Troisième volet des aventures de Jack Ryan d'après les romans du célèbre écrivain américain Tom Clancy, qui débutèrent en 1990 avec 'Hunt For The Red Ocotber' de John Mc Tiernan puis se prolongèrent avec 'Patriot Games' de Phillip Noyce (1992), 'Clear and Present Danger' (Danger Immédiat) raconte cette fois-ci comment Jack Ryan (toujours interprété par Harrison Ford) doit affronter une magouille au sein de la CIA visant à soutenir une opération-commando illégale contre les cartels de la drogue colombiens, un thriller d'action honnête et divertissant, mais qui ne brille pas de par son originalité.

James Horner reprend du service après un score passable et peu inspiré pour 'Patriot Games'. Dans 'Clear and Present Danger', sa partition s'avère être bien plus accrocheuse, avec les marques de fabrique habituelles du compositeur (shakuhachi, batterie à la 'Gorky Park', etc.) et des moments vraiment accrocheurs! Le compositeur évoque l'idée de la tagline du film: "la vérité a besoin d'un soldat" dès le 'Main Title' du film: un thème plutôt patriotique, solennel et cuivré hérité des oeuvres d'Aaron Copland ouvre le film, évoquant la force et la puissance de la justice devant laquelle les mauvais devront être punis. On retrouve les caractéristiques d'écriture orchestrale typiques de James Horner, et ce dès le début du score (écriture dans le registre grave du piano pour les basses, montée harmonique aux cordes, écriture de cuivres solennelles typique, etc.), le 'Main Title' commençant de manière prometteuse annonçant une nouvelle grande aventure pour la suite, avec un thème partagé entre cordes, piano, cuivres et percussions martiales. Il est simplement dommage que le compositeur n'ait pas plus utilisé ce thème durant tout le film.

La majeure partie de la partition de 'Clear and Present Danger' oscille entre l'atmosphérique et les passages d'action/suspense, alors que Jack Ryan s'enfonce de plus en plus au sein de cette sombre magouille politique dans laquelle le président des Etats-Unis semble être lui-même impliqué. A l'instar de 'Patriot Games', plusieurs passages du score de 'Clear and Present Danger' nous proposent des redites légèrement modifiées du 'Main Titles' d'Aliens (grand classique incontournable de James Horner!) inspiré de l'Adagio du 'Gayaneh' de Khatchatourian. On peut donc s'interroger sur la réelle pertinence d'un tel emprunt pas forcément indispensable et qui, comme souvent chez Horner, sent la facilité à plein nez. Quoiqu'il en soit, Horner développe un climat de tension illustrant le danger auquel va devoir face Ryan, prêt à se battre pour récupérer les hommes de l'opération 'réciprocité' et faire éclater la vérité sur ce scandale qui risque de compromettre une partie du gouvernement américain.

L'opération 'réciprocité' est d'ailleurs fièrement mise en valeur dans le passage d'action où les hélicoptères du commando arrivent dans la forêt colombienne ('Operation Reciprocity'), sur fond de batterie rock à la 'Gorky Park', de rythmes martiaux évoquant la solidarité et la force du commando, tout en utilisant au passage un motif qu'Horner reprendra dans un morceau 'Apollo 13'. 'Operation Reciprocity' s'attache à retranscrire l'arrivée du commando dans un objectif précis: détruire les cartels de la drogue. Horner se montre particulièrement énergique dans ces quelques passages d'action qui parcourent la partition de 'Clear and Present Danger'. On pense bien évidemment à l'excellent 'The Ambush', gros morceau d'action incontournable illustrant la scène où Ryan et ses amis sont pris dans une embuscade en voiture au plein milieu d'un centre ville d'Amérique du sud. Dans une première partie, James Horner décrit l'arrivée des voitures de manière énergique, utilisant au passage une batterie rock qui donne un tempo action du plus bel effet à la scène. Puis, dans un second temps, Horner décrit la frénésie de la fusillade, accentuant les effets électroniques/orchestraux chaotiques et violents, intensifiant la scène avec l'aide de percussions agressifs, de clusters dissonants de cuivres, de cordes, de piano percussif, le morceau atteignant un climax émotionnel puissant lorsque Dan, un ami de Jack Ryan, est touché par une balle, Ryan fonçant sur lui pour mettre son ami à l'abri, scène intensifiée par un ralenti héroïque. Horner réutilise à ce moment là le motif de cuivres/cordes que l'on entendait dans 'Operation Reciprocity', mais de manière beaucoup plus noble et tragique (le compositeur reprendra ce passage au tout début de 'Re-Entry & Splashdown' de son score pour 'Apollo 13').

On notera aussi la façon dont James Horner accompagne la séquence d'action du commando en Amérique du sud par l'utilisation fort bienvenue d'une flûte de pan et d'une shakuhachi qui donne à la musique un côté 'sud-américain' parfait (même si l'instrument est d'origine japonaise!). Ceci n'est d'ailleurs pas nouveau, puisque Horner est habitué à utiliser cet instrument depuis des partitions telles que 'Red Heat' ou 'Willow'. La shakuhachi est utilisé uniquement ici dans un rôle rythmique (un peu comme le compositeur le fera plus tard sur 'Legends of The Fall'). On retrouve toujours aussi des éléments 100% Horner comme ces fameux élans rythmiques de cymbales qu'il utilise pour relancer régulièrement le rythme de sa musique dans les moments agité. Dommage que l'ensemble s'avère finalement être assez répétitif et plus quelconque dans la dernière partie du score en Amérique du sud, qui prouve que le compositeur n'est peut-être pas allé jusqu'au bout de ses idées et de ses développements thématiques, qui auraient gagné à être plus approfondi, plus structuré.

Le film se conclut sur la reprise du thème de la justice du 'Main Title' développé durant le 'End Title' afin de représenter cette fois la victoire de la justice, puisque que Jack Ryan va faire éclater toute la vérité devant un tribunal au sujet de cette sombre affaire. Avec ses morceaux d'action tonitruants, ses passages atmosphériques et ses quelques rares thèmes véhiculés dans la partition, 'Clear and Present Danger' apporte un petit plus énergique et émotionnel au film de Phillip Noyce, sans être l'un de ses chef-d'oeuvres. Voilà donc une partition d'action/suspense honnête et sans prétention, un travail correct qui donne une certaine force au film sans être d'une originalité débordante, à l'instar du film de Phillip Noyce. Du bon travail, sans plus!


---Quentin Billard