1-Yes 2.05
2-Everywhere Freesia 1.45
3-Walkaway 1.52
4-Meet Joe Black 1.44
5-Peanut Butter Man 1.43
6-Whisper of a Thrill 5.43
7-Cheek To Cheek
Ecrit par Irving Berlin 1.25
8-Cold Lamb Sandwich 1.44
9-Fifth Ave. 1.12
10-A Frequent Thing 0.55
11-Death and Taxes 1.17
12-Served its Purpose 1.12
13-Sorry for Nothing 0.47
14-Mr. Bad News 1.37
15-Let's Face the Music
and Dance
Ecrit par Irving Berlin 1.23
16-The Question 1.25
17-Someone Else 5.19
18-What a Wonderful World
Ecrit par G.Weiss, Bob Theile 3.28
19-That Next Place 10.10
20-Somewhere over the Rainbow/
What a Wonderful World
Ecrit par Harold Arlen et
E.Y. Harbug/George Weiss,
Bob Theile
Interprété par
I.Kamakawiwo'ole 4.53

Musique  composée par:

Thomas Newman

Editeur:

Universal Records
UD-55229

Album produit par:
Thomas Newman
Bill Bernstein

Monté par:
Bill Bernstein
Source music arrangée
et conduite par:
Chris Boardman

Artwork and pictures (c) 1998 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ****
MEET JOE BLACK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Thomas Newman
L'amour et la mort font partie des deux thèmes les plus souvent abordés dans l'art ou la littérature en général. Le film de Martin Brest ne déroge pas à la règle. 'Meet Joe Black' (Rencontre avec Joe Black) narre l'histoire de la mort qui prend les traits d'un séduisant jeune homme, Joe Black (Brad Pitt) descendant sur terre pour venir faire un pacte avec un vieil homme d'affaire très riche, William Parrish (Anthony Hopkins): la mort retarde le jour de l'échéance fatale en échange d'un petit tour dans le monde des vivants. Très timide et introvertit au début, Joe Black va découvrir petit à petit la magie de l'amour véritable en compagnie de Susan (ravissante Claire Forlani, déjà vu dans The Rock où elle interprétait la fille de Sean Connery) la fille de William. En clair, il s'agit d'une très belle histoire dans laquelle la mort côtoie l'amour jusqu'à éprouver une tristesse profonde le jour de la séparation inévitable. Le film doit beaucoup au trio d'acteurs éblouissants formé autour de Hopkins/Pitt/Forlani et le film propose une réflexion touchante sur l'amour et la magie qui découle du plus beau des sentiments humains. Et pour résumer le film, nous citerons une phrase que dit Hopkins au début du film à sa fille Susan: "(...) Sans amour, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Etre passé sur cette terre sans connaître l'amour, le vrai, et bien c'est être passé à côté de la vie. Il faut essayer de le trouver, car si tu n'as pas essayé, tu n'as pas vécu." A méditer en savourant ce très beau film.

Thomas Newman a un genre de prédilection: les drames en tout genre. Bien que l'histoire de 'Meet Joe Black' soit plus romantique que dramatique, cela n'en reste pas moins une histoire bouleversante que le compositeur a su approcher d'une manière certes peu originale mais avec beaucoup d'émotions, ce qui est très perceptible dans la thématique importante de la partition. Le compositeur de 'Mad City' et 'The Horse Whisperer' utilise l'orchestre avec un piano soliste et parfois quelques vents solistes, et ses trois thèmes savent trouver le ton juste dans le film. Dans un premier thème, Newman évoque à travers un climat mystérieux les voix inquiétantes que William entend dans son sommeil et qui n'est rien d'autre que la mort qui lui parle. Ce morceau se trouve dans cette première partie du film et se caractérise par cet emploi très sombre du piano et des cordes ('Yes'), le tout dans une atmosphère en suspend, un sentiment de latence typique du compositeur (on pense à 'The Shawshank Redemption' ou bien encore 'The Green Mile' par exemple) et l'on peut vraiment le considérer comme le premier grand thème de la partition, peu mélodique mais clairement lié à la mort (on le retrouve dans le sombre 'Mr. Bad News') Vaguement inquiétant, le morceau annonce que quelquechose d'assez grave va arriver à William: le jour de sa mort est proche. Mais le premier grand thème qui apparaît lors de la discussion dans l'hélicoptère au début du film entre William et Susan. Résolument romantique, ce magnifique thème évoque clairement le sentiment de l'amour sincère et possède une certaine humanité et une délicatesse mélodique fort touchante en ces temps de barbarie et de terreur en tout genre. Plus qu'un simple Love Theme, il transmet en musique la chaleur et l'humanité qui se dégage du sentiment de passion que l'on peut ressentir pour une personne que l'on aime, l'amour d'un père envers sa fille ou l'amour d'une femme envers un homme. C'est en tout cas ce que Newman a très bien cerné ici, le compositeur faisant preuve de beaucoup de sensibilité ici et évitant des excès de mièvrerie et de sirupeux même si 'Meet Joe Black' est sûrement une de ses partitions les plus romantiques qu'il ait composé jusqu'à maintenant (exposé en premier dans 'Walkaway').

