1-History Of The Ring 6.31
2-Gandalf Throws Ring* 3.55
3-The Journey Begins,
Encounters With The
Ringwraiths 4.28
4-Trying To Kill Hobbits* 4.28
5-Escape To Revendell 6.22
6-Company Of The Ring* 1.39
7-Mines of Moria 6.10
8-The Battle In The Mines,
The Balrog 5.08
9-Mithrandir 3.17
10-Frodo Disappears 2.38
11-Following Orcs* 2.31
12-Fleeing Orcs* 2.31
13-Attack Of The Orcs 4.04
14-Gandalf Remembers 2.19
15-Riders of Rohan 3.43
16-Helm's Deep 7.02
17-The Dawn Battle,
Theoden's Victory 5.34
19-The Voyage To Mordor,
Theme From The
Lord of The Rings 4.43

*Cue Previously Unreleased.

Musique  composée par:

Leonard Rosenman

Editeur:

Intrada Records
FMT 8003D

Produit par:
Leonard Rosenman
Producteur exécutif:
Douglass Fake
Producteurs associés:
Jeff Johnson, Roger Feigelson
Montage:
Jim Henrikson
Supervision technique:
HM Sterx
Assistant du producteur:
Rachel Samolis

"Mithrandir"

Ecrit par:
Leonard Rosenman
Paroles de:
Mark Fleischer

Artwork and pictures (c) 1978 Tolkien Enterprises. All rights reserved.

Note: ***
THE LORD OF THE RINGS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Leonard Rosenman
La première version très critiquée du célèbre 'Lord of The Rings' de J.R.R. Tolkien fait l'unanimité auprès des mauvaises critiques. Ralph Bakshi a réalisé en 1978 une adaptation froide et passable de la saga imaginé par Tolkien. Réaliser 'Lord of The Rings' en film d'animation paraissait la meilleure solution à l'époque pour restituer le souffle épique de ce très grand classique de l'héroïc fantasy. Pourtant, on en est encore à se demander si il n'aurait pas été plus intéressant de filmer le film en réel. L'animation du film est catastrophique, les mouvements son archi saccadés, les graphismes sont laids, les moyens techniques sont d'une pauvreté étonnante, etc...rajoutons à cela l'utilisation de la technique du rotoscoping (procédé qui consiste à filmer de vrais acteurs pour digitaliser ensuite leur formes et mouvements et les introduire au sein de l'animation) mélangé avec des graphismes traditionnels d'une manière étrangement maladroite qui ne vient pas arranger les choses. Certes, l'utilisation du rotoscoping donne un côté un peu surréaliste et magique à certains passages du film, surtout pour toutes les séquences qui concernent les orques et les cavaliers noirs; mais c'est fait d'une manière tellement maladroite que l'on ne peut apprécier réellement ces effets que le réalisateur nous assène en pleine figure du début jusqu'à la fin du film. (et on est aussi en droit de se poser la question de la réelle utilité de ces effets dans certains passages du film ainsi que de la surabondance de ces effets tout au long du film) Les graphismes des personnages sont parfois assez laids, surtout en ce qui concerne les deux Hobbits (Gandalf reste fidèle à ce qu'on s'imagine de lui dans le roman), Frodon et Sam (qui a une tête abominable). L'histoire est un mixte entre 'la Confrérie de l'Anneau' et 'Les Deux Tours' (dont le prochain épisode réalisé par Peter Jackson débarque au cinéma à la fin de l'année) et même si plusieurs passages ont du être supprimés pour des questions de longueur, l'histoire de Tolkien tient bien la route pendant les quelques 130 minutes du film. Généralement incendié par la critique, ce 'Lord of The Rings' en film d'animation ne rend à mon avis pas vraiment hommage au chef d'oeuvre de Tolkien, pour la simple raison qu'il manque le souffle épique et grandiose de cette oeuvre dans le film bâclé de Bakshi (la même année que le film de Bakshi, on avait un autre film d'animation adapté du roman de Tolkien, 'The Hobbit' de Jules Bass et Arthur Rankin Jr, une version enfantine ultra simplifiée de l'oeuvre). On ne ressent pas la sensation de puissance et de grandeur qui entoure cette aventure grandiose dans les bouquins de Tolkien, cela étant du en partie à l'aspect technique catastrophique du film. Après cela, on comprend alors pourquoi de son vivant l'écrivan refusa toute adaptation cinématographique de son oeuvre, la considérant alors comme 'inadaptable' pour l'écran. Le 'Lord of The Rings' de Ralph Bakshi vient donc confirmer l'avis de Tolkien, et il faudra vraiment attendre 2001 pour voir enfin arriver une adaptation digne de ce nom de la saga de 'Lord of The Rings'. Une véritable déception qui n'est pas à la hauteur du monument crée par J.R.R Tolkien.

