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1-The Cell* 3.18
2-Car Rudolph Stargher 2.01 3-Trauma* 1.40 4-92 Aqua Green Ford 1.30 5-FBI Pathologist 2.40 6-Whalen's Infraction 2.03 7-Tide Pool** 5.00 8-Sing a Song of Sixpence 4.09 9-Valentine*** 2.49 10-Chlorine and Rust 1.31 11-Only Girls Play with Dolls 2.20 12-Normal Psychotropics 1.49 13-The Seduction 2.58 14-Four and Twenty Blackbirds 0.57 15-Stargher King 6.13 16-Catherine's World 4.13 17-The Drowning 7.15 18-Scavenged Dolls 0.48 19-Vital Signs 2.03 20-You Can Find The Feeling (Radio Edit) 3.43 *Inclu extraits de: Memories of My Father et El Medahey **Inclus extrait de Marizy Doats ***Inclus extrait de El Medahey Musique composée par: Howard Shore Editeur: New Line Records NLR-90032 Musique produite par: Howard Shore, Suzana Peric Extraits de "El Medahey" Composé par: Hadj Abdelsalam Attar et "Memories of My Father" Composé par: Bachir Attar Montage musique: Suzana Peric, Nancy Allen Directeur en charge de la musique pour New Line Cinema: Toby Emmerich Directeur exécutif pour New Line Cinema: Dana Sano Coordinateur du soundtrack: Susan Horton Coordinateur de la musique: Bob Bowen Directeur du soundtrack pour New Line Cinema: Mitch Rotter "You Can Find The Feeling (radio edit)" The Master Musicians of Jajouka Featuring Bachir Attar Produit par Talvin Artwork and pictures (c) 2000 NLP, Inc./2000 New Line Records, a division of New Line Productions, Inc. All rights reserved. Note: ***1/2 |
THE CELL
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Howard Shore
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Excellent film pourtant descendu injustement en flèche à sa sortie en salle, 'The Cell' narre l'histoire de Catherine Deane (Jennifer Lopez), une psychanalyste engagée par l'inspecteur Peter Novak (Vince Vaughn) pour pénétrer l'esprit d'un serial-killer, Carl Stargher (Vincent D'Onofrio) à l'aide d'un système scientifique révolutionnaire, afin que ce dernier révèle l'emplacement de la cachette où il détient une de ses victimes prisonnière. On appréciera dans 'The Cell' l'incroyable traitement esthétique du film proche de la folie et de l'art surréaliste du film ainsi que les nombreuses séquences se déroulant dans l'esprit du tueur - ce traitement esthétique ayant justement été la cible des mauvaises critiques du film à sa sortie en salle en 2000. Réalisé par Tarsem Singh, un spécialiste des clips vidéos de la chaîne MTV, 'The Cell' est un thriller intéressant qui nous propose une terrifiante plongée abyssale dans un univers de cauchemar révélant l'esprit torturé d'un serial-killer tout en projetant ses illusions, ses tourments, ses fantasmes, etc. Assurant son concept de bout en bout, le film de Tarsem Singh s'avère être une bonne surprise, un film aux images parfois dérangeantes, à déconseiller aux personnes sensibles !
La musique d'Howard Shore démontre une fois de plus toute l'étendue des talents du compositeur fétiche de David Cronenberg lorsqu'il s'agit de composer des musiques psychologiques tortueuses et bien souvent agressives. C'est ce que l'on retrouve dans la partition ténébreuse de 'The Cell', une musique chaotique et suffocante évoquant les troubles profonds de l'inconscient humain, les ténèbres du psychisme humain, la face noire de l'âme humaine. Ici, ne vous attendez donc à une composition conventionnelle faite de thèmes et de développements thématiques récurrents. Howard Shore articule toute sa partition sur des couleurs sonores et instrumentales particulièrement expérimentales. Le principal reproche que l'on a put formuler au sujet de la musique de 'The Cell', c'est son caractère bruyant à la limite de la cacophonie. Effectivement, le débit sonore a souvent tendance à être très élevé et pour deux raisons : premièrement, la partition de Shore est 100 % atonale, sans aucun repère musical conventionnel qui permette à l'auditeur/spectateur de pouvoir se sentir "musicalement" à l'aise. L'oreille de l'auditeur est sans cesse agressée par une musique souvent stressante et bruyante (au bon sens du terme). Deuxièmement, la majorité du film se déroule autour du serial-killer et de son esprit torturé, et la musique de Shore se devait donc d'être en adéquation avec le contexte psychologique de ces nombreuses séquences cauchemardesques. Loin de calquer le genre de musique thriller qu'on pouvait attendre sur ce genre de film, c'est-à-dire le style de 'Se7en' (autre film traitant d'un serial-killer complètement fêlé), Howard Shore plonge au sein de sa musique dans les ténèbres viscérales de la folie du serial-killer. L'orchestre est très présent et le compositeur le manipule à sa guise pour soutenir tout un travail basé sur les dissonances, qu'il mêle à quelques sonorités arabes/orientales brillamment incorporées dans sa musique, et ce dès le générique de début du film, où le compositeur surprend d'entrée son auditoire en assénant au sein d'un climat