1-Microcosmos 2.10
2-L'abeille et les fleurs 2.10
3-La coccinelle 2.06
4-L'amour des escargots 2.16
5-L'heure chaude 4.56
6-Le scarabée sacré
et le faisan 3.41
7-Les patineuses 1.56
8-Sous le voile de l'eau 2.56
9-L'orage 3.02
10-La plante carnivore 1.48
11-Le combat des lucanes 3.15
12-La nuit 2.54
13-La métamorphose 3.04
14-La fin du rêve 4.22

Musique  composée par:

Bruno Coulais

Editeur:

Auvidis/Travelling
K 1028

Album produit par:
Bruno Coulais
Musique orchestrée par:
Bruno Coulais
Montage musique:
Tralala Studio
Création et montage sonore:
Laurent Quaguo
Pré-mastering:
Résonance

Artwork and pictures (c) 1996 Galatée Films. Tout droits reservés.

Note: ***1/2
MICROCOSMOS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruno Coulais
Le formidable documentaire de Claude Nuridsany et Marie Perrenou, véritable prouesse technique qui a demandé des années de préparation et de tournage dans la nature retranscrit très bien l'univers des habitants de l'herbe, les insectes et autres animaux divers. La magie de ce documentaire est telle que l'on se demande toujours comment les créateurs de 'Microcosmos' ont put réussir une telle oeuvre. Le film retranscrit les moindres détails des créatures les plus petites ou des plus grosses (plan dans le terrier des fourmis, son assourdissant des gouttes d'eau tombant sur le sol, etc.). Mieux encore, l'impression d'un monde gigantesque sous nos pieds devient réelement impressionante grâce à ce film sur lequel le compositeur français Bruno Coulais s'est fait connaître en obtenant le César 1997 de la Meilleure Musique de film.

Coulais considère la musique de film comme un grand champ d'expérimentation. Expérimentation semble être le mot clef de ce score et ce dès le générique de début 'Microcosmos', une pièce mélodique et très fantaisiste par son traitement instrumental et qui rappele vaguement les moments délirants de Danny Elfman dans les années 80. 'Microcosmos' développe ce qui est le thème principal du score: une mélodie confié à la voix d'un jeune enfant, le propre fils de Coulais, suivi par un accompagnement instrumental intéressant dans ces couleurs (l'emploi de vibraphone ou xylophone par exemple). Le jeune garçon chante sur des paroles en anglais à propos de ce peuple de l'herbe et ce thème très mélodique est déjà un classique dans l'oeuvre de Bruno Coulais. Il le réutilise d'ailleurs sous des formes orchestrales à l'intérieur de sa partition.

Le reste de la musique de Coulais est intéressant car l'on peut y voir toutes ses diverses approches musicales tout au long du film. A ce propos, Coulais précise que l'univers si particulier de 'Microcosmos' lui a imposé une variété d'écriture dans les pièces de sa partition, chose qu'il n'avait pas réussi à rendre au début de la composition alors que la plupart de ses pièces de style contemporaine avaient tendance à toutes se ressembler. Après tout on le comprend aisément. Pour un univers aussi riche et varié que celui des habitants des herbes, il fallait une musique qui sache retranscrir toute cette richesse et cette variété. Cela donne ainsi les pizzicati sautillants pour les insectes rampants, les percussions diverses pour les chenilles imitant le bruit de leurs pattes (idée très ingénieuse de la part de Coulais et très réussie dans le film), effets de cordes vers le début du film pour imiter le bruit des ailes des abeilles, chant d'enfant ou de la soprano Marie Kobayashi pour plusieurs scènes et même un aria de style d'opéra pour la scène de l'accouplement des escargots, cet aria très lyrique et de style opéra italien nous rappelant au passage que Bruno Coulais voue un intérêt particulier dans le domaine de l'Opéra (la voix occupant une place importante dans ses oeuvres, comme nous le prouvent des partitions telles que 'Don Juan' ou 'Himalaya' par exemple). Notons au passage la musique pour la séquence du combat entre les deux Lucanes. Coulais utilise des timbales agressive avec un orchestre agité pour évoquer la férocité du combat que se livrent les deux insectes. Si Coulais privilégie beaucoup certaines petites divisions instrumentales dans sa partition l'orchestre est présent dans certains passages et rend les séquences souvent plus imposantes comme c'est le cas pour la scène de l'orage ou celle du bousier qui pousse laborieusement sa boule. Dernière petite idée intéressante que l'on pourra noter, c'est l'évocation de la colonie des fourmis, Coulais utilisant un "nuage" de pizzicati de cordes évoquant l'aspect grouillant et rampant de ces bêtes.

C'est sur le plan sonore que le score de Coulais est très intéressant car il se marie très bien au mixage avec le son du film. Ainsi, la musique pour la scène au début avec le vol des abeilles se confond aisément avec le bruit des ailes et ce style de jeu de cordes contemporain à la Ligeti ou Penderecki (deux références qui me semblent évidentes à l'écoute de cette pièce) pourrait très bien être identifié comme le son provenant des abeilles. L'approche musicale de Coulais sur ce film est très intéressante et la musique semble toujours venir d'elle même vis-à-vis des images car jamais elle n'essaie de passer par dessus ce qu'elle représente, non pas qu'elle soit trop modeste mais bien qu'elle soit en osmose quasi-parfaite avec les images du film. Malgré la très grande variété de ces pièces qui s'enchaînent souvent entre elles sans lien immédiat, c'est l'approche instrumentale et la présence d'un thème principal qui assure l'unité de la partition, le tout dans un ensemble musical finalement très original et typique d'un compositeur qui cherche à expérimenter, à innover dans sa musique, sans laisser de côté un style orchestral plus conventionnel qu'il maîtrise très bien d'ailleurs. La partition de 'Microcosmos' est la musique idéale pour s'imaginer voyager dans le monde minuscule et pourtant si vaste du peuple de l'herbe. C'est en tout cas la vision très personnelle sur ce sujet que nous livre là un Bruno Coulais inspiré et qui mérite son César pour cette BO, une juste récompense. Reste à ce que le compositeur des 'Rivières Pourpres' et de 'Himalaya' sache toujours choisir de bons films comme celui-là ce qui n'est pas toujours le cas malheureusement.


---Quentin Billard