1-Main Theme 1.55
2-Navigator Advises 1.30
3-Pain Box 2.59
4-Worm Sign/
Escape The Worm 4.17
5-Dreamscape 1.57
6-Up The Ladder/Battle 1.22
7-Desert Trek 1.44
8-Outrun Worm 2.22
9-Travel with Fremen 1.21
10-Reclaim Jani's Water/
Worm Riding 4.47
11-Fremen Village 2.47
12-Underground Lake Vision 2.14
13-Paul & Chani 2.18
14-Chani & Paul's Love 2.07
15-Worm Bark 2.26
16-Seduction - Pt.1 1.53
17-Seduction - Pt.2 4.12
18-Jessica Changes Water 1.51
19-Desert Love 1.28
20-Paul's Vision 1.41
21-Conquering The Worm 2.51
22-Paul Drinks 2.49
23-Paul Reigns 3.37
24-The Killing of
The Innocent 2.22
25-Baron Harkonnen Dies 2.01
26-Jihad Begins/Last Fight 2.57
27-Paul Chooses-Finale 3.25

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

GNP Crescendo
GNPD 8071

Album produit par:
Graeme Revell

Artwork and pictures (c) 2001 Sic-Fi Channel. All rights reserved.

Note: ***1/2
FRANK HERBERT'S DUNE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Jamais un film comme le 'Dune' de David Lynch n'aura suscité autant de mauvaises critiques un peu partout dans le monde, la plupart des détracteurs du film reprochant au réalisateur de n'avoir pas su respecter le roman de science-fiction de Frank Herbert. Quoiqu'il en soit, c'est la nouvelle version 2001 en téléfilm de 3 parties qui nous intéresse. Très impressionnant sur le plan technique pour un film produit pour la télévision, Dune de John Harrison (réalisateur de l'excellent 'Tales from The Darkside', un film d'horreur qui traite de trois histoires différentes d'après Stephen King) retranscrit bien l'univers du roman de Frank Herbert, avec Alec Newman dans le rôle de Paul Atreides et William Hurt dans le rôle de son père, le duc Leto Atreides. Comme dans le film de Lynch, Harrison décrit le combat entre la maison Atreides et celle des Harkonnen sur la planète Arrakis pour la domination de son trésor, l'épice. Arrakis est une grande planète recouverte d'immense désert à perte de vue. Les vers des sables hantent ces déserts, dévorant les malheureux qui oseraient s'y aventurer sans expérience du terrain. Pendant ces 3 parties, Harrison décrira dans un premier la fuite du palais du duc Leto après la trahison de l'un des proches de son père puis son ascension au sein du clan des Fremens, des gens très superstitieux qui attendent la venue d'un messie, celui qui viendra les délivrer du joug des Harkonnens et fera de Arrakis un gigantesque paradis terrestre. Paul, rebaptisé Muad'Dib (du nom d'une mystérieuse souris du désert) découvrira progressivement qu'il est le messie, celui que les Fremens attendent depuis si longtemps (évidemment, cette histoire de messie fait penser à Matrix, mais n'oublions pas que à la base le roman de Frank Herbert a été écrit bien avant 'Matrix'). A ce moment là, il formera les Fremens à la guerre et livrera une ultime bataille pour se venger des Harkonnens et leur faire payer la mort de son père ainsi que celle de son fils (celui de Paul, pas de son père!:)) , né d'une liaison avec la ravissante Chani, une des filles du clan Fremens. Tourné à Prague et en Tunisie, 'Dune' est une bonne adaptation cinématographique du roman de Herbert. Le paradoxe de la version de 1984 fut que le film de David Lynch fut à la fois détesté en général mais aussi transformé en un véritable film culte malgré toute cette vague de mauvaises critiques qui s'abattirent sur lui. La version de John Harrison est plus intéressante car elle permet au réalisateur d'évoquer en 288 minutes (totales) tous les détails et les profondeurs du roman de Herbert. De quoi patienter donc en attendant une éventuelle suite probablement réalisée de nouveau par John Harrison.

Après le score généralement très apprécié du groupe Toto pour le film de David Lynch, il fallait trouver un nouveau compositeur qui sache trouver un style nouveau sur cette version 2001 de Dune. La production s'est alors tourné vers Graeme Revell qui a vu en Dune un excellent moyen de développer ses approches ethniques qu'il chérie tant depuis 'The Crow', 'No Escape' ou 'The Siege' entre autre. La partition de Graeme Revell est très longue, évidemment, il y'a beaucoup de musique sur ces quelques 5 heures de film (donc probablement beaucoup d'oublis sur le CD de la BO publié par GNP Crescendo). Ecrite pour orchestre, instruments ethniques (dont le fameux duduk, utilisé par Revell dans 'The Crow', ou d'autres flûtes aux sonorités orientales, sans oublier des percussions ethniques, etc.) choeur, voix et synthétiseur, 'Dune' est une partition différente de la version de 1984. Beaucoup moins épique, la version de Revell repose essentiellement autour d'une sonorité orientale/ethnique très importante pendant ces 3 parties et de nombreuses pièces atmosphériques qui peuvent parfois paraîtrent longuettes durant l'écoute globale mais pourtant totalement justifiés vu la construction du récit de l'histoire.

