1-Une aventure humaine
(générique de début) 2.22
2-Le chemin de Moenner 0.35
3-20th Century Kiosque 0.17
4-Peplum US 1.40
5-Temps et douceur 1.31
6-Demain soir 1.32
7-Tous les mêmes! 1.08
8-Oui, mais... 1.55
9-Conte de fée ou tragédie* 0.40
10-Honorable Mr.Douceur 2.07
11-La forêt 0.24
12-Tragédie à la campagne
(le papillon)* 0.28
13-Le tourbillon de
la vie (valse) 2.41
14-Le chemin de la thérapie 0.17
15-Résistance 0.45
16-Nouveau départ 0.30
17-Oui, but...** 2.34
18-Boulimie Blues 0.35
19-Le Panache de
Moenner (Cyrano)* 0.20
20-Tu me lâches! 1.52
21-Destruction de l'Ours* 0.17
22-Enfin Seule 2.19
23-Eglantine (Theme) 1.08
24-Your Lips*** 2.00
25-Everyday of my life
I've Been Waiting+ 3.15
26-Une Patiente Exemplaire 0.25
27-Femmes de tous pays 0.51
28-L'Eveil 2.54
29-Le Moment de vérité* 2.29
30-La Vie Continue
(Générique Fin) 5.23

*Morceaux composés pour le film
par Philippe Rombi mais que
le réalisateur a choisi de ne pas
insérer au mixage final. Bonus!
**Ecrit par Philippe Rombi
Textes de Yves Lavandier
Interprété par Phil Romby
***Ecrit par Philippe Rombi
Textes de Yves Lavandier
Interprété par Christine Flowers
+Ecrit et composé par
Christophe Masclet
Copyright Label Vitamine

Musique  composée par:

Philippe Rombi

Editeur:

Le Clown et l'Enfant
M001

Musique dirigée par
Philippe Rombi

Artwork and pictures (c) 2001 Le Clown et l'Enfant. All rights reserved.

Note: ****
OUI, MAIS...
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Philippe Rombi
Certains films passent totalement inaperçus à leur sortie en salle et c'est quelque fois fort déplorable. C'est un peu le cas de 'Oui, mais...', belle comédie française de Yves Lavandier dont il s'agit ici du premier film en tant que réalisateur (on attends maintenant de voir ses prochaines oeuvres en espérant des films de même qualité). 'Oui, mais...' raconte l'histoire simple et touchante de la jeune Eglantine Deville (Emilie Dequenne face à un rôle qui lui sied à merveille et auquel elle apporte toute sa spontanéité et sa fraîcheur) qui, lasse de souffrir entre sa mère dépressive, son père toujours absent et son petit ami Sébastien, entreprend alors de suivre une thérapie avec Moener (très bon Gérard Jugnot, plein d'entrain et de force dans ce rôle maîtrisé de bout en bout), le psychanalyste du coin. 'Oui, mais...' parle avec beaucoup de justesse de la relation entre un psy et sa patiente, avec ses moments d'incertitude où l'on tâtonne, on discute, on cherche à comprendre ce qui ne va pas. Le film démontre aussi qu'il est ridicule de penser que seul les fous vont voir les psy alors que les personnes qui entreprennent une thérapie sont des gens parfaitement normaux et tout à fait saints d'esprit qui veulent simplement se sortir de 'leur fosse à purin' (pour reprendre une image de Moener) en tendant la main vers quelqu'un qui saura les aider à suivre le bon chemin. Penser encore aujourd'hui que suivre une thérapie c'est être fou révèle du parfait préjugé puéril et malheureusement encore trop fréquent de nos jours. Le film de Lavandier pourrait aussi se résumer sous un autre nom: "une aventure humaine", pour reprendre une expression du personnage de Jugnot au début du film, lorsqu'il s'adresse aux spectateurs. L'aventure d'Eglantine révèle tous les aspects de la vie: ses moments de souffrance, de douleur, mais aussi ses moments de tendresse et d'euphorie. Des hauts et des bas en somme, l'éternel cycle Kontratiev pour résumer l'idée de la vie. Touchant, juste, tendre et émouvant, le film de Yves Lavandier nous propose une vision juste et simple de l'histoire d'Eglantine, une histoire somme tout très banale. Certains sauront vite s'identifier au personnage d'Eglantine, les adolescents évidemment, du moins ceux qui sont comme elle soucieux de sortir de cette dure -et ingrate- période de la vie que nous vivons tous plus ou moins difficilement, certains s'en tirant mieux que d'autres. En clair: 'Oui, mais...' fait partie des quelques rares film français à éviter certains clichés du genre pour mieux rebondir sur l'humanité des personnages avec une touche de pudeur rare dans les films français depuis quelques années.