Le compositeur Leonard Rosenman signa la partition massive de 'Lord of The Rings'. Le compositeur explique lui même que la composition de la partition fut longue et complexe, la musique se déroulant pendant plus de 80 minutes de musique d'action, de chasses, de marche et de bataille. Le compositeur s'explique ainsi sur le sujet:

"J'ai du créer un style évoquant un tout autre univers. C'est ce que j'ai fait en usant de superpositions surréalistes, des harmonies consonantes traditionnelles sur des parties dissonantes et même parfois avec des techniques sérielles. De plus, une grande variété de couleurs orchestrales fut nécessaire (...)"

Le compositeur explique ainsi l'utilisation de vieux instruments amplifiés dans son orchestre, dont une sorte de cor ancien et des percussions évoquant le rugissement d'un lion, sans oublier l'utilisation des choeurs, essentiellement présent dans la scène de bataille finale du film. La partition de Rosenman est absolument colossale, le compositeur ayant utilisé un très grand orchestre de 100 musiciens incluant une grande chorale. Non satisfait de l'enregistrement du vinyle qui ne restituait pas bien ce souffle symphonique massif, c'est finalement la réédition salutaire par Intrada Records qui permet finalement à l'enregistrement (quasiment complet cette fois) de retrouver un souffle nouveau. Le compositeur a structuré sa partition colossale autour d'un thème unique (et ce même si l'on trouve un autre petit motif pour le personnage du Gollum) qui évoque les Hobbits avec une petite mélodie anodine et vaguement dansante, exposé dès le Main Title sous la forme d'une petite marche légère, incroyablement légère d'ailleurs pour une histoire aussi grandiose et épique. (L'ouverture encore assez calme annonce déjà les différents éléments qui vont servir à construire la partition) La surprise est déjà là: le Main Title ne semble pas à la hauteur de la puissance épique de l'oeuvre de Tolkien. Pourtant, c'est ce thème là qui va servira de leitmotiv principal à Frodon et ses amis, lancés dans une quête périlleuse en direction de la montagne du destin pour y détruire l'Anneau maléfique. L'idée intéressante à propos de ce thème est de l'avoir développé durant tout le film sous une forme restreinte pour finalement le développer dans sa forme complète dans le 'End Title' du film, là où le thème apparaîtra réellement en entier, comme pour donner une sorte de climax héroïque au final du film, lorsque Gandalf arrive pour sauver Aragorn et ses hommes des attaques des Orques:

"Le score se construit jusqu'au 'climax' de la fin du film où le thème complet de 'Lord of The Rings' (la dernière marche) nous est révélé. Cela se fait par l'établissement progressif de plusieurs fragments du thème à travers tout le film, la marche finale étant finalement une sorte de reprise intégrale de cet élément qui a été suggéré durant tout la partition. Cette technique est aussi utilisé par parcimonie pour d'autres motifs dans le film, le climax de ces motifs apparaissant pour la plupart durant la scène de la bataille finale, 'Helm's Deep'."

C'est ainsi que ce petit thème en apparaissant un peu simplet et anodin devient une marche triomphante et entraînante à la fin du film, Rosenman amorçant déjà avec ce dernier morceau son futur thème qu'il écrira pour 'Star Trek IV: The Voyage Home' en 1986 (le compositeur y reprend de manière douteuse une partie du thème de Lord of The Rings quasiment note pour note). Ce thème évoque très clairement l'aspect gentillet et simplet des Hobbits, avec un côté sautillant un peu ridicule mais qui prendra toute sa force à la fin du film, l'idée étant que Frodon cherche à accomplir sa quête et qu'il lui manque du courage pour la mener jusqu'au bout, le final du film soulignant finalement ce lien étroit qui renforcera victorieusement la confrérie de l'Anneau contre leurs adversaires. Le thème n'aura alors plus du tout cet aspect gentillet et simpliste et deviendra très clairement héroïque et enjoué en même temps.

Pour le début du film, le compositeur installe un climat plutôt mystérieux et encore assez calme. Les ennuis commencent vraiment alors que Frodon et ses amis croisent la route des cavaliers noirs. Pour la séquence où les Hobbits se cachent sous un arbre pour échapper à un cavalier noir qui est en train de les chercher est illustré de manière terrifiante par Rosenman. Le compositeur utilise une pièce entièrement atonale avec des sonorités métalliques très froides (elles évoquent la non-humanité de ces personnages) avec des cuivres dissonants en glissandos et des cordes extrêmement tendues, sans oublier ici l'utilisation importante d'un choeur d'hommes menaçant évoquant le danger représenté par ces sinistres créatures. Le choeur utilise un langage crée spécifiquement par Rosenman pour les besoins de sa musique (et du film), sans omettre le fait que le mot récurrent du choeur à ce passage là est 'Mordor', le lieu d'où proviennent les cavaliers noirs. La musique prend une tournure furieuse et terrifiante dans la séquence où les cavaliers noirs croient tuer les Hobbits dans les lits de l'auberge, avant de s'apercevoir que ces derniers se sont enfuis. Le choeur prend plus d'importance dans la confrontation entre Frodon et les cavaliers noirs à la rivière. La partie vocale devient plus intense tout en évoquant la magie noire des créatures du Mordor.

