1-The Fly II 1.52
2-Come Fly With Me 2.33
3-Fly Variation 6.22
4-Musica Domestica Metastasis 7.21
5-The Spider and The Fly 1.34
6-More is Coming 3.35
7-The Fly March 4.11
8-Accelerated Brundle Disease 4.17
9-Bay 17 Mysteries 2.39
10-Bartok Barbaro 5.17
11-What's The Magic Word? 4.59
12-Dad 2.56

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5220

Album produit par:
Steven-Charles Jaffe
Coordinateurs de la musique:
Anne Atkins, Paul Talkington
Monteurs de la musique:
Jay Ignaszewski, Earl Gaffari
Producteurs exécutifs:
Tom Null, Richard Kraft
Coordinateur de production:
Kathura Clarke

Artwork and pictures (c) 1989 Twentieth Century Fox Film Corporation/Brooksfilm. All rights reserved.

Note: ****
THE FLY II
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Etant donné le succès du 'The Fly' de David Cronenberg, film fantastique d'horreur considéré comme un classique du genre des années 80, une suite était évidemment prévisible. C'est Chris Walas qui s'est mis à la réalisation, Walas étant plutôt spécialisé dans les effets spéciaux et les designs de films (il fut aussi responsable des effets mécaniques du monstre dans le premier 'The Fly'). Walas reprend exactement le même concept pour cette suite médiocre: le héros se transforme progressivement en un monstre mi homme mi mouche et n'arrive pas à arrêter sa sinistre transformation. L'histoire est on ne peut plus simple: Eric Stolz interprète Martin Brundle, le fils de Seth Brundle (Jeff Goldblum dans le premier épisode) qui, après la mort de sa mère lors de l'accouchement, s'est retrouvé adopté par Bartok (Lee Richardson), l'employeur de Seth qui veut garder Martin auprès de lui pour pouvoir ensuite l'étudier lorsque l'heure de sa transformation arrivera. Martin a une maladie très rare: il grandit extrêmement vite jusqu'à atteindre la forme d'un jeune homme de plus de 20 ans à l'âge de 5 ans. Au bout de 5 ans, Bartok lui demande alors de travailler pour lui en l'aidant à résoudre l'énigme des télépods, les 2 engins construits par Seth et qui devaient servir à télétransporter une personne (ou un objet) d'une cabine à l'autre. Mais la solution est difficile à trouver, d'autant que Bartok et ses hommes ont déjà échoués en faisant le test sur un pauvre chien (le résultat est d'une cruauté sans nom. La séquence où Martin achève le chien complètement déformé et souffrant des séquelles de cette expérience ratée est bouleversante, à tel point que Martin en voudra énormément à Bartok pour avoir osé faire ca à cette pauvre bête. Reste à savoir si cette terrible séquence était forcément nécessaire. Sa rencontre avec Beth Logan (Daphne Zuniga) va alors lui permettre de vivre sa première histoire d'amour, tandis que sa nouvelle copine va assister progressivement à la sinistre transformation de Martin en un monstre difforme. Beth aide alors Martin à s'échapper du complexe de Bartok Industries, ayant découvert que Bartok lui mentait depuis le début et l'observait secrètement partout où il était. Mais Martin est dans un état critique et Beth n'a plus qu'une seule solution: livrer Martin à Bartok pour que ce dernier puisse s'occuper de lui avec l'aide de ses scientifiques et de ses chercheurs. Mais Martin va alors achever sa transformation et va renaître sous la forme d'une créature monstrueuse lié aux gênes de mouche hérité d'une expérience catastrophique de son père Seth. Furieux, Martin-mouche va alors prendre sa revanche contre Bartok et ses hommes. La dernière demie heure du film sera donc la plus sanguinaire et la plus gore, et si le film est très réussi techniquement (les animatronics sont excellents, l'animation du monstre est superbe, les effets gores sont très convaincants), l'histoire et la réalisation sont d'une platitude totale. De toute évidence, The Fly II n'arrive pas à la cheville de l'un des meilleurs films de Cronenberg, et l'on est toujours en droit de se demander si cette suite médiocre était vraiment nécessaire?

En 1989, Christopher Young venait de composer quelques uns de ses premiers grands scores d'horreur avec les deux 'Hellraiser', 'A Nightmare on Elm Street 2'. Très influencé du style de 'Hellraiser', le score de 'The Fly II' prouve une fois de plus à quel point le compositeur est un spécialiste des musiques de film d'horreur/suspense/thriller. Sans être d'une grande originalité dans le genre, la BO de 'The Fly II' se compose d'un thème principal assez puissant et intense, exprimant avec un côté à la fois grave et inéluctable l'aspect sombre de cette histoire. Ce thème puissant confié essentiellement aux cuivres et aux cordes est exposé dans le Main Title et réapparaîtra dans les moments clé du film. Il donne d'emblée l'atmosphère grave du film sans pour autant encore en dévoiler l'aspect horrifique. Le problème est que ce thème (et une bonne partie du score) rappelle beaucoup trop le thème et le style du score des deux Hellraiser, Young n'ayant pas essayé de chercher quelque chose de neuf sur la musique de ce film. La musique de Young est plutôt mystérieuse et intriguante dans la première partie du film. Pas encore très atonale/dissonante comme dans la dernière partie, la musique évoque cette atmosphère de mystère et de découverte à l'aide d'orchestrations mettant plutôt en valeur les cordes, les vents et un célesta mystérieux (très souvent utilisé par Young dans ses orchestrations pour augmenter ses atmosphères de mystère ou de suspense). Le premier morceau intéressant est entendu alors que le jeune Martin parcourt un conduit de ventilation avec son casque sur la tête pour se rendre à la Zone 4 et découvrir enfin le secret que cache cette zone qui lui est interdite d'accès. Young installe un petit rythme de bassons assez espiègle pour évoquer un jeune Martin malin et débrouillard, tandis qu'une flûte vient rejoindre un orchestre assez calme pour renforcer une des rares séquences encore tranquille dans le film. Les cordes vont vite rejoindre les vents pour amplifier le morceau tout en conservant l'aspect espiègle de ce morceau.