Le compositeur Philippe Rombi n'en est pas à sa première BO puisqu'il a déjà signé les partitions des 'Amants Criminels' et 'Sous le Sable' de François Ozon, ainsi que 'Chocolat Amer', 'Presse-Citron' et le téléfilm 'Paris-Deauville', tout trois de Isabelle Boulé. Avec 'Oui, mais...', Rombi démontre son talent de mélodiste et d'orchestrateur et propose une partition très mélodique, touchante et étonnement riche pour le film de Lavandier qui semble avoir particulièrement apprécié la musique de Rombi, si l'on considère le fait que le réalisateur lui a donné une place importante au sein de son film (ce qui n'est pas toujours le cas dans les films français de ce genre). Lavandier s'exprime d'ailleurs très clairement sur ce sujet:

"[...] Je suis ravi que la somptueuse musique que Philippe a composé pour 'Oui, mais...' fasse l'objet d'un CD. Elle enrichit considérablement mon film, lui ajoutant sens et émotion et, ce qui ne gâte rien, elle s'écoute avec plaisir sans l'image. Elle se sifflote même au coin de la rue.[...]"

A travers les propos enthousiastes du réalisateur, nous pouvons déjà commencer à cerner la musique de Rombi, à la fois émouvante et pleine de poésie. Un élément important à noter est le fait qu'il y'a beaucoup de morceaux, Lavandier ayant demandé à son compositeur de créer le plus de pièce possible dans le souci de suivre au plus près les différents éléments du film (le réalisateur souligne même le côté perfectionniste de Rombi). C'est ce qui explique alors que certains morceaux de l'album n'ont pas été retenus pour le film.

La partition se présente à la fois sous deux formes: l'une instrumentale ou orchestrale alliant guitare/piano/orchestre/harpe/violon, l'autre moins intéressante faisant appel au synthétiseur (aux sonorités assez kitsch!). La musique de Rombi repose sur trois thèmes principaux qui structurent la partition, le premier étant celui entendu en ouverture et en fermeture du film, 'Une aventure humaine (générique de début)' repris dans 'Le tourbillon de la vie'. Ce très joli thème en forme de valse exprime la beauté de la vie malgré les tourments de l'être humain emporté dans ce 'tourbillon' de sentiments et d'événements qui rendent la vie humaine réellement intéressante. Poétique sans être mièvre, le thème principal du film est nettement mélodique et facilement mémorisable (à tel point qu'il est difficile de s'ôter la mélodie de l'esprit après l'avoir entendu la première fois dans le film), confié aux cordes et au piano sans oublier l'utilisation de la guitare avant l'arrivée de la valse. On pense parfois aux musique de comédie hollywoodienne dans leur simplicité, leur innocence et leur grande tendresse, une caractéristique importante du score de Rombi qui le rapproche du genre de musique qu'écrit par exemple Marc Shaiman à Hollywood, le côté mièvre en moins. Le compositeur nous propose donc une belle entrée en la matière avec ce très beau thème principal, plein de poésie et de légèreté à l'image du film, d'où probablement le choix de la forme valse.

'Le chemin de Moener' possède aussi un côté léger avec ses cordes, sa harpe et sa clarinette, la pièce imposant clairement ici le climat comédie de la musique (et du film). En revanche, changement de registre avec '20th Century Kiosque' et 'Peplum US' interprété au synthétiseur (probablement sous la forme d'une séquence MIDI) assez décevant puisque Rombi avait à sa disposition l'orchestre Bell'Arte (mais l'effet est sûrement voulu. Reste à comprendre pourquoi avoir choisi une telle approche pour ce film). 'Peplum US' et sa petite touche d'ironie propose une première version (ici électronique) du thème d'amour entre Eglantine et Sébastien, un thème aussi très mélodique mais qui sonne lui nettement plus dramatique que le thème principal et que l'on retrouve ensuite dans 'Temps et douceur'. Grâce à ses cordes, sa guitare et sa harpe favorisant un aspect à la fois romantique, rêveur mais aussi dramatique, Rombi arrive parfaitement à cerner l'histoire d'amour que commence à vivre la jeune Eglantine avec Sébastien, un ado basique qui jusqu'ici ne s'intéressait qu'à des parties de jambes en l'air avec les filles jusqu'à ce qu'il comprenne alors grâce à Eglantine qu'il y'a quelque chose de nettement meilleur par rapport à ca: le véritable amour, l'amour sincère entre deux êtres. Il va alors comprendre ce qu'aimer veut réellement dire. Eglantine va aussi en faire l'expérience et va même en souffrir, perdue entre les tourments de sa mère dépressive et les reproches incessant de son petit ami. Ce très beau 'Love Theme' fait clairement apparaître la souffrance qu'endure l'adolescente tout au long de sa thérapie où doute et remise en cause côtoient sa vie de tous les jours.

