tr> |
1-La Création du Feu 1.46
2-Les Wagabous 1.56 3-L'Attaque de la Caverne 4.14 4-La Dernière Braise 3.05 5-Les Lions-Sabres 6.30 6-La Petite Femelle Bleue 1.15 7-Les Kzamns 3.36 8-La Guerre Du Feu (Thème d'Amour) 5.00 9-Le Village des Hommes Peints 2.50 10-Les Mammouths 2.17 11-La Tourmente de Naoh 2.09 12-La Naissance de l'Amour 3.39 13-Le Combat avec l'Ours 4.50 14-La plus grandes des Promesses 1.32 Musique composée par: Philippe Sarde Editeur: Milan Records CD FMC 1 Producteur délégué: Michel Larmand Régie musicale: Nat Peck Editions musicales: RCA Artwork and pictures (c) 1987 Milan Records. All rights reserved. Note: ***1/2 |
LA GUERRE DU FEU
|
|
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
|
|
Music composed by Philippe Sarde
|
|
Troisième film du réalisateur français Jean-Jacques Annaud (spécialiste de films spectaculaires tels que 'L'Ours', 'Seven Years In Tibet' ou le récent 'Enemy at The Gates' et d'autres plus intimes tels que 'L'Amant' ou 'Wings of Courage'), 'La Guerre du Feu' recrée l'univers des hommes primitifs en quête du feu dans la période sauvage de la Préhistoire. C'est le trio d'acteurs Everett McGill (Naoh), Ron Perlman (Amoukar) et Nameer El-Kadi (Gaw) qui interprètent respectivement ces 3 hommes partant à la recherche du feu pour réchauffer leur tribu chassé de leur cachette par une tribu adverse. Everett McGill (qui interprète ici son premier grand rôle au cinéma, après avoir tourné dans quelques autres films moins connus) et les autres acteurs sont tous superbes dans leurs rôles d'homme Préhistoriques qui a nécessité une préparation physique éprouvante pour tous les acteurs du film (il s'agit de rendre l'aspect primaire et sauvage vraiment crédible dans le film. Le public doit se sentir revenir à l'âge de pierre, à l'aube de l'humanité). Objectif réussi pour l'excellent film de Jean-Jacques Annaud qui nous plonge dans cet univers brutal et sauvage à l'époque de nos très lointains ancêtres pourtant déjà proches de nous. Mention spéciale à Ron Perlman qui, en interprétant à merveille son premier grand rôle pour le cinéma en 1981 allait devenir un spécialiste des rôles de brutes et autres personnages durs, étant donné le physique particulièrement imposant de cet acteur excellent.
Le compositeur français Philippe Sarde a réussi à restituer toute l'ambiance brutale et primitive du film tout en capturant l'aspect humain et émotionnel du film (après tout, ces êtres primitifs sont comme nous: ils pensent, souffrent, ressentent des émotions, etc.). Le défi sur 'La Guerre du Feu' était de trouver un compromis entre une écriture restituant le contexte du film ainsi que l'aspect émotionnel bien mis en avant dans le film par l'histoire d'amour naissante entre Naoh et Ika (Rae Dawn Chong, méconnaissable!). Pour pouvoir réaliser ce compromis, le compositeur a utilisé un orchestre, (ici, le superbe LSO) renforcé par le pupitre des percussions de Strasbourg ainsi que le choeur des Ambrosian Singers, la partition de Sarde naviguant entre musique atonale sauvage exprimant la rudesse des temps anciens, les parties plus tonales et plus harmonieuses du score étant réservé au côté plus humain et sentimental du film. Le film s'ouvre de manière assez sombre et brutal dans un orchestre sauvage au sein d'une écriture atonale renvoyant clairement à la puissance de partitions non moins brutales telles que 'Le Mandarin Merveilleux' de Bela Bartok ou 'Le Sacre du Printemps' d'Igor Stravinsky. Atonal, ce premier morceau sombre fait intervenir différents groupes de percussions évoquant la dureté des temps anciens. Le compositeur prolonge cette ambiance atonale sombre dans l'excellent morceau pour la séquence de l'attaque entre les deux tribus au début du film. Orchestre déchaîné, groupe de percussions violentes, Sarde crée un climat de sauvagerie orchestrale adéquat, proche des grandes partitions d'action américaine. Le compositeur y montre tout son talent d'écriture