1-Main Title 1.44
2-Crazed Robot 3.08
3-She Went Home 1.37
4-Alley Flight 2.06
5-Shootin' Up The Ritz 3.24
6-The Bullet 3.06
7-The Sushi Switch 3.16
8-Lockons 4.06
9-Psychic Reading 1.09
10-Ground Floor 1.03
11-40th Floor 1.24
12-Over The Edge 3.07
13-Luther Dies 1.12
14-The Resolution 5.32

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VCD-47221

Produit par:
Jerry Goldsmith
Synthétiseur programmé par:
Joel Goldsmith

Artwork and pictures (c) 1984 Tristar Pictures. All rights reserved.

Note: ***
RUNAWAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Après 'Westworld' (1973), 'Coma' (1978),'The Great Train Robbery' (1979) et 'Looker' (1981), le réalisateur/scénariste Michael Crichton revient au monde futuriste à la 'Westworld' dans 'Runaway' (L'évadé du futur), un film mettant en scène un policier traquant un tueur qui reprogramme des robots 'défiant' pour les transformer en armes meurtrières. Spécialiste des robots et de l'informatique, le policier Ramsay (Tom Selleck, dont on a dit ironiquement qu'il reprenait ici son rôle de Magnum version an 2000) et sa coéquipière Thompson (Cynthia Rhodes) doivent arrêter Charles Luther (Gene Simmons), le responsable de cette histoire de robot tueur. Le film de Crichton est d'une platitude surprenante. Tom Selleck est sympathique comme l'ensemble des acteurs du film. Parmi les mauvais points du film, on pourra signaler les effets spéciaux absolument ridicules (il faut voir la séquence où le type qui est abattu dans le dos par une balle à tête chercheuse tombe d'un escalier avec le dos en feu. Celui qui ne remarque pas que le corps qui tombe est un mannequin immobile doit impérativement se procurer des lunettes ou bien les changer ;- le problème des effets spéciaux s'explique probablement par le budget assez bas du film) et la mise en scène banale et sans originalité particulière - on a parfois l'impression que Crichton ne savait pas comment Ramsey devait mener son enquête. Par exemple, qu'est ce que la scène avec la voyante vient faire là? La scène est sans intérêt et non seulement elle semble être de trop, mais en plus, elle n'apporte rien à l'intrigue déjà assez faible en soi. Ceci dit, il y'a de bons moments dans le film et le personnage de Tom Selleck, un peu trop sûr de lui dans le film, reste néanmoins assez attachant. En clair, 'Runaway' fait partie de ces sombres films des années 80 assez méconnu et qui auront bien du mal à sortir dans l'ombre. Un petit thriller de science-fiction/série-B très passable mais néanmoins sympathique.

Après les excellents scores pour 'Coma' et 'The Great Train Robbery', Jerry Goldsmith revient à nouveau sur un film de Michael Crichton, 'Runaway'. Pour ce film, Goldsmith a composé un score étonnant puisque tout est entièrement synthétique. Interprété par le compositeur lui même sur un clavier Yamaha et une série de samplers, le score de 'Runaway' est une musique de thriller glaciale et froide avec quelques rares moments plus doux. Le choix pour lequel a opté Goldsmith paraît évident pour deux raisons: d'abord, le budget du film étant assez bas, Goldsmith ne pouvait pas tellement se permettre d'utiliser un orchestre de 90 ou 100 musiciens. Deuxièmement, le climat futuriste et robotique du film a imposé de lui même sa propre musique: une musique électronique, en accord avec le climat de science-fiction du film (après tout, la majorité du film parle de robots). Les scores entièrement électronique chez Goldsmith sont plutôt rares. Dans le même registre, on aussi le très impopulaire 'Criminal Law' (1988).