'Demain Soir' évoque avec son ambiance foraine la gaieté et le bonheur du jeune couple tandis que l'accordéon à la française de 'Tous les mêmes!' donne un petit côté 'Amélie Poulain' à la séquence en question. 'Oui, mais...' permet alors à Rombi d'affirmer un ton nettement plus dramatique dans sa musique avec ses cordes lentes et son piano: Eglantine a commencé sa thérapie et la souffrance permanente qu'elle endure la rend de plus en plus émouvante dans le film. Elle nous apparaît alors comme une jeune fille vulnérable en quête de douceur mais qui est prête à tout pour s'en sortir. Notons alors l'étonnant 'Honorable Mr. Douceur' (Mr. Douceur est Sébastien) et ses accents asiatiques (une petite touche d'humour?). On retrouve alors le style comédie avec 'La Forêt' faisant intervenir à la fois orchestre et flûte de synthétiseur (idée un peu bizarre étant donné que le compositeur avait de vrais instrumentistes à sa disposition) tandis que le compositeur refait intervenir son thème principal dans 'Le tourbillon de la vie' et sa très belle valse faisant la part belle dans un premier temps au piano, suivi ensuite du violon.

'Résistance' marque l'aspect dramatique de cette aventure avec la difficulté qu'entraîne la thérapie d'Eglantine et qui se répercute dans sa vie. 'Nouveau Départ' exprime quand à lui un espoir de réussite avec un climat très tendre faisant la part belle à l'instrumentation imposée par Rombi dès le départ: piano, cordes et clarinette (à noter que le compositeur fait un rapide clin d'oeil à ce qui va se révéler être le troisième thème du score, le thème d'Eglantine, reconnaissable à un motif mélodique de quelques notes développé dans toute la mélodie et déjà présent sous un forme moins dramatique au tout début de 'Une aventure humaine (générique de début)'. La partition atteint un sommet de l'émotion avec l'excellent 'Tu me lâches!' lorsque le psy force Eglantine à évacuer ce qu'elle a sur le coeur et à exprimer son ras-le-bol envers une mère possessive qui l'empêche de mener sa propre vie et d'avoir ses propres idées. La montée dramatique des cordes (simulées encore une fois ici au synthétiseur) est bien amenée et le climat assez sombre du morceau marque la douleur d'Eglantine dans cette partie difficile de sa thérapie. Le compositeur nous dévoile alors son troisième thème dans 'Eglantine (Thème)' qui, comme son nom l'indique, est attaché au personnage d'Eglantine en quête de sa paix intérieure (notons un bref petit rappel en fin de morceau du thème de la valse, au violon, un rappel symbolique puisqu'il évoque l'espoir de voir le bout du tunnel pour Eglantine), thème repris dans la chanson 'Your Lips'.

Avec les derniers morceaux de l'album, Rombi décrit en fin de quête la fin de la thérapie d'Eglantine qui commence alors à résoudre certains de ses problèmes et prendre un peu plus d'assurance en elle. C'est ce qui lui permet de continuer enfin à vivre pleinement sa relation avec Sébastien, ce qui se caractérise par le fait qu'elle fait enfin l'amour avec lui dans 'L'éveil', superbe reprise du 'Love Theme' au piano et aux cordes, probablement la plus belle reprise de ce thème dans tout le score et qui trouve ici son apogée. L'aventure est alors terminée, il y'en aura bien d'autres encore, encore et encore. Pour le générique de fin, 'La vie continue', Rombi fait une superbe reprise ces trois thèmes pour conclure le film en beauté, commençant et finissant ainsi avec la valse du thème principal.

Vous l'aurez compris, 'Oui, mais...' est une partition riche et pleine de poésie pour un film qui n'en manque pas. A la fois simple et touchante, la partition de Rombi encore méconnue devrait mériter toute votre attention. L'effort fourni par le compositeur sur ce film (de par sa diversité mais aussi sa grande sincérité) accroît considérablement l'émotion du film et il est certain que sans cela, le film de Yes Lavandier ne ferait pas le même effet. 'Oui, mais...' prouve ainsi que Philippe Rombi est un jeune compositeur français à l'avenir prometteur et dont il faudra suivre le parcours. Reste que l'on pourrait regretter les pièces synthétiques du score aux sonorités vaguement kitsch style musique de série-B ou de téléfilm à petit budget. Mais cela ne gêne en rien la qualité de la musique composé par Rombi pour ce film. Hautement conseillé donc!


----Quentin Billard