1-Ilia's Theme 3.01
2-Main Title 1.23
3-Klingon Battle 5.27
4-Total Logic 3.44
5-Floating Office 1.03
6-The Enterprise 5.59
7-Leaving Drydock 3.29
8-Spock's Arrival 1.58
9-The Cloud 4.58
10-Vejur Flyover 4.57
11-The Force Field 5.03
12-Games 3.41
13-Spock Walk 4.19
14-Inner Workings 3.01
15-Vejur Speaks 3.50
16-The Meld 3.09
17-A Good Start 2.26
18-End Title 3.16

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Legacy Records
C2K 66134

Musique produite par:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif:
Bruce Botnick
Monteur de la musique:
Ken Hall
Producteurs de la reédition:
Didier C.Deutsch
Darcy M.Proper

Producteur associé:
Ford A.Thaxton
Directeur du projet:
Jessica Sowin

Artwork and pictures (c) 1979 Paramount Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ****
STAR TREK:
THE MOTION PICTURE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
On aura rarement vu au cinéma une adaptation cinématographique d'une série TV d'une telle qualité et d'une telle ampleur. 'Star Trek: The Motion Picture' coûta extrêmement cher pour l'époque, environ 45 millions de dollars (n'oublions pas que l'on est en 1979 et que les studios hollywoodiens étaient loin de posséder la technologie d'aujourd'hui) et devant l'immensité d'un projet aussi colossal, il fallu faire appel à un réalisateur qualifié et à une importante équipe technique. Robert Wise (fameux créateur de 'The Day The Earth Stood Still' et d'autres grands classiques du cinéma américain comme 'West Side Story' ou 'The Sand Pebbles') tourna le film, entouré des sieurs Douglas Trumbull (on se souvient de son excellent 'Brainstorm' en 1983) et John Dykstra (qui a participé aux effets spéciaux de 'Star Wars'). Les acteurs de la série reprennent leurs rôles dans le film. Ainsi on retrouve de nouveau l'excellent William Shatner dans le rôle du capitaine Kirk ou bien encore l'inoubliable Leonard Nimoy dans le rôle qui lui collera à la peau jusqu'à la fin de sa vie, Spock le Vulcain à la logique implacable. Impressionnant est le mot qui conviendrait le mieux au film. Pour un film qui a déjà plus de 20 ans (sorti à la même année que le légendaire 'Alien' de Ridley Scott, l'un de mes films fétiche!), 'Star Trek' est un vrai délire visuel, un voyage dans un univers au delà de l'imagination humaine. Un très bon film dans la continuité de la série télé crée dans le milieu des années 60.

'Star Trek' fut une grande expérience pour Jerry Goldsmith qui, en 1979 (il composa la même année ses scores pour 'Alien', 'The First Great Train Robbery' et 'Players') composa l'une de ses partitions la plus appréciée. L'univers de science-fiction convenait parfaitement à son style et le compositeur californien eu la possibilité de créer pendant plusieurs mois alloués à son activité créatrice (le film ayant demandé pas mal de temps de réalisation dû aux très nombreux plans d'effets spéciaux) une grande partition symphonique qui lui permettrait d'explorer des techniques sonores nouvelles dont notamment l'utilisation du "Blaster Beam", un instrument crée par le musicien Craig Huxley, un assemblage de pièces métalliques qui, frappées entre elles, produisent un son étrange qui ressemble à un son de synthétiseur. Goldsmith utilise aussi des sons électroniques et arrive à créer une véritable texture sonore tout au long du film. L'un des grands talents du maestro a toujours été de savoir créer un 'son' indissociable pour le film, sachant le modeler et le remodeler pour les besoins dramatiques de l'histoire tout en l'unifiant avec brio. C'est ce que l'on remarque dans 'Planet of The Apes' ou 'Alien' pour ne citer que les exemples les plus célèbres. C'est ce que l'on remarque aussi dans 'Star Trek: The Motion Picture'.

Evidemment, une partition de cette envergure ne peut que nécessiter la présence de grands thèmes. Le 'Main Title' s'ouvre ainsi directement sur un thème héroïque amené par les cordes/cuivres, un thème majestueux et ample qui sera repris dans 'Star Trek V: The Final Frontier' (1989) 'Star Trek: First Contact' (1996) et 'Star Trek: Insurrection' (1998) et qui deviendra même le thème de la série 'Star Trek: The New Generations' (avec les personnages de Patrick Stewart dans le rôle du Capitaine Jean-Luc Picard et Jonathan Frakes dans le rôle du commandant Riker): c'est le thème de l'Enterprise. Si une grosse partie centrale de la partition délaisse un peu ce thème principal pour se concentrer autour d'un autre aspect que j'aborderai un peu plus loin dans la revue, il est très utilisé et développé au début du film et en particulier dans la toute première demie heure. Après ce 'Main Title' magistral qui pose le ton aventure du film (et de l'univers 'Star Trek' en général), on rentre dans un univers sonore particulier, spatial et futuriste, au delà des limites terrestres. Goldsmith utilise le Blaster Beam ainsi que des sonorités synthétiques parfois étranges et mélangées avec l'orchestre. Sombre et mystérieux au début, il évoque de suite un autre thème qui ne sera pas repris dans la suite du film mais qui a au moins le mérite d'être noté: le thème des Klingons (thème qui sera aussi repris par Goldsmith dans 'Star Trek V', 'Star Trek: First Contact' et 'Star Trek: Insurrection'), le thème ayant un vague air de famille avec un passage du scherzo de la 4ème symphonie de Ralph Vaughan-Williams (c'est probablement ici une coïncidence). Dans cette première séquence, il n'est nul question d'une bataille contre ces envahisseurs extra-terrestres mais bien d'un problème contre leurs propres vaisseaux. Ils sont attaqués par des boules d'énergie mystérieuses qui désintègrent entièrement leurs vaisseaux et eux avec. Goldsmith utilise de la percussion, des sons électroniques, le Blaster Beam et des orchestrations typiques de lui pour évoquer le thème des Klingons face à une arme mystérieuse et de type inconnue.