musical onirique mouvementé une bonne dose d'instruments orientaux - monocordes, flûtes indiennes, sarangi, percussions orientales, etc. Le tout interprété par les musiciens de Jajouka, en provenance des montagnes de Morocco. Howard Shore a recours à des pièces musicales d'origine orientale comme l'indiquent les notes sur le livret de l'album, amené à travers un grand crescendo de tension dans le 'Main Title' du film alors que le personnage de Jennifer Lopez traverse d'immenses dunes de sable pour rencontrer un jeune enfant au milieu du désert, la scène se déroulant en réalité dans l'esprit de l'enfant. Ce 'Main Title' s'affirme déjà par son aspect chaotique et massif, son mélange entre une esthétique avant-gardiste expérimentale et une approche ethnique apportant un 'plus' indéniable au film. Cette ouverture finit par verser dans la cacophonie quasi totale, une sorte de supplice pour l'auditeur et une manière très habile de déranger ou de provoquer l'auditeur/spectateur. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, c'est bel et bien cet aspect dérangeant et incroyablement stressant de la musique de Shore qui fait tout l'intérêt de cette partition redoutable, une véritable expérience d'écoute en soi ! On pourrait aisément parler de musique avant-gardiste pour définir la partition de 'The Cell' et on aurait raison ! Dans la première partie du film, alors que les policiers recherchent la jeune fille kidnappée par le tueur, Shore développe et instaure une atmosphère sombre mais pas encore complètement brutale, comme ce sera le cas dans la seconde partie du film où Catherine rentrera dans l'esprit du tueur. Atmosphérique et sombre dans la première partie du film, la musique commence à se mettre plus sérieusement en mouvement lors de la scène où le FBI arrête Carl Stargher chez lui (la musique rappelant d'ailleurs celle de 'Se7en' avec la séquence où les policiers se dispersent dans l'urgence à travers la ville). La musique prend une tournure plus cauchemardesque et psychologique dans la deuxième partie du film alors que Catherine entame son périple dangereux et mouvementé dans l'esprit du tueur. Howard Shore, en tant que bon intellectuel savant de la musique de film, nous propose ici une approche sonore complexe et atonale teintée de dissonances parfois extrêmes, amplifiées au sein même d'une ambiance plus agressive et torturée reflétant l'esprit dérangé de Carl Stargher. Malgré quelques moments plus calmes comme lorsque Catherine inverse le processus et amène Carl dans son propre esprit, Howard Shore déchaîne sa musique et "agresse" l'oreille de l'auditeur à sa façon. Il rend le périple surréaliste de Catherine encore plus prenant tout en renforçant le climat dérangeant de certaines scènes du film. On retrouve régulièrement cette utilisation étonnante d'instruments arabes dans la musique du film de Tarsem Singh, mais c'est l'orchestre qui domine ici avec ses différentes couleurs sonores (incorporant de l'électronique), sonorités que le compositeur choisit habilement dans un même et unique but : retranscrire avec une certaine intensité la folie qui hante l'âme du serial-killer qu'interprète à merveille dans le film l'excellent Vincent D'Onofrio. On pourra aussi signaler l'excellent passage pour lequel Howard Shore illustre l'arrivée de Catherine dans le "royaume" de Stargher, déguisé en seigneur des ténèbres. Le compositeur assène alors de violents coups orchestraux répétés inlassablement tels des clusters agressifs au caractère barbare dans le traitement instrumental (les cymbales s'apparentent ici à un style de rituel musical cérémonial étant donné le contexte) et qui retranscrit parfaitement le psychisme déjanté et surréaliste de Stargher. Certaines personnes ont très vite fait le rapprochement des textures arabes de 'The Cell' avec le travail effectué par Mychael Danna sur '8mm' de Joel Schumacher, et pourtant, les deux scores ne se ressemblent pas vraiment, tant Howard Shore possède son propre style créatif et expérimental, une approche musicale qui échappe à toutes les règles du genre pour se concentrer davantage sur la construction d'une atmosphère lourde, ténébreuse, agressive, cacophonique, dérangeante, prenante et aussi totalement surréaliste ! En conclusion, 'The Cell' est un score à déconseiller aux mélomanes amateurs de belles mélodies. A l'image du film de Tarsem Singh, 'The Cell' est un plongeon dans la noirceur extrême de l'âme humaine, l'un des credos du cinéma fantastique horrifique hollywoodien. Décidément, les ténèbres de l'esprit ne cesseront jamais d'inspirer les compositeurs de musique de film ! Quoiqu'il en soit, 'The Cell' est une partition prenante mais qui nécessite une certaine ouverture d'esprit et une tolérance aux cacophonies expérimentales de certains passages de cette partition suffocante, surréaliste et cauchemardesque. Une véritable réussite dans son genre ! ----Quentin Billard |