L'aventure se prolonge avec la création de la confrérie de l'Anneau reposant une fois de plus sur le sautillant thème principal tandis que c'est la traversée des Mines de Moria qui permet à Rosenman de développer à nouveau son matériel atonal avec des sursauts orchestraux brutaux (l'effet est assez kitsch par moment...cela rappelle étrangement le style des musiques action de 'Planet of The Apes' de Jerry Goldsmith) et un style beaucoup plus sombre, évoquant le danger qui pèse sur les membres de la confrérie de l'Anneau durant la traversée de ces mines immenses. La séquence de la mine atteint alors son apogée pour la confrontation entre Gandalf et le Balrog, Renforçant la percussion, le compositeur utilise une sonorité électronique au sein de sa masse orchestrale pour évoquer les méfaits du monstre confronté à un Gandalf bien décidé à ne pas le laisser passer.

On respire alors un peu dans le chant de 'Mithrandir' rendant hommage à la 'mort' de Gandalf chez les Elfes (nommé 'Mithrandir' chez les Elfes). Confié à un choeur d'enfants/d'adultes avec l'orchestre plus un clavecin et des cloches, ce très joli chant tonal (l'un des rares pièces entièrement tonale et lyrique de l'oeuvre) apporte une légère petite touche de poésie au sein d'un score sombre et massif. (cette petite touche de poésie nous permet de respirer un bon coup en plein milieu de ce score lourd et massif. Il faut mentionner le fait que le compositeur se permet de citer quelques mesures de la pièce 'Jupiter' des fameuses 'Planètes' de Gustav Holst) Mais la petite touche de lyrisme ne dure pas très longtemps, car les Orques sont dans le coin et cherchent à défaire la confrérie pour récupérer l'Anneau réclamé par Saroumane le traître. Rosenman utilise une sorte de marche menaçante pour évoquer l'aspect guerrier et dangereux des Orques. Après avoir développé son matériau servant à préparer la musique pour les séquences de batailles de la fin du film, Rosenman utilise un nouveau motif, un petit motif rythmique que le compositeur ne se gênera pas pour reprendre texto dans son thème 'Overture' du foireux 'Robocop 2'. Ce petit motif rythmique évoque les séquences de bataille finale, renforcée dans 'Riders of Rohan' et 'Helm's Deep' par l'utilisation guerrière des choeurs développant à la fois l'atmosphère vocale liée aux créatures du Mordor et le style vocal guerrier évoquant la bataille finale entre les hommes d'Aragorn et les Orques. Développant le motif rythmique, 'Helm's Deep' est probablement le passage le plus épique et guerrier de tout le score avec ces choeurs agités sous forme d'une marche belliqueuse devenant de plus en plus intense au fur et à mesure que la bataille évolue. Les orchestrations partagés entre percussions, cordes virtuoses et cuivres agressifs avec choeurs guerriers soulignent la séquence où Aragorn et ses hommes doivent se cacher dans une petite forteresse pour empêcher les monstres du Mordor de passer. Aragorn est aidé par le roi Théoden et ses hommes. Finalement, le score trouve ainsi sa conclusion sur une reprise intégrale du thème principal qui donne finalement une conclusion plutôt héroïque et enjoué sur un thème dont la ligne mélodique est typique de ce genre de thème que Rosenman écrira beaucoup dans les années 80/90.

Le score de Leonard Rosenman pour 'Lord of The Rings' est un peu à l'image du film de Bakshi: on n'arrive pas à ressentir toute l'intensité du récit de Tolkien ainsi que la puissance épique de l'histoire. Pourtant, Rosenman a écrit une partition colossale avec un effectif orchestral et chorale immense. Mais le problème est que le score est beaucoup plus sombre que réellement épique et si l'on a quelques passages plus puissants, on reste tout de même un peu sur notre fin avec un score qui, à mon avis, n'est pas la meilleure représentation musicale de l'univers de Tolkien. Ceci dit, le score convient à peu près bien au film de Bakshi même si l'ensemble reste assez lourd et que le thème principal semble plutôt inefficace dans certaines parties du film, donnant un côté parfois un peu trop gentillet à des moments du film qui ne le sont pas du tout. En clair, on est bien loin ici de la magnificence épique du chef d'oeuvre d'Howard Shore pour le film de Peter Jackson. Que cela ne vous empêche pas de découvrir cette oeuvre sympa sans plus d'un compositeur au style décidément très personnel!


---Quentin Billard