Passé ce thème et ce passage agité, probablement le plus mouvementé de toute la partition ('Star Trek' étant loin d'être aussi 'action' que peuvent l'être les autres scores de Goldsmith ou Horner par exemple), on retrouve un superbe développement assez long du thème de l'Enterprise pour toute la séquence du préparatif du lancement du vaisseau. Le film de Wise a permis à Goldsmith d'utiliser un maximum la partition de Goldsmith sans être gêné par l'environnement sonore du film. Effectivement, certaines scènes assez longues contiennent peu de sons et le mixage plutôt sage du son a permis à la musique de prendre toute son ampleur et son développement thématique ou sonore. C'est le cas pour la séquence assez longue où Kirk redécouvre l'Enterprise peu avant son départ de la station Epsilon 9. C'est aussi le cas pour une des séquences où l'Enterprise, pris au coeur de la mystérieuse nuée flottant dans l'espace pénètre dans un univers inconnu de l'homme à la recherche de la mystérieuse forme de vie qui se dirige vers la terre et qui la menace de destruction. Pour cette séquence justement, Goldsmith a particulièrement travaillé ses orchestrations (mouvements mystérieux de cordes qui rappelleront le futur 'Innerspace' pour le film de Joe Dante en 1987) et ses textures électroniques, le Blaster Beam étant là pour évoquer le mystère et l'aspect surnaturel de cet univers mystérieux et effrayant en même temps.

Une grande partie de la partition de Goldsmith va ainsi dans ce sens là: une grande texture sonore que le compositeur construit en délaissant tout gros artifices orchestraux mais en se concentrant plutôt autour de la plongée du vaisseau des héros dans un univers extra-terrestre jamais visité par l'homme. Comme nous avons put le signaler un peu plus haut déjà, 'Star Trek: The Motion Picture' n'est pas du tout un score d'action/aventure comme l'on pourrait s'y attendre. Il n'y a d'ailleurs aucune scène de bataille entre vaisseaux dans ce film, et ce à l'inverse des autres épisodes. Le but de Goldsmith aura donc été d'évoquer la traversée d'un monde différent de toute conception humaine, une idée bien représentée dans la séquence où Spock voyage au coeur de cet univers à l'aide de sa combinaison spatiale, en découvrant un peu plus sur le mystère qui entoure ce monde. On n'oubliera un autre thème qui a son importance même si Goldsmith ne lui donne jamais de gros développements comme pour le thème de l'Enterprise au début du film: celui du lieutenant Ilia (Persis Khambatta, ancienne Miss Inde en 1965 malheureusement décédée d'une crise cardiaque en 1998, à peine âgée de 49 ans). Construit sous la forme d'un 'Love Theme' résolument lyrique, le thème évoque l'amour non-dit entre elle et le commandant Decker et aura droit à une magnifique reprise majestueuse lors du 'End Credits' du film. Ses réapparitions ne sont là que pour évoquer le personnage, même lorsque Ilia deviendra ensuite un robot envoyé par un être mystérieux et inconnu nommé Vejur. N'oublions pas non plus les quelques allusions au thème de la série d'origine composé par Alexander Courage et que Goldsmith réadapte et glisse habilement au sein de son orchestre sous des développements toujours très discrets, un lien qui paraît absolument évident pour assurer la continuité avec la série TV.

Mission accomplie donc pour Jerry Goldsmith qui créa en 1979 avec 'Star Trek: The Motion Picture' une de ses plus grandes œuvres pour le cinéma hollywoodien, celles qui font de lui l'un des plus grands compositeurs de musique de film de tout les temps. Sans le génie de 'Alien', 'Star Trek: The Motion Picture' reste un vrai voyage musicale vers un monde inconnu, l'orchestre (la part humaine) cohabitant avec la froideur des sons électroniques et de l'étrange Blaster Beam (Vejur et sa nuée mystérieuse flottant dans l'espace), le mélange des sonorités semblant venir tout droit d'un autre monde. Ce sentiment de menace et toujours très présent tout au long de la partition, dès le début du film avec l'attaque lancée contre les Klingons mais aussi vers la deuxième partie du film lorsque le vaisseau de l'Enterprise est attiré malgré lui au coeur de cette nuée extra-terrestre. (notons un motif de cordes sombre pour Spock alors que ce dernier reçoit un signal mental qui le contacte en pleine cérémonie ancestrale sur la planète Vulcain, l'écriture de cordes dissonante dans une partie de cette séquence rappelant vaguement 'Alien', motif qui revient une autre fois dans une séquence avec Spock dans l'Enterprise et qui parle justement de ce qu'il sait ou a compris à propos du mystérieux inconnu qui attire l'Enterprise au coeur d'un immense complexe d'un matériau inconnu.

Alors que dire de plus si ce n'est que 'Star Trek: The Motion Picture' est une des oeuvres de Goldsmith a découvrir de toute urgence si ce n'est pas déjà fait. Il nous montre une fois de plus son talent pour évoquer des ambiances spatiales mystérieuses et pour créer des sonorités et des textures sonores parfaitement unifiées pour un film, en particulier sur les films de science-fiction, là où l'expérimentation et les techniques avant-gardistes sont particulièrement prisées ('Planet of The Apes', 'Outland', 'Alien', etc.). Un superbe thème principal, des thèmes excellents, des orchestrations de qualité, une partition sombre et mystérieuse...en un mot: une très grande oeuvre!


---Quentin Billard