Le 'Main Title' du film pose tout de suite l'ambiance: Goldsmith utilise des sonorités bizarres et assez sombres avec un côté menaçant, tandis que, très vite, le thème principal (le seul thème du score) fait son apparition pour évoquer le héros du film (un thème mélodique qui sera repris de manière très romantique dans le final du score et du film). Très vite, Goldsmith installe une ambiance de suspense saisissante, parsemant ses morceaux de sonorités toujours plus sombres et menaçantes, comme c'est le cas lorsque Ramsey va dans une maison pour stopper un robot ménager devenu fou. (le suspense qu'installe Goldsmith dans cette scène là est remarquable) Le compositeur s'est d'ailleurs arrangé pour éviter que son score sonne trop vite ringard. C'est pour cela que, aujourd'hui encore et même si le score sonne toujours synthé années 80, 'Runaway' n'a pas vraiment pris une ride. On y retrouve le même style suspense/action que dans ses BO orchestrales, sauf qu'ici, le choix des sonorités priment sur toute la musique. Et on peut vraiment dire que Goldsmith a bien choisi les sons qu'il devrait utiliser. (à noter que c'est son fils Joel Goldsmith qui s'est occupé de la programmation du synthétiseur)

Très vite et alors que Ramsey découvre la vérité à propos de robots devenus tueurs, le score tourne à l'action pour les scènes de fusillade ou de courses poursuites (c'est le cas pour la poursuite en voitures ou pour la fusillade avec les balles à tête chercheuse). Dans les morceaux d'action, on retrouve le style de Goldsmith avec ses plages sonores en ostinato, ses rythmes percutants et l'utilisation très appuyée des percussions samplées elles aussi sur le synthé. Il est marrant d'entendre Goldsmith réutiliser des sonorités électroniques déjà entendues dans certaines de ses oeuvres précédentes. Par exemple, il y'a un son de synthé récurrent qui me rappelle beaucoup les sons de synthé qui servait de basse rythmique dans 'First Blood'. Le thème principal est toujours présent même si ce n'est pas vraiment l'aspect thématique que Goldsmith a privilégié dans ce score. Froid, glacial, métallique, le score de 'Runaway' est très sombre et aussi très flippant (essentiellement au début et à la fin du film, le milieu du film étant plus dans le style action). Goldsmith arrive malgré tout à rendre les scènes d'action excitantes avec son synthétiseur et il est marrant de voir à quel point le compositeur Californien arrive à donner une force et du rythme à ces scènes avec l'aide d'un clavier et d'un peu de matériel, la preuve que même sur un synthé, Goldsmith arrive toujours à trouver la BO adéquate pour les films qu'il met en musique. Pour apporter un peu de relief dans ce score de thriller futuriste, Goldsmith propose de respirer un bon coup avec les deux passages où Ramsey se retrouve seul avec son fils le soir avant que ce dernier n'aille dormir. Doux, tendre et nostalgique à la fois, on sent l'amour que Ramsey porte à son fils qu'il doit élever seul depuis la mort de sa femme il y'a de nombreuses années.

Finalement, l'aventure touche à sa fin avec un final clairement romantique reprenant le thème principal sous une forme romantique accompagné par un rythme de batterie et des harmonies bien majeures (le reste du score étant atonal et dissonant). On sent véritablement une libération émotionnelle en écoutant ce très beau final, surtout après autant de suspense et de tension. (il est marrant de constater à quel point ce final rappelle un peu le style du 'Main Title' de 'Rent-A-Cop' que Goldsmith composera plus tard en 1988) L'émotion n'est donc pas mis de côté dans ce score même si les passages calmes sont très rares durant le film qui est en fin de compte très rythmé.

Pour conclure, nous dirons que l'un des principaux aspects du score de 'Runaway', c'est la recherche de sonorités et d'alliages de sons que Goldsmith a effectué durant tout le film. Une fois de plus, le compositeur se montre très à l'aise sur le synthé même si l'on les puristes pourront regretter l'absence totale d'un orchestre. 'Runaway' est dans la même veine que le score de Brad Fiedel pour 'The Terminator' de James Cameron, à la différence près que 'Runaway' me semble avoir largement mieux vieilli que 'Terminator'. Ceci dit, 'Runaway' n'est pas une BO très facile d'accès et le style atonal entièrement synthétique risque d'en rebuter plus d'un. Par ailleurs, on ne peut pas dire que ce score fasse partie des chefs-d'oeuvre du compositeur. Néanmoins, ce n'est pas une raison pour sous-estimer cette BO qui donne beaucoup de force au film qui une fois encore ne serait rien sans sa musique.


---Quentin Billard