1-Main Title 3.30
2-Transformations 3.31
3-Costume Montage 1.19
4-Revenge 6.13
5-First Web 0.56
6-Something Different 1.17
7-City Montage 1.50
8-Alone 1.37
9-Parade Attack 3.54
10-Specter of Goblin 3.47
11-Revelation 2.32
12-Getting Through 2.05
13-Final Confrontation 7.19
14-Farewell 3.11
15-End Credits 1.54

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Columbia/Sony Music Soundtrax
CK 86681

Album produit par:
Ellen Segal
Danny Elfman

Orchestrateur superviseur:
Steve Bartek
Montage:
Ellen Segal
Assistant montage:
Ramiro Belgardt
MIDI Supervision
et préparation:
Marc Mann
Préparation de la musique:
Julian Bratolyubov
Préparations additionnelles:
Ron Vermillion

Artwork and pictures (c) 2002 Sony Music Entertainment, Inc./Columbia Pictures Industries Inc./ Marvel Characters, Inc. All rights reserved.

Note: ***
SPIDER-MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Les producteurs américains misaient beaucoup sur le succès du X-Men de Brian Singer, en gageant que si le film remportait l'adhésion du public, ils produiraient une série de films adaptés d'autres grands comics américains. Pari tenu, c'est aujourd'hui grâce à la réussite de X-Men que l'on peut voir le dernier film mettant en scène un grand héros de comics américain: 'Spider-Man', réalisé par l'éclectique Sam Raimi. Dans un film du même genre, Raimi avait déjà réalisé Darkman (1990) qui mettait en scène un héros nettement plus sombre (dans la peau de l'excellent Liam Neeson). Pour ce film, adapté du fameux comics de chez Marvel, Raimi s'est entouré d'une bonne équipe et ça se sent. Mais la palme revient aux effets spéciaux qui sont carrément hallucinants. Les plans à travers la ville où Spider-Man survole les routes avec ses fils de toile d'araignée sont fabuleux, la caméra de Sam Raimi est véritablement virtuose, elle va où elle le souhaite (on avait déjà ressenti cet effet dans 'Evil Dead II') et repousse les limites techniques habituelles. Impressionnant sur le plan technique, le film a aussi l'avantage de posséder un héros très attachant, Peter Parker (Tobey Maguire, très à l'aise dans ce rôle), un jeune adolescent américain moyen, timide, petit, pas spécialement beau et amoureux fou d'une fille qui l'ignore complètement. Après avoir été piqué par une araignée modifiée génétiquement dans un laboratoire, Peter va se découvrir de nouveaux pouvoirs. Après quelques expérimentations, Parker va apprendre à maîtriser ses nouveaux pouvoirs et va alors devenir Spider-Man, le justicier mystérieux qui se cache sous un déguisement rouge et bleu symbolisant son osmose avec sa face arachnide. Mais le héros ne va pas tarder à se retrouver confronté à un nouvel ennemi, le sombre bouffon vert (Willem Dafoe, toujours excellent dans les rôles de méchant complètement déjanté) qui terrorise la ville et cherche à éliminer Spider-Man par tous les moyens. Le film repose sur l'idée simple énoncé par l'oncle de Peter dans le film et par Peter lui même à la fin du film: "de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités". Face à ses nouveaux dons, Peter devra apprendre à faire des sacrifices, même lorsque ces derniers s'avèrent douloureux. Mention particulière à la fin qui possède une petite touche d'originalité.

