Disc 1-The Film Score

1-Nimbus III 2.01
2-The Mind-Meld 2.43
3-The Mountain/Main Title 4.53*
4-The Big Drop 0.26
5-Raid On Paradise 2.43
6-Not Alone 1.11
7-Target Practice 1.52
8-A Tall Ship 1.43
9-Plot Course 1.46
10-No Harm 2.13
11-Approaching Nimbus III 2.59
12-Open The Gates 3.01
13-Well Done 1.16
14-Without Help 4.55
15-Pick It Up 2.31
16-No Authority 0.30
17-It Exists 1.47
18-Free Minds 3.18
19-The Birth 3.53
20-The Barrier 2.52*
21-A Busy Man 4.41
22-An Angry God 6.57
23-Let's Get Out of Here
(Part I) 3.42
24-Let's Get Out of Here
(Part II) 3.07
25-Cosmic Thoughts 1.16
26-Life Is A Dream/End Credits 3.57*

Disc 2-The 1989 Soundtrack Abum

1-The Mountain 3.50*
2-The Barrier 2.51*
3-Without Help 4.18
4-A Busy Man 4.40
5-Open the Gates 3.00
6-An Angry God 6.55
7-Let's Get Out of Here 5.13
8-Free Minds 3.17
9-Life Is A Dream 3.57*
10-The Moon's A Window
To Heaven 4.00**

Additional Music

11-The Mountain/Main Title
(Alternate Version) 4.45*
12-A Busy Man
(Alternate Version) 4.42
13-Paradise Saloon
(Source Music) 2.42
14-The Moon's A Window To Heaven
(Film Version) 1.10
15-Vulcan Song/Row, Row, Row
Your Boat (Instrumental Source) 1.33
16-Synclavier Effects 1.54

*Contains "Theme from Star Trek
(TV Series)" composed by
Alexander Courage.
**Interprété par Hiroshima
Musique de Jerry Goldsmith
Paroles de John Bettis
Produit par Dan Kuramoto

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1157

Score et album original produit par:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif de la réédition
pour Sony Music Entertainment:
Didier C. Deutsch
Producteurs exécutifs de la réédition
pour La La Land Records:
Mike Matessino, Lukas Kendall,
MV Gerhard, Matt Verboys

Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordination de l'album:
Kim Seiniger
Monteur musique:
Ken Hall
Assistant de Mr. Goldsmith:
Lois Carruth