Très vite, la musique prend une tournure de plus en plus mystérieuse, Young créant une atmosphère musicale adéquate pour cette première partie du film. (les orchestrations du compositeur sont toujours aussi soignées et l'effet rendu par l'emploi du célesta est remarquable dans le film. On trouve déjà dans 'The Fly II' le style de sonorité orchestrale que l'on retrouvera dans les futurs scores thriller/horreur de Young, comme 'Copycat', 'The Glass House' ou encore 'Jennifer 8') La musique devient plus dramatique avec un rappel du thème principal pour l'affreuse scène avec le chien déformé, Young faisant intervenir ses cordes glaciales et dramatiques à la fois. Mais c'est alors que Martin découvre les véritables desseins de Bartok que la musique devient nettement plus sombre et atonale. Pour la séquence où Martin devient fou furieux et casse tout sur son passage, Young lâche son orchestre dans une pièce plutôt terrifiante mettant en avant les cuivres agressifs et les chocs crées par les percussions pour souligner la colère de Martin. On retrouve aussi ce style d'ambiance lorsque Martin s'échappe du complexe après avoir balancé l'irritant chef de la sécurité Scorby (interprété par Gary Chalk, un spécialiste des voix pour des dessins animés et autres films d'animation) par une fenêtre alors que ce dernier l'empêchait de sortir.

La musique prend véritablement une autre tournure pour la scène de la 'renaissance' de Martin. Sinistre, la musique l'est assurément. Young évoque la séquence de la renaissance en maintenant une sorte de climat de suspense étouffant, et ce à l'aide de nombreux effets de cordes et d'orchestrations devenant de plus en plus sombres. La terreur commence alors que Martin sort de son cocon et commet ses premiers méfaits sanguinaires. La musique devient alors très radicalement terrifiante. Young utilise alors de très intéressants effets sonores du synthé pour augmenter la terreur de ces passages chaotiques. Percussions à la Hellraiser, cordes stridentes et flippantes dans le style de 'Nightmare on Elm Street 2', rythmique/percussions de synthé dans certains passages, sonorités électroniques sinistres évoquant dans le film des bruitages de mouche, cuivres agressifs, tous les éléments sont là pour accentuer la terreur des attaques de Martin dans cette dernière partie du film. La musique oscille entre la terreur pure et le suspense haletant (on pense à la séquence où Scorby cherche Martin dans un couloir) avec de véritables sursauts musicaux agissant comme un prédateur se blottissant dans l'obscurité pour sauter sur sa victime au moment propice. C'est le travail autour des sons sinistres du synthé et des cordes qui amplifient l'atmosphère flippante et étouffante de cette dernière partie du score, avec des passages terreur/action du plus bel effet. Atonale et chaotique, la musique de cette dernière partie du film (on notera un motif de cuivres assez menaçant) rappelle par moment certains passages de terreur/suspense du magnifique 'Alien' de Jerry Goldsmith (avec un petit soupçon de 'Poltergeist' de Goldsmith), probablement une des influences musicale du compositeur pour 'The Fly II' (après tout, le monstre-mouche renvoie à des standards de film d'horreur avec créatures sanguinaires comme 'Alien' en fait partie) et aussi assez vaguement 'Wolfen' de James Horner. Mais ces influences assez vagues ne gâchent en rien la réussite de ces passages que Young dirigent avec une maestria exemplaire, preuve une fois encore du talent du compositeur pour créer ce style d'atmosphère violente et terrifiante en même temps. Finalement, le film trouve sa conclusion sur une superbe reprise du thème principal comme dans le Main Title pour le générique de fin, et ce après un plan de fin très sombre, loin du happy-end traditionnel.

'The Fly II' apparaît donc comme un score d'horreur/suspense réussi mais guère original puisque le compositeur ne fait que reprendre et amplifier le style de ses deux grands premiers scores d'horreur, 'Nightmare on Elm Street 2' et 'Hellraiser'. Articulé autour d'un thème principal impressionnant et d'orchestrations soignées, la musique crée le climat adéquat pour le film, mais sans grande originalité particulière. Toujours est il que ce genre de score a permit au compositeur de devenir l'un des spécialistes de la musique d'horreur/thriller le plus prisé dans les années 90. Mais le succès de Christopher Young dans ce domaine est à double tranchant puisque le public semble lui avoir collé depuis quelques années déjà une étiquette de compositeur du frisson, alors que Young sait aussi écrire pour d'autres genres cinématographiques, et notamment pour les drames et les comédies. Quoiqu'il en soit, 'The Fly II' n'en reste pas moins un très bon score d'horreur/suspense qui ravira les fans du compositeur et tous ceux qui s'intéressant aux travaux horrifiques du compositeur. Excellent, en somme !


---Quentin Billard