Danny Elfman retrouve de nouveau Sam Raimi après le très moyen 'Darkman'. Pour 'Spider-Man', Elfman a continué son style très années 90 (surtout depuis 1995), le prolongeant par le biais de ses expérimentations sur le décevant 'Planet of The Apes' (qui était bien en dessous de ce que Elfman sait faire habituellement sur ce style de film). On retrouve quelques vagues réminiscences au style (défunt?) de Batman, mais c'est clairement le nouveau style plus récent de Elfman qui prime ici. La musique est confié à l'orchestre agrémenté d'un choeur de femmes typique du compositeur (et qui donne sa petite touche de fantaisie) et un environnement synthétique proche de 'Planet of The Apes' (même au niveau des percussions, tout de même moins importantes dans ce score). La première impression qui se dégage de ce score est un sentiment de puissance: Elfman a écrit une musique qui cartonne! C'est ce que l'on ressent d'entrée avec le 'Main Title' qui propose une entrée en la matière carrément percutante: la musique sonne puissante, le thème apparaît très rapidement dans l'orchestre, les rythmiques du synthé (sonorités typiques d'Elfman), les percussions massives (à noter une rythmique de batterie) et le choeur de femmes en arrière plan. Ce qui est étonnant avec ce thème, en deux parties, c'est qu'il n'est véritablement pas du tout mémorable en soi. Premièrement, il est assez long et peu mélodique (difficile de se le rechanter à la sortie du film ! S'il était facile de siffloter le thème de 'Batman' à la sortie du film, il n'en sera pas de même pour celui de 'Spider-Man'!). En choisissant une approche thématique plus atmosphérique que réellement mélodique, Elfman s'éloigne de ce qu'il avait fait à la fin des années 80 sur certains films de Tim Burton qui possédaient des grands thèmes très reconnaissables (et dont on parle encore maintenant à propos de l'importance accordé aux influences de Nino Rota et de Bernard Herrmann sur ces thèmes, Elfman reconnaissant lui même s'être très souvent inspiré de Herrmann, l'un de ses compositeurs préféré). Ne cherchez donc pas des thèmes faciles pour 'Spider-Man', et même si les deux ou trois thèmes de la partition sont présents (un autre est le 'Love Theme', difficile à reconnaître lui aussi, quand au troisième, ce serait plutôt un motif atmosphérique pour le bouffon vert), ils n'ont rien de véritablement marquant ou de mémorisable. Comme dit précédemment, et c'est le premier point majeur que nous devons noter ici, Elfman n'a pas composé une musique héroïque/triomphante avec de grands thèmes très mélodiques à la Williams ou à la Goldsmith. Le compositeur attitré de Tim Burton a donc choisit la voie de la musique atmosphérique pour illustrer les aventures mouvementées de Peter Parker alias l'homme araignée. De toute évidence, ce goût pour l'atmosphère a toujours fait partie intégrante du style d'Elfman, et cela ne fait une fois de plus que ressortir dans sa musique; c'est aussi la même chose au niveau de sa thématique, généralement assez limité dans certaines de ses BO depuis le milieu des années 90 - un seul thème très souvent ou des petits thèmes subsidiaires d'intérêt secondaires. C'est un peu ce qu'il se passe dans le score de 'Spider-Man'. Notons une reprise étonnante du thème principal lorsque Peter cherche à faire le design de son futur costume de super-héros, Elfman reprenant le thème sous la forme de guitares électriques avec batterie et rythmique de synthé, donnant un côté évidemment énergique et 'branché' à cette scène où la musique de Danny Elfman peut s'exprimer pleinement sans dialogues ni bruitages par dessus.

Ainsi donc, le 'Main Title' propose une vision puissante (et bruyante?) des aventures de Spider-Man à l'aide d'un thème long en deux parties et qui sonne massif (un autre lien avec la musique de 'Planet of The Apes'). Lancée dans le film, la musique met un peu de temps à démarrer au début du film. Mais Elfman évoque tous les aspects: les moments de tendresse où Peter rêve de sa dulcinée ou lui parle un peu (des passages plus conventionnels, entièrement orchestraux, romantiques, mais à mon avis largement moins intéressante ici), la sombre transformation de Norman Osborn (Willem Dafoe) en Bouffon vert, les attaques et affrontements de Spider-Man contre le Bouffon-Vert, en bref: Elfman ne rate aucun grands moments du film (sans oublier les passages où Peter s'entraîne à maîtriser ses nouveaux pouvoirs, ce qui permet à la musique d'Elfman de prendre son envol, notamment pour ces séquences où Peter survole les rues de la ville à l'aide de ses fils de toile d'araignée qu'il tire de ses mains, ces passages donnant l'occasion à Elfman de faire réapparaître la première section du thème, la plus utilisé durant tout le film, composé d'un motif d'une dizaine de notes environ).