orchestrale et de la rythmique pour évoquer la dureté de cette période. L'utilisation du choeur au début du film donne un côté à la fois humain et primaire pour cette musique (quoi de plus basique que d'utiliser un choeur pour évoquer une grande aventure humaine?). Très rapidement, et alors que l'histoire se déroule et que le groupe des 3 hommes doit se mettre en quête du feu, la musique évolue et passe d'une sauvagerie atonale sombre à une musique plus exotique avec l'utilisation d'une flûte de pan pour accompagner le voyage de Naoh, Amoukar et Gaw. (le compositeur utilise aussi une flûte contrebasse) Le compositeur accentue ainsi l'utilisation de sa flûte de pan alors que le groupe commence son voyage agité à travers des plaines et des paysages sauvages. Très vite, Sarde va amener le thème principal du score, le 'Love Theme' pour Naoh et Ika, un thème à la figure mélodique très reconnaissable confié au timbre unique de la flûte de pan. Sa musique s'éloigne alors de l'atonalisme sauvage du début du film pour évoquer les sentiments de ces personnages, même si les instincts basiques les font apparaître au début comme des bêtes sans âmes, ce qu'ils ne sont pas (nous le prouve la fin où ils sont capables d'apprécier un clair de lune ensemble, l'un contre l'autre).On a beaucoup de passage d'action comme pour l'attaque des lions ou le combat avec l'Ours, des moments d'une grande violence orchestrale rivalisant avec l'aspect plus tribal (surtout au niveau des percussions) de la musique du film. La musique plutôt sombre et atonal pour la séquence où l'un des hommes d'une autre tribu fait du feu devant un Naoh complètement stupéfait est surprenante: la musique semble évoquer l'aspect menaçant et dangereux du feu qui brûle et qui carbonise en donnant un côté inquiétant à ces flammes qui surgissent subitement, le compositeur ayant choisi une approche plus sombre au lieu d'utiliser un style plus enjoué qui aurait évoque (de manière stéréotypé) l'émerveillement de la découverte de ce feu. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'approche du compositeur pour cette scène est assez surprenante. Un grand moment dans la partition de Sarde apparaît pour la scène où les trois hommes se retrouvent face à quelques mammouths imposants et inquiétants en même temps. D'abord plutôt sombre, la musique évolue progressivement vers une tournure orchestrale plus solennelle et plus belle alors que Naoh réussi à dompter ces énormes mammouths en se montrant inoffensif devant eux. Ce passage plutôt solennel apporte une petite touche d'émotion intéressante dans ce score. L'utilisation de la flûte de pan alternant avec des pièces 100% orchestrales est intéressante. L'instrument reflète non seulement l'aspect humain des personnages (il est l'instrument clé du 'Love Theme' du score) mais il nous fait aussi penser au voyage et aux superbes décors naturels du film qui semblent avoir inspiré à Sarde ce rapprochement avec un instrument plus de couleur exotique. C'est une idée comme une autre mais le double emploi de cet instrument dans le film et très intéressant et montre le professionnalisme d'un compositeur qui s'investit toujours à fond dans les partitions de tous les films pour lesquels il compose. Par moment sombre et rude (belle utilisation du choeur et des percussions de Strasbourg), par moment plus douce et mélodique, la partition de Sarde oscille entre une écriture orchestrale atonale et une composition symphonique plus dans l'esprit de la symphonie de la fin du 19ème siècle, avec la flûte de pan, la flûte contrebasse et des orchestrations toujours très soignées, sans oublier l'apport des choeurs dans certains passages du film. Le compositeur a véritablement réussi à donner le ton en réussissant le compromis souhaité pour suivre cette aventure au temps de la Préhistoire. Indiscutablement, 'La Guerre du Feu' fait partie des grands classiques de Philippe Sarde, à connaître! ---Quentin Billard |