American Federation of Musicians
Edition limitée à 5000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1989 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
STAR TREK V:
THE FINAL FRONTIER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Le Capitaine Kirk et son fidèle équipage reviennent pour un cinquième « Star Trek », saga d'aventure spatiale assez riche qui débuta en 1979 avec le somptueux (et très coûteux) film de Robert Wise. Pour ce cinquième épisode, c'est au tour de l'un des interprètes du film de passer à la réalisation : après Leonard Nimoy pour « Star Trek III » et « Star Trek IV », c'est au tour de William Shatner lui même de réaliser un épisode de « Star Trek » (Shatner est l'interprète de Kirk dans le film et depuis la série en 1966). Cette fois, Kirk et son équipage sont confrontés à Sybok (Laurence Luckinbill), le demi-frère de Spock qui s'est mis en tête de chercher la planète Sha Ka Ree, de l'autre côté du milieu de la galaxie où se trouverait selon lui Dieu en personne. Après un appel de détresse lancé depuis la planète Nimbus III (pourtant pacifiée depuis très longtemps), l’Enterprise atterrit pour libérer les otages de Sybok sans savoir qu'il s'agit en réalité d'un piège et que Sybok a réussi à mettre les individus de son côté en leur faisant se souvenir de leurs plus profonds remords (c’est la technique dite du « mind-meld »). La nouveauté dans ce cinquième « Star Trek », c’est bien évidemment l'aspect religieux ou plutôt théologique du récit, un aspect qui n'avait pas encore été réellement traité dans la saga, mais qui paraissait parfois inhérent dans certains épisodes de la série TV des années 60. Sybok est un être obsédé par sa recherche de Dieu, et, persuadé de son existence, il ira jusqu'au bout pour le trouver, entraînant avec lui Kirk et ses hommes. Le film de William Shatner aborde ainsi le sujet du fanatisme religieux sur fond de science-fiction et d’exploration spatiale. Hélas, « Star Trek V » est aussi plombé par un défaut de taille - qui explique probablement son échec – la médiocrité catastrophique des effets spéciaux qui sont absolument ridicules et indignes de la saga, à tel point que l'on a parfois l'impression de regarder un obscur nanar de science fiction au budget dérisoire. C'est d’autant plus regrettable, surtout lorsqu'on connaît la qualité technique des quatre précédents épisodes de la saga, qui furent tous techniquement très réussis pour leur époque, en particulier le premier épisode de Robert Wise sorti en 1979. Il faut savoir que la production du film fut assez calamiteuse : prévus à l’origine pour les artisans d’ILM, qui ne furent finalement pas disponibles pour le film, les effets spéciaux de « Star Trek V » furent alors confiés en dernier recours au studio de Bran Ferren (plus abordable financièrement), et ce afin de réduire les coûts des effets visuels au maximum - ce qui explique le rendu ultra cheap et incroyablement vieillot des effets spéciaux à l’écran ! La fin fut aussi entièrement modifiée à la dernière minute suite à des projections test catastrophiques. On notera néanmoins un humour assez présent dans le film, une vague réminiscence du délire que se paya Leonard Nimoy sur l’atypique « Star Trek IV: The Voyage Home » - film bien à part dans la saga. Les trois premiers opus furent quand à eux très sérieux, mais il est clair qu'il leur manquait ce petit soupçon d'humour et de folie qu’on trouvera enfin dans le quatrième film, et aussi, partiellement, dans le film de Shatner. Malgré quelques scènes réussies (le mystérieux prologue dans le désert exposant le personnage de Sybok dans une figure quasi christique, la scène dans le Yosemite National Park, la rencontre finale avec le dieu en colère), « Star Trek V » reste un échec retentissant, un vrai ratage dans cette saga pourtant mythique. Il reste aussi l’épisode le plus impopulaire de la saga et faillit bien faire couler la franchise pour de bon. Le film reçut même un Razzie Award en 1989, dont celui du pire acteur et du pire réalisateur pour William Shatner.

Jerry Goldsmith revient enfin à la musique de la saga « Star Trek » après sa partition splendide pour le premier épisode sorti en 1979, suivie des deux travaux de James Horner et de la partition humoristique de Leonard Rosenman pour le quatrième opus. Avec « Star Trek V », Jerry Goldsmith saisit l’opportunité de réutiliser le matériau thématique issu de sa musique pour « Star Trek: The Motion Picture », auquel s’ajoute quelques nouveaux thèmes, dont un thème noble et majestueux pour les scènes introductives de la montagne – qui illustre symboliquement l’amitié entre Kirk, McCoy et Spock - un motif synthétique pour Sybok, un thème entêtant de quatre notes pour sa quête spirituelle, symbole de l'idéal divin qu’il recherche de manière obsessionnelle tout au long du film (ce fameux motif sera d’ailleurs repris dans les futures partitions de « Star Trek First Contact » et « Star Trek Insurrection ») et enfin, un dernier thème, majestueux et magique, qui apparaîtra vers la fin du film, associé à la découverte de la planète Sha Ka Ree. Jerry Goldsmith fait appel à un très grand orchestre symphonique pour parvenir à ses fins, incluant notamment un pupitre de cuivres assez massif, constitué de 9 cors, 6 trompettes, 4 trombones et 1 tuba (une note de l’album précise même que Goldsmith employa exceptionnellement 2 tubas dans le morceau « A Busy Man ») – auquel s’ajoutent une pléiade d’effets synthétiques chers au compositeur et typique de ses musiques de film des années 80 – effets crées en grande partie sur le traditionnel Synclavier typique de la musique électronique des années 70/80, matériel fréquemment utilisé par le maestro californien et d’autres compositeurs à cette époque. Goldmsith introduit dès le début du film le motif de Sybok dans « Nimbus III » (morceau non utilisé), qui se reconnaît grâce à son motif de quatre notes de synclavier qui imite vaguement le son d’un orgue – rappelant l’idée de la quête divine du personnage – sur fond de pulsation lente et déterminée. Niveau orchestrations, on notera ici l’utilisation réussie de percussions boisées, un élément récurrent pour Sybok et Nimbus III dans la partition de « Star Trek V ». « The Mind-Meld » évoque les pouvoirs psychiques de Sybok par le biais de sonorités synthétiques mystérieuses. Rapidement, le morceau cède la place à des harmonies de cordes/bois plus majestueuses qui évoquent l’idée de la quête spirituelle. Une brève allusion au thème principal de l’Enterprise et au motif de Sybok permet de conclure le morceau, avec une instrumentation plus exotique et ethnique pour le monde désertique de Nimbus III.