Les parties d'action sonnent de façon puissante, Danny Elfman imposant un climat grandiose à l'aide du choeur de femmes, d'un orchestre dynamique et d'une rythmique électroniques très conventionnelle mais aussi très efficace aussi bien à l'image que dans la musique (cela crée une dynamique incontestable avec les scènes d'attaque du bouffon-vert ou de ses affrontements avec Spider-Man). Des moments d'action atteignent même l'apogée notamment lors d'une scène de confrontation à l'intérieur d'un bâtiment en flamme ou lors de l'affrontement final (notons les cuivres qui semblent devenir enragé dans cette violente bagarre à la fin du film) sans oublier le fait que le méchant de l'histoire possède comme Spider-Man son propre thème, difficile à entendre à la première écoute mais qu'Elfman développe réellement dans des parties d'action telles que 'Parade Attack'. Quoique l'on puisse penser de ce score, il est indéniable que la musique d'Elfman possède un rythme et une puissance implacable dans ce film, puissance déjà annoncé par le très impressionnant 'Main Title' (on retrouve aussi la puissance des grandes introductions de partitions récentes de Elfman, notamment 'Men In Black', 'Planet of The Apes' ou bien encore 'Sleepy Hollow' dans un style encore plus orchestral) La conclusion du film reprend de manière toujours aussi puissante le thème principal avec les choeurs de femmes et conclut le score sur la phrase de Peter: avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités.

Malgré les bons points de cette partition, difficile de considérer ce score comme un nouveau chef-d'oeuvre du compositeur. La musique de 'Spider-Man' est assez bruyante comme 'Planet of The Apes' et on passe de moments très forts (envol de Peter au dessus des rues, 'Main Title', scène de la conception du costume, affrontement final contre le bouffon-vert, etc.) à des moments d'une platitude frôlant le manque d'inspiration total (notamment les parties plus romantiques ou certains passages plus sombres du film). Le score de Spider-Man souffre donc d'une inégalité considérable renvoyant malheureusement à certains scores d'Elfman du milieu des années 90 comme 'Men In Black' ou 'Extreme Measures', des scores qui comme 'Spider-Man', mettent nettement moins en valeur le côté fantaisiste et rebelle qui fit tout le succès de la musique d'Elfman à la fin des années 80. On a aujourd'hui l'impression que la musique d'Elfman se formalise, qu'il n'essaie plus de prendre des risques, en clair: qu'il n'est plus tenté pour se lâcher complètement. D'un autre côté, cela se comprend: la musique d'Elfman a mûri depuis les années 80, son style a changé, le compositeur semble s'être assagit et préfère plutôt faire quelques compromis (réminiscences de lointains scores très fantaisistes du compositeur avec cette utilisation de percussions et le choeur de femmes dans le 'Main Title' et dans d'autres parties du score) permettant de trouver un équilibre entre les impératifs de producteurs de plus en plus frileux et le style mûr d'Elfman. On apprécie ou l'on n'apprécie pas mais quoiqu'il en soit, 'Spider-Man' est un peu représentatif de ce style de score d'un compositeur jadis étincelant d'idées fraîches et innovantes et aujourd'hui assagit (mais n'ayant pas perdu de son panache et de son dynamisme!). Mais le plus gros défaut de 'Spider-Man' reste quand même l'intérêt assez inégal de la musique au sein du film. Bref, ce n'est pas un chef-d'oeuvre mais malgré tout, l'ensemble est très correct et il y'a une telle puissance dans cette musique qu'il serait difficile de ne pas la recommander!


---Quentin Billard