Le second thème ('Whisper of a Thrill'), typiquement Newmanien dans son écriture, évoque l'amour dramatique entre Susan et Joe, un amour impossible entre une humaine et la mort en personne. Une version puissante de ce thème apparaît lors de la très belle scène d'amour qui pour une fois évite les clichés érotiques du genre pour évoquer le fait que l'union est véritablement sincère, amoureuse et non pas purement charnel, comme c'est trop souvent le cas au cinéma de nos jours. La mélodie et l'harmonie de ce thème pour l'essentiel aux cordes semblent sonner véritablement comme un thème "torturé", pas vraiment romantique et plutôt dramatique et ambigu. Il y'a un certain malaise qui se dégage de ce thème, quelque chose de difficile à décrire mais qui fait clairement véhiculer un vague sentiment de drame impalpable et pourtant présent, et ce dès les premiers instants de tendresse entre Susan et Joe, là où ce thème commence petit-à-petit à faire son apparition. L'autre thème est plus tragique, parfois exposé au piano, et l'on peut par exemple l'entendre dans la scène où Joe est avec la vieille femme d'origine Africaine qui est sur le point de mourrir et qui implore la Mort de la délivrer de ses souffrances. Toujours aussi mélodique, le thème évoque clairement la mort et la tristesse des adieux à la vie. Mais il est clair que Newman l'utilise beaucoup moins au profit du thème romantique et de celui de Susan et Joe.

Les cordes sont l'élément le plus mis en avant, surtout dans le magnifique final du score et du film, une très belle fin juste gachée par le retour peu crédible de Joe Black, redevenu un humain (faudra qu'on m'explique pourquoi le réalisateur et le scénariste ont eu une telle idée?). Si la majorité du score conserve un ton dramatique et clairement romantique, toujours avec un sentiment de lenteur et du temps qui s'écoule, le tout avec un sentimentalisme très touchant et évitant les excès du genre grâce à la retenue typique du compositeur, la partition s'offre quelques petits bonus comme par exemple 'Everywhere Freesia' ou 'Fifth Ave.' qui décrit l'excitation de la préparation de la gigantesque fête que les filles de William prépare pour l'anniversaire de leur père. Là, les vents et cuivres s'en donnent à coeur joie avec des cordes très rythmées, les seuls véritable passage où le rythme domine. Le reste de la partition est plus axé sur l'émotion, le romantisme et les moments plus dramatiques. A noter un morceau à part, celui pendant lequel Joe Black visite un peu la maison de William et tombe sur un cuisinier qui l'initie au plaisir du beurre de cacahuète ('Peanut Butter Man'). La musique possède alors un sentiment de légèreté presque enfantine avec ses pizzicati intrigués avec quelques cordes et surtout une clarinette et un piano soliste. Très à part dans le reste de la partition, ce morceau assez détendu possède une ambiance assez spéciale. Joe découvre un peu le monde des vivants, et au lieu de céder à une certaine excitation jubilatoire lié au plaisir de la découverte d'un monde nouveau pour lui, le personnage reste tout en retenu à l'image de la pièce qui pourtant est assez amusante voire même vaguement intriguante (et un peu mystérieuse).

Amateur de gros scores d'action, 'Meet Joe Black' n'est pas pour vous. Thomas Newman fait dans la finesse, la subtilité et la retenue trouchante dont il fait preuve durant tout le film trouve sa conclusion lors d'une véritable libération et explosion orchestrale finale du thème romantique, le thème principal de la BO. Magnifique final qui illumine les 10 dernières minutes du film (scène de l'anniversaire de William avec les adieux poignants entre Susan et Joe, ainsi que ceux entre William et ses deux filles, qu'il sait qu'il ne reverra plus jamais, son heure étant finalement arrivée), 'The Next Place' (contenant aussi la musique que l'orchestre joue lors de la dernière danse d'adieu entre William et Susan) permet une véritable explosion orchestrale débouchant sur une reprise grandiose du thème romantique exposé au final dans tout son éclat (sans oublier une belle reprise de ce thème au piano) et avec une certaine démesure orchestrale surprenante de la part du compositeur qui sait bien évidemment aussi se 'lâcher' de temps en temps. 'That Next Place' dégage une force extraordinaire dans ce superbe final du film, un impact à l'écran aussi touchant que la scène en elle même (ce morceau étant considéré comme la pièce majeure de la BO de 'Meet Joe Black').

En conclusion, 'Meet Joe Black' est de loin l'une des plus belles partitions que Thomas Newman ait pu nous offrir jusqu'à présent au cinéma. Belle, élégiaque, lyrique, dramatique, romantique ou mystérieuse, la musique de 'Meet Joe Black' touche notre âme et pénètre en nous pour mieux émouvoir quiconque saura en voyant le film prêter une oreille attentionnée à cette très belle musique. Probablement l'un des oeuvres les plus réussies du compositeur. Une très belle oeuvre!


---Quentin Billard