Dans « The Mountain (Main Title) », Jerry Goldsmith reprend enfin la célèbre fanfare d'Alexandre Courage avant de développer son fameux thème principal héroïque issu de « Star Trek: The Motion Picture ». A noter ici l’utilisation d’un nouvel élément sonore : une sorte de glissando synthétique de Synclavier, qui évoque l’univers spatial/futuriste du film, et que l’on retrouvera à plusieurs reprises dans le reste du score. On distingue ensuite un plan d'une montagne dans le Yosemite National Park sur terre, Kirk étant en pleine ascension, peu de temps avant que Spock arrive près de lui avec ses rétro-fusées. C'est lors de l’ascension qu'intervient un autre nouveau thème du film, une mélodie ample qui évoque l'amitié très forte unissant Spock, Kirk et McCoy. Peu utilisé durant le film (on le retrouve aussi vers la fin du récit), ce thème aux allures pastorales apporte une touche d'émotion indispensable pour le relief du score. Avec « Raid on Paradise », Goldsmith nous offre son premier grand morceau d’action pour la scène où Sybok et ses partisans s’emparent de Paradise City vers le début du film. C’est l’occasion pour le compositeur de développer le motif synthétique de Sybok sur fond de rythmes syncopés et de percussions boisées/ethniques pour Nimbus III. La dernière partie du morceau nous permet d’ailleurs de retrouver le thème de l’Enterprise, et, plus intéressant encore, une allusion à l’un des thèmes rejetés de « Star Trek : The Motion Picture », entendu à partir de 1:39. Le thème de l’amitié revient dans la scène intimiste du feu de camp dans « Not Alone », tandis que Goldsmith réutilise son fameux thème des Klingons dans « Target Practice », un thème lui aussi repris de « Star Trek : The Motion Picture », motif aux accents guerriers, rapide et cuivré, auquel le maestro apporte une nouvelle force dans cette cinquième aventure. Et comme dans sa partition de 1979, Goldsmith accompagne le motif guerrier des Klingons par un ensemble de percussions exotiques/ethniques assez inventives, à base de cloches, d’anklungs et de martèlements répétés sur l’extrémité grave d’un piano. On appréciera d’ailleurs les orchestrations intéressantes de ce thème dans « Without Help », pour lequel Jerry Goldsmith utilise, lors d’une nouvelle apparition des Klingons et de leur vaisseau la sonorité étrange d’un Shofar, qui rappelle parfois certains sons de « Planet of The Apes » (1968), et qui souligne le caractère belliqueux et extra-terrestre des Klingons. « Without Help » développe quand à lui un motif de tension de trois notes que l’on retrouvera beaucoup durant la dernière partie du score. La partition de « Star Trek V » nous propose aussi quelques moments plus mystiques et mystérieux particulièrement réussis, comme c’est le cas dans « Free Minds », pour la scène où McCoy assiste à nouveau à la mort de son père : les cordes résonnent ici de manière funèbres, tandis que l’électronique crée avec brio une sensation onirique assez étrange sur fond d’harmonies mystiques empruntes à « The Mind-Meld », sentiment similaire que l’on retrouve ensuite dans « The Birth » lors du flash-back de la naissance de Spock, deux morceaux plus mystérieux et psychologiques particulièrement réussis dans la partition de « Star Trek V ». Avec « A Busy Man », Goldsmith décrit la scène de l'atterrissage sur Sha Ka Ree avec le thème de la quête et le thème lyrique de la planète divine, qui atteint dans cette scène son paroxysme, partagé entre des cordes émerveillées, un orchestre ample et les synthétiseurs à base de sons cristallins et apaisants – on a d’ailleurs beaucoup rapproché ce thème du paradis perdu avec celui des Unicornes dans le score de « Legend » (1985), qui possède effectivement quelques similitudes de caractère. Dans cette scène, Goldsmith arrive à capter l'impression d'émerveillement et de découverte du monde tant recherché. L’entêtant motif de la quête, très présent tout au long du score (« Pick It Up », « It Exists », « The Birth », « « The Barrier », « A Busy Man », etc.) est à nouveau développé ici, un motif absolument entêtant que Goldsmith déve
loppe à profusion pendant une bonne partie de sa partition, et qui le suivra même dans ses prochaines aventures spatiales avec l’équipage de l’Enterprise dans les années 90.

