne pouvait de toute façon pas s'attendre à une oeuvre aussi profonde et émouvante que celle pour l'incontournable 'The Thin Red Line'. Après tout, le compositeur reste dépendant du réalisateur et de la production! 'December 7th' est un hommage poignant que le compositeur a rendu aux victimes de cette terrible attaque surprise. Les survivants viennent enlever les corps et nettoyer le port complètement dévasté. Zimmer prolonge son approche tragique de 'Attack' avec des cordes plaintives (un passage encore anormalement peu inspiré!!!) pour aboutir sur un magnifique choeur en latin a cappella (doublé de quelques cordes) écrit dans la tradition du classicisme - on pense à des choeurs religieux de Haendel, Hans Zimmer n'ayant jamais nié son influence du répertoire allemand, que ce soit Bach, Mozart ou Wagner. La partie chorale est ici écrite de manière verticale avec une ligne mélodique prédominante aux voix supérieures (le compositeur aurait apparemment calqué ici une section du 'War Requiem' de Benjamin Britten). Ce choeur poignant accompagne la scène où l'on aperçoit des plans chaotiques du port dévasté et des bateaux en train de sombrer, complètement détruits, remplis de morts. Après cette seconde partie qui concerne la spectaculaire attaque des japonais, on entre dans la contre-attaque et la troisième partie. La partie de la contre-attaque n'est pas présente dans le CD, ce qui est tout bonnement anormal car l'on y retrouvait pourtant le Hans Zimmer des musiques d'action en pleine forme, faisant rugir son orchestre dans un passage qui rappelle beaucoup 'The Battle' de 'Gladiator'. 'War' exprime quand à lui un certain espoir et l'idée de la contre-attaque, mais le morceau est beaucoup plus long dans le film et l'on ne retrouve simplement ici que la première partie du morceau. Les avions décollent pour se diriger vers Tokyo pour une mission quasi-suicide. Zimmer évoque l'espoir de la contre-attaque au début de la pièce par un motif ascendant plutôt solennel avant de se prolonger sur une atmosphère plus guerrière faisant littéralement 'décoller' sa musique lors d'une excellente reprise du thème solennel de l'espoir avant de trouver son apogée au moment où Zimmer réutilise le thème principal dans une version plus solennelle et guerrière. Zimmer évoque ici le courage, la bravoure et l'héroïsme de ces jeunes gens prêts à se battre jusqu'à la mort. L'action culmine dans une magnifique reprise solennelle et héroïque du thème principal. Malheureusement, le morceau possède une seconde partie encore plus intéressante sur le plan de l'action, Zimmer ayant malheureusement décidé de ne pas l'inclure sur le CD, gâchant une fois encore l'intérêt d'un album gruyère qui omet honteusement de très bons passages de la partition de 'Pearl Harbor'. Toute la partie concernant l'attaque de Tokyo est absente du CD. Il s'agit de la dernière partie du film (la troisième) où l'on pouvait retrouver une fois encore le grand Hans Zimmer des musiques d'action, développant le thème principal sous un angle plus héroïque et guerrier. On trouve quand même la conclusion du film avec 'Heart of a Volunteer' qui reprend le thème dramatique de 'Attack' pour la scène où Danny meurt dans les bras de Rafe. Zimmer réutilise le choeur ici avant d'enchaîner sur un nouveau rappel du thème principal avec un solo de trompette plutôt solennel et recueilli. Le film se conclut finalement sur une ultime touche d'espoir: des hommes trouveront le courage au fond de leurs coeurs pour être volontaires et s'engager à défendre leur nation et ses biens. C'est ainsi que 'Heart of a Volunteer' développe de nouveau le thème principal sous un angle solennel (très belle utilisation du choeur lors du thème de l'espoir) avant de reprendre le début de 'Tenessee', transporté par l'apport émotionnel de la voix de Julia Migenes au milieu d'une formation de cordes/piano pour conclure le fil sur une dernière touche d'émotion. La chanson du générique de fin, 'Where You'll Be' que chante Faith Hill ne cache évidemment pas ses prétentions commerciales, mais on appréciera cependant l'aspect romantique et passionné de le chanson qui rappelle que 'Pearl Harbor', ce n'est pas simplement un film de guerre, c'est aussi une histoire d'amour! Pour conclure cette critique sur 'Pearl Harbor', nous rappellerons finalement à quel point l'album de la musique est particulièrement médiocre et frustrant dans son contenu, alors que la musique de Hans Zimmer et des compositeurs de musique additionnelle est beaucoup plus intéressante dans le film même si l'ensemble manque cruellement d'originalité, d'inspiration et d'ambition. On doute très sérieusement que les producteurs du film sortiront un jour un 'More Music' comme pour 'Gladiator'. Pourtant, il y a de quoi être excédé par l'absence des nombreux morceaux d'action épique de ce score sur l'album, qui se limite finalement aux morceaux intimes/romantiques et dramatiques du score, qui, malheureusement, sont loin d'être l'élément le plus passionnant de ce score! Au final, 'Pearl Harbor' ne peut donc pas prétendre rivaliser avec la qualité des deux précédentes oeuvres de Hans Zimmer pour Ridley Scott, 'Gladiator' et 'Hannibal', qui étaient deux véritables trésors aussi inspirées l'un que l'autre. Ceci étant dit, si 'Pearl Harbor' paraît peu inspiré sur le plan musical (certains passages ont un impact superficiel et très fonctionnel avec les images, surtout dans la deuxième partie du film!), il n'en demeure pas moins une oeuvre intéressante qui a au moins l'avantage de montrer que Hans Zimmer sait exprimer sa sensibilité et son lyrisme même si, avec 'Pearl Harbor', le compositeur a échoué en tentant de renouer avec le lyrisme intime de 'The Thin Red Line'. A la fois intéressante et décevante, la BO de 'Pearl Harbor' n'a finalement qu'un intérêt limité, une musique fonctionnelle et sans relief qui colle bien au film sans pour autant le transporter vers des hauteurs inespérées. De toute façon, pour un blockbuster Bruckheimer aussi commercial, on en attendait même pas autant! ---Quentin Billard |