Revell a composé évidemment plusieurs thèmes, dont notamment le thème principal, entendu dans le générique de début de chacune des 3 parties, confié aux flûtes ethniques dans un climat plutôt sombre, plutôt mystérieux. C'est évidemment le final du film qui permet de retrouver ce thème dans sa forme orchestrale avec des cordes brillantes, le thème révélant son côté majestueux, évoquant clairement le personnage de Muad'Dib, le Messie. L'autre thème est en fait le 'Love Theme' qui décrit les quelques moments intimes entre Paul et Chani, confié la plupart du temps aux flûtes ethniques et au duduk, les sonorités de ces instruments créant un climat sensuel très réussi dans ces scènes. Revell a apparemment vu le désert d'Arrakis comme les immenses déserts du Moyen-Orient si l'on en juge par son approche ethnique pour le score du film. Utilisant parfois des voix de chanteur probablement d'origine orientale, de la percussion et des flûtes ethniques, Revell crée un véritable son dans le film, ce que l'on pourrait appeler le 'son du désert'. Rajoutez à cela un orchestre toujours plus ou moins présent et quelques touches discrètes de synthé et vous obtenez des sonorités très personnelles du compositeur. Il y'a peu de passages d'action. On peut évoquer la fuite de Paul et sa mère dans le désert, poursuivis par un ver de terre, Revell utilisant une basse synthétique qui rappelle celle entendu au début de 'Dead Rain' du 'Final Fantasy' de Goldenthal, cette même basse synthétique qui sera réutilisée dans la scène de bataille finale du film et qui donne ce climat action nécessaire à ces séquences. Notons aussi l'excellente musique du duel final entre Paul/Muad'Dib et Feyd, passage illustré avec une pièce action bien mise en avant par de la percussions qui rappelle étrangement 'The Fight' de 'The Abyss' de Silvestri. (une analogie uniquement sonore) Evidemment, c'est la musique de la bataille finale qui reste le morceau d'action le plus intéressant du score. Remarquable par leur aspect dissonant et excitant, ces quelques passages sont pourtant rares et l'on ne peut pas vraiment dire qu'il puisse contribuer à créer un climat épique dans le score. C'est justement là le problème: Dune est un score non-épique pour un film épique. Certes les moyens y sont, mais l'esprit n'y est pas. Il s'agit probablement là d'un choix volontaire du compositeur qui souhaitait avant tout pouvoir continuer à développer avec ce téléfilm ses travaux ethniques déjà expérimentés depuis quelques années sur 'The Crow', 'Tomb Raider' et 'The Siege' pour ne citer que les exemples les plus évidents. On est donc bien loin du style symphonique de 'Street Fighter' ou 'Mighty Morphin Power Rangers: The Movie'!

On notera que Revell évoque aussi le clan des Harkonnens avec un style plus glacial, plus sombre, les grands méchants du film étant un peu ridicules par moment, faisant penser à des gros méchants de BD ou de Comics. (voir une scène totalement ringarde où le duc Harkonnen et un de ses proches rigole avec un rire sadique digne des plus grands méchants de dessin animés:)) Enfin, on notera l'apport lyrique des choeurs, utilisés notamment dans quelques séquences illustrant les rêves agités que fait Paul, des sortes de visions chaotiques du futur. Pour l'une d'entre elles, Revell utilise un choeur plutôt funèbre alors qu'il prévoir la mort future de son père. Cette chorale revient aussi pour une scène de rêve et on peut la retrouver dans le magnifique générique de fin de la première partie, une pièce chorale d'une très grande beauté et qui sonne délibérément tragique. D'une manière générale, Revell a réussi à crée un climat envoûtant avec ses sonorités ethniques et orientales, qui représentent à la fois l'univers désertiques d'Arrakis mais aussi toute la mythologie et les mythes religieux inhérents au roman de Frank Herbert et que John Harrison a beaucoup développé dans son film, en particulier autour du thème du Messie et de la mère de Paul qui devient la nouvelle Mère spirituelle du clan des Fremens, capable de transformer l'eau de vie et possédant d'autres pouvoirs. Toute cette thématique des mythes divins et légendes qui traversent le film a inspiré à Revell toute une série d'atmosphère parfois sombres, mystérieuses, mais toujours avec cet espèce d'envoûtement sonore dû à des sonorités ethniques très travaillées. (et puisque je parle de moments sombres, notons la scène du début où Paul passe un test pour vaincre sa peur alors qu'il doit glisser sa main dans une boîte qui va brûler sa main, Paul ne devant absolument pas la retirer sous peine de mourir. Revell évoque la scène de manière terrifiante, nous faisant grandement ressentir ce moment intense pour Paul!)

Voici en gros les principales caractéristiques du score de Revell. Son approche convient parfaitement au film, en particulier dans la sonorité parfaitement unifiée qu'il a réussi à créer durant ces 3 longs épisodes. Les thèmes prennent lentement leur temps pour se développer et à part le thème principal, il est fort possible d'avoir du mal à repérer les autres motifs à la première écoute. On regrettera évidemment qu'il n'y ait pas eu plus de moments épiques dans ce score, des moments qui réussissaient si bien à la musique de Toto pour le film de David Lynch. Ceci dit, 'Dune' n'en reste pas moins un excellent score très réussi de le part d'un compositeur aux idées toujours très personnelles et qui n'a jamais peur de les exposer dans ses musiques. Je regrette que cette BO ait reçue autant de mauvaises critiques de la part des béophiles qui sont apparemment restés un peu trop attachés à l'oeuvre de base crée par Toto (auquel Revell rend un petit hommage de quelques secondes dans la dernière piste du CD) et qui n'ont malheureusement pas compris tout l'intérêt d'une partition aux sonorités orientales envoûtantes. Evidemment, le score de 'Dune' demande à l'auditeur d'être perméable au style de Revell et apparemment beaucoup de béophiles ont été déçus avec cette BO qu'ils croyaient être beaucoup plus épique et mélodique, mais si ce n'est pas un chef-d'oeuvre dans la carrière de Graeme Revell, cela n'en reste pas moins un score intéressant et très bien fait, et une BO qui ne mérite pas toutes les mauvaises critiques qu'elle a reçue!


---Quentin Billard