David N. Twohy est encore un de ces réalisateurs peu connus et qui semblent plutôt se spécialiser dans la réalisation de série-B telle que 'The Arrival' (avec Charlie Sheen). Scénariste de films comme 'The Fugitive' d'Andrew Davis, 'Terminal Velocity', 'Gunmen' de Deran Sarafian ou bien encore 'Warlock' de Steve Miner, la carrière de Twohy en tant que réalisateur ne brille pas beaucoup depuis ces dernières années. 'Pitch Black' reste à ce jour son film le plus apprécié, une honnête série-B de science-fiction assez gore et bien réalisé malgré le fait que l'ensemble donne très clairement l'impression d'avoir déjà été vu des centaines de fois. L'histoire est on ne peut plus simple: à la suite d'un crash sur une planète hostile, l'équipage d'un vaisseau spatial se retrouve prisonnier sur cette planète désertique où toute trace de vie semble avoir disparue. C'est en tout cas ce que l'équipage pense. Composé de personnages aux caractères très disparates, les survivants du crash doivent trouver un moyen de repartir d'ici alors qu'ils découvrent que des créatures sanguinaires ont envahis cette planète et ne sortent que dans l'obscurité pour dévorer leurs victimes (mention spéciale au travail du français Patrick Tatopoulos, déjà concepteur des aliens de 'Independence Day' ou du gigantesque lézard de 'Godzilla'). La mise en scène possède quelques effets intéressants (beaucoup de filtres sont utilisés au début pour évoquer l'étonnant éclairage de la planète du à la présence de trois soleils). Le véritable héros de l'histoire (ou devrait-on dire 'anti-héros') reste Riddick, interprété à merveille par Vin Diesel, jeune acteur au regard sombre que l'on a déjà pu voir dans 'Saving Private Ryan' de Spielberg ou bien encore dans le navrant 'Fast and Furious' de Rob Cohen. Ici, c'est lui qui mène véritablement la danse, à tel point que la trilogie prévue par Twohy devrait se centrer par la suite autour de ce mystérieux personnage.

Graeme Revell a composé un score très atmosphérique pour 'Pitch Black' avec beaucoup de synthétiseurs et quelques touches d'orchestre (souvent samplé), l'ensemble restant tout de même dominé par l'électronique. Sombre, agitée et très atmosphérique, la musique de Revell ne contient qu'un seul thème principal suggérant le combat de l'équipage pour sa survie. Le reste de la partition mise plus sur les effets électroniques et les différentes couches sonores plutôt que sur de la thématique à proprement parler (ce qui, de toute façon, n'a jamais été le point fort de Graeme Revell!). On retrouve dans ce score, en plus des synthés, quelques percussions importantes et des éléments ethniques/orientaux chers au compositeur de 'The Crow' et de 'The Siege'. L'immense planète sur laquelle se trouvent l'équipage ressemble à un désert de l'Orient, l'analogie ayant apparemment inspirée Revell dans ce sens là. D'autre part, parmi l'équipage se trouvent un groupe de pèlerins arabes (Keith David dans le rôle de Abu al-Walid alias Imam), donc, les sonorités orientales du score semblent être ici tout à fait justifiées. D'une manière générale, l'impression qui se dégage du score reste sa capacité à se morfondre avec les effets sonores du film. Parfois, ce sont des bruitages que l'on entends, parfois c'est la musique (cela est évidemment du à un mixage sonore intéressant). C'est quelque chose de très simple, et pourtant, cela fonctionne parfaitement dans le film, tout en renforçant l'impression atmosphérique qui se dégage de ce sombre score sinistre et suffocant.

L'utilisation des percussions est remarquable, plus particulièrement dans les scènes d'action du film. On notera l'accélération du tempo et des percussions dans la séquence de l'éclipse, le morceau prenant une tournure de plus en plus frénétique. La séquence de la fuite des derniers survivants vers la fin du film propose aussi une musique très rythmée par une ligne de basse/percussions électroniques du plus bel effet. Il est amusant de constater que les parties orchestrales du score sont plus présentes dans la première partie du film, alors que l’équipage traverse cet immense désert. La seconde partie, plus inquiétante, permet à Revell de renforcer ses textures électroniques et ses rythmiques du synthé alors que l’action atteint son apogée (le style de 'Pitch Black' fait parfois penser à 'Red Planet'). Comme dit précédemment, ce n’est pas la thématique qui prime dans ce score même si à l’instar de score tels que 'Titan A.E.' ou 'Bats', le compositeur utilise un seul et unique thème développé parfois sous des formes plus restreintes.

Une fois encore, c’est la couleur du score qui prime, une composition 100% atmosphérique sachant se mêler avec l’ambiance souvent lourde et pesante du film. L’effet est très réussi même si l’ensemble n'a rien de follement mémorable. Les différents effets de synthétiseur (sons imitant une attaque de monstre, cris, sons métalliques, sons distordus, choeur lointain, percussions samplées, etc.) sont très réussis et s’incorporent à merveille dans le score de Revell qui se montre décidément très à l’aise dans le travail de ses textures synthétiques. Effectivement, le compositeur a eu avec 'Pitch Black' l’opportunité de composer une partition permettant de modeler ses différentes textures électroniques entre elles jusqu’à créer une ambiance très sombre qui semble stagner en apparence, alors que ses différentes couches ne cessent de se modeler et de se remodeler entre elles, un peu comme dans le fameux 'Dead Calm' qui montrait dès 1989 tout le talent du compositeur lorsqu'il s'agit d'expérimenter sur un travail de sonorités abstraites ou électroniques.

Evidemment, le style du score n’est pas très original et Revell a déjà composé ce genre de musique auparavant. En ce sens, 'Pitch Black' pourrait s'apparenter à un mix entre le style horrifique de ‘Bats’, le suspense de 'Ghost in the Machine' et les synthétiseurs de ‘Titan A.E.’ et ‘Red Planet’. Mais l’effet rendu dans le film est très réussi, Revell ayant véritablement crée une partition orchestrale/synthétique particulièrement atmosphérique, à la fois sombre, terrifiante, chaotique, pleine de sursauts et parfois même étouffante. En conclusion, les fans de Revell ne pourront qu’apprécier ce très sombre score que Super Tracks a eu l’idée d’éditer en édition limitée, couplée avec des extraits du score horrifique de ‘Bride of Chucky’.


---Quentin Billard