Musique  composée par:

Jean-Claude Petit

Editeur:

Auvidis Traveling K 1016

Réalisateur:
Jean-Paul Rappeneau
Genre:
Drame
Avec:
Olivier Martinez,
Juliette Binoche,
Pierre Arditi,
Jean Yanne.

(c) 1995 Hachette Première/Centre Européen Cinématographique Rhône-Alpes/CEC/Entree Europees Cinematografique/France 2 Cinéma/Le Studio Canal +.

Note: ***
LE HUSSARD SUR LE TOIT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jean-Claude Petit
Quatre ans après Cyrano de Bergerace, le réalisateur Jean-Paul Rappeneau rempile avec un autre grand roman français jugé inadaptable à l'écran: pari réussi pour Rappeneau qui a crée un film splendide alliant un certain sens de l'aventure (et des décors magnifiques à travers une bonne partie du Sud-Est de la France), un sens étonnant du classicisme du récit et une très belle histoire entre une femme qui cherche désespérément son mari et un jeune Hussard italien qui l'aidera dans sa quête jusqu'au bout, quitte à sacrifier son retour en Italie pour elle. (le tout adapté du fameux roman homonyme de Jean Giono) Olivier Martinez et Juliette Binoche sont parfaits et n'en font jamais de trop. Dans une Provence ravagée par le choléra, les visions horrifiantes de morts et de cadavres en décompositions ne changeront jamais l'attitude figée et fière de cet homme idéaliste, Angélo Pardi (Olivier Martinez, qui campe un Angélo à la personnalité très forte à l'écran) prêt à sauver les autres et ce au péril de sa vie, simplement par honneur. En cette période de crise, de famine et de désastre humain, Angélo est le seul individu capable de garder les idées claires en restant toujours raisonnable, quelque soit les circonstances. Il a reçu une éducation très stricte de la part de sa mère et il se met ensuite à sa recherche avant de croiser le chemin de Pauline de Théus (Juliette Binoche) qu'il aidera jusqu'au bout. Entre eux naîtra très lentement une relation ambiguë mais réelle, entre distance et attirance, et la majorité du film se concentre sur cette relation montrée de manière très subtile, très pudique et vraiment touchante (surtout dans la dernière partie du film). A la fois chevaleresque, romantique, sombre et touchant, Le Hussard sur le Toit est une grande réussite.

Le compositeur Jean-Claude Petit retrouve de nouveau Rappeneau après avoir écrit la musique pour son fameux Cyrano de Bergerac. La musique du Hussard sur le Toit est entièrement symphonique et permet à Petit de retrouver le classicisme étincelant qui faisait toute la richesse de la musique baroque de Cyrano. Pour Le Hussard sur le toit, et probablement pour un souci d'ordre historique, Petit a tenu a écrire une musique dans l'esprit de celle du 19ème siècle et en particulier de la période Romantique, car le score du Hussard sur le toit est résolument Romantique dans le sens 19èmiste du terme. Le thème principal (difficilement mémorisable à la première écoute) parcourt toute la longue partition de Petit, le réalisateur ayant permis au compositeur de s'exprimer sur les quelques 2 heures 10 de film, ce qui est rare pour une production française. (mais qui devient un peu plus fréquent maintenant).

La musique de 'Le hussard sur le toit' peut se décrire comme une sorte de longue symphonie Romantique permettant de retrouver le classicisme d'un Schuman ou d'un Liszt au sein d'un film dans lequel la partition sait à la fois trouver sa place et se faire discrète malgré tout. Effectivement, malgré le fait qu'il y ait beaucoup de musique dans ce film, la partition de Petit ne gêne jamais le déroulement du film et a même tendance à passer inaperçue si on ne lui prête pas suffisamment attention. Il y a bel et bien un thème principal, ample et dramatique à la fois (une caractéristique très nuancée du score, servant à la fois à situer le contexte très sombre du film ----le choléra s'abat sur une partie de la Haute-Provence entre Aix et les Alpes en 1838----et la très touchante relation entre Angélo et Pauline) mais il n'est pas suffisamment mémorable pour retenir l'attention de l'auditeur/spectateur à la première écoute.

Malgré la longueur de la partition, Petit n'en fait jamais de trop et s'est tant mieux. Il exprime donc l'aspect dramatique du film à travers une orchestration classique remarquable (toujours dans l'esprit symphonique de la musique Romantique du 19ème siècle) et un thème omniprésent tout au long du film. Il exprime aussi de temps en temps les passages plus sombres du film (fuite d'Angélo dans le village des 'fous', découverte de cadavres, fuite de la quarantaine vers la fin, etc.) en conservant toujours ce climat dramatique et retenu: le score ne contient aucune grande envolée orchestrale puissante dans le style postromantique. Sa musique reste toujours très retenue et nuancée à l'écran. Après le baroqueux Cyrano de Bergerac, Petit revient avec une partition moins diversifiée que Cyrano mais toujours aussi classique d'esprit. Un excellent exercice de style pas forcément inoubliable mais qui mérite cependant d'être mentionné. Une BO intéressante de la part d'un de nos meilleurs compositeur français.


----Quentin Billard