Le maestro développe alors le superbe thème de Sha Ka Ree de manière majestueuse et solennelle. Son utilisation dans cette scène est d’ailleurs absolument remarquable. Le spectateur ressent très clairement cette impression d'émerveillement quasi féerique (sans jamais basculer dans le grandiloquent), l’aboutissement d’une longue quête spirituelle et personnel. On retrouve aussi ce thème dans « An Angry God », alors que Sybok a enfin trouvé le Dieu qu'il cherchait tant, mais l'émerveillement évoqué par le dit thème cède très vite la place à un sentiment de menace sous-jacent alors que le Dieu en question se révèle être une entité particulièrement dangereuse. Les harmonies mystiques et religieuses de « The Mind-Meld » reviennent dans « A Busy Man », tandis que l’entêtant motif de la quête est développé ici par les cuivres de manière obsédante et inquiétante (notamment dans l’utilisation particulière de 2 tubas), à l’image du fanatisme religieux aveugle de Sybok. Le thème de Sha Ka Ree et ses synthétiseurs apaisés reviennent aussi dans « A Busy Man », alors que Sybok a enfin atteint son objectif, thème repris ensuite dans le sombre « An Angry God ». A noter la manière dont Goldsmith fait véritablement exploser le thème de la quête lorsque le Dieu se révèle être une entité maléfique et malveillante : ce motif, plus entêtant que jamais, ne représente désormais plus l’idée de la quête spirituelle mais celle de l’échec de Sybok et de son obsession aveugle pour la recherche de Dieu. C’est pourquoi Goldsmith développe à loisir ce motif durant la dernière partie de « An Angry God », motif rendu torturé par ses nombreux rebondissements rythmiques et ses développements instrumentaux complexes et réussis. Le thème de Sybok revient quand à lui dans « Let’s Get Out of Here » pour le sacrifice ultime du demi-frère de Spock, dans une version qui rappelle la reprise solennelle du thème dans « It Exists ». Signalons pour finir quelques morceaux d’action absolument incontournables, comme l’excellent « Open the Gates » qui accompagne avec intensité la séquence où Kirk et ses hommes viennent libérer les otages sur Nimbus III : Jerry Goldsmith installe progressivement son climat d'action avec l'utilisation originale de claquements de percussions boisées ethniques et des orchestrations typiques du compositeur – à noter l'importance des diverses trompettes en sourdine avec cordes, trombones, cors et percussions rappelant le style action de partitions 80’s telles que « Rambo: First Blood Part II ». Jerry Goldsmith se montre donc à nouveau très inspiré sur « Star Trek V », et ce malgré la médiocrité décevante du film de William Shatner : cette nouvelle incursion dans l’univers Star Trek représenta pour le maestro californien une brillante opportunité de revisiter en partie son travail sur « Star Trek : the Motion Picture » tout en constituant une nouvelle thématique fraîche et originale, dominée par l’entêtant motif de la quête qui deviendra un motif incontournable dans les prochaines musiques de la saga « Star Trek », à l’image de la célèbre mélodie héroïque de l’Enterprise. Grâce à l’excellent double album publié par La La Land, les fans de Jerry Goldmsith pourront enfin redécouvrir l’intégralité du travail du compositeur sur « Star Trek V », appréciant enfin chaque développement thématique et instrumental avec une profusion de détails et d’idées typiques du maestro, car, sans atteindre le génie de « Star Trek : the Motion Picture », la musique de « Star Trek V » n’en demeure pas moins l’une des meilleures musiques de film écrites par le compositeur à la fin des années 80 !